Jouez, hautbois ! Résonnez, musettes ! Quelle meilleure manière de conclure 2017 qu'avec la seule rubrique de ce blog à n'avoir pas été active en 2017 ? Quel meilleur cadeau de Noël pouvait-on trouver sur Le Golb que le retour de sa rubrique la plus rare et la plus fréquemment réclamée par les foules en délire ? Si rare, à vrai dire, qu'il faut en rappeler le principe à chaque nouvel épisode : il s'agit du classement officiel des meilleurs joueurs préférés de tous les temps de l'histoire du Golb, sélectionnés pour des raisons à l'objectivité indiscutable et sans la moindre xénophobie, sauf pour les Allemands. Pour cette cinquième édition, on commence à taper dans le lourd, le gros, le gras, avec les places N°28 à 19 – autant dire des gens qu'on a-dore. 1, 2, 3, prêts ? Partez !
(28) Mark Landers (1981-88) S'il ne fallait garder qu'un seul joueur des années quatre-vingts, ce serait sans doute lui. Né Kojirō Hyūga, le turbulent leader de la Tôhô marqua toute une génération de spectateurs, tant par ses performances sur le terrain (on ne présente plus son célèbre Tir du Tigre) que par son charisme et sa personnalité hors-norme. Incompris par un football européen n'étant pas prêt à assimiler le Vegeta du sport, Landers connaîtra finalement le sommet de sa carrière avant le professionnalisme, le temps d'un Mondial U21 resté dans toutes les mémoires. Qu'importe ! Oublions ses tristes saisons dans une série C indigne de son talent, les nombreuses polémiques ayant émaillé sa carrière (non, monsieur Riolo, Landers n'était pas un tricheur !) ainsi que les nombreuses rumeurs quant à sa liaison sado-masochiste avec son coéquipier Danny Mellow : Mark Landers était le meilleur joueur japonais de sa génération, loin devant qui vous savez.
(27) Didier Deschamps (1985-2001) Tout le monde connaît Dédé et personne ne connaît Dédé. Peu de coachs actuels drainent dans leur sillage autant de lieux communs, de clichés, de formules toutes faites, occultant souvent abusivement la réalité. Pourtant, tout le Dédé d'aujourd'hui tenait déjà le Dédé joueur, bien loin du Père de la Nation Footballistique que certains ont aujourd'hui envie de voir en lui. Sur les terrains (et peut-être bien aussi dans la vie), Deschamps était avant tout un sacré fils de pute, dur sur l'homme comme on dit, vicieux comme pas possible. Didier le pragmatique ? Didier le roquet plutôt, archétype du joueur compensant ses (grosses) limites techniques par une combativité extraordinaire et une intelligence de jeu hors du commun. Quand vous n'êtes pas défenseur mais que quasiment toutes les équipes où vous jouez finissent les compétitions avec la meilleure défense, il n'y a pas de hasard. Alors bien sûr, Deschamps est bardé de titres en tout genre, mais ceux qui l'ont déjà vu sur un terrain savent que sa véritable prouesse réside ailleurs : se faire appeler Dédé par un peuple qui aurait fort logiquement dû vous surnommer Didier Méchant. Réussir à ce que tout le monde vous aime et vous trouve sympa en ayant été l'une des plus grosses raclures de l'histoire d'un poste conçu pour et pensé par les raclures. Elle est là, la perf.
(26) Gennaro Gattuso (1994-2013) Gattuso après Deschamps, vous avez le droit de vous dire qu'on ne fait pas dans la dentelle dans cet épisode (et c'est pas fini). Mais il fallait bien qu'il apparaisse quelque part puisque, durant des années, je me suis traîné la réputation d'être son sosie. En réalité, on ne se ressemble pas franchement (il a de petits yeux noirs enfoncés, j'ai de grands yeux clairs), mais il n'est pas faux de dire qu'au milieu des années 2000, de loin, il y avait quelque chose, aussi bien dans la coiffure que dans la pilosité faciale ou la carrure. Surtout, s'il y avait un endroit où l'on pouvait se tromper, c'était bien sur le terrain. N'étant pas franchement très doué d'un point de vue technique, j'avais effectivement une certaine tendance à faire du Gattuso, c'est-à-dire à courir dans tous les coins en mettant des coups de coude et en gueulant plus fort que tous les autres. Joueur-clé de toutes les équipes qu'ils a connues (on parle d'un gars qui a quasiment joué plus de matches qu'il n'y en avait dans la saison lorsqu'il était aux Rangers), bras-armé de Pirlo au Milan et en sélection, aussi sympathique à la ville qu'impitoyable à la scène... Gattuso était le guerrier absolu du foot et, dans le même temps, un joueur bien plus doué balle au pied que ce qu'on a voulu en retenir – comme souvent les grands milieux défensifs (et contrairement à son sosie officiel). Ce n'était certes pas dans les phases de constructions qu'il était le plus en vue, on peut même affirmer sans trop se cramer qu'il n'a jamais été payé pour autre chose que péter des chevilles, mais il méritait tout de même bien plus que tous ces articles que des paresseux ont écrit sur lui à grands renforts de métaphores canines. La preuve, je viens de m'en priver.
