...
Camomille Läckberg fait son grande retour sur Le Golb, quatre ans et demi après avoir y passé un très mauvais quart d'heure (ce n'est pas une façon de parler : un quart d'heure était à peu de chose près le temps nécessaire pour deviner la quasi totalité de l'intrigue de son Cyanure). Un véritable acharnement - j'entends de sa part à elle, qui persiste à truster les tops de ventes et autres gondoles de supermarché au point de quasiment me donner envie de lire du Franck Thilliez, et de contaminer le sein même de ma famille, que l'on a connue plus esthète et lettrée. Mais non allez, fais-moi confiance, Cyanure c'est juste un petit exercice de style, ça ne ressemble pas du tout à ses excellents livres (oui, la personne a utilisé l'adjectif excellent. Ce qui relativise beaucoup de compliment qu'on m'aura fait dans mon enfance, j'en conviens).
En fait d'exercice de style, la lecture du Dompteur de Lions m'a effectivement conforté dans l'idée que Camomille avait besoin d'entrainement. Elle n'est certes sans doute pas trop aidée par la traduction, car je ne peux pas croire que même en Suède, en 2016, des gens écrivent encore des choses comme "Petits bandits ! Vous irez directement au bain dès qu'on sera rentrés ! Allez hop, les loupiots, on va chercher votre frangine !"1. Presque lisible jusqu'à cette fatidique page quatre-vingts, le roman s'engouffre dès lors dans un interminable tunnel de baratin odieusement mal écrit, mal ficelé et à ce point bourré de clichés qu'on se demande une seconde s'il ne s'agit pas d'un cadavre exquis uniquement réalisé à partir des meilleures (enfin, moins pires) pages de Mary Higgins Clark et Patricia Cornwell. Un cauchemar de quatre cents pages décousues où l'auteure entremêle trente-douze intrigues et autant de personnages aux psychologies interchangeables, principalement porté par ce message troublant de froide lucidité : nos enfants vivent dans la lumière (sic) et ignorent tout du Maaaaaaal qui vit dans ce monde (re-sic, c'est écrit mot pour mot au moins huit fois en 388 pages - oui parce qu'en plus, ça n'a même pas le mérite d'être bref).
Anecdote amusante, en allant chercher une image pour illustrer cet article, l'écriture intuitive de Google m'a proposé l'entrée "le dompteur de lions ePub". Je n'avais évidemment aucune idée de ce dont il s'agissait, à savoirle magasin en ligne d'Actes Sud, permettant d'acheter un exemplaire le format digital de ce monument de la littérature populiste pour liseuse. Ma première réflexion a été de me dire que c'était un curieux système, dans la mesure où les grands-mères, principales cœur de cible de Camomille (et seules, au demeurant, à trouver son écriture ringarde délicieusement surannée), ne savent pour la plupart pas utiliser de liseuses (lorsqu'elles ne sont pas carrément hostiles au concept). Pourtant en y réfléchissant, cela m'a paru une évidence : Camomille est l'auteure idéale pour cette époque où même les mots sont devenus dématérialisés. D'abord parce qu'on peut sauter la moitié des paragraphes sans rien perdre de l'intrigue, mais aussi et surtout parce que c'est typiquement le genre de bouquin dont on ne sait pas quoi foutre une fois qu'on l'a acheté - ni où le ranger pour ne pas se taper la honte, ni à qui le refiler pour espérer sauver son âme. Comme quoi, malgré son prénom, cette dame sait vivre avec son temps.
1. Vous noterez que dans mon application à ne pas trahir l’œuvre, j'ai laissé la faute d'accord avec "on"..
Camomille Läckberg fait son grande retour sur Le Golb, quatre ans et demi après avoir y passé un très mauvais quart d'heure (ce n'est pas une façon de parler : un quart d'heure était à peu de chose près le temps nécessaire pour deviner la quasi totalité de l'intrigue de son Cyanure). Un véritable acharnement - j'entends de sa part à elle, qui persiste à truster les tops de ventes et autres gondoles de supermarché au point de quasiment me donner envie de lire du Franck Thilliez, et de contaminer le sein même de ma famille, que l'on a connue plus esthète et lettrée. Mais non allez, fais-moi confiance, Cyanure c'est juste un petit exercice de style, ça ne ressemble pas du tout à ses excellents livres (oui, la personne a utilisé l'adjectif excellent. Ce qui relativise beaucoup de compliment qu'on m'aura fait dans mon enfance, j'en conviens).
