Dans cet épisode : The Americans, Dragon Ball Super, Fear the Walking Dead, The Girlfriend Experience, Person of Interest et, en bonus, Les Témoins.
👍👍 The AMERICANS (saison 4) Depuis le premier épisode, je ne vois que cela. Le couple que forment Elizabeth et Philip, les liens complexes (litote) qui les unissent, leur relation profonde et les pulsions contraires qu'elle leur impose. Il est rare qu'un couple de télévision soit traité de manière si paritaire, non pas seulement en terme de présence à l'écran, mais du point de vue de l'équilibre scénaristique et de l'égal intérêt que chacun suscite. Dans le fond, je n'ai jamais éprouvé le même attrait pour les intrigues d'espionnage, souvent plus convenues, et le seul aspect de la série que j'aime presque autant que celui-là, c'est tout ce qui entoure (entourait) la pauvre (pauvre, pauuuuuvre) Martha. Je ne suis pas loin de considérer que The Americans est la meilleure série jamais écrite sur le couple, en ce que son pitch, qui interdit par définition à ses antihéros de se séparer, permet aux scénaristes de retourner leurs sentiments dans tous les sens, de bouleverser leurs interactions à la première occasion, de renverser la table et les valeurs aussi souvent qu'ils veulent – tout en étant préservé des tentations soap par l'omniprésence de l'Histoire-avec-un-grand H. J'adore Elizabeth et Philip, ils me fascinent et parfois me bouleversent ; je pourrais sans problème accepter que l'on tue tout le reste du casting dans le même épisode si cela m'assurait qu'ils resteraient ensemble pour encore neuf ou dix saisons. Ceci est la quatrième et alors que je commençais à craindre l'an passé que leur relation ne se mette à tourner en rond, voici que la dynamique s'en déplace, de manière presque invisible tant chaque épisode est par ailleurs chargé de tensions. Il a même fallu quelques semaines pour que je m'en aperçoive : pour la première fois depuis le début de la série, ils sont en phase. Ils ne se déchirent pas, ne se battent pas froid, ils communiquent, tombent d'accord, agissent de concert. Rapprochés par les évènements entourant leur aînée (et par la maladie de sa grand-mère dans la saison précédente), ils sont (re)devenus, un véritable couple, où chacun trouve sa place. Elizabeth n'est plus tout à fait aussi froide, cérébrale, et ne dicte plus à elle seule le tempo. Philip, Dieu que cela change, n'est plus victime d'interminables atermoiements – la perte de Martha aurait autrefois donné lieu à des jérémiades sans fin, et ne génère ici qu'une juste colère. C'est assez fort. Ce n'est jamais dit explicitement et dans le même temps cela sautait aux yeux dans l'épisode de cette semaine ("The Magic of David Copperfield V : The Statue of Liberty Disappears", 4x08), où leur confrontation, inévitable et attendue, retombe vite et laisse bien moins de marques que les précédentes. Comme une véritable dispute de couple – à cette nuance près que l'on s'y balance des histoires d'agents perdus plutôt que de chaussettes sales. Je ne suis pas certain de voir où nous emmènera l'ellipse conclue dans les dernières minutes ; je n'aime pas le procédé consistant à faire un bon dans le temps en plein milieu d'une saison. La rudesse de ce choix narratif tranchait avec la délicatesse habituelle – si The Americans n'est peut-être pas la meilleure série actuelle, c'est assurément l'une des plus subtiles, fines, allusives. Mais une fois n'est pas coutume, cela n'occasionne pas chez moi de souci particulier. Je ne doute pas que la série retombera dès la semaine prochaine sur ses pieds, ni que cette idée trouvera sa peine justification.
