[Taux de spoil : 20 %] J’espère que vous êtes contents de vous. Vous m’avez tellement cassé les roubignoles avec cette série que je n’ai même pas eu envie d’en parler. Juste de coller les pouces correspondants et d’aller faire autre chose. Il y en a deux, si cela vous intéresse encore. Enfin, disons plutôt un et demi. Au revoir et bonnes fêtes à tous.
Non vraiment : félicitations. Vous vous êtes privés d’un avis circonstancié et nuancé comme on en aura lu trop peu au sujet d’une série qui n’aura pas plus été un chef-d’œuvre (si c'est ce que vous pensez, excusez-moi, mais vous n’y connaissez rien) qu’une grosse daube (si c'est ce que vous pensez, excusez-moi, mais vous êtes un sacré snob)… comme la plupart des séries, en fait, mais il est vrai que toutes ne sont pas soutenues par la force de frappe du service marketing de HBO. Comme souvent ces dernières années, le succès de Westworld en dit plus long sur l’état de l’industrie, de la critique, de la circulation de l’information… que sur la qualité intrinsèque d’une série qui était déjà élevée au rang d’œuvre culte à la fin de son pilote, alors qu’elle n’avait presque rien dit, ni assurément rien montré de ce qu’elle avait dans le ventre (on s’autorisera à considérer qu’elle finit par le faire un peu trop tardivement pour mériter la totalité des dithyrambes l’entourant). Si l’on était méchant, on ajouterait qu’à l’exacte manière de ceux de Game of Thrones ou The Walking Dead, le succès de Westworld en dit également long sur la très faible exigence philosophique de nos contemporains, car pour faire un sommet métaphysique d’une série à la morale à peine plus élevée qu’une chanson de Calogero (♪ Ce sont nos souvenirs et nos blessures qui nous rendent vivants ♫), il ne faut vraiment pas s’être posé beaucoup de questions sur l’existence au cours de la sienne. Au moins nous satisferons-nous de sortir de l’épuisant L’homme est un loup pour l’homme sans cesse ressassé par les deux autres hits susnommés, ce qui somme toute est un excellent point à mettre à son crédit : Westworld est une série humaniste, à sa manière, et à condition bien sûr de ne pas trop creuser la définition du mot. Cela ne l’empêche certes pas de violer et tuer tout ce qui bouge sous le confortable prétexte qu’il s’agit de robots (on est sur HBO, tout de même), mais on pourrait presque par moments la voir comme un bol d'air : si Westworld manque cruellement de légèreté dans l'ensemble, elle n’est pas exempte de moments de douceur, de romantisme, et ne résume pas l’être humain à ses plus bas instincts, elle. Ça change.
L’un des gags récurrents des Drawas qui s'achèvent dans quelques jours aura été de comparer avec beaucoup de malveillance Westworld et Person of Interest, une série tardivement mais passionnément aimée par-ici. Ceux qui ont vu les deux séries n’ont pas pu s’empêcher de les rapprocher, notre camarade Bloom ayant même été jusqu’à y voir une certaine paresse, comme s’il s’était agi de prendre une bonne série de Network et de l’adapter aux exigences du câble d’aujourd’hui (sous-entendu : zéro second degré, plein de morts, plein de gens tout nus, plein de dialogues super sérieux sur la vie et la mort, sans oublier quelques gens tout nus). On comprend la tentation : de nombreux noms aux génériques sont les mêmes, le soundtrack de Westworld est a priori composé des chutes de studios de Ramin Djawadi sur P.O.I., et les cœurs de l’une et de l’autre battent presque à l’unisson, dans une volonté – parfois maladroite, mais sincère – de s’interroger sur la notion d’humanité à travers les relations entre un Scientifique démiurge et sa Création/Créature1. La tentation était grande, oui, pourtant c’était bien l’inverse qu’il fallait percevoir : le show de CBS était une série de Network d’apparence très simple qui s’avérait en réalité (relativement) complexe et profonde ; celui de HBO est au contraire un show hurlant à chaque plan qu’il est complexe et profond, alors qu’il est en fait plutôt simple, que ce soit dans ses thématiques ou dans l’agencement de ses intrigues (n’importe quel fan repenti de Lost avait grillé le truc des deux timelines depuis au moins trois épisodes). On trouvera de fait du mérite à Person of Interest là où l’on ne verra chez Westworld qu’une forme de prétention. Les aventures de Reese et Finch composaient une série fun qui savait devenir très grave tandis que celles de Dolorès se prennent surtout très au sérieux, même dans les moments qui devraient être funs (il y a tout de même PLEIN de cowboys qui se livrent à PLEIN de duels et PLEIN de fusillades… et pourtant on ne se marre jamais en les regardant, tout cela est très sévère, très dur, très cââââble).
Cet aspect rend la série un peu énervante – il faut bien le reconnaître. Il y a presque autant d’arrogance que de moyens dans Westworld ; tout ça pour terminer sur un deus ex machina presque insultant (et carrément prévisible) dans un épisode final beaucoup trop long (HBO power!), qui s’il recèle son lot de bonnes idées et répliques a aussi tendance, au terme des quarante-cinq premières minutes, à les ressasser péniblement, reformulant et/ou surlignant avec lourdeur des choses que tout le monde avait déjà comprises ou devinées. Tout ça, surtout, pour peu de choses : il ne faut pas gratter trop fort les motivations des personnages, Ford en tête, sous peine de déterrer une montagne d’incohérences narratives. En s’auto-proclamant dernière née de la lignée des grandes séries de SF à mystères, Westworld s’exposait à un sacré bashing (ça n’a pas manqué) et n’a pas toujours, ni très bien, évité de tendre la joue. On lui pardonne la lenteur de sa mise sa place : celle-ci trouve une forme de justification sur le long terme, même s’il y avait certainement moyen de faire moins chiant que les épisodes 3 et 4. On aura un peu plus de mal, en revanche, à digérer certains twists gratuits et complètement out of characters (l’identité de L’Homme en noir ne supporte pas deux minutes un examen un tant soit peu poussé). Pour être précis on le pourrait, mais dans un autre contexte : le principal problème de Westworld, dans le fond, est le même que celui d’un Game of Thrones – ironiquement, c’est peut-être pour cela qu’elle a rencontré le même fulgurant succès. Il s'agit moins de ce qu'elle est que des grands airs qu'elle veut se donner. Ce talent pour élever l’art de péter plus haut que son cul en des sphères rarement atteintes à la télévision, quand tous ses défauts ou presque lui seraient pardonnés si elle assumait ce qu’elle est en réalité 80 % du temps, à savoir une série de SF plutôt pop-corn, avec de très gros cliffhangers, des deus ex machina tous les deux épisodes et des héros dont les développements psychologiques servent principalement à boucher les trous du scénario.