(25) Lilian Laslandes (1991-2008) Laslandes après Gattuso après Deschamps, vous avez le droit de vous dire que cet épisode 5 est carrément une spéciale bourrins. Vous avez le droit, mais évitez tout de même de le dire trop fort, cela risquerait de faire savoir à tout le monde que vous ne connaissez pas du tout Lilian Laslandes, assurément, avec Vairelles, l'attaquant le plus honteusement oublié par l’Équipe de France de l'époque où personne ne songeait à oublier de mettre des majuscules à Équipe de France. Très bon à Auxerre, titanesque dans le quatuor infernal du Bordeaux de 99, Laslandes était l'archétype de cet attaquant dont tout le monde se moque parce qu'il lui faut quatre occases pour marquer un but, mais qui facture quand même sa quinzaine de réalisations à la fin de la saison. En fait, Laslandes était un peu l'ancêtre d'Olivier Giroud, un attaquant d'appui à une époque où on n'avait pas encore emprunté le termine "pivot" à d'autres sports, jouant pas mal en déviation, excellentissime de la tête et faisant marquer autant sinon plus qu'il ne marquait... mais aussi et, aux yeux d'une partie du public, surtout, un grand machin inélégant au possible, avec un patronyme de péquenot et une succession de coiffures parmi les plus anti-glamour dont le foot français ait jamais accouché. N'empêche : condamné durant l'apogée de sa carrière à être le plouc de service au milieu d'une ribambelle d'aristos du dribble (Martins, Lamouchi voire Blanc à Auxerre, le fabuleux combo Bernarbia/Micoud/Wiltord à Bordeaux), Laslandes joua chaque fois un rôle décisif dans ces 11 où tous les joueurs étaient plus iconiques (et supposément plus talentueux) que lui. Il n'y a pas de hasard : ses passages dans ces deux équipes coïncident pile poil avec leurs périodes les plus fastes des années 90. Tiens donc.
(24) Marcel Blanc (1996-2000) Une légende persistante raconte qu'à l'origine, Marcel Blanc était deux joueurs distincts et de tempérament pour le moins différents. Deux milieux de terrain assez techniques qu'un savant fou modifia génétiquement, puis fusionna afin de donner naissance au défenseur parfait, à la fois virtuose et sauvage, dernier rempart infranchissable et buteur insatiable. Personne n'a jamais pu prouver ces dires et il est très probable que Marcel Blanc soit tout simplement le meilleur libéro de tous les temps, un type en avance d'une époque dont les stats invraisemblables (28 matches consécutifs sans défaites) auraient effrayé les journalistes qui, dès lors, auraient commencer à se raconter cette étrange histoire au coin du feu. Une chose est sûre, Marcel Blanc, plus gros melon de l'histoire du football français et personnage absolument antipathique par ailleurs, était un génie qui disparut mystérieusement à l'orée des années 2000, sans jamais être aperçu publiquement depuis.
