vendredi 30 septembre 2022

weezer - Le Fruit est dans le ver


En 2022 comme pour l’Éternité, chaque nouvelle sortie de weezer amène son lot de surprises, d'interrogations, de questionnements métaphysiques bien vite balayés par les océans d'émotion débordant de presque chaque refrain.

Je déconne. Voilà bien longtemps que la seule chose qu'une nouvelle sortie de weezer suscite chez l'auditeur, c'est l'envie de réécouter les premiers albums. Et que la seule interrogation métaphysique qu'elle soulève donne quelque chose comme : Mais pourquoi donc ces gens ont-il continué à faire des albums après 2005, alors que l'envie de créer quelque chose d'un peu beau les avait manifestement désertés ? La légende a beau s'être braquée sur le cas McCartney, avouons que les éléments de preuve sont autrement plus troublants dans le dossier suggérant que Rivers Cuomo serait mort et aurait été remplacé par un sosie. D'autant qu'il suffit de sortir dans la rue pour remarquer qu'on y croise tout de même beaucoup plus de potentiels Cuomo que de gens ressemblant ne serait-ce que vaguement à l'Ex-Beatle.


Inutile d'être un complotiste patenté pour se laisser séduire par la théorie : il suffit d'avoir sincèrement et profondément aimé weezer durant (en gros) sa première décennie. Même en se voyant opposer un debunkage en bonne et due forme, elle resterait de toute façon plus tolérable que cette vérité alternative voulant que Rivers Cumo ne soit pas mort, simplement sans vie, et que le monde entier assiste depuis deux décennies à la plus longue agonie artistique de toute l'histoire de la pop-music – et encore en l'acclamant, tant l'aura du groupe semble mystérieusement intacte dans son pays d'origine. Le voudrait-on que l'on serait bien en peine de trouver exemple plus extrême d'un art s'étant progressivement vidé de sa substance, jusqu'à finir par devenir sa propre antithèse. Hormis quelques exceptions, si rares qu'une phrase seule suffirait désormais à les lister, les albums de weezer des années 2010 et 2020 ne ressemblent même pas au fantôme du groupe, mais à un vulgaire squelette séparé de son âme, errant sans but ni même la plus rudimentaire conscience de son errance. La métaphore est à peine exagérée quand on sait qu'en parallèle à cette succession d'ouvrages tellement désincarnés que parvenir à les distinguer les uns des autres relève du fétichisme (faut dire qu'ils s'appellent plus ou moins tous weezer), Cuomo continue de balancer sur le Net les démos et chutes de ces mêmes albums, tellement meilleures que le produit final commercialisé qu'on a cessé depuis environ le White Album de se demander s'il le faisait exprès : la réponse était déjà contenue dans la question. La vérité musicale, littéralement, est ailleurs. Et toute la discographie officielle de weezer de ne plus sonner que comme un genre d'énorme FUCK au music-business – un foutage de gueule généralisé où l'on vous annonce des disques de dance-rock, des concepts fumeux, des albums de reprises de gens à peine dignes d'être chantés bourré dans un karaoké, ou autres projets hommages au hair-metal sonnant comme... du weezer. Certains artistes se démodent. D'autres voient leur génie s'étioler avec les ans. D'autres encore finissent simplement par ne plus rien avoir à dire. Rivers Cuomo n'entre dans aucune de ces catégories. Rivers Cuomo est un mec qui prend plaisir à vous faire savoir qu'il a plein de choses à vous dire, mais qu'il ne vous les dira pas.