En cela, elle est effectivement typiquement nolanienne – un de mes amis m’en faisait la remarque il y a quelques semaines, mais je n’avais pas encore terminé la série et ne pouvais pas mesurer alors à quel point il avait raison. Jonathan Nolan a fait beaucoup de bonnes choses dans sa carrière ; il est aussi cependant celui qui a généralisé l’idée, auprès d’une partie du grand public et surtout de la critique, qu’un bon film de superhéros se devait de liquider l'essence-même de la figure du superhéros. En un sens, dans Westworld, il fait exactement pareil avec la SF mainstream – qui du coup ne l'est plus tant que cela, ou du moins ne veut plus l'être explicitement... tout en le restant viscéralement. C'est sans doute son principal défaut et ce qui explique qu'elle se soit attirée un certain nombre de haters presque aussi véhéments que ses fans : Westworld est une série qui joue à être complexe mais qui, dans le fond, n'ose jamais réellement s'aventurer sur ce terrain, développant plutôt bien ses mystères mais ne pouvant s'empêcher de distiller des indices énoooormes, pour au bout du compte noyer le spectateur sous les dialogues explicatifs. C'est qu'il ne faudrait quand même pas perdre le grand public en route, voyons – on a tôt fait de se faire jeter comme un banal scénariste de Lost.
C’était bien, pourtant. Vraiment bien, du moins dans la seconde moitié de la saison. Je n’aime pas les séries parfaites et en ce sens, Westworld était faite pour être encensée sur Le Golb – elle l’aurait peut-être été à une autre époque, dans un autre contexte. Westworld est très loin d’être la meilleure série de l’année, même en se limitant à la science-fiction. Elle est aussi très loin d’être la plus mauvaise. Elle a su se montrer prenante chaque fois que l’attention menaçait de retomber. Son casting était irréprochable, ce qui n’est que très rarement le cas dans les shows regorgeant de Noms (et puis quel bonheur tout de même, de voir Anthony Hopkins dans un rôle pour une fois à la hauteur de son talent). Ses dialogues clés avaient beau être effroyablement sentencieux, ils n’en faisaient pas moins mouche. Si elle n’avait pas connu un tel succès (en admettant que celui-ci n’était pas écrit d’avance), on l’aurait sans doute évoquée comme une série gagnant à être découverte, susceptible de plaire à un tas de gens différents pour un tas de raisons différentes. Elle pète plus haut que son cul ? Oui, bien sûr, mais si elle pète encore plus fort qu’un Game of Thrones, elle pète moins, toutefois. Elle paraît moins engoncée dans des schémas destinés à nourrir les parodistes du monde entier. Elle est déjà plus riche et, par de nombreux aspects, plus authentique. Elle a un propos, une vision, une ambition – et si l’on peut ironiser sur leur fond ou critiquer leur forme, ils ont le mérite d’exister. Westworld a réellement quelque chose à raconter et elle le raconte bien, la plupart du temps, là où Game of Thrones s’est rapidement avérée n’être qu’une outre vide, parfois jolie à regarder mais allons : quand une série prétendument complexe se voit si aisément résumée par ses propres fans en Plutôt Jon Snow ou plutôt Dani ?, c’est qu’elle ne devait pas en avoir tant que cela sous la pédale. Ce syndrome-là ne guette clairement pas Westworld qui, si elle risque de devenir la nouvelle série qui tape sur le système de tous les gens n’ayant pas un fan hystérique sommeillant en eux, ne le sera certainement pas de la même manière. Elle pourrait même nous surprendre et, en corrigeant certains (gros) défauts, convertir ses détracteurs en saison 2. Parce qu’elle est bien, tout simplement, et conserve encore à ce stade un véritable potentiel. Je mentirais en disant que je me suis tout le temps passionné pour ce qu’elle racontait : je n’ai globalement pas compris pourquoi elle déchaînait à ce point les passions, j’ai même été un peu surpris de voir qu’elle générait des tas de fan theories sur le Web2, alors que comme je le soulignais plus haut, c’est une série assez simple, qui ne contient au final qu’une poignée de mystères se résolvant avant même qu’on ait commencé à les identifier3. Mais l’hypothèse que je puisse un jour me passionner pour elle n’est pas exclue – pas encore.
À condition bien sûr que vous arrêtiez de me casser les roubignoles avec.
1. Même si ces questionnements sont bien plus émouvants dans P.O.I., parce que portés par Harold Finch, personnage bien plus doux et moins cynique que Robert Ford.
2. Il y a vraiment des gens qui ont passé les sept premiers épisodes sur la théorie « Machin est-il un hôte » ? Pardon, je reformule : il y a vraiment des gens qui ont osé appeler « théorie » cette évidence comme quoi certains personnages identifiés comme humains ne l’étaient vraisemblablement pas ? Personnellement, j’appelle juste ça le cahier des charges…
3. D'ailleurs, je n'ai pas trop suivi car je n'étais pas à jour sur la diffusion, mais d'après ce que j'ai lu une grande part des théories de fans se sont avérées... justes. CQFD.
Non vraiment : félicitations. Vous vous êtes privés d’un avis circonstancié et nuancé comme on en aura lu trop peu au sujet d’une série qui n’aura pas plus été un chef-d’œuvre (si c'est ce que vous pensez, excusez-moi, mais vous n’y connaissez rien) qu’une grosse daube (si c'est ce que vous pensez, excusez-moi, mais vous êtes un sacré snob)… comme la plupart des séries, en fait, mais il est vrai que toutes ne sont pas soutenues par la force de frappe du service marketing de HBO. Comme souvent ces dernières années, le succès de Westworld en dit plus long sur l’état de l’industrie, de la critique, de la circulation de l’information… que sur la qualité intrinsèque d’une série qui était déjà élevée au rang d’œuvre culte à la fin de son pilote, alors qu’elle n’avait presque rien dit, ni assurément rien montré de ce qu’elle avait dans le ventre (on s’autorisera à considérer qu’elle finit par le faire un peu trop tardivement pour mériter la totalité des dithyrambes l’entourant). Si l’on était méchant, on ajouterait qu’à l’exacte manière de ceux de Game of Thrones ou The Walking Dead, le succès de Westworld en dit également long sur la très faible exigence philosophique de nos contemporains, car pour faire un sommet métaphysique d’une série à la morale à peine plus élevée qu’une chanson de Calogero (♪ Ce sont nos souvenirs et nos blessures qui nous rendent vivants ♫), il ne faut vraiment pas s’être posé beaucoup de questions sur l’existence au cours de la sienne. Au moins nous satisferons-nous de sortir de l’épuisant L’homme est un loup pour l’homme sans cesse ressassé par les deux autres hits susnommés, ce qui somme toute est un excellent point à mettre à son crédit : Westworld est une série humaniste, à sa manière, et à condition bien sûr de ne pas trop creuser la définition du mot. Cela ne l’empêche certes pas de violer et tuer tout ce qui bouge sous le confortable prétexte qu’il s’agit de robots (on est sur HBO, tout de même), mais on pourrait presque par moments la voir comme un bol d'air : si Westworld manque cruellement de légèreté dans l'ensemble, elle n’est pas exempte de moments de douceur, de romantisme, et ne résume pas l’être humain à ses plus bas instincts, elle. Ça change.