(23) Enzo Scifo (1983-2001) Le meilleur moyen de résumer ce qu'a représenté pour moi le plus grand joueur belge de tous les temps se situe sans doute, tout simplement, juste au-dessus, entre parenthèse. Scifo a commencé à faire réellement parler de lui à peu près à l'époque de mes premiers souvenirs de football, et a raccroché à peu près à l'époque où je suis devenu un adulte (à peu près, aussi) formé. Dans ce laps de temps ? Beaucoup de dribbles, beaucoup de classe... et beaucoup de blessures, hélas, Scifo concentrant toutes les caractéristiques des plus beaux losers du foot : corps lâche, bonnes équipes au mauvais moment, sélection nationale de second rang (même si sa période coïncide avec une des meilleures de la Belgique). Champion incontesté des défaites en demi et en quarts des coupes européennes (il disputera tout de même deux finales d'UEFA – perdues, bien sûr – avec Anderlecht et le Torino), meilleur joueur du Championnat de France durant des années en ne dépassant pas, durant des années, la troisième place (il finira pas décrocher le titre en 1997, soit au bout sept tentatives avec trois clubs différents)... Scifo est devenue une légende sur le tard mais fut presque constamment sous-estimé à l'époque où il était au top de sa forme. Il est vrai qu'au-delà de ses différents problèmes, Scifo souffrait d'une tare terrible : il était belge, ce qui signifie que les commentateurs avaient pour lui presque autant de sympathie que pour un Français, mais qu'il n'était pas perçu avec la même grille de lecture qu'un Brésilien ou un Espagnol. Même dans une époque où les purs numéros 10 étaient encore appréciés à leur juste valeur, la sienne ne pouvait pas tout à fait être égale à celle de ses contemporains, d'autant qu'il était encore plus lent que les autres et marquait moins (en revanche, tous les avant-centres ayant joué devant lui ont explosé leurs stats). Ironie du sort, Vincenzo avait la double-nationalité et aurait donc pu opter pour l'Italie. Un pays où il s'exila par deux fois sans jamais parvenir à s'imposer réellement. Quand ça veut pas...
(22) David Ginola (1985-2002) Un soir, il y a quelques mois, nous étions vaguement affalés dans le canapé à regarder une émission quelconque lorsque ma femme s'est écriée : « Hé mais en fait, il est super beau David Ginola ! ». Interloqué, on le serait à moins, je l'ai regardée d'un œil perplexe : « Euh... tu as attendu 2017 pour t'apercevoir que Ginola était beau ? Le mec était juste le plus grand sex-symbol du foot à l'époque... la pub l'Oréal, ça te dit rien ? ». Visiblement non, ça ne lui disait rien. Mais elle avait raison : David Ginola est beau, il l'a toujours été et le sera vraisemblablement pour l'éternité. Cela l'a sans doute un peu desservi en son temps, du moins après la tragicomédie de 1993. Une fois parti en Angleterre, une fois devenu ambassadeur d'une marque de shampoing, un point de non-retour avait été franchi : dans une époque où les matchs des championnats étrangers passaient peu à la télé, David était devenu dans l'inconscient collectif un genre de joueur à minettes. Et la vérité c'est que même sur le terrain, Ginola avait quelque chose de trop beau pour être vrai. Ceci explique sans doute le peu de demi-mesure l'entourant encore aujourd'hui, et notamment l'évidente réécriture de l'histoire qu'il a lui-même initiée suite à la fameuse débâcle de 1993, se réinventant en héros injustement stigmatisé par le public et par les médias, qui finit par fuir à l'étranger pour retrouver la sérénité. Oubliant ainsi opportunément qu'il continua à être appelé en sélection plus de deux ans après la débâcle, où il fut la plupart du temps l'archétype du joueur incapable de rendre le même rendement en sélection qu'en club. Qu'il continua d'être élu meilleur joueur du championnat à l'époque où il était supposément la tête de turc de la Nation. Qu'il n'attendit pas sa reconversion pour accumuler les choix hasardeux – on parle tout de même d'un type que le Real et le Barça (période Cruyff incluse !) ont essayé en vain de recruter à chaque mercato durant la quasi totalité des années 90, mais qui passa le zénith de sa carrière dans des clubs de seconde zone. En un sens, cela le rend encore plus improbable : à Tottenham, il réussit par exemple la prouesse d'accumuler les distinctions individuelles en ne connaissant jamais, en trois saisons, la première moitié du tableau. C'est dire à quel point, oui, El Magnifico était « beau ». Dans tous les sens du terme.