Le personnage a toujours été complexe et fascinant. Parfois plus que sa musique. Au mitan des années 90, nos chamailleries de gamins pour déterminer qui incarnait le Paragon du néo-punk californien n'étaient que cela : en dépit de sérieux arguments en leur faveur, aucun d'entre nous n'aurait sérieusement songé à répondre Green Day. weezer était un intouchable. Plus qu'une référence : une évidence, si loin au-dessus qu'il en devenait à part. On pouvait bien essayer d'appuyer le propos, en pointant un son un peu plus garage que chez d'autres, des textes un tantinet plus fins, une palette musicale plus large... qu'importe que tout cela puisque la question, en vérité, ne se posait pas en ces termes. Avec toutes ses qualités et envers et contre tous ses défauts, weezer était simplement weezer. Un groupe d'un implacable sérieux jusque dans ses chansons blagues (voir les origines pour le moins douteuses de sa cultissime « Undone (The Sweater Song) »), capable de détourner la pop la plus niaise pour vous fendre en deux, qui parvenait dans n'importe quelle configuration à viser le cœur. D'une beauté frôlant l'indicible, sa musique vibrionnait, se défiait de toutes les explications savantes, quand celle des groupes similaires se contentait dans le meilleur des cas de proposer de bonnes chansons. L'écrire aujourd'hui donne l'impression de colporter une vieille légende urbaine, d'être devenu un de ces vieux bonshommes aigris dont nous aimions tant nous moquer à l'époque. Plus de vingt-cinq ans après, la dialectique s'est à ce point inversée que lors de leur récente tournée commune, même les fans de weezer reconnaissaient que Green Day était dix crans au-dessus. Je ne parlerai même pas des auditeurs les plus jeunes. Green Day a suivi la trajectoire normale d'un groupe normal passé un certain stade – ses hauts et ses bas, ses albums ratés et ses retours en forme, sa sincérité évidente jusque dans ses mauvais choix. C'est ce qu'on l'appelle un classique à l'ancienneté, du genre qui force le respect. weezer force, tout court. Sa trajectoire est un infini n'importe quoi, fascinant à sa manière, mais exonéré depuis longtemps de la tendresse et de l'empathie que peuvent parfois inspirer les carrières cabossées. Comment serait-ce possible quand la naïveté en a à ce point cédé au cynisme, et la pureté à un opportunisme crânement revendiqué ? On a presque honte d'aimer certains albums récents de ce groupe, de se dire que les chansons sont quand même plutôt mal, les refrains plutôt accrocheurs... mais merde, quoi ! C'est weezer. Encore heureux que les refrains soient réussis. Pour autant, ce groupe, qui représentait tant pour nous, n'était-il finalement que cela ? Après plus de quinze opus consécutifs à ne toujours pas être Pinkerton, la question n'est guère plus que rhétorique. Rassure-toi : ce n'est pas toi qui a un problème. Ce sont les autres. Ceux qui n'ont pas encore tout à fait ouvert les yeux. Ceux qui continuent à faire mine de voir dans la nouvelle sortie de weezer le semblant de reste d'un quelque chose qui n'y est pas, qui n'y est plus... qui ne sera plus jamais.


Si la date précise du point de rupture (pardon : de l’Éveil) variera plus ou moins selon les individus, le moment de bascule, pour sa part, est connu de tous les fans, et depuis longtemps. Une digue a rompu quelque part durant les cinq interminables années séparant Pinkerton (1996) et le Green Album (2001) – période durant laquelle le futur ex-jeune homme s'éclipsa pour reprendre ses études, entraînant un split jamais vraiment officialisé de son groupe. Certains pensent que le proverbial instant T fut l'abandon du projet Songs from the Black Hole (dont les démos composent le plus gros des premières sorties "solo" de Cuomo). D'autres qu'il s'agit du tragique décès de la famille Allan, fondateurs du premier fan club du groupe devenus des amis, sur la route d'un concert en 1997. D'autres iront blâmer le succès, Harvard, les Illuminati ou le retour du disco. Il est probable que tout cela ait joué un rôle (à l'exception peut-être des Illuminati), couplé à la réception plutôt frileuse de Pinkerton ainsi que mille autres choses encore inconnues des centaines de subreddits consacrés au sujet. Une seule chose est certaine : au moment du retour fracassant de weezer à l'aube des années 2000 (rappelons qu'« Island in the Sun » reste encore aujourd'hui l'un des titres les plus diffusés en radio chaque jour que Dieu fait dans ce monde), quelque chose avait déjà changé. Les disques étaient plus carrés, plus produits – toujours occasionnellement émouvants, toujours franchement régressifs par endroits mais tout simplement plus adultes et, oui : plus pros. Tout le monde le sentait confusément, sans vraiment parvenir à mettre les mots dessus. Il fallut encore un certain nombre d'albums, souvent très incohérents les uns par rapport aux autres, pour percevoir la réalité. L'adorable être humain qu'était Rivers Cuomo avait tout simplement choisi de lâcher l'affaire, préférant aux compositions viscérales d'antan un savant exercice de perversion de tous les paradigmes du rock'n'roll. Comme Brian Wilson, il s'emmura en lui-même au point de ne plus pouvoir trouver la sortie, mais en masquant cette impuissance créative derrière une apparente hyper-productivité. Comme Kurt Cobain, il procéda méthodiquement à la destruction de sa carrière, en faisant pour sa part mine de la continuer plutôt que de l'interrompre brutalement et irrémédiablement. Comme Bowie, il commença à enfiler un masque par-dessus un masque par-dessus un masque, en omettant volontairement de donner des noms à ses identités d'emprunts – devinerait qui pourrait. Ma plaisanterie inaugurale n'en était pas réellement une : pour des raisons n’appartenant qu'à lui (survivre en faisait probablement partie) Cuomo s'est en quelque sorte lui-même remplacé par un sosie, exerçant semble-t-il la profession de chanteur de rock au succès international.


