Entre nous, qu'y a-t-il de plus horripilant que les classements des 100 meilleurs quoi que ce soit de n'importe quel registre sur n'importe quelle période ? Probablement rien. Il est donc tout à fait logique qu'à l'occasion des dix ans du Golb, celui-ci vous propose les 105 meilleurs albums des 105 meilleurs artistes durant ce laps de temps. Parce que Le Golb, on l'oublie souvent à force qu'il soit génial, c'est aussi l'un des sites les plus horripilants et contradictoires du Web culturel. Pour le récap intégral et évolutif, c'est sur cette page.
45. Uncivilized – Frustration (défouloir, 2013)
Longtemps, j'ai eu du mal à comprendre pourquoi j'aimais autant Frustration. Il y a certes, bien évidemment, la simple qualité de son répertoire, sans parler de ses prestations scéniques décoiffantes. Mais il y a plein de très bon groupes live dont j'aime le répertoire que je n'ai pas autant été voir, ou que n'ai tout bêtement pas autant écoutés ces dix dernières années. Durant de nombreux mois, j'ai cherché en vain à mettre le doigt dessus. Et puis Uncivilized est sorti. J'ai pris ma petite baffe mais me suis surtout rappelé une conversation avec un éminent spécialiste du punk-rock qui m'expliquait ne pas du tout adhérer au groupe parisien, dont il n'aimait pas l'esthétique austère et auquel il reprochait son côté heavy et martial. Sois donc, ai-je alors réalisé, exactement les raisons pour lesquelles j'adorais ce groupe. La vérité, au bout de dix ans il va être tant de vous la confier, c'est que si j'apprécie quelques classiques du genre, le post-punk dans son ensemble me fait royalement chier. Je préfère largement en percevoir l'influence dans des trucs n'ayant rien à voir (l'album au chien d'Alice In Chains ou certaines chansons de Marcel Kanche, par exemple) plutôt que de m'en fader un album entier (à tout le moins s'il n'est pas signé Joy ou Siouxsie). Frustration a renversé cette tendance. Son post-punk est dur, industriel, sans enluminures ni postures puériles. Il bastonne, aussi efficace en terme de mélodie que de rythme, sans chercher l'originalité à tout crin mais sans non plus tomber dans le pastiche lourdingue. Bref, Frustration est de loin le meilleur groupe d'un genre qui m'emmerde et dont je n'ai rien à branler. Normal, non ?
À écouter en priorité : "Assassination" & "Worries"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Empires of Shame (2016)
Face B : Irish Recording Tapes, d'Agent Side Grinder (2010)
44. Yeezus – Kanye West (les 10 commandements, 2013)
L'anecdote se déroule durant la première écoute presse de My Beautiful Dark Twisted Fantasy : Kanye s'approche d'un des journalistes et lui déclare, enthousiaste, qu'il ne sait pas la chance qu'il a de vivre ce moment comparable à "écouter What's Going on en compagnie de Marvin Gaye". Je ne me rappelle plus où j'ai lu cette histoire très amusante, je ne sais même pas à vrai dire si elle vraie (je pense que oui), mais elle résume à la perfection la suite : une fois qu'on a été suffisamment taré et mégalo pour se comparer sérieusement à Marvin, et qu'on est accessoirement devenu la plus grande popstar vivante, le seul autre objectif qu'il vous reste, c'est de rivaliser directement avec Dieu. Visiblement fâché de ne pas faire partie du club très select des musiciens que l'on a un jour comparé au Créateur, West convoque donc toute une armada industrielle, tombe la veste et envoie la purée sur un des albums les plus fous de cette Golbodécade, dix
À écouter en priorité : "New Slaves" & "I Am a God"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : 808s and Heartbreaker (2008)
Face B : Abandonned Language, de Dälek (2007), et ça fait quand même bizarre de l'écrire.
43. China Man vs China Girl – Benjamin Schoos (french pop from Belgium, 2012)
Le label Freaskville s'étant déjà manifesté à plusieurs reprises dans cette sélection (et encore, j'ai résisté à la tentation d'en coller plus), il était plus que temps de laisser la place à sa tête pensante, auteur d'un des touts meilleurs albums de french-pop de la décennie. Rien de très nouveau pourtant ici, a fortiori pour les aficionados du meilleur label du monde de l'univers et au-delà : China Man vs China Girl, on s'autorisera à y voir un lien avec le fait que son auteur abandonne (définitivement ?) son pseudo habituel, est un concentré de tout ce qui faisait le charme indicible des albums de Miam Monster Miam. Avec une production encore plus soignée, un virage rétro-80's totalement assumé (et qui culminera sur ses opus suivants), sans oublier bien sûr un Duvall à son sommet pour les textes. China Man a conquis tous vos cœurs de lecteurs – et le mien avec. Dès le concept, narrant la grandeur et la décadence d'un catcheur raté fou d'amour pour une mystérieuse lutteuse susceptible de le réduire en pièces, tout était déjà dit quant à la singularité de ce petit chef-d’œuvre de pop tragicomique.