(21) Nicolas Anelka (1996-2015) Aussi passionné de foot que je sois, je n'ai jamais réellement eu envie de le mélanger avec ma vie professionnelle. Je n'ai jamais rêvé d'être journaliste sportif, par exemple. Je n'ai même jamais eu envie, comme ça pour changer, d'interviewer un joueur de foot, alors que j'en aurais eu l'occasion. Pour une raison que j'ignore, et la lenteur avec laquelle je publie dans cette rubrique en est témoin, écrire sur le foot n'a jamais été une de mes priorités. Pourtant, j'ai un rêve secret, que je nourris depuis de nombreuses années : j'aimerais bien écrire la biographie d'Anelka. C'est à la fois le seul sportif avec lequel j'aurais envie de discuter, et la seule célébrité sur laquelle j'aurais envie d'écrire un livre. En fait, je trouve même qu'Anelka est une des rares célébrités qui mériteraient réellement qu'on leur consacre un livre, exercice qui n'a tout de même que très peu d'intérêt dans la plupart des cas. Il m'est évidemment plus facile de dire ça aujourd'hui qu'il y a quelques années (encore qu'on se souviendra qu'en 2010, on défendait Anelka sur ce blog... et on était bien seul) : Anelka est devenu un genre de joueur pour hipsters, c'est cool d'aimer ce mec pas cool, de louer son attitude fuck off et tout le tralala. Mais ceux qui me connaissent savent qu'il n'y a rien de suiveur dans mon choix de le placer aussi haut : j'ai toujours adoré Nicolas Anelka. Je me revois en parler des heures avec mon frères au moment du feuilleton de son transfert au Real. Je me revois subjugué par ses performances à Arsenal. Je me revois fantasmer sa vitesse, sa vélocité. La complétude de son talent. Je ne suis d'ailleurs pas le seul: si l'on excepte les médias (et encore, ceux-ci furent longtemps fascinés par lui), Domenech (qui a la mémoire très très courte puisqu'il l'a longtemps cité comme le meilleur joueur sa génération) et une partie du public (qui a passé des années à réclamer son retour en sélection), tout le monde adore Anelka. Knysna l'a démontré par l'absurde : hormis au Real où les choses se sont assez mal passées, difficile de trouver un ancien coéquipier ou entraîneur qui ne vous dise pas que c'est un type super doublé d'un des meilleurs joueurs avec lesquels il ait jamais joués. Alors oui, je rêverais vraiment d'écrire un livre sur ce joueur exactement aussi doué pour diviser l'opinion que pour conduire un ballon. Un attaquant immense, capable dans ses bonnes périodes de surclasser tous les meilleurs en donnant l'impression de ne même pas se fatiguer. Sur ce personnage entier, paradoxal, passionné, à l'évidence bien plus intelligent que la moyenne, qui donne l'étrange impression d'être volontairement passé à côté de sa carrière parce qu'il n'avait juste rien à branler de ce concept.
(20) Johan Micoud (1992-2008) Il y aurait une passionnante uchronie à écrire avec la carrière de Johan Micoud, devenu le plus grand joueur français de son époque dans un monde parallèle où Lilian Thuram n'était pas chargé comme une mule en demie du Mondial 98 et où les Bleus, piteusement éliminés par la Croatie, furent caillassés sur la place publique et pour la plupart exclus à vie de l’Équipe de France. Dans ce monde-là, la candidature de Lemerre pour succéder à Jacquet ne fut jamais retenue et la France continua de s'ébattre dans la crise. Meilleur joueur de l'équipe championne de France 1999, Micoud devint alors logiquement le meneur de jeu de la sélection entraînée par Luis Fernandez, plaque-tournante d'une équipe ultra-offensive largement repiquée sur les Girondins d'alors, dont elle déclinait le quatuor d'attaque en remplaçant simplement Benarbia par l'inamovible Youri Djorkaeff. La France gagna, beaucoup, en dépit de nombreuses tensions internes, Zinedine Zidane supportant assez mal de n'être « que » la doublure d'un joueur aussi immense et indiscutable que Micoud, et Christophe Dugarry, exilé en Grèce après avoir été frappé d'indignité nationale, tentant ouvertement de déstabiliser la sélection au travers d'éditos vengeurs dans l’Équipe. Bon, j'arrête là le délire, mais la vie tient parfois à peu de choses et le foot, on le sait, c'est la vie. Johan Micoud ne fut « que » le second meilleur numéro 10 français de sa génération, au plus grand désespoir de ses fans, dont je fus (suis). Pas au point de détester Zidane, mais suffisamment pour avoir toujours un petit pincement au cœur en pensant aux rares apparitions de Johan en bleu. Tout à fait remarquable et pétrie de titres (hormis à Cannes, Micoud a gagné partout où il est passé, jusqu'au bout), sa carrière eût malgré tout pu être tout autre (ne doutons pas qu'une plus grande présence en sélection lui aurait ouvert les portes de clubs plus glamours – j'entends bien que le Parme de cette époque était une grosse équipe et que son arrivée au Werder coïncide avec la meilleure période du club... mais Micoud avait largement le niveau pour jouer encore plus haut). Dix ans après sa retraite, il est devenu un joueur culte là où il aurait dû être une star, et il n'est pas impossible que les gamins d'aujourd'hui pensent qu'il est juste un consultant de l’Équipe 21. Il faut le leur dire et leur répéter : Micoud était un des plus grands joueurs français de son époque, un véritable génie pourvu d'une vision et d'une compréhension du jeu absolument exceptionnelles, un numéro 10 presque quintessenciel (passeur ET buteur, toujours, quasiment dans les mêmes proportions), qui était presque aussi fort que Zizou et dont toute la carrière internationale résida dans les sept lettres de ce « presque ».
