dimanche 7 octobre 2018

[CTW? - N°3] Alone with Everybody

Doctor #12 – Peter Capaldi (2013-17 – saisons 8-10)

Peter Capaldi est un homme discret, humble et franchement sympathique. En toute logique, son Doctor ne pouvait être que coléreux, torturé et extrêmement cassant. Potentiellement détestable, #12 réussit la prouesse de se fait adorer d'une large part du public, tout particulièrement âgé, ce Doctor étant à l'évidence le Doctor moderne préféré... des fans de la série classique. Comment s'en étonner lorsque l'on sait (et beaucoup ne le savent pas tant Capaldi semble avare de confidences) que son interprète, qui avait cinq ans en 1963, est le premier die-hard fan de la série à avoir incarné le personnage (succédant, la vie est ironique, au premier Doctor à n'avoir pas connu la série dans son enfance). Il n'est donc en rien surprenant que l'on retrouve chez lui une synthèse des trois premiers comédiens, le côté cassant de Hartnell, le côté introverti de Pertwee et le côté théâtral de Troughton. On aurait tort pourtant de résumer la prestation de Capaldi à un simple retour aux sources ou à un contre-pied aux joviales périodes Tenant et Smith. Dans un mélange assez inédit de sobriété et d'intensité, Capaldi sut rebondir sur la mêlasse scénaristique de la fin de l'ère Smith et le don lourdingue d'un nouveau set de régénérations pour camper un Doctor plus vieux (dans tous les sens du terme), plus abîmé voire à l'occasion carrément désespéré, ce sans jamais trahir la nature profonde du personnage. Une véritable gageure qui en fit, avec le recul, l'un des Doctor les plus singuliers, qui ne manqua guère de compagnons (quatre en comptant Misty) mais fut finalement toujours seul avec lui-même, dont la quasi totalité des moments les plus marquants s’avérèrent des monologues et dont l'épisode le plus extraordinaire avait pour pitch "Le Doctor est tout seul dans un château durant mille ans et cinquante-cinq minutes". S'il n'eut certes pas que de bons scenarii à se mettre sous la dent, Capaldi sut briller dans les épisodes les plus médiocres et restera quoi qu'on en dise associé à l'une des meilleures saisons de la série moderne, ce qui n'est tout de même pas rien. Ainsi qu'à l'une des plus émouvantes scènes de régénération de l'histoire de Doctor Whoun monologue, bien sûr, quelle surprise.


Accessoirement, #12 est le Doctor qui a changé le plus souvent de look et de coiffure. Un mec instable, on vous dit.

Un épisode : "Heaven Sent" (9x11), candidat très sérieux au Top 5 (voire 3) des meilleurs épisodes de toute l'histoire de la série.

19 commentaires:

  1. T'es au courant quand même que Doctor who c'est tout pourri comme série? va falloir que quelqu'un se dévoue pour t'informer quand même, ça devient embarrassant là.

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  2. Ahem, presque déçue que Capaldi ne se soit pas glissé devant Tennant (j'espérais...) il est vrai qu'il a eu au moins une saison entière de piètre qualité, quand Tennant a toujours bénéficié de très bons scénarios. Mais Capaldi n'était-il pas, finalement, plus proche de l'idée qu'on peut se faire d'un vrai Docteur ?

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    1. Que de très bons scénarios, n’exagérons pas. Il y a pas mal d’épisodes de Tennant au scénario pathetique ( souvent signé Gattiss... ou Chibnall) mais on pardonne beaucoup parce que la série a encore l’air super cheap et limite ça fait partie du délire.

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    2. C'est juste, il y a un ou deux épisodes très ratés dans chaque saison saison de Tennant, mais ces saisons sont dans l'ensemble plus constantes. Des accidents de parcours alors que pour Capaldi, objectivement, ce sont plus les épisodes excellents qui relèvent de l'exceptionnel. Non ?

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    3. ***on pardonne beaucoup*** à Capaldi aussi si on va par là, parce que Capaldi est Capaldi et parce qu'il passait après Matt Smith dont les bas étaient tellement bas qu'il fallait une pelleteuse pour trouver les bons moments. Le truc est que Capaldi n'a pas eu d'épisode vraiment nul à chier (contrairement à tous les docteurs de la série moderne), mais il y en a eu plein de fadasses je trouve que quand tu lis les titres six mois après tu sais même plus de quoi ça parlait. Du coup on retient plus facilement ses très grands moments qui en proportion comme dit Maeva sont si nombreux que ça. Après si on veut être objectif jusqu'au bout faut aussi noter que Capaldi a fait 20 épisodes de moins que Tennant...

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    4. Et celui où ils se font attaquer par les monstres chassieux c’etait Pas nul à chier peut être?;)

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    5. Ben faut croire que non parce que je vois pas de quel épisode tu parles. Par contre tu m'aurais parlé de dinosaures dans un vaisseau spatial... ;)

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    6. Je ne vais répondre qu'à MAEVA : je ne vois pas du tout, en dépit de l'affection que je lui porte, comment #12 aurait pu supplanter #10 dans ce classement. Il n'est tout simplement pas resté assez longtemps (j'entends en nombre d'épisodes). Peut-être est-ce ma propre perception du temps qui a évolué mais à la fin du mandat de Capaldi, j'avais encore l'impression qu'il venait d'arriver. Pour moi, malgré toutes ses qualités, il n'a pas tout à fait eu le temps de donner sa pleine mesure (Moffat ne l'y a pas aidé avec cette saison pour rien que fut la 10).