À écouter en priorité : "Profession catcheur" & "Je ne vois que vous (feat. Laetita Sadier)"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Beau futur (2014)
Face B : Schyzopolis, de Bo (2012), autre album de pop francofolle.
42. The Legend of Yeti Gonzales – Yeti (California Dreamin', 2008)
Quiet Beatle des Libertines, John Hassal a vaguement tenté de s'arracher à sa condition de mec juste à côté de Pete Doherty (ou de Carl Barât), avant de se rendre à l'évidence qu'il n'était ni aussi charismatique que George Harrison, ni aussi cool que Charlie Watts, ni aussi moche que Ron Wood ou Krist Novoselic. Et donc de retourner jouer avec les deux autres casse-couilles, laissant des dizaines d'amateurs de pop psyché malheureux comme les pierres. Parce que ce road-trip californien qu'il nous offrit en 2008 était bien plus qu'un sympathique projet parallèle. Collection de chansons pop chaudes et lumineuses, arracheur occasionnel de larmes à coup de candeur bouleversante, il s'agissait tout simplement – et de loin – du meilleur album publié par un ex-Libertines, et d'un tous meilleurs disques de toute la vague revival psyché. Saupoudré de garage par-ici et de rockab' par là-bas, il faisait même se demander par endroits si on ne nous avait pas un peu menti quant au soi-disant génie de Pete et Carl. Fidèle à sa non-réputation et à sa discrétion, Hassal a depuis fondé les April Rainers, un groupe qui n'a ni site, ni bandcamp et juste un pauvre Facebook à moins de 3000 likes. Et que tous les gens de bon goût aiment déjà sans en avoir entendu la moindre note.
À écouter en priorité : "Never Lose Your Sense of Wonder" & "Sister, Sister"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Yume!, compile de singles parue en 2007
Face B : Coyote, d'El Goodo (2009)
41. Omicron – Orion Rigel Dommisse (pop pernicieuse, 2014)
Avant tout culte du côté de chez Dans le mur... du son !, Orion Rigel Domisse fait partie de ces artistes qu'on a longtemps suivi(e)s du coin de l'œil, de manière assez distraite, en se disant qu'un jour, peut-être – qui sait ? En octobre 2014, ce jour est arrivé – presque brutalement si l'on considère le bond qualitatif prodigieux effectué avec ce troisième album. Des mélodies plus fines, une production plus aventureuse, des interprétations plus profondes et habitées... il n'en fallait pas plus pour déserter les places d'honneur du Classement du Golb et conquérir ses sommets (en l'occurrence une huitième position qui aurait pu être un Top 5 si l'album était paru un peu plus tôt, avait eu plus de temps pour mûrir dans nos petites oreilles). Incroyablement entêtant et terriblement catchy pour un ouvrage principalement composé de mid-tempo, cet Omicron est quasi parfait de À à Z et compose genre d'improbable synthèse de tous les albums de chanteuses torturées des dix dernières années, s'imposant petit à petit comme l'album que Marissa Nadler – avec qui Orion Rigel a collaboré – n'a pas réussi à produire lorsqu'elle a tenté le virage pop de Little Hells – nous vengeant au passage de toute les discographies casse-burnes des Zola Jesus et consorts (mais si, souvenez-vous). Depuis, non seulement l'enthousiasme des premières écoutes n'est pas retombé, mais comme en témoigne sa place dans cette sélection, il a plutôt eu tendance à augmenter. À tel point que, dépité devant un album vraiment pas merdique, notre copain Lyle ne l'a même pas chroniqué.
À écouter en priorité : "You Are Alive" & "Nightgaunt"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Chickens (2011)
Face B : Mantaray, de Siouxsie (2007), (grand)mère spirituelle pas si indigne que ce que certains mauvais coucheurs ont pu dire.
