Dans l'épisode de la semaine : 12 Monkeys, Arrow, Doctor Foster, Empire, Section Zéro Pointé (ou un truc comme ça), Supergirl et un gros concombre en guise de déjà oldie.
👍 12 MONKEYS (saison 2) L'an passé, l'adaptation du remake de La Jetée était passée en quelques mois de vraie bonne surprise (oh putain ! c'est bien ! il y a une atmosphère ! Et des vraies idées !) à illustration des pires excès du remakebootval. Le choix de faire des aller-retour temporels à chaque épisode n’était pas très heureux, le rythme s’en était trouvé haché, les incohérences se multiplièrent chaque semaine, et il était très rare que les deux intrigues hebdos (2015 et 2043) soient intéressantes au même moment. S'il semble impossible de revenir à l'état premier, ne serait-ce que parce que les scénaristes ont usé et abusé des timey wimey les plus paresseux qui soient en saison 1 ("je reviens dans une semaine, tu me diras ce qui s’est passé entre temps, et ensuite je reviendrai aujourd’hui pour l’anticiper"... hein ?), la saison 2 aura pour difficile mission de trouver un équilibre dans le bordel sans nom qu'est rapidement devenue l'intrigue et... pour le moment, c'est pas gagné tant l'épisode inaugural n'aura été qu'hystérie narrative. Cela dit, ce "Year of the Monkey" ne fut pas désagréable, bien au contraire. Sûrement pas enthousiasmant ni prometteur ; mais divertissant, oui. C'est déjà plus que ce qu'offrait l'interminable dernier arc de la saison 1.
"J'ai relu tout le script de la série, je te dis pas la migraine !"
👍 ARROW (saison 4) Dans cette rubrique où l'on passe du très haut au très bas en l'espace de trois lignes, il est toujours agréable de faire une pause pour évoquer Arrow, série d'une grande fidélité à elle-même si l'on excepte le pic d'inspiration très inquiétant de la saison 2. Avec elle, qui décline inlassablement les mêmes tropes depuis le premier épisode, on n'est que très rarement surpris, et à force, même plus déçu. Aussi c'est à peine avec un haussement de sourcils qu'on a accueilli la révélation de l'identité de la personne décédée dans les flashforwards. Ce n'est pas comme s'il y avait un choix affolant : on savait déjà que ce n'était ni Felicity ni Lance, il ne restait donc que Thea et Laurel (Diggle étant protégé par son pénis). Thea étant encore trop proche de son héros de frère pour passer l'arme à gauche, c'était en toute logique le tour de la fausse-vraie Black Canary, qui c'est vrai n'était plus un love-interest d'Oliver Queen depuis trop longtemps, était devenue trop indépendante, voire badass... pour que cela reste impuni. Le monde d'Arrow est impitoyable mais il faut applaudir cette fatalité qui ne frappe jamais au hasard et ne suit que sa propre logique interne (on aura noté que le Capitaine Lance est pour sa part toujours en vie alors qu'entre son alcoolisme, ses problèmes de cœur, son mariage avec l'autre hystérique de River Song, ses mauvaises fréquentations et les enterrements de ses filles, dont une deux fois... c'est plutôt lui, le pauvre, qu'on aurait pu s'attendre à voir nous quitter les pieds devant). On émettra tout de même quelque inquiétude à l'égard de Thea et Felicity, qui toutes deux ne sont pas passées loin dans cette saison, et qui commencent à émettre des signes d'émancipation de plus en plus inquiétants (c'est qu'ils y tiennent farouchement, nos amis scénaristes, à leur Drawa Soralozemmourien !) Ceci étant dit, l'épisode était plutôt chouette (même si on voyait tout venir à vingt bornes), comme d'ailleurs la plupart de ceux qui l'ont précédé depuis un mois ou deux.
👍 DOCTOR FOSTER La jalousie et l'adultère sont des thèmes vieux comme l'amour et le mariage - vous conviendrez que cela ne nous rajeunit pas. Traités en long en large et en travers, ils sont cependant assez rarement utilisés comme mécanique principale d'un récit feuilletonnant (voir les circonvolutions stylistiques auxquelles The Affair se sent obligée de se livrer pour les aborder), tant et si bien qu'on est assez surpris que cette mini-série diffusée à l'automne sur BBC One ne ressemble pas à grand-chose, si ce n'est peut-être quelque nouvelle oubliée d'un Simenon, et réussisse rapidement à capter l'attention du spectateur. Thriller psychologique très minimaliste dans son écriture ou sa mise en scène, Doctor Foster repose presque entièrement sur son héroïne éponyme (incarnée par l'excellente Suranne Jones, bien connue des amateurs de télé britannique - c'est notamment elle qui incarnait le TARDIS personnifié dans Doctor Who). Ça ne paie pas de mine, mais cela fonctionne vraiment bien, certaines séquences se révélant particulièrement angoissantes tandis que l'inquiétude le cède à la paranoïa qui le cède au désir de vengeance. C'est dans les vieux pots... etc.