En fait d'exercice de style, la lecture du Dompteur de Lions m'a effectivement conforté dans l'idée que Camomille avait besoin d'entrainement. Elle n'est certes sans doute pas trop aidée par la traduction, car je ne peux pas croire que même en Suède, en 2016, des gens écrivent encore des choses comme "Petits bandits ! Vous irez directement au bain dès qu'on sera rentrés ! Allez hop, les loupiots, on va chercher votre frangine !"1. Presque lisible jusqu'à cette fatidique page quatre-vingts, le roman s'engouffre dès lors dans un interminable tunnel de baratin odieusement mal écrit, mal ficelé et à ce point bourré de clichés qu'on se demande une seconde s'il ne s'agit pas d'un cadavre exquis uniquement réalisé à partir des meilleures (enfin, moins pires) pages de Mary Higgins Clark et Patricia Cornwell. Un cauchemar de quatre cents pages décousues où l'auteure entremêle trente-douze intrigues et autant de personnages aux psychologies interchangeables, principalement porté par ce message troublant de froide lucidité : nos enfants vivent dans la lumière (sic) et ignorent tout du Maaaaaaal qui vit dans ce monde (re-sic, c'est écrit mot pour mot au moins huit fois en 388 pages - oui parce qu'en plus, ça n'a même pas le mérite d'être bref).
Anecdote amusante, en allant chercher une image pour illustrer cet article, l'écriture intuitive de Google m'a proposé l'entrée "le dompteur de lions ePub". Je n'avais évidemment aucune idée de ce dont il s'agissait, à savoir
👎👎 Le Dompteur de lions
Camilla Läckberg | Actes Sud "Noir", 2014 ; 2016 pour la trad. française
1. Vous noterez que dans mon application à ne pas trahir l’œuvre, j'ai laissé la faute d'accord avec "on"..
Un top of the flops !!
RépondreSupprimerOn est vraiment gâté, en ce moment ;)
;-)
SupprimerAttends : tu veux dire qu'elle a continué à écrire après ton premier article ? Quelle attitude scandaleuse ! ;-)
RépondreSupprimerJe trouve aussi !
SupprimerSympa le coup du lien qui me ramène à une fois où j'avais pas compris la blague dans le titre :-///
RépondreSupprimerIl m'a fallu un instant pour comprendre de quoi tu parlais mais j'ai bien ri, merci :-P
SupprimerC'est malin ta technique : dire de temps en temps du mal d'un truc à succès histoire de renouveler le lectorat ;)
RépondreSupprimerJ'ai jamais lu Camomille, mais c'est vrai que je la croise souvent quand je fais les courses...
Je n'ai pas forcément d'a priori quant aux livres qu'on croise en faisant les courses. Il y a quand même pas mal de bons auteurs qui ont énormément de succès... à la limite, j'aurais plus d'a priori sur les polars nordiques publiés dans cette collection particulière ^^
SupprimerJe le note et je m'en félicite.
RépondreSupprimerOu pas.
Vaut mieux "ou pas", en effet.
SupprimerJuste pour info, ePub, c'est un format de fichier pour liseuse (typiquement le standard amazon dobc Kindle), pas la boutique d'Actes Sud ;-)
RépondreSupprimerMerci, Geek the Young !
SupprimerEt moi qui voulait essayer de la lire, c'est malin...
RépondreSupprimer"Essayer", c'est le mot juste ^^
SupprimerLOL
RépondreSupprimerNe jette pas l'opprobre sur la noble corporation des traducteurs, Läckberg n'a vraiment pas besoin de personne pour être nulle à chier ;-)