L’un des gags récurrents des Drawas qui s'achèvent dans quelques jours aura été de comparer avec beaucoup de malveillance Westworld et Person of Interest, une série tardivement mais passionnément aimée par-ici. Ceux qui ont vu les deux séries n’ont pas pu s’empêcher de les rapprocher, notre camarade Bloom ayant même été jusqu’à y voir une certaine paresse, comme s’il s’était agi de prendre une bonne série de Network et de l’adapter aux exigences du câble d’aujourd’hui (sous-entendu : zéro second degré, plein de morts, plein de gens tout nus, plein de dialogues super sérieux sur la vie et la mort, sans oublier quelques gens tout nus). On comprend la tentation : de nombreux noms aux génériques sont les mêmes, le soundtrack de Westworld est a priori composé des chutes de studios de Ramin Djawadi sur P.O.I., et les cœurs de l’une et de l’autre battent presque à l’unisson, dans une volonté – parfois maladroite, mais sincère – de s’interroger sur la notion d’humanité à travers les relations entre un Scientifique démiurge et sa Création/Créature1. La tentation était grande, oui, pourtant c’était bien l’inverse qu’il fallait percevoir : le show de CBS était une série de Network d’apparence très simple qui s’avérait en réalité (relativement) complexe et profonde ; celui de HBO est au contraire un show hurlant à chaque plan qu’il est complexe et profond, alors qu’il est en fait plutôt simple, que ce soit dans ses thématiques ou dans l’agencement de ses intrigues (n’importe quel fan repenti de Lost avait grillé le truc des deux timelines depuis au moins trois épisodes). On trouvera de fait du mérite à Person of Interest là où l’on ne verra chez Westworld qu’une forme de prétention. Les aventures de Reese et Finch composaient une série fun qui savait devenir très grave tandis que celles de Dolorès se prennent surtout très au sérieux, même dans les moments qui devraient être funs (il y a tout de même PLEIN de cowboys qui se livrent à PLEIN de duels et PLEIN de fusillades… et pourtant on ne se marre jamais en les regardant, tout cela est très sévère, très dur, très cââââble).
Cet aspect rend la série un peu énervante – il faut bien le reconnaître. Il y a presque autant d’arrogance que de moyens dans Westworld ; tout ça pour terminer sur un deus ex machina presque insultant (et carrément prévisible) dans un épisode final beaucoup trop long (HBO power!), qui s’il recèle son lot de bonnes idées et répliques a aussi tendance, au terme des quarante-cinq premières minutes, à les ressasser péniblement, reformulant et/ou surlignant avec lourdeur des choses que tout le monde avait déjà comprises ou devinées. Tout ça, surtout, pour peu de choses : il ne faut pas gratter trop fort les motivations des personnages, Ford en tête, sous peine de déterrer une montagne d’incohérences narratives. En s’auto-proclamant dernière née de la lignée des grandes séries de SF à mystères, Westworld s’exposait à un sacré bashing (ça n’a pas manqué) et n’a pas toujours, ni très bien, évité de tendre la joue. On lui pardonne la lenteur de sa mise sa place : celle-ci trouve une forme de justification sur le long terme, même s’il y avait certainement moyen de faire moins chiant que les épisodes 3 et 4. On aura un peu plus de mal, en revanche, à digérer certains twists gratuits et complètement out of characters (l’identité de L’Homme en noir ne supporte pas deux minutes un examen un tant soit peu poussé). Pour être précis on le pourrait, mais dans un autre contexte : le principal problème de Westworld, dans le fond, est le même que celui d’un Game of Thrones – ironiquement, c’est peut-être pour cela qu’elle a rencontré le même fulgurant succès. Il s'agit moins de ce qu'elle est que des grands airs qu'elle veut se donner. Ce talent pour élever l’art de péter plus haut que son cul en des sphères rarement atteintes à la télévision, quand tous ses défauts ou presque lui seraient pardonnés si elle assumait ce qu’elle est en réalité 80 % du temps, à savoir une série de SF plutôt pop-corn, avec de très gros cliffhangers, des deus ex machina tous les deux épisodes et des héros dont les développements psychologiques servent principalement à boucher les trous du scénario.
En cela, elle est effectivement typiquement nolanienne – un de mes amis m’en faisait la remarque il y a quelques semaines, mais je n’avais pas encore terminé la série et ne pouvais pas mesurer alors à quel point il avait raison. Jonathan Nolan a fait beaucoup de bonnes choses dans sa carrière ; il est aussi cependant celui qui a généralisé l’idée, auprès d’une partie du grand public et surtout de la critique, qu’un bon film de superhéros se devait de liquider l'essence-même de la figure du superhéros. En un sens, dans Westworld, il fait exactement pareil avec la SF mainstream – qui du coup ne l'est plus tant que cela, ou du moins ne veut plus l'être explicitement... tout en le restant viscéralement. C'est sans doute son principal défaut et ce qui explique qu'elle se soit attirée un certain nombre de haters presque aussi véhéments que ses fans : Westworld est une série qui joue à être complexe mais qui, dans le fond, n'ose jamais réellement s'aventurer sur ce terrain, développant plutôt bien ses mystères mais ne pouvant s'empêcher de distiller des indices énoooormes, pour au bout du compte noyer le spectateur sous les dialogues explicatifs. C'est qu'il ne faudrait quand même pas perdre le grand public en route, voyons – on a tôt fait de se faire jeter comme un banal scénariste de Lost.