👍👍 EMPIRE (saison 2) Étant un homme de peu de foi, en particulier face à un soap de la FOX, j'avoue avoir hurlé devant mon écran lorsque, peu avant l'interminable pause hivernale, le personnage de Jamal s'amourachait d'une... femme. Je trouvais déjà la saison 2 assez moyenne, mais ça, c'était une trahison difficile à digérer. Le personnage le plus attachant de la série (et de loin) ne se définissait certes pas entièrement par son homosexualité - raison de plus pour ne pas le "salir" en utilisant un artifice de scénario aussi grossier et inutile aux différentes intrigues. Les relations de Jamal avec son abruti de père, pour leur part entièrement conditionnées par les préférences sexuelles du jeune homme, avait donné les meilleurs moment de la première saison, les seuls à être vraiment touchants et à dépasser le côté purement soap du tout. Faire un truc pareil de ce personnage était vraiment se foutre de la gueule du spectateur. Non ? Bah non. Pas si c'était pour en faire une intrigue à part entière plaçant le jeune homme face à ses contradictions, et l'obliger à rendre des comptes à une communauté gay qu'il était bien content de brandir en étendard douze ou treize épisodes plus tôt. On n'instrumentalise pas la détresse d'une minorité impunément, comme Jamal l'a toujours fait, même s'il se croyait sincère. Ce ne sont pas Jason Rothenberg et ses copains de The 100 qui iront dire le contraire. Le reste de la série plafonne à son niveau habituel (entre médiocre et moyen plus), mais ça, pour le coup, c'était plutôt bien vu. Mes excuses aux scénaristes.
👎👎 SECTION ZÉRO Mon Dieu. Tout ce pognon claqué pour au final se payer des acteurs qui jouent mal et trois hangars désaffectés en guise de décor. Je ne sais pas s'ils se rendent compte, à Bolloré +, mais il y a des gens qui souffrent, dans ce pays. Pour de vrai - pas que devant le Grand Journal ou les néo-Guignols. Des gens qui dorment dehors, qui ont faim ou sont tout simplement au chômage. S'ils veulent vraiment claquer de la thune, on peut trouver un truc qui enrichira ce pays, il y a sans doute des investissements à faire dans la culture... mais de grâce, qu'ils arrêtent de filer des budgets de la taille du PIB de Bangladesh à cet abruti d'Olivier Marchal, dont le talent - autrefois réel - s'est tari depuis longtemps et qui ne s'intéresse plus qu'à des histoires de garçons baraqués qui se mettent sur la gueule avec ou sans gros engins. Son Section Zéro, là, c'est juste... pas possible. Entre les comédiens recrutés au physique (voire au tatouage), certes pas aidés par des dialogues débiles, la photographie dégueulasse (ah non, pardon : sophistiquée et cyberpunk), la musique qui fait boum boum crack boum à tout bout de champ, le scénario qui ne dépasse pas le pitch rudement énoncé en intro, les méchants affreusement méchants qui se baladent en noir pour qu'on les reconnaissent bien, les pouls des carrières de Tchéky Karyo et de l'autrefois immense Pascal Greggory désormais proches de ceux de baleines à la dérive, les bas-fonds qui évoquent une mauvaise parodie de Blade Runner mixée à un reste de vomi de Jeunet... sans oublier l'inévitable baston au ralenti... c'est simple, en dix ans de Golb, je n'ai jamais utilisé cette expression, mais là... c'est de la merde en barres. Pas moins.
Il faudra un jour qu'on m'explique pourquoi dans les tyrannies futuristes tout est toujours sale, poussiéreux ou cassé ; à ma connaissance les tyrans aiment plutôt l'ordre et la propreté.
Oh et le crossover était chouette ! Benoist et Gustin sont amis dans la vie et leur alchimie crevait l'écran, ç'aurait effectivement été dommage de s'en priver.