(19) Francesco Totti (1989-2017) "Les ennemis d'une vie saluent Francesco Totti" et tout est déjà dit. La quasi totalité des articles publiés à l'annonce de la retraite de la légende aurait pu se résumer, sinon s'arrêter à la banderole des ultras de Lazio. Quand tu fais plier l'adversité, quand tu forces le respect de "l'ennemi" à ce point, tout ce que tes amis auront à dire sur toi semblera vain. Totti était un joueur extraordinaire, c'est peu de le dire, et pourtant sa longévité aurait presque fini par nous faire oublier à quel point. Il avait fini par devenir un symbole plus qu'un champion (ce qu'il n'a que trop rarement été), mais les plus jeunes auraient tort d'imaginer que c'est uniquement sa fidélité et son increvabilité qui l'ont rendu immortel. Et le premier à dire Ouais, s'il était si fort que ça, pourquoi il a jamais joué dans une grosse équipe ? prendra une tarte. Totti a traversé les époques parce qu'il était déjà, sur la ligne de départ, très en avance sur son temps. C'était un joueur à part. Un joueur expérimental, avant-gardiste, comme il y en a très peu. A la manière d'un Ronaldo, Totti était un joueur des années 2010 dix ans avant tout le monde, dont la seule présence brouillait tous les schémas de jeu ou, plutôt, les renvoyait à leur triste réalité de petits dessins sur un tableau. A son sommet, Totti englobait tous les postes offensifs ; non seulement il pouvait jouer partout, mais IL ÉTAIT PARTOUT, susceptible de passer à tout moment, de marquer dans toutes les positions, et tout particulièrement à l'aveugle. Et si l'on a beaucoup raconté comment Spaletti avait, avec lui, inventé le concept de "faux numéro 9" lors de son premier passage à la Roma, on a trop souvent oublié de préciser un détail essentiel : il n'aurait jamais pu le faire avec un autre joueur, tout simplement parce qu'à cette époque, là il n'y en avait qu'un seul comme ça.
Pour revoir les épisodes précédents :
- épisode 1 - Messi, Cristiano, Jean-Pierre François, Debève, Piet den Boer, Xabi Alonso, Thierry Henry, Gascoigne, Mathieu Bodmer, Suarez, Jamie Carragher.
- épisode 2 - Sócrates, Zola, Scholes, Jérémy Menez, Guardiola, Giresse, Caveglia, Rui Costa, Lizarazu, Maldini.
- épisode 3 - Valbuena, Roy Keane, Christophe Revault, Barthez, Pirès, Juni, Robben, Lampard, Wiltord, Vieira.
- épisode 4 - Ibra, Pauleta, Dhorasoo, Roger Milla, Kluivert, Benzema, Manu Petit, Papin, Raúl, Tony Vairelles.