C’était bien, pourtant. Vraiment bien, du moins dans la seconde moitié de la saison. Je n’aime pas les séries parfaites et en ce sens, Westworld était faite pour être encensée sur Le Golb – elle l’aurait peut-être été à une autre époque, dans un autre contexte. Westworld est très loin d’être la meilleure série de l’année, même en se limitant à la science-fiction. Elle est aussi très loin d’être la plus mauvaise. Elle a su se montrer prenante chaque fois que l’attention menaçait de retomber. Son casting était irréprochable, ce qui n’est que très rarement le cas dans les shows regorgeant de Noms (et puis quel bonheur tout de même, de voir Anthony Hopkins dans un rôle pour une fois à la hauteur de son talent). Ses dialogues clés avaient beau être effroyablement sentencieux, ils n’en faisaient pas moins mouche. Si elle n’avait pas connu un tel succès (en admettant que celui-ci n’était pas écrit d’avance), on l’aurait sans doute évoquée comme une série gagnant à être découverte, susceptible de plaire à un tas de gens différents pour un tas de raisons différentes. Elle pète plus haut que son cul ? Oui, bien sûr, mais si elle pète encore plus fort qu’un Game of Thrones, elle pète moins, toutefois. Elle paraît moins engoncée dans des schémas destinés à nourrir les parodistes du monde entier. Elle est déjà plus riche et, par de nombreux aspects, plus authentique. Elle a un propos, une vision, une ambition – et si l’on peut ironiser sur leur fond ou critiquer leur forme, ils ont le mérite d’exister. Westworld a réellement quelque chose à raconter et elle le raconte bien, la plupart du temps, là où Game of Thrones s’est rapidement avérée n’être qu’une outre vide, parfois jolie à regarder mais allons : quand une série prétendument complexe se voit si aisément résumée par ses propres fans en Plutôt Jon Snow ou plutôt Dani ?, c’est qu’elle ne devait pas en avoir tant que cela sous la pédale. Ce syndrome-là ne guette clairement pas Westworld qui, si elle risque de devenir la nouvelle série qui tape sur le système de tous les gens n’ayant pas un fan hystérique sommeillant en eux, ne le sera certainement pas de la même manière. Elle pourrait même nous surprendre et, en corrigeant certains (gros) défauts, convertir ses détracteurs en saison 2. Parce qu’elle est bien, tout simplement, et conserve encore à ce stade un véritable potentiel. Je mentirais en disant que je me suis tout le temps passionné pour ce qu’elle racontait : je n’ai globalement pas compris pourquoi elle déchaînait à ce point les passions, j’ai même été un peu surpris de voir qu’elle générait des tas de fan theories sur le Web2, alors que comme je le soulignais plus haut, c’est une série assez simple, qui ne contient au final qu’une poignée de mystères se résolvant avant même qu’on ait commencé à les identifier3. Mais l’hypothèse que je puisse un jour me passionner pour elle n’est pas exclue – pas encore.
À condition bien sûr que vous arrêtiez de me casser les roubignoles avec.
👍 Westworld (saison 1)
créée par Jonathan Nolan & Lisa Joy
HBO, 2016
HBO, 2016
1. Même si ces questionnements sont bien plus émouvants dans P.O.I., parce que portés par Harold Finch, personnage bien plus doux et moins cynique que Robert Ford.
2. Il y a vraiment des gens qui ont passé les sept premiers épisodes sur la théorie « Machin est-il un hôte » ? Pardon, je reformule : il y a vraiment des gens qui ont osé appeler « théorie » cette évidence comme quoi certains personnages identifiés comme humains ne l’étaient vraisemblablement pas ? Personnellement, j’appelle juste ça le cahier des charges…
3. D'ailleurs, je n'ai pas trop suivi car je n'étais pas à jour sur la diffusion, mais d'après ce que j'ai lu une grande part des théories de fans se sont avérées... justes. CQFD.
D'accord à 1000, 2000 %.
RépondreSupprimerMême sur le passage où tu me contredis, je me dis que tu as raison.
J'aurais aimé "plus aimer" Westworld, pourtant. Comme toi, dirait-on. J'avais beaucoup aimé le film, j'attendais cette adaptation avec impatience.
Mais il y a vraiment beaucoup de défaut, et le buzz autour était, vraiment, très fatigant.
Nous sommes globalement d'accord, en effet.
SupprimerMa comparaison avec Game of Thrones s'arrête au moment où l'on admet que Westworld fourmille de bonnes idées, même si elles ne sont pas toujours bien exploitées.
J'ai trouvé, en gros, les épisodes 6 à 9 vraiment réussis. J'aurais aimé que tout soit de ce niveau.
Par contre, tu as vraiment envie de te faire insulter pour Noël ? ;)
SupprimerJ'en ai vu d'autres, hein ;-)
SupprimerTout cela est vrai (même si je pense avoir plus aimé que toi). Mais n'y avait-il pas moyen de faire abstraction du buzz ? De prendre la série pour elle-même ?
RépondreSupprimerJe trouve que la question se pose.
C'est pas trop ce que dit l'article en même temps ;)
SupprimerJe ne pense pas (en effet) que l'article se focalise sur le buzz.
SupprimerEt peu importe, dans le fond, puisque ce genre de série est conçue pour buzzer avant même d'être conçue pour être regardable. Le Net bruissait de rumeurs sur la série deux ans avant sa diffusion, hein.
Tu en parles quand même. Dès la première ligne. Tu n'étais pas obligé de faire ce choix, d'autres ne l'ont pas fait (moi, je ne l'aurais pas fait).
SupprimerJe trouve que c'est important de séparer la réception et la série. Amusant que ce soit moi qui le dise, mais pour cette fois, c'est vraiment la presse qui veut faire de la série un "sommet métaphysique". Les commentaires lu ailleurs en font plus une série "mindblowing" comme pouvait l'être Lost, en son temps.
Tu crois ? Je n'ai pas eu cette impression. Ce n'est pas sur les sites de presse que j'ai lu les plus grosses inepties sur Westworld. Mais tu as peut-être raison, au bout d'un moment argumenter à partir d'une simple perception, même en essayant de la rendre la plus globale possible... il y a des limites. Je n'ai évidemment pas lu tout ce qui s'est écrit sur WW...
SupprimerRassure-moi sur un truc, Thomas : il n'y a pas VRAIMENT des gens qui ont qualifié Westworld de CHEF-D’ŒUVRE ?
RépondreSupprimerC'est une bonne série, je ne dis pas... Mais un CHEF-D’ŒUVRE...
J'aimerais te rassurer mais... j'ai vraiment lu ça. Ce n'était pas une opinion majoritaire, mais elle existait bel et bien.
SupprimerHeureusement que tu précises que c'est bien plusieurs fois, parce qu'on est pas loin du taillage de costard ;)
RépondreSupprimerJe peux pas m'en empêcher. Il y a comme une erreur dans mon code.
SupprimerJ'ai beaucoup aimé Westworld. Et je trouve très injuste de lui reprocher sans cesse sa prétention. Oui c'est prétentieux mais en même temps les dialogues "sentencieux" dont tu parles étaient à l'identique dans PoI et tu trouvais ça vachement bien. Oui ça se prend au sérieux, c'est une série dramatique et alors ? Est-ce que ça se prend + ou - au sérieux que The 100 (au hasard). Mais ça va, The 100 ne passe pas sur HBO donc tu vas pas lui reprocher d'être trop premier degré...