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    7. @Serious Moon: je crois que c'est Sleep no more qu'il s'appelle. Le bas de la saison 9. Que dis-je, la fosse des Mariannes de la saison 9.

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  3. J'ai découvert la série tardivement et ne connais pas tous les interprètes, mais Capaldi m'aura vraiment marqué dans ce rôle. "Sobriété et intensité", c'est bien dit. Il était capable en une scène de complètement transcender un épisode pourri, je ne suis pas sûr que beaucoup de ses prédécesseurs pourraient en dire autant. Il va beaucoup me manquer, peu importe le talent de sa successeuse (que j'ai beaucoup appréciée ailleurs).

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  4. Place totalement méritée selon moi. J'ai découvert la série avec Matt Smith, je l'ai adoré, puis j'ai adoré Tennant, je n'étais pas du tout "programmée" pour aimer Capaldi mais je l'ai trouvé excellent. Il faisait vraiment le pont avec l'ancienne série, c'est un peu comme s'il m'avait ouvert ses portes. Il me manque déjà quand je revois cette scène de régénération.

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    1. Et je pense aussi qu'en proposant un personnage plus mûr et sévère, il a accompagné les gamin(e)s qui avaient pu découvrir la série avec Smith (du moins les plus ouvert(e)s d'entre elles/eux) (je ne parle pas spécialement pour toi, j'ignore quel âge tu as...).

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  5. Je remercie Capaldi de m'avoir redonné foi dans la série au moment où vraiment je pensais l'abandonner. Il a été un Docteur pour adultes au moment où la série avait sombré dans le pseudo teen drama voir dans le soap et rien que pour ça il a mon respect pour toujours (surtout que je crois savoir qu'il s'est beaucoup investi dans la direction artistique).

    Maintenant sa dernière saison était vraiment pas terrible, et sa première n'était qu'à moitié réussie ce qui fait que pour moi quelles que soient ses qualités une troisième place est beaucoup trop généreuse. Fan comme il est de Pertwee (dont il emprunte le costume dans son épisode final) je suis sûr que lui même serait gêné de voir qu'il a volé le rang qui revenait théoriquement à si idole d'enfance.

    Enfin c'est ton choix et on ne peut que le respecter, encore heureux que le classement du Golb ne soit pas exactement le même que partout ;)

    - j'ai hâte de savoir qui sera le premier entre les deux poids lourds restants hé hé -

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    1. Bon allez, arrêtez un peu avec Pertwee ;-)

      Je ne trouve pas que sa première saison n'était qu'"à moitié réussie". J'ai le sentiment qu'on est aussi devenu très (trop) exigeant avec cette série. Bien entendu, Capaldi n'a pas joué que dans des "Heaven Sent" et des "The Magician's Apprentice", universellement acclamés, mais, pour prendre uniquement la saison 8, un "Time Heist", un "Mummy of the Orient Express" ou un "Flatline" se situent plutôt dans la moyenne haute de la série moderne. Ce ne sont pas des épisodes de première division mais ils sont plutôt honnêtes, bien fichus et efficaces et n'ont à mes yeux rien à envier aux épisodes de seconde division de la période Tennant. Comme le dit GUIC plus haut, on est parfois un peu trop indulgent aussi avec cette période qui fourmille d'épisodes relativement anecdotiques.

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    2. Je dis pas le contraire, mais je trouve que cette saison 8 était globalement insipide faute de vrais enjeux narratifs (est-ce que Clara va réussir à aimer un vieux n'est pas un enjeu narratif hein). Ca m'arrache un peu de le dire mais en comparaison la première saison de Matt Smith était bien meilleur, avec un ou deux épisodes bien pourris mais aussi avec des trucs percutants qui faisait que tu pouvais pas t'empêcher de revenir toutes les semaines. La saison 8 entre les redites, les stand alone moyens + et Clara au summum de sa potichité...enfin bref, j'en garde pas du tout un bon souvenir à part un ou deux épisodes (Kill the moon et les deux derniers avec la première apparition de Missy et toute l'histoire bien glauque autour des Cybermen)

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  6. La saison 9 est peut être ma seconde préférée de la série moderne ( en tête restera pour possiblement toujours la 4).
    Je comprends la surprise mais aussi la logique. Comme Smith, il incarne à merveille le Doctor en dépit de la vacuité de certains scenarii, à la différence de Smith, des fois il suffit amplement pour porter l’episode.
    C’etait pas Gagné, mais bordel que j’ai aimé Cappaldi. Et oui, Heaven Sent est un des tous meilleurs épisodes de la série. Le seul capable de me faire chialer d’espoir si ça existe.

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    1. Je trouve que dans l'ensemble, Capaldi a parfaitement fait corps avec le ton et l'atmosphère de la série à cette époque. Mais je ne suis pas sûr que cette phrase soit compréhensible ^^

      Je veux dire par-là qu'il ne dénotait absolument jamais. Il était toujours dans le tempo, toujours juste, et paraissait en parfaite osmose avec Moffat. Parce qu'au final, ces trois saisons-là, c'est un peu l'histoire d'une fin de règne, celle de Moffat en coulisse qui se retrouve incarnée à l'écran par ce Doctor fatigué et revenu de tout, que plus rien ne surprend et que plus grand-chose n'émeut. Après "Twice Upon a Time" j'avais écrit en plaisantant que Moffat avait confondu le monologue final avec le discours de son pot de départ, mais ce que je n'ai pas précisé c'est à quel point ce long texte à double-sens m'avait paru approprié par rapport au contexte et à la personne qui le déclamait... ce qui fut très loin d'être toujours le cas quand Moffat s'adonnait à l'exercice du Doctor's Speech...

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