👍👍 DRAGON BALL SUPER La conclusion de ce troisième Arc était parfaite. Légère, bien amenée et même assez jolie. Autant on avait pu voir venir la manière dont allait se dérouler le combat entre Hit et Monaka, autant la résolution du conflit entre Beerus et Champa était suffisamment inattendue pour procurer une véritable satisfaction (et accessoirement compenser les saignements d'yeux occasionnés par cet épisode 41 – cette fois, les fans auront vraiment raison d'envoyer des mails scandalisés à la Toei). L'un et l'autre de ces dénouements participent d'un aspect de la série que l'on n'a pas énormément évoqué, alors que c'est peut-être en cela qu'elle tranche le plus violemment avec un Dragon Ball GT : DBS, comme le manga d'origine, insiste tout particulièrement sur l'aspect profondément sympathique et humain de ses personnages. Les combats du tournoi entre univers n'étaient pas tous réussis et manquaient souvent d'intensité dramatique, mais ils étaient tous emprunts d'une véritable tendresse pour ces héros plus que trentenaires. Choisir Piccolo plutôt que Gohan dans la Tag Team avait quelque chose de frustrant, mais c'était un vrai choix scénaristique, fort et assumé, qui allait de paire avec l'envie de redonner de l'importance à Bulma ou de ne plus faire déplacer nos héros qu'en groupe de vingt-cinq personnes. Tout le monde doit y être parce que c'est ainsi : c'est une famille, ce sont nos copains. Il est donc tout à fait logique que Beerus finisse par se montrer altruiste vis-à-vis de son rival, lui-même enragé et reconnaissant à la fois, comme dans un reflet déformé (et rosâtre) de la relation entre Goku et Vegeta. Oui, c'était cool.
👍👍 FEAR THE WALKING DEAD (saison 2) Après des débuts aussi prometteurs que laborieux (comment pouvait-il en être autrement étant donné le froid cynisme qui présida à son développement ?), l'ambitieuse petite sœur continue de rompre lentement mais sûrement avec son illustre fratrie. Il est encore un peu tôt, bien sûr, pour que tout fonctionne parfaitement (saison 2 ou non, nous n'en sommes techniquement qu'au dixième épisode), mais elle achève d'installer son ton et son atmosphère avec un certain talent, loin des cliffhangers haletants et des explosions de violence qui font la marque de la série matrice. Leur seul point commun à ce stade, outre une poignée de bases esthétiques de plus en plus dérisoires, c'est qu'il ne s'y passe pas grand-chose la plupart du temps. Mais ce qui agace chez The Walking Dead paraît cependant bien plus approprié et mieux géré dans Fear, qui semble refuser catégoriquement de se transformer en série d'action et garde le nez collé (merci à elle) à sa démarche humaniste – entendre par-là au plus proche de l'humain. Baignant dans une profonde mélancolie, emmenée par des personnages à la fois plus simples et moins unidimensionnels, elle s'impose petit à petit comme le négatif de ce show dont elle partage pourtant quasiment le titre : une histoire non pas de survie, mais de deuil. Celui d'un monde et d'une époque, si ce n'est celui de l'humanité tel qu'on la connaissait jusqu'alors. Brassant de ce fait des thématiques bien plus vastes que l'autre série ou même la B.D., elle touche beaucoup plus juste et parfois beaucoup plus fort – la mise en danger des personnages y est d'ailleurs bien plus subtile et stressante. Tout est encore loin d'être parfait mais à la différence d'un Better Call Saul, autre spin off d'AMC aux débuts plus qu'hésitants, Fear the Walking Dead a déjà réussi à justifier son existence. Et à convaincre qu'elle vaut autrement mieux que son titre tout pourri.