RépondreSupprimer- sache je t'en veux un peu de me forcer à défendre HBO :D -
Après oui oui, tes arguments sont justes et c'est difficile d'aller contre mais vraiment, ça m'a pas dérangé du tout. J'ai pris beaucoup de plaisir à regarder, c'est une très bonne série pour moi.
Après je n'ai pas trop mordu aux fans theories etc., là sur cet aspect je suis d'accord toi, Westworld ne stimule pas du tout l'imaginaire comme un Lost le faisait (les indices que donne Westworld ne sont pas assez ambigus pour ça). Mais je trouve joli que les gens se passionnent collectivement pour une seule chose, je trouvais joli pour Lost (toi aussi) et je trouve ça joli pour Westworld, je vois pas pourquoi il en serait autrement.
Serious,
SupprimerJe pense que tu aurais pu relire l'article que Thomas avait consacré à PoI, en lien dans celui-ci.
Au contraire de ce que tu avances, il y est très lucide, quant à ses défauts. Il ne qualifie pas ses dialogues de "vachement bien" : il écrit, au contraire, que ceux-ci peuvent être "lourdingues et pompeux".
Il reproche aussi à la série d'être "assommante de didactisme", en expliquant "tout, tout le temps, deux ou trois fois s'il le faut".
Mauvais procès d'intention, donc.
;)
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerEffectivement, tu me fais un bien mauvais procès. Westworld est une série bouffie de prétention et obèse de pognon. Je n'ai pas dit qu'elle n'était que cela, mais elle est assurément cela. On ne peut pas en faire abstraction.
SupprimerQuant à The 100, franchement, c'est toi qui n'es pas... sérieux. Comment se prendre au sérieux quand tu es une série estampillée "teen" qui passe sur une chaîne qui pue des pieds et que l'intégralité d'un de tes épisodes excède à peine le budget épingles à cheveux d'Evan Rachel Wood dans WW. Ne te vexe pas mais ta comparaison me paraît vraiment totalement hors de propos.
Quant au fait de se passionner collectivement pour quelque chose... je ne vois pas pourquoi je devrais trouver ça par principe attendrissant. Tout dépend autour de quoi on se passionne - et tout dépend aussi de ce que cela génère. J'ai été jeter un œil sur les Reddit et compagnie, franchement ça faisait un peu Lost Theory pour les nuls. Cela m'a plus volontiers rappelé le pire de cette époque-là (le côté bande de fans hystéros qui passent des journées entière à débattre de détails de mise en scène en insultant toute personne ne pensant pas comme eux) que son meilleur (l'échange passionné, les digressions sur des sujets culturels divers, les amitiés qui se nouent...)
SupprimerOk Messieurs, mes exemples étaient mal choisis et vous m'avez mouché ;)
SupprimerJ'aurais pu dire The Leftovers, peu importe fait. Je voulais juste faire remarquer que certains reproches sur Le Golb sont un peu à la tête du client. Surtout le procès en "prétention" qui est je trouve très subjectif.
Pour les discussions de fans je trouvais juste sympa que les gens se réunissent pour le plaisir de discuter. Un peu comme on vient le faire sur Le Golb en fait ;)
Mais attends, je pense qu'il y a un malentendu entre nous : je n'ai aucun problème avec le fait qu'une œuvre soit prétentieuse (et The Leftovers, pour le coup, en est une excellente illustration. En effet). C'est lorsqu'il y un décalage ou si tu préfères une disproportion entre la prétention affichée et le résultat, que ça coince. Ce qui est la définition même de l'expression "péter plus haut que son cul" ;-)
SupprimerJ'ai toujours beaucoup trop aimé le ton volontairement péremptoire du Golb pour reprocher à cet article certaines affirmations abruptes. A dire vrai, j'ai eu la tentation de revoir la saison pour le plaisir d'en réfuter quelques unes, avant de me rendre compte que... ben, je m'étais trop fait chier la première fois pour me réinfliger ça. Bon, je me contenterais en mimant le même ton (et amicalement) de te dire que si tu vois une très faible exigence philosophique dans le traitement assez subtil de la référence à Julian Jaynes (certes trèèèès lourdement surlignée), c'est que tu n'y connais rien en philosophie (pardon, je me risque au tutoiement), mais c'est pas grave non plus ;-) C'est d'ailleurs une des thématiques qui autorise la comparaison avec PoI, où elle était très présente, quoique plus subtilement. D'ailleurs de ce point de vue, on peut se dire que Nolan se soumet dans WW, presque caricaturalement, aux contraintes implicites d'un show HBO (prétention, lourdeur, pseudo-profondeur ostentatoire, inutiles complications), exactement comme la saison 1 de PoI s'était soumise aux contraintes, explicites et rigoureusement inverses, de CBS (case of the week, développement minimal des personnages, absence d'enjeux thématiques de fond, etc.), avant de décoller de manière impressionnante dans les saisons 3-5. Ca donne des raisons d'espérer que Nolan sorte progressivement de ces schémas gonflants, dont on a l'impression qu'il les parodie dans une première saison qui se donne explicitement comme un prologue (qui n'est d'ailleurs lui-même que la répétition d'un prologue), et que le massacre final soit une manière de dire : bon, voilà, je l'ai respecté votre cahier des charges de Chaîne du Câble, maintenant on va passer à autre chose. S'il pouvait par exemple ajouter la dose d'humour whedonien qui permettait de faire passer comme une lettre à la poste le côté parfois sentencieux ou pathos de PoI, ce serait un bon début. Mais ce n'est peut-être qu'un voeux pieu.
RépondreSupprimerOh mais bien entendu que tu peux te permettre le tutoiement, ainsi que toutes les variations de tons que tu souhaites :-)
SupprimerJe suis en revanche outré que tu laisses entendre que je ne connais rien à la philo alors que j'ai lu Spinoza, Heidegger, Husserl et tant d'autres mais... tu as complètement raison, je suis complètement nul en philo. Malgré tous les efforts que j'ai faits dans ma jeunesse (j'ai même brièvement tenté un cursus de philo à la fac), tous les livres que j'ai avalés, je n'en ai quasiment rien retiré et c'est une de mes grandes hontes. Le bon côté des choses, c'est que je suis du coup très bien placé pour saisir la nuance entre avoir lu des livres de philosophie, pouvoir en ressortir quelques citations en les enrobant comme il faut, et composer une œuvre ayant une réelle portée philosophique ;-D
Cela dit, tu es un peu taquin sur ce coup, je parle bien de "faible exigence philosophique de nos contemporains." Je ne dénie pas du tout à Westworld le fait de contenir de véritables références philosophiques - comme c'était le cas de Lost, par exemple, et un peu d'ailleurs de la même manière (en moins ludique). Ce sont les réactions suscitées que je pointais - on ne va pas non plus faire comme si les centaines... milliers de commentateurs de la série connaissaient plus que le nom de Julian Jaynes (je le dis d'autant plus tranquillement que je n'en sais pas énormément non plus à son sujet). Bien entendu, je fais un peu de provoc en résumant le message de la série à une chanson de Calogero, cela dit le truc sur les blessures qui nous rendent humains est suffisamment martelé pour donner le sentiment d'un décalage assez amusant entre ce que dit explicitement la série et les réactions que cela a pu générer.