Un jour au l'autre, le véritable Rivers Cuomo finira par mourir ; alors sa biographie commencera-t-elle probablement ainsi : c'est l'histoire d'un jeune garçon romantique et solitaire dont la musique rencontra un succès inespéré. Se sentant encouragé, il décida de publier un album qui lui ressemblait, dans lequel il donnait tout : cœur, âme, tripes, sang – même le sperme. Mais personne ne le comprit. Le public le bouda et les Sachants le massacrèrent. Profondément blessé, il se jura ne plus jamais ouvrir son cœur qu'à une poignée d'élus, tout en continuant à faire tourner la machine pour des raisons alimentaires. Il renoua avec le succès et celui-ci ne le quitta plus jamais. Sa musique avait perdu le fameux supplément d'âme qu'on lui trouvait autrefois, mais ce n'était pas grave puisque le succès était là et que dans le fond, ce n'était pas vraiment sa musique, juste un day job comme un autre. Certains faisaient serveurs, babysitters ou pigistes pour la presse dite de proximité. Lui ferait chanteur de weezer. Et pourquoi pas après tout ? Il savait mieux que personne flairer ce qui était dans l'air du temps. Parvenu à la cinquantaine, il réussissait encore à enregistrer des choses faisant se lever des gamins. Il anticipait leurs attentes et ne sonnait jamais comme un vieux ringard. Puisque ses sons FM décomplexés parvenaient à ne pas dépareiller dans les playlists Pop 2022 des enfants de ses anciens fans, pourquoi se le refuser ? Il avait beau ne plus être aimé pour lui-même, il avait vaincu le Boss de fin de sa discrète existence, touché du doigt sa Princesse Peach personnelle : il était devenu cool.

Ah et sinon, à la base, ce texte devait être une chronique du dernier EP de weezer – Autumn. Même qu'il s'agissait plutôt d'en dire du bien, et que « What Happens After You » est une putain de tuerie (je le tiens de jeunes de mon entourage, pour moi c'est juste la caricature du plaisir coupable). Bon. Je crois que nous nous sommes quelque peu égarés en chemin mais Rivers serait tout de même bien mal placé pour nous le reprocher. Qu'auriez-vous besoin de savoir, de toute façon, à propos d'Autumn ? Ce n'est rien de plus qu'un nouveau weezer parmi une longue série en cours de nouveaux weezer. Ce n'est donc pas Pinkerton. Mais les refrains sont très accrocheurs. Vraiment. On a hâte d'être à l'année prochaine pour découvrir les vraies versions de ces chansons sur Youtube.
 
 
SZNZ : Autumn
weezer | Atlantic, septembre 2022

31 commentaires:

  1. Superbe article mais je lui trouve quelque chose de très, euh, violent, enfin ce n'est peut-être pas le mot juste. Sans "tendresse" ni "empathie" comme tu dis. Je ne ressens pas cela pour Weezer et je ne trouve pas que le groupe le mérite. Je ne déteste pas ses sorties récentes (je ne les adore pas non plus), il y a toujours du bon sur un nouveau Weezer... Je trouve ta chute bien plus cynique que Rivers Cuomo ;)

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    1. "Violent", comme tu y vas...je te la laisse à "cruel", ça te va ? Oui, c'est sans tendresse ni empathie. Je n'en éprouve plus pour le groupe et je crois expliquer assez clairement pourquoi. Je ne vais pas me mettre à faire semblant...

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  2. Bonjour, j'ai rien à dire sur Weezer mais j'ai une question qui me taraude : c'est fini les notes sur le Golb ?

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    1. Les notes ont effectivement pris leur retraite. Je ne m'y reconnais plus et n'ai plus envie de perdre du temps à me demander combien de pouces mettre. Cela dit, comme le démontre le texte juste au-dessus, je n'écris plus vraiment non plus de "critiques" à proprement dire.

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  3. Je suis pas d'accord du tout là.
    C'est toi qui a été absorbé par un vortex dimensionnel je pense.
    Le seul truc avec lequel je suis OK c'est que j'étais au dernier concert Weezer/Green Day (et Fall Out Boy) et oui Green Day c'était mieux et oui tout le monde a pensé pareil mais tu le détournes de manière un peu malhonnête car Weezer n'a jamais été un groupe de scène alors que Green Day est un des meilleurs du monde. Donc tout le monde a trouvé que Green Day était mieux mais tout le monde s'y attendait déjà de base (d'ailleurs Green Day était mieux que tous les groupes que j'ai vus sur scène en 2022).
    Le reste c'est limite si je comprends l'article.
    J'ai pas dû atteindre l'Eveil :-)

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    1. Mais peut-être que cet article va résonner en toi plusieurs jours et qu'il va justement te conduire à l’Éveil ;-)

      Je comprends tout à fait qu'on puisse ne pas adhérer à ma lecture. Par contre tu me prêtes des intentions que je n'ai pas concernant la comparaison weezer/Green Day. Je pars juste du fait qu'ils aient explosé à la même époque, dans des styles musicaux relativement similaires, et tournaient ensemble jusqu'à récemment... pour mettre en parallèle leurs évolutions respectives. Et observer que celle de Green Day est bien plus logique, cohérente et, in fine, sincère. Je t'accorde que cela tient moins à weezer lui-même qu'au fait que Green Day était (et est encore par certains esthètes autoproclamés) un groupe extrêmement sous-estimé, qui s'est vite avéré avoir beaucoup plus de coffre que ce qu'on pensait en 1994-95.