Ah ! Enfin des vrais joueurs de foot (à part Anelka qui ne l'était qu'une semaine par mois). Totti aurait évidemment mérité d'être plus haut mais bon, on va pas se plaindre, on s'est farci tellement de blaireaux du championnat de France pour en arriver là => champagne ;-)
RépondreSupprimerAh, le comique de répétition ^^
SupprimerTon paragraphe unique sur Totti est presque mieux que tout ce que j'ai lu au moment de sa retraite (mais pas mieux que la banderole peut-être, oui, oui). C'est vrai que j'ai pas mal d'amis un peu plus jeunes qui pensaient que Totti était devenu un peu "grand joueur à l'ancienneté", ils sous-estimaient un peu à quel point il a été fort (me semble d'ailleurs que le Real et Manchester ont essayé plus d'une fois de le choper).
RépondreSupprimerMoi-même je me rends compte que je connais assez mal la plupart des joueurs de cet épisode, à part Anelka mais (désolé) je crois que j'aurais préféré ne pas connaître. Scifo par exemple, je me rappelle vaguement l'avoir vu à l'euro 2000 mais c'est tout, j'en entends souvent parler mais je me rends pas bien compte s'il était si fort que ça. Pareil pour Ginola, bien sûr je le connais (qui ne le connais pas?) mais en fait je l'ai pas tellement vu jouer, je pensais pas du tout que tu le sélectionnerais car je ne pensais pas qu'il était si grand que ça...
En un sens, c'est assez normal (et c'est aussi pourquoi j'ai interdit à cette sélection des joueurs que je n'ai jamais vus jouer). Mais si, Ginola était vraiment l'un des meilleurs joueurs français de tous les temps, quant à Scifo... c'était un très grand joueur. Je conçois que cela puisse sembler difficile à imaginer, il faut aussi réussir, déjà, à s'imaginer que le Championnat de France était un des meilleurs du monde à cette époque et que par conséquent oui, tu pouvais être un des plus grands en jouant à Auxerre ou Monaco ^^
SupprimerBon sinon ça fait quand même plaisir de retrouver cette rubrique mais va falloir te manier de finir parce qu'au rythme où tu vas les plus vieux seront morts avant le dernier épisode :-D
RépondreSupprimerHa ha, possible. Déjà certains (Totti dans cet épisode, d'autres dans les épisodes d'avant et après) n'étaient pas encore à la retraite quand j'ai commencé ^^
SupprimerHum, elle aurait pas été un peu coupée la photo de Ginola ;D
RépondreSupprimerIl y a aussi des effets spéciaux pour Totti, car je doute qu'il était pro en 1993 ;)
SupprimerJe n'ai même pas fait exprès, pour Totti ! Mais effectivement, j'ai pris machinalement la date de son arrivée à la Roma alors que pour tous les autres j'ai pris la date du premier match pro.
SupprimerQuant à la photo de Ginola, elle a été coupée pour d'évidentes raisons, ce blog étant encore tout public, jusqu'à preuve du contraire ;-)
(mais bien entendu j'invite toutes celles et ceux s'intéressant à la vraie photo de Ginola à simplement taper "Ginola nu" sur Google images ;-))
SupprimerC'est vrai que l'enchaînement Deschamps/Gattuso/Laslandes, ça ne respire pas la poésie.
RépondreSupprimerMais tu te rattrapes bien par la suite. Jolie brochette de joueurs très élégants et "racés", comme on dit. J'ai le secret espoir que les épisodes suivants soient de plus en plus comme ça (parce qu'on aime bien Laslandes, hein, mais on ne va pas se taper ce genre de joueur jusqu'au podium, j'espère !)
Hum, non, je crois que la suite est assez équilibrée de ce point de vue. Je n'ai jamais spécialement préféré un type de joueur à un autre, les deux me paraissent essentiels dans une équipe. Et puis surtout, les joueurs qu'on qualifie spontanément de "bourrins" ne le sont généralement pas tant que ça, tu ne réussis pas une carrière à ce niveau en étant juste un "bourrin"...
SupprimerJe sais pas trop combien de temps il y est resté et je l'ai jamais vu jouer mais je peux dire qu'à Brême, ils se souviennent vraiment bien de Micoud. Du coup c'est le seul joueur dont l'évocation me dit vraiment quelque chose dans cette liste, c'est génial, comme ça je peux commenter quand même cet article en ne connaissant rien au foot et en l'ayant à peine lu :D
RépondreSupprimerMicoud est resté, de mémoire, quatre ou cinq saisons à Brême. Je ne doute pas qu'il soit encore très apprécié.