C'est marrant ce que tu dis sur le fait d'appliquer les codes de la quality TV de manière presque parodique. Je me suis fait exactement la même réflexion, en particulier à partir de la scène d'orgie qui faisait vraiment trop HBO, même pour du HBO. Malheureusement je ne suis pas parvenu non plus à écarter l'hypothèse inverse : des gens ayant été frustrés sur CBS et lâchant complètement la rampe une fois sur HBO, en tombant dans tous les excès qui vont avec (on en a vu d'autres tomber dans ce piège, je pense notamment à Sorkin ou à Lindelof dans la première saison de The Leftovers). Je pense que les deux théories se valent. J'aimerais beaucoup que tu aies raison dans ton interprétation du massacre final. Cela dit, je ne suis pas certain que Nolan et ses copains ne se retrouvent pas un peu esclaves de leur succès. Dans le fond, si P.O.I. a bien décollé à partir de sa saison 3, on ne peut pas dire non plus qu'elle ait totalement rompu avec le cahier des charges de CBS (il y avait toujours des case of the week, toujours cette manie très CBS d'expliquer constamment au spectateur ce qu'il voit au moment où il le voit, etc.) Ils trouvaient une manière parfois admirables de jouer entre les lignes du cahier des charges, mais ils n'ont pas essayer de le foutre à la poubelle et je ne suis même pas certains qu'ils en aient réellement eu envie. J'aimais d'ailleurs cette idée de se nourrir des contraintes, savoir que c'était CBS qui leur avait imposé d'accorder plus d'importance à Carter ou de faire de Fusco un gentil, je trouvais que c'était encore plus à l'honneur. Mais je ne suis pas certain que cela soit reproductible sur HBO, où l'on interfère pas dans l'écriture où la seule véritable contrainte, pour une série comme Westworld, est de rapporter plus que ce qu'elle ne coûte...
On verra bien, j'espère que tu as raison et que nous serons tous agréablement surpris l'an prochain.
(oups, il est long comme une scène de fusillade de Westworld, ce commentaire... il semblait si bref, sur Text Edit ^^)
SupprimerOui, bien sûr, c'était de la pure taquinerie, j'avais vraiment repris le "c'est que vous n'y connaissez rien" des premières lignes de ton texte, pour faire suer. D'ailleurs, je suis d'accord avec ce que tu dis de WW à, facile, 92% (peut-être 93, il faut encore que j'y réfléchisse). Et je n'exclue pas du tout que mon "interprétation" de la fonction de la première saison et de son final soit un pur mélange d'auto-persuasion, de wishful thinking et de méthode Coué. Tu as également raison aussi bien sur la différence colossale entre régurgiter des tonnes de références théoriques "nobles" et produire une oeuvre dotée d'une réelle portée philosophique, que sur le fait que WW rentre (pour le moment ?) presque intégralement dans la première catégorie. Il y a de tout et pour tous les goûts, du Freud et du méta, du K. Dick et du Jaynes, Shakespeare en cherchant dans les coins et même du Debord si on a envie (pourquoi pas), c'est la grande braderie des concepts, mais ça ne donne en rien un discours tant soit peu original ou intéressant, et surtout organique. (Pour le moment ?) Et ton idée que le truc c'est plutôt qu'il y a un grand lâchage généralisé après la frustration CBS, et que finalement le corset des contraintes network empêchait PoI de sombrer dans ses mauvais travers, dont WW risque d'être l'illustration grotesque, ben, je crains de la trouver plus plausible que la mienne. Mais j'ai un tel amour pour PoI, et une admiration si stupéfiée pour la manière dont ils ont transformé ce procedural sans ambition dont on regarde d'un oeil distrait les 5 ou 6 premiers épisodes (parce que Michael Emerson, donc, bon), avant de le lâcher, puis de le reprendre (parce que Amy Acker quand même), avant qu'il devienne l'une des séries les plus ambitieuses et bouleversantes des dix dernières années - que j'ai décidé en mon âme et conscience d'oublier que je pense que tu as raison.
SupprimerDonc c'est moi qui ai raison, et si vous n'êtes pas d'accord, c'est que vous n'y connaissez rien ^^
Mais bien sûr que tu as raison ! Une chose est certaine, cette saison a été construite comme un prologue, autant profiter de ce moment où on peut tout imaginer (et autant imaginer le meilleur).
SupprimerJe ne pousserais peut-être pas jusqu'à carrément dire que CBS empêchait les mecs de faire n'importe quoi avec Person of Interest ; elle les a bien handicapés aussi sur certains aspects (je connais peu de séries qui mettent aussi longtemps à simplement établir leur sujet). Mais je ne fais clairement pas partie de ceux qui pensent qu'elle aurait été une série encore meilleure sur le câble, je pense même qu'une grosse part de ce qui faisait charme aurait disparu si elle avait existé sous cette forme. Contrairement à certaines séries de Networks qui se complexifient en dépit de leur nature (Lost, Dollhouse...), PoI m'a toujours semblé être une série qui, au contraire, épousait complètement cette nature, comme si ses auteurs refusaient de renoncer à jouer sur les deux tableaux et voulaient simplement produire une série qui soit à part égale populaire et exigeante (je ne dis pas que les scénaristes de Lost, Dollhouse ou d'autres ne voulaient pas avoir de succès, évidemment... mais il est arrivé un moment où tous ont dû trancher). Cela la rendait très difficile à "vendre" autour de soi, d'ailleurs ! C'était difficile de dire "non mais vas-y, je sais que tu n'aimes pas les séries procédurales, mais tu vas voir, ça disparaît complètement au bout d'un moment".