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    2. Ok pour la comparaison avec Green Day j'avais pas compris ce que tu voulais dire.
      Mais je reste en désaccord avec le plus gros de ton article. Les démos meilleures que les albums? Les deux premiers Alone ok si tu veux, on voit que c'était des trucs qui étaient prévus pour sortir en physique même à petit tirage par contre après ça les prises de son deviennent vraiment dégueulasse personne ne peut prendre plaisir à écouter ça.

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    3. Décidément ce texte ne doit pas être clair... quand je dis qu'elles sont meilleures, je veux dire par-là qu'on entrevoit une personnalité, une âme qui ont un peu disparu des albums. Pas qu'elles sont mieux produites (vu qu'elles ne le sont pas, produites)...

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  4. J'aurais plussoyé à 1000 % y a pas si longtemps, mais je trouve quand même que Weezer s'est beaucoup ressaisi depuis quelques temps. OK Human, Van Weezer et les trois EP des saisons c'est quand même autre chose que la mêlasse que Cuomo nous a servi pendant 10 ou 15 ans. Y a tjs de grosses fautes de goût mais rien que sur Autumn Francesca est le genre de morceau de Weezer à l'ancienne qu'on osait même plus espérer (sur les disques officiels).

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    1. Moui. Non. Je ne sais pas.

      Il me semble assez clair que Cuomo a déchargé pas mal de choses dans Van Weezer (probablement le meilleur album de weezer depuis le Rouge, voire depuis Make Believe). Mais je n'irais pas faire une généralité d'une exception, Van Weezer reste pétri de moments absolument putassiers faisant qu'il s'inscrit malgré tout plus volontiers dans la lignée de ses immédiats prédécesseurs. Quant à "Francesca", c'est une très bonne chanson mais ta remarque me paraît un peu exagérée, c'est surtout que c'est la seule qui a une prod un peu organique sur les trois SZNZ sortis à ce jour...

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    2. Tu parles de Van Weezer mais je trouve qu'au moins la moitié de OK Human est d'excellente facture. Différent du classic Weezer mais vraiment très bien quand même. D'où mon sentiment de retour en forme...

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    3. Voir plus bas ;-)

      Tu as raison, hein. "Numbers", pour ne citer qu'elle, est une superbe chanson. Mais la prod est tellement chiée que je me sens franchement gêné pour le groupe quand j'écoute ça.

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  5. Après je reste d'accord sur le reste de l'article (excellent comme à chaque fois sur Weezer), l'analyse générale, etc... Cuomo part souvent dans délires qui n'amusent que lui et a largement abusé de la patience de ses fans de la première heure. Contrairement à Miss Marion plus haut je te trouve même sympa car moi j'entends pas de talent particulier dans un Pacific Daydream ou un Raditute, juste des albums de merde produits avec les pieds ou t'as deux chansons correctes qui se promènent au milieu des daubes.

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    1. Ah bon, il y a deux chansons correctes sur Pacific ? De tête je ne vois que "Mexican Fender" pour coller à cette définition. C'est un des pires albums de weezer, si ce n'est le pire. Contrairement à Raditude, que je n'ai jamais trouvé aussi affreux qu'on le dit (les symptômes commencent à devenir assez inquiétants, mais il se termine tout de même par l'un titres les plus bruts et viscéraux du groupe).

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    2. C'est pas plutôt Hurley le pire album de Weezer?

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    3. C'est pas impossible, en effet. Je réécoute très rarement celui-ci car pour moi c'est l'album de l’Éveil justement (comme je le dis dans l'article, ça varie beaucoup selon les gens). Celui où je me suis dit "non, ça suffit : STOP. Là Rivers se fout de notre gueule."

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    4. Allez vas-y, lâche le top ça t'exercera pour ta prochaine rubrique (ouais j'ai lu ta discussion avec Xavier en-dessous du post sur Suede)

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    5. Franchement j'aurais du mal, aussi bien à départager les bons que les mauvais.

      Les trois premiers sont indispensables (avec un avantage pour Pinkerton, assez léger en définitive, il n'y a quasiment pas un seul mauvais titre sur ces disques