SupprimerJe n'arrive pas à savoir si je suis ravi que Totti apparaisse dans ce top, ou scandalisé qu'il ne soit que dix-neuvième ;)
RépondreSupprimerJe note également qu'avec DD et "Marcel Blanc", cela fait encore beaucoup de joueurs liés à l'OM. Ce serait drôle, quand même, si à la fin de ton classement, le club le plus présenté était celui-ci :)
Je t'avoue que j'ai un peu cette crainte ! Je n'ai pas compté par club, mais ça ne m'étonnerait même pas (encore qu'il ne reste plus qu'une majorité d'étrangers dans les 18 derniers).
SupprimerMicoud c'est le gars qui a tellement de classe dans tout ce qu'il fait qu'il te donnerait presque envie de regarder l'Equipe ex21 quand il y est consultant...
RépondreSupprimerEt Laslandes n'était pas un bourrin. Ou pas trop.
Pas trop, si tu veux.
SupprimerJoyeux Noël Le Golb :))
RépondreSupprimerJoyeux à toi aussi, même si je ne suis pas trop trop à l'heure ;-)
SupprimerCa fait plaisir cet article. Fan de la Roma devant l'éternel, voir Totti, mon joueur préféré de tous les temps, dans cette catégorie me ravit. Et tu le décris si bien. Susciter le respect des laziales est tout sauf vain...
RépondreSupprimerEt je crois que ce replacement en 9 en 2006 est la période clé de sa carrière, celle du moins qui représente mieux que toi le génie qu'il était. En jouant en 9 reculé, il a fini soulier d'or, mais contribuait également à toutes les phases de création. Le mec, sans courir vite, sans être excessivement endurant, était à la fois à l'origine et à la conclusion des mouvements. Il le devait à une technique au-dessus du lot, que ce soit pour éliminer en un contre un, mais surtout à travers une passe ou une fulgurance, et une frappe de balle redoutable, sans doute une des meilleures parmi ses contemporains.
J'adorais Gattuso aussi, mais ses "prouesses" comme coach me font relativiser sa science tactique... et vient souligner le fait que comme tu le dis, c'était tout sauf un manche sur le plan technique.
Enfin, je suis également très client de Micoud (sous-estimé fois mille, et j'adore ton uchronie, quoi que le fait que Thuram était chargé l'empêchait peut-être à l'époque de frapper sa femme, non je dis n'importe quoi, mais je voulais juste dire à quel point ce type m'a déçu à tous les niveaux dans son après-carrière) et Ginola.
Et assez fasciné par Anelka. Que je défendais moi aussi sur la période 2007-2010. Plus à partir de juin 2010 car il ne suffit pas de s'opposer à un cake comme Domenech pour avoir raison. Le monde n'est pas binaire et deux types peuvent avoir tort en s'opposant tous les deux.
Je ne défendais pas tant Anelka contre Domenech, à l'époque, que contre le procès médiatique qui lui était fait et l'image totalement biaisées qu'on projetait de lui, le faisant passer pour un mercenaire et autres "caïd immature", pour reprendre une expression de triste mémoire, alors qu'Anelka, objectivement, semblait l'exact de contraire de cela, un type réellement passionné, peut-être plus passionné par le jeu que par sa propre carrière, et très, très loin d'être stupide. Il n'y avait pas besoin d'inventer un personnage de fiction pour condamner son attitude ou dire qu'il était ingérable, ce que tout le monde savait.
SupprimerConcernant Gattuso, je trouve tout de même assez difficile de sauter à des conclusions vu les différents contextes où il a été amené à coacher. Et puis on peut parfaitement être un expert en tactique et un très mauvais coach, les anciens joueurs incapables de transmettre une fois de l'autre côté de la barrière sont d'ailleurs légions. Platini, par exemple, en était incapable, il y a de nombreuses anecdotes à ce sujet, notamment celles racontant qu'il humiliait involontairement ses joueurs à l'entraînement parce qu'il était meilleur qu'eux et ne comprenait qu'ils n'arrivent pas à comprendre ce qui pour lui relevait de l'instinct. Pour autant, on n'irait dire que Platini était idiot ou ne connaissait rien au foot, il n'était juste pas fait pour entraîner...