Mieux vaut tard que jamais
✋ CUCUMBER En théorie, un mec qui arrive avec le grand projet transmedia de produire trois séries devant épouser toutes les facettes de la vie quotidienne des gays en 2016 (15), on le regarde plutôt en arrondissant les yeux. Même si c'est Monsieur Russel T. Davies, qui avant de ressusciter Doctor Who conçut la dernière (et seule ?) série de référence sur le sujet (Queer as Folk, bien sûr). Sur le papier, la trilogie comportant Cucumber (la version adultes sur Channel 4), Banana (la version teen sur E4) et Tofu (la version bricolo sur le site Web du groupe) a quelque chose de totalement mégalo et, surtout, chronophage - ce qui explique qu'il m'ait fallu un peu de temps pour m'y mettre. Sans préjuger de la qualité de Banana (Tofu est incompréhensible si l'on n'a pas vu les deux autres), Cucumber ne réussit le pari qu'en partie mais parvient malgré tout à ressusciter quelque chose des séries brit des nineties... une forme de folie, un sens de la vanne typique de Davies, une capacité à croquer des personnages forts et attachants en quelques scènes - même quand ce sont d'affreux connards. C'est que sur Channel 4, dont Queer as Folk fut l'un des premiers succès internationaux, on s'est un peu égaré depuis. On a beaucoup décliné la formule sex, drugs and pop avec des individus de tous les genres/âges/orientations sans en retrouver forcément la magie (surtout ces dernières années). Rapatrier le concept de Davies (initialement prévu sur Showtime) est une aubaine au moins pour eux, et Cucumber, un retour aux sources pour tout le monde. Le hic, c'est que cette nouvelle comédie dramatique ne fait pas tant que ça oublier son ancêtre, puisqu'elle se positionne beaucoup par rapport à elle. Ni plus ni moins, Cucumber est un Queer as Folk dont le héros aurait vieilli, perdu ses cheveux, trouvé l'amour mais chercherait toujours autant sa place dans la société. Henry est un double outrancier de Davies comme Vince l'était avant lui, et les références innombrables à la série achevée quinze ans plus tôt renforcent encore la comparaison alors qu'elle ne devrait pas subsister au-delà du pilote. Bon, cela reste agréable à regarder - que tout le monde se rassure. Cucumber recèle des moments de loufoqueries irrésistibles, sans oublier des réflexions existentielles assez géniales sur l'étiquetage des pratiques sexuelles gay ou la popularisation des femmes aux visages plats via les films de Michael Bay.
Arrow va garder son titre l'an prochain mais sérieusement faut qu'ils arrêtent de tuer (ou grièvement blesser) toutes les femmes, je suis pas une militante acharnée mais ça devient gênant là :-(
RépondreSupprimerCa fait longtemps que c'est gênant. Les femmes mènent 5 à 1 au match de la mort dans la série, à part Thea toutes les femmes du casting original sont mortes. C'est hallucinant.
SupprimerOui. Après, on pourra arguer que la série est assez fidèle aux comics de ce point de vue (même si Green Arrow n'est pas la saga contenant les frigidaires les plus remplis). Mais l'acharnement sur les personnages féminins devient de plus en plus troublante à chaque saison, d'autant que ça tombe sur des personnages importants de la galaxie DC (Black Canary ou Amanda Waller ne sont pas du menu fretin).
SupprimerAmanda Waller qu'ils ont en plus "sexualisé" vu que dans les comics elle ressemble plutôt à ça :
Supprimerhttps://thenerdsofcolor.files.wordpress.com/2013/09/192490-80769-amanda-waller.jpg
Oui mais ça, ce n'est pas vraiment spécifique à la série, il y avait déjà une incarnation taille mannequin d'Amanda Waller avant celle de la série télé (d'ailleurs, dans le film Green Lantern, elle était incarnée par Angela Bassett).
SupprimerCucumber est quand même bourrée de clichés. QAF aussi, mais à l'époque ce n'en était pas (encore).
RépondreSupprimerBof, ça ne m'a pas dérangé plus que ça...
SupprimerPas un mot du superbe final d'American Crime Story? :(
RépondreSupprimerJe ne l'avais pas vu au moment de publier cet article.
SupprimerCela dit, on a déjà parlé deux fois d'ACS dans cette rubrique, je ne pense pas que je l'aurais fait...
Cette rubrique est devenue le petit plaisir du dimanche ;-)
RépondreSupprimerCe que tu dis sur Section Zéro est tellement vrai... Et presque en-dessous de la réalité. C'est affligeant de bêtise.
Et encore, je n'ai regardé que les deux premiers épisodes ! :-o
SupprimerMerci d'avoir pris le temps de parler de Doctor Foster, contrairement à presque partout ailleurs. Très bonne série en effet.
RépondreSupprimerJe n'étais pas venue depuis un bail, contente de voir que ce site assure toujours!
xx
Hé ! Salut :-)
SupprimerJ'ai quand même souvenir d'avoir lu quelques bonnes critiques sur Doctor Foster, et des commentaires plutôt positifs sur le classement des blogueurs (viendez tous !). Mais c'est vrai qu'en plus, c'est passé en pleine rentrée US, pas le meilleur moyen pour faire le buzz.
J'ai abandonne Supergirl et poursuivi LoT, j'aurais donc dû faire le contraire?
RépondreSupprimerEmpire je ne comprends pas. Toi tu regardes ok, tu adores les soaps bien gras c'est connu. Mais ce que la terre entiere trouve dans cette serie...je ne vois pas.
Je ne sais pas trop ce qui explique ce succès fulgurant, mais pourquoi pas, après tout ?
SupprimerJe pense effectivement qu'il valait mieux continuer Supergirl. Dès le départ, il me semble qu'il y avait tout de même plus de potentiel. Legens of Tomorrow, plus les semaines passent, plus ça semble irrécupérable à moins de virer tous les scénaristes et la moitié du casting...
*Legends*
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