Voilà pourquoi je ne suis pas convaincu que Westworld puisse autant s'élever, l'ADN des deux séries me paraît déjà trop différent. D'autant qu'il n'y a pas tant de scénaristes communs entre les deux, hormis Nolan (qui n'a que peu écrit sur PoI) et Dan Lietz (qui lui n'a pour le moment que peu écrit sur WW - même s'il a en a peut-être écrit le meilleur). Or j'ai toujours eu le sentiment que c'étaient surtout Greg Plageman et Denise Thé "les âmes" de Person of Interest... et ont n'ont visiblement pas été invités à sniffer de la coke dans les locaux de HBO :-(
Pour mettre fin à cette désespérante absence de désaccord, que j'avais pourtant commencé la fleur au fusil tout en réussissant l'exploit de ne rien dire en beaucoup de mots : ouais, en vrai c'était Plageman le showrunner. Denise Thé, j'avais oublié son nom (sans doute un cas de sexisme ordinaire), donc je viens de vérifier, c'est elle qui a écrit "The Crossing", "If-Then-Else", "6.741" et "Return 0". Donc quatre des dix meilleurs épisodes de la série. Et de fait, ni l'un ni l'autre n'ont été conviés à la fiesta (rez-de-chaussée, Scrooge Mc Duck se baignant dans ses pièces d'or, étage du bas, Tony Montana skiant dans les dunes de coke). En fait imputer la réussite de PoI à Nolan est à peu près aussi pertinent que de se dire "Cool, un nouveau projet de JJ Abrams !"
SupprimerJe n'attends désormais plus rien de la deuxième saison de Westworld. Merci, M. Sinaeve, de détruire nos rêves à coups d'arguments pertinents, et de piétiner nos espoirs à force d'informations circonstanciées.
Salop.
(Un lecteur dévoué)
Oups, désolé, fausse manoeuvre, manque d'habitude. C'était la même personne.
SupprimerNolan était malgré tout plus impliqué sur PoI que JJ Abrams ne l'a été sur "ses" différentes productions... Dont PoI !
SupprimerDésolé, je m'incruste, mais c'était seulement pour remonter le moral :-)
Bon, je n'ai pas grand-chose à rajouter, et puis j'avoue que depuis que je sais que CELMARE n'est pas vraiment le nom de Celmare, je ne sais pas, ça m'a sorti du truc :-)
SupprimerCette digression m'a permis de réaliser que ni Greg Plageman, ni Denise Thé n'ont de page Wikipedia. De là à dire que c'est un complot de Nolan qui aurait essayé d'effacer la mémoire des fans de Person of Interest...
Super article ! Dans le mille. A mettre en regard du pathétique numéro de branlette intellectuelle que nous a livré dernièrement, sur ce sujet... Ah, non. Je vais encore me faire taper sur les doigts ;)
RépondreSupprimerMais super article.
Tu progresses ;-)
SupprimerJe n'ai pas lu l'article de ton arch nemesis. Mais je ne doute pas que ce soit typiquement le genre de série sur lequel lui et moi aurions du mal à tomber d'accord.
C'est au-delà du désaccord. Son article est juste l'illustration de tout ce dont tu te moques : name dropping hasardeux de philosophes, ton emphatique et pédant, contresens (autant sur la série que les citations), conclusion affirmant que la série est "élitiste" et ne caresse pas le public dans le sens du poil. Quand j'ai lu ton intro, j'ai cru que tu l'avais fait exprès, tellement vos deux textes semblent se répondre.
Supprimer(les commentaires sont encore pire)
En même temps les commentaires sur ce site sont depuis longtemps devenus une espèce de no man's land où les gens rivalisent de snobisme et d'agressivité, tout en témoignant assez régulièrement d'une grande méconnaissance... des séries télé ^^
SupprimerMais un site, fort heureusement, n'est pas ses commentaires.
Je n'ai sincèrement pas lu cet article, donc je ne sais pas du tout quoi te répondre - si ce n'est que j'ai déjà écrit. Comme l'a souligné CELMARE avec beaucoup d'humour, on peut plaquer à peu près n'importe quel philosophe ou concept sur Westworld. Mais cela dit, on peut faire cela sur presque n'importe quelle série. La différence c'est que Westworld, de par son immense prétention, invite à cette dérive. Là où il faut voir une nuance entre le ton volontairement provocateur de l'article et ce que je pense réellement, c'est qu'en réalité j'éprouve plus de tristesse que de mépris à l'égard des gens tombant à pieds joints dans cet énorme piège consistant à faire d'une série de SF mainstream une œuvre d'auteur difficile d'accès uniquement parce qu'elle-même le scande à chaque épisode. Son immense succès vient d'ailleurs contredire son soi-disant "élitisme" - Westworld n'est pas élitiste, bien entendu, elle est surtout un peu snob et très pédante, mais son écriture n'est en rien celle d'une série d'auteur qui serait en quoi que ce soit difficile d'accès au grand public (contrairement par exemple à The Leftovers, Mr. Robot voire Rectify, pour prendre quelques "critic pets" de ces dernières années).
Mais bref. En un sens, cela ne me regarde pas.
"Mais un site, fort heureusement, n'est pas ses commentaires."
SupprimerTu es sûr de ça ?
Parce que je parle d'un article pédant qui attire des commentateurs pédants.
Parce que les commentaires sur Le Golb sont sympas, chaleureux et intéressants, comme leur auteur.
Je crois, moi, qu'on a les lecteurs et commentateurs qu'on mérite...
Jusqu'à un certain niveau d'audience, oui. A l'échelle du Golb, si tu préfères, oui.
SupprimerMais il arrive un moment où tu as tellement de lecteurs que cet axiome ne peut plus se vérifier. Tu as les commentateurs que tu mérites, mais tu as aussi ceux que tu ne mérites pas, ceux même, parfois, que tu ne veux pas avoir. C'est comme ça. On ne peut pas tout comparer.
Hop, je reprends mon identité secrète après m'être outé avec une candeur juvénile que m'envierait Barry Allen (sauf que dans mon cas tout le monde s'en fout). Sixtine a quand même raison - je n'ai pas d'animosité envers He Who Must Not Be named (apparemment), c'est même plutôt le contraire, mais il faut reconnaître que son texte sur WW est exaspérant, et rigolo en ce sens qu'il semble reprendre méticuleusement tout ce que tu reproches à la série mais se rue dedans avec plein d'engouement. C'est peut-être le truc le plus significatif avec cette série : qu'elle produise cet effet chez des gens très bien. Il y a un côté artefact culturel ultime : le truc que tu aimes seulement parce que tu aimes l'idée de l'aimer, ou inversement (lois de la distinction culturelle obligent) que tu détestes uniquement parce que tu t'aimes dans la posture du gars qui la déteste (la voir étant optionnel). Le truc sur lequel tu peux soit tout dire (une palanquée obèse de références maouss) soit rien (ce que je fais, si j'y réfléchis), mais peu importe en fin de compte. Le truc que littéralement tu as décidé d'aimer ou non avant même de l'avoir vu. Ca me paraît intéressant, parce que je ne suis pas sûr de voir d'autre exemple de ce phénomène pour une série, avec un tel effet de masse (le côté, tu t'endors devant et quand ta copine te réveille et te met à jour tu t'écries : "Gosh, le maze était donc une métaphore, j'l'aurais jamais vu venir, quel twist" avant de te rendormir). Aucune première saison moyenne (à ma connaissance) n'a jamais produit un tel effet. Je me rends compte du coup que c'est ce que j'ai trouvé brillant (et en fin de compte convaincant, j'ai changé d'avis) dans ton texte : tu évites les deux écueils (C'est génial / Nan ! c'est nul), tu pointes ce truc vraiment étrange : tout le monde avait vu cette série avant de l'avoir regardée, et s'était fait une opinion avant la diffusion du pilote, et puis, juste, tu en parles.