✋ The GIRLFRIEND EXPERIENCE Peut-être est-ce la réalisation, élégante mais glaciale. Peut-être est-ce la comédienne principale, son charisme contre son regard froid, impénétrable. Ou peut-être est-ce juste la pagaille de clichés qui fait ici office d'intrigue, allez savoir ? Une chose est certaine, j'ai énormément de mal à pénétrer cette série qui me met très mal à l'aise sans trop que je sache pourquoi, tant son discours est conservateur sous une apparente odeur de soufre. Le film de Soderbergh était assez lourd et maladroit, indigne de son talent et ne devait son pouvoir d'attraction qu'au magnétisme de Sasha Grey ; au moins avait-il le mérite de déployer un semblant de discours, certes très naïf, sur son sujet et son époque. The Girlfriend Experience, la série, ne raconte somme toute pas grand-chose, si ce n'est l'histoire d'une jeune fille (pas si) ordinaire (Christine) qui devient pute (pardon ! Escort ! Ça n'a rien à voir, voyons) sans trop savoir pourquoi, un peu par curiosité, vaguement par besoin – pas mal par ennui et désœuvrement. On ne peut pas enlever au show un ton, une atmosphère, quelque chose en faisant un objet de réflexion (voire de fascination. Chez d'autres). Sa noirceur sans issue, l'incroyable dureté de son univers et un talent évident pour les cliffhangers ne peuvent laisser indifférent. Mais on n'échappe malheureusement pas non plus aux poncifs de la fiction sur la prostitution, à commencer par celui de la fille de joie qui accomplit sans même y penser sa mission de service public, amusant ici uniquement parce que l'intéressée est bien loin de la pute au grand cœur ("Je n'aime pas être avec les gens sans une raison précise", déclare-t-elle avec un aplomb stupéfiant à sa propre sœur). On aimerait applaudir ce personnage féminin parfaitement indépendant et décomplexé mais il est difficile de ne pas se dire qu'on aurait aimé le voir dans une autre histoire, faire autre chose que ce qu'ils appellent familièrement le plus vieux métier du monde et qui l'est surtout, il faut bien le noter, dans les fictions.
👍 PERSON OF INTEREST (saison 5) "We are being watc..." ah non, pas cette semaine ; personne ne nous regarde puisque la Machine est en rade, sur-compressée dans sa petite valise, à l'agonie. Incroyable de réaliser comme cette entité totalement abstraite, uniquement figurée par l'habillage et le montage, est malgré tout parvenue à devenir dans l'esprit du spectateur un personnage à part entière, pour lequel on s'inquiète et que l'on parvient même à trouver touchant. Le fait que la survie d'un simple ordinateur soit l'unique enjeu de cette reprise aurait pu paraître lourd, pénible et un peu gratuit (il ne s'agit après tout que de remettre l'intrigue d'équerre après les différents rebondissements de la saison précédente). Il en résulte au contraire un épisode nerveux, dynamique et globalement très réussi – même s'il ne donne absolument aucune piste quant à la suite de cet ultime chapitre. Peu importe : les scénaristes affichent une telle maîtrise de leurs arcs narratifs depuis des années que l'on est juste enthousiaste à l'idée de cette conclusion qui s'annonce. On ne doute pas une seconde que celle-ci sera inattendue, apaisante sur la forme et profondément pessimiste dans le propos, ni que les douze prochains épisodes seront chargés en tension et anxiogènes au possible En plus, il y en a un (le 5x10 mais, surtout, le centième) qui portera le titre d'un de mes morceaux préférés de Nine Inch Nails. Que demande le Golbeur ?