40. Soft to the Touch – Jef Barbara (post-revival-new-wave, 2013)
Déjà auteur d'un très bon debut album, Jef Barbara n'a mis qu'une petite année à exploser ce dernier à grand renfort de tubes de new wave et de pop romantique – au sens premier du terme : désespérément mélancolique et profondément sexuée. C'est moite et c'est poisseux, c'est rageur et c'est douloureux, c'est d'une beauté à tomber derrière des mélodies parfois légères et entraînantes. S'il n'est pas une révélation en soi tant son prédécesseur transpirait déjà le génie par endroit, Soft to the Touch est certainement ce qui se sera rapproché le plus d'un coup de cœur durant cette décennie de golbitude. Ou comment on se trouve à trépigner d'impatience en attendant la prochaine manifestation d'un type au personnage pas possible qui, il y a une poignée d'années encore, sortait de nulle part en faisant se demander si c'était de l'art ou du cochon. On n'ose à peine l'écrire désormais tant cet album taillant des croupières à Prince ou The Cure a tourné sans relâche depuis sa parution. There is new wave, there is old wave – and there is Jef Barbara.
À écouter en priorité : "Soft to the Touch" & "I Know I'm Late"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Contamination (2012)
Face B : Les Chansons de l'Innocence retrouvée, d’Étienne Daho, qui a traversé la décennie comme un zombie avant de revenir au top en 2013.
39. Mini Mansions – Mini Mansions (quatre garçons de plage dans le vent, 2010)
Jusqu'au mitan de 2011, on croyait Elliott Smith mort et enterré depuis bien avant la création de ce blog. Et puis le premier album de Mini Mansions nous est arrivé, assez tardivement et sous couverture (celle d'un énième projet parallèle d'un des deux-mille-six-cent-soixante-quartoze membres des Queens Of The Stone Age, seul groupe auquel on ne pense absolument jamais à son écoute). Dépourvu de titre mais pas de panache, le tout fit illusion quelques semaines avant que la vérité ne refasse surface : Elliott Smith avait simplement changé de nom, fait appel à un chirurgien esthétique (qui a dit qu'il était temps ?), embauché un de ses camarades d'île déserte secrète (un certain John Lennon) pour faire les chœurs et entrepris de laisser libre court à sa passion pour le rock psychédélique le plus stellaire (de Syd Barrett à Grandaddy en passant par les inévitables Love). L'éternel jeune homme ayant la carte ici, on a promis de garder le secret et de présenter Mini Mansions comme le projet parallèle de brillants anonymes, comme si de tels individus avaient pu réussir à produire l'un des plus géniaux albums de pop des années 2010 comme ça, par hasard, du premier coup et sans la moindre préparation. Bien évidemment, je ne vous ai rien dit.
À écouter en priorité : "The Room Outside" & "Seven Sons"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : The Great Pretender (2015)
Face B : Soldiers, de St. Augustine (2012)
38. My Father Will Guide Me up a Robe to the Sky – Swans (apocalypticisme, 2010)
Combien de fois en dix ans ai-je vomi les reformations ? Combien d'articles pour les tourner en dérision, les dénoncer ou simplement les mépriser ? Vingt ? Trente ? Cent ? Suffisamment en tout cas pour ne pas manquer d'en saluer une à l'occasion de cette rétrospective – et non des moindres. Une que l'on n'avait pas forcément vue venir. Une que l'on n'attendait pas particulièrement, tant la carrière de Michael Gira – seul ou avec les Angels of Light – parvenait à combler le manque. Et pourtant, il suffit de quelques secondes du monstrueux "No Words/No Thoughts" pour (re)tomber en pâmoison devant ces cygnes élégants, raffinés... et très, très bruyants (surtout en live). Noise quintessentielle ici, folk ténébreuse là, My Father Will Je Ne Sais Plus Quoi (avouez que vous aussi, vous avez besoin de vérifier son titre exact à chaque fois) fait bien mieux que reformer ou réunir : il ressuscite (un groupe), défriche (de nouveaux territoires sonores) et hypnotise (moi, eux – vous aussi, sans doute). Le plus fou, c'est que loin d'être un coup d'un soir, cet album s'avérait le début d'un nouveau – et passionnant – cycle.
À écouter en priorité : "No Words/No Thoughts" & "Jim"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : To Be Kind (2014)
Face B : I Am Not Insane, de Michael Gira (2010) – "face B" au sens littéral du terme puisque cet ouvrage renferme de nombreuses versions dépouillées – on n'a pas dit démos – de ce qui deviendront les chansons de cet album.
37. Notre silence – Michel Cloup (duo) (noise atone, 2011)
Deuil, espoir. Lumière. Ténèbres. Il n'est pas facile de chanter la douleur la plus sourde lorsque l'on est un artiste notoirement bruyant. Pas facile de raconter des histoires dont les personnages ont le souffle coupé, auxquels les mots manquent souvent, lorsque la parole – et même : l'exclamation – occupe habituellement l'essentiel de l'espace sur chaque morceau. Alors sur ce premier album
À écouter en priorité : "Cette colère" & "Notre silence"
Aussi conseillé sur cette période : Minuit dans tes bras (2014)
Face B : B.A.M!, de Binary Audio Misfits (2010), le projet déjà un peu injustement oublié de Michel Cloup entre Expérience et ce magnifique album.