RépondreSupprimerPS (ce sont les initiales de post scriptum, pas de quelqu'un) : Malgré tout, Sixtine, c'est vachard de reprocher à ton Voldemort son commentariat. Au-delà d'un certain trafic, on ne peut pas filtrer. Même le Golb a son lot de lourdingues : j'y ai vu un mec dénigrer la meilleure série du monde à de nombreuses reprises (au moyen de calembours aussi ingénieux que "Bouffy" ou "Pouffy"), et même un connard pédant (je tairai pudiquement son nom) se faire reluire en citant un philosophe obscur sans le début de la queue d'une explication (Julian Jaynes, genre, pfff...) On n'a pas les lecteurs et les commentateurs qu'on mérite, je ne crois pas non, tant pis ou tant mieux, bof. Mais à quoi ça servirait d'écrire, sinon.
Je dois préciser que le truc de ne pas citer de nom est un running gag entre Thomas, Serious Moon et moi.
SupprimerJe ne veux pas qu'on pense que Thomas aurait un jour interdit de balancer sur les gens ;)
Quant à l'article en question, de toute façon, il y avait beaucoup trop de mots compliqués dedans, c'était donc probablement un plagiat. Mince, je recommence :D
CELMARE >>> Je ne dirais pas que Westworld est un cas unique de ce que tu décris, plutôt l'apogée d'une tendance de plus en plus en marquée ces dernières années, dont The Walking Dead fut l'initiatrice (et Game of Thrones, de manière mois immédiate).
SupprimerElle aussi avait cette particularité d'être déjà considérée comme un évènement majeur avant que quiconque en ait vu eu une minute. Elle avait elle aussi un "nom" à la direction artistique (quand on voit comment ça s'est fini avec Darabont, il y a de quoi de rigoler), ainsi que la crédibilité de sa chaîne en guise de laisser-passer la rendant absolument légitime alors que merde, c'était quand même une série de zombies (il faut se rappeler qu'en 2010, AMC ne produisait encore que peu de séries et demeurait avant tout la chaîne de Mad Men et Breaking Bad, sans oublier Rubicon qui venait de remporter un immense succès critique). A cela s'est ajouté le quota adaptation lui garantissant non seulement une grosse fan-base dès le départ, mais aussi un pré-buzz très fort puisque tous les critiques très sérieux qui n'avaient rien à branler des comics et n'en avaient vraisemblablement jamais ouvert un de leur vie avaient la possibilité de lire une bonne dizaine de tomes en guise de préambule (ça marchait aussi pour GOT, mais c'était quand même un peu plus long ^^). Il faut d'ailleurs bien reconnaître que son pilote était vraiment réussi, j'ai moi-même eu du mal à l'époque à admettre que la suite n'était pas toujours à la hauteur (voire pas du tout en fin de saison) (mais malgré tout, si je me rappelle bien, mon article s'intitulait "série B du dimanche soir" ou un truc comme ça - il y avait déjà une conscience de ce qu'était la série que l'on ne retrouvait pas vraiment chez certains de mes "voisins").
Bref, TWD a déjà usé ce schéma, dans une moindre mesure car à l'instar de GOT un peu plus tard, ce qui était son principal atout pour buzzer s'est vite retourné contre elle (les fans de TWD version comics ou des livres de George R.R. Martin, sans forcément devenir des détracteurs, furent les premiers à souligner qu'elles étaient loin d'atteindre qui la noirceur, qui la complexité de ce qu'elles entendaient transposer).
Je dirais même qu'il y a eu une phase 2 avec la première saison de True Detective ; même schéma de départ (un peu moins surbuzzée en amont sans doute, mais quand même pas mal et il faut bien reconnaître que choper Mc Connaughey pile au moment il devenait une superstar était un coup de maître), et un pallier franchi en terme de critiques sur-pédantes complètement décalées par rapport à la réalité du show (qui était un très bon polar, bien fichu, mais qu'on a abordé partout comme s'il s'agissait de révolutionner la télévision, si ce n'est la manière de raconter des histoires - alors que la structure narrative était presque banale, Faulkner faisait déjà ça au berceau).
Pour moi Westworld s'inscrit dans cette lignée avec un paramètre supplémentaire, dont on parlait un peu sans en parler avec JULIEN dans l'article juste avant : les gens sont en manque de séries à cliffhangers et/ou à énigmes comme pouvaient l'être en leur temps des Lost ou des 24. C'est vraiment ainsi que je vois l'engouement pour les théories sur WW, cet aspect de la série a répondu à une demande (tout comme Designated Survivor pour un versant plus thriller, qui elle aussi a un succès et des critiques totalement disproportionnés par rapport à ce qu'elle est - c'est sûrement encore plus vrai dans son cas que pour WW, en fait, mais ça se voit moins car elle passe sur ABC).
SupprimerBon et puis il faut quand même ajouter à tout cela l'immunité critique qui va avec le fait d'être diffusée sur HBO. Cette chaîne est devenue une virtuose pour faire croire que des choses essentielles s'y passent, alors qu'en réalité elle vit sur sa gloire passée et que hormis The Leftovers (ou pour les comédies Getting on, qui n'aura pas vécu longtemps), elle ne diffuse rien qui arrive à l'ongle du petit orteil d'un storyboard de David Chase. Je me moque souvent pour déconner des séries du câble chouchoutées par les critiques mais au sein même de la grande famille du câble, il y a l'élite (HBO et quelques trucs ici ou là du genre The Affair ou Rectify) et le petit peuple (des The Americans, Masters of Sex, Halt and Catch Fire et autres Longmire en savent quelque chose, qui toutes s'agitent ou se sont agitées dans une indifférence critique assez choquante en regard de leurs qualités - ça marchait aussi par exemple pour Justified il n'y a pas si longtemps).
SIXTINE >>> tu es vraiment indécrottable ! ;-)
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