Mieux vaut tard que jamais
👎 Les TÉMOINS Je ne sais par quel miracle j'ai réussi l'an dernier à louper la nouvelle création de Hervé Hadmar et Marc Herpoux (oui, eux. Et eux. Et eux encore). J'imagine pourtant qu'une série policière avec Thierry Lhermitte, c'est le genre de truc qui ne doit pas passer inaperçu sur France 2. Mais il est vrai que je ne regarde quasiment que les informations et La Chaîne Parlementaire, ce qui limitait beaucoup les chances de tomber sur une bande annonce des Témoins. Notez que l'aurais-je fait que je ne me serais sans doute pas plus aperçu qu'il s'agissait d'une série de ces auteurs bien connus de nos services, tant leur patte pourtant très reconnaissable semble avoir été gommée (ripolinée ?) de ce qui se présente certes comme un polar aux confins de l'étrange – mais en beaucoup plus terre à terre que leurs précédentes propositions. Soyons honnêtes, en dehors de quelques fulgurances, un plan très graphique par-ici ou une scène hantée par-là, on se demande un peu où sont passés les auteurs les plus esthétisants de la télé française. L'ensemble, une fois la mystérieuse originalité du pitch éventée (un tueur qui ne tue pas mais exhume des corps qu'il expose dans des maisons témoins), est même assez pénible à suivre tant la pauvre Marie Dompnier semble isolée au milieu d'un casting où tout le monde s'est passé le mot pour jouer le plus faux possible – la star Lhermitte en tête. Il est vrai aussi que les comédiens ne sont pas aidés par des dialogues parfois d'une lourdeur criminelle (quelle que soit l'urgence de la situation, le personnage de Lhermitte trouvera toujours le moyen de placer un petit monologue complaisant, serait-ce volontaire que cela n'en serait pas moins d'un risible consommé). C'est là qu'on se rappelle que l'une des grandes particularités des précédentes séries de Hadmar et Herpoux étaient d'être très peu bavardes, voire carrément mutique en ce qui concerne Signature. Ceci explique peut-être cela...
"The Americans n'est peut-être pas la meilleure série actuelle"
RépondreSupprimerBien sûr que si ! Je ne vois pas qui peut mieux prétendre à ce titre...
Tout dépend ce que l'on appelle "actuelle"... diffusée ces temps-ci ou sur la saison en cours, sur l'année, depuis 2-3... enfin cela dit je ne suis pas sûr que je mettrais The Americans en tête dans une seule de ces catégories ^^
SupprimerEt moi, je la mettrais gagnante dans chacune d'entre elle ;)
SupprimerBonne journée,
Et, bon anniversaire au Golb !
SupprimerJ'ai failli oublié (je n'ai le temps de rien, en ce moment).
J'espère que les courbatures, ça va...
;-)
Amitiés,
Merci, vieux :-)
SupprimerJ'ai vu les épisodes 1 et 2 de la saison 1 de The Americans. Trop donc pour donner un avis mais il est clair que c'est l'influence du CDB et du Golb qui me poussent à regarder !
RépondreSupprimerWaouh ! Le Golb est tellement influent qu'il t'a incité à regarder une série sur laquelle je n'avais jamais écrite jusqu'à aujourd'hui ? Je suis décidément le plus fort :-D
SupprimerMerci d'avoir parlé de FTWD. Je trouve vraiment dommage que cette très bonne série pâtisse de la mauvaise image de sa "grande sœur"...
RépondreSupprimerJe n'ai pas été jusqu'à "très bonne série", hein ;-) D'autant que je fais partie de ceux qui l'ont accueillie assez fraîchement cet automne...
SupprimerTu gâches tout, là :(
Supprimer:-P
SupprimerLes 2 premiers épisodes de TGE m'ont bien emballé. C'est vraiment chiadé, c'est lent mais pas mou et l'ambiance glauque au contraire de toi, me plaît bien.
RépondreSupprimerSinon tu me donnes presque envie de relancer FTWD (presque) et The Americans est la meilleure série depuis deux ans, easy ;)
Je ne nie pas vraiment ces qualités à The Girlfriend Experience, tu noteras. C'est juste que je ne me sens pas très réceptif.
SupprimerJe te trouve très gentil avec FTWD. Ce que tu relèves est vrai, il y a une ambiance et de belles scènes, mais le tout suscite chez moi un ennui extrême...
RépondreSupprimerAh ? J'imagine que c'est possible de s'ennuyer, oui. Ce n'est pas vraiment mon cas (mais je m'étais un peu ennuyé en saison 1, cela dit, il est possible que cela revienne au fil des semaines. Pour l'instant le rythme me convient).
Supprimer