36. Long Slow Dance – The Fresh & Onlys (la reine est morte, 2012)
S'il ne faisait pas grand doute, ni pour vous ni pour moi, que les Fresh & O sortiraient à un moment ou un autre dans ce classement, je ne suis pas moins étonné que vous de constater que c'est avec ce Long Slow Dance plutôt qu'avec n'importe lequel des précédents. Sans aller jusqu'à parler d'album controversé (soyons raisonnables), cette parenthèse eigthies marque malgré tout le moment où beaucoup ont cessé de se palucher sur le génie de Tim Cohen (moment qui culminera deux ans plus tard avec le pourtant très recommandable House of Spirits). Et pourtant au moment de faire les bilans, le résultat est incontestable : peu importe qu'il soit fort peu psyché et même bien peu garage, Long Slow Dance est un des albums que j'ai le plus écoutés ces dernières années – et accessoirement (ce genre de chose compte beaucoup pour moi) le seul du groupe dont je connaisse toutes les paroles de tous les morceaux par cœur. Un petit malin ne manquera sans doute pas de suggérer en commentaire que l'influence prépondérante d'un de mes – si ce n'est mon – groupe favori a sans doute un tout petit orienté mon choix... mais après tout, est-ce de ma faute si Long Slow Dance est le meilleur album des Smiths depuis The Queen Is Dead ?
À écouter en priorité : "20 Days & 20 Nights" & "Long Slow Dance"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Play It Strange (2010) si vous me posez vraiment la question. Tous, si vous ne me la posez pas.
Face B : Ruler of the Night, de Magic Trick (2012), ou comment Tim Cohen a enregistré deux fois le même album la même année, l'un en version pop classy, l'autre en version grise et suicidaire.
Pour qui suis le Golb (et partage ses avis) ça devient difficile de hiérarchiser. Bravo ;)
RépondreSupprimerPour moi aussi ^^
SupprimerTrès jolie sélection ce mois-ci.
RépondreSupprimerQuitte à prendre un Schoos, j'aurais je pense pris Beau Futur : je trouve que c'est le même en encore meilleur.
Mais China Man est son "breakthrough album", j'avoue (à son échelle).
Arrête, il est Big in Japan, cet album, non ? :-D
SupprimerBon, y a eu un bref moment de grâce mais ça y est quoi, on est reparti dans les mauvais disques ;)
RépondreSupprimerSi tu veux tu peux m'envoyer ta lise, j'y piocherai peut-être de bonnes idées ^^
SupprimerExcellente idée ^^
SupprimerJe peux utiliser le mail dans la marge ?
Oui ^^
SupprimerVous me faites trop d'honneur, M. Le Golb ! :-)
RépondreSupprimerComment ça ? Quel honneur ? En disant que tu ne l'avais pas chroniqué ? :-)
SupprimerContent de voir B. Schoos ici (je n'en doutais pas trop)
RépondreSupprimerC'est un artiste que j'aime beaucoup et que tu m'as fait découvrir ici, donc j'en profite pour te remercier :-)
De rien :-)
SupprimerChez moi le Michel Cloup aurait mérité un Top 10. Vraiment un album que je n'ai jamais cessé d'écouter avec la même émotion.
RépondreSupprimerTrès bonne sélection pour ce nouvel épisode. Tu crois que tu vas finir avant 2017 comme prévu ?
Non car je n'ai jamais vraiment prévu de finir avant 2017, mais avant... le 11 ans du Golb ^^ Sachant qu'ils sont en mai et qu'il ne reste plus que 35 disques, ça paraît à ma portée :-P
Supprimerbon commentaire sur Frustration, un artiste estampillé Golb chez moi (tout comme Cheveu, qu'on retrouvera je pense dans les derniers épisodes). Tu classes Uncivilized avant celui de cette année alors? je viens de l'acheter, j'ai été assez séduit par la première écoute, on va voir sur la durée.
RépondreSupprimerAgent Side Grinder est label Golb aussi. enfin ce très bon Irish Recording Tapes, je ne connais pas les autres. pour Swans c'est plus collectif, il me semble qu'il avait été premier ou deuxième sur le CDB, j'ai découvert le groupe comme ca. j'en suis devenu un grand amateur...
Ah j'aime beaucoup le dernier Frustration, mais je ne sais pas, ça m'aurait fait bizarre de ne pas mettre Uncivilized alors que c'est sans problème un des albums que j'ai le plus écoutés ces quatre dernières années. Peut-être que le nouveau connaîtra le même destin, je ne ne sais pas (c'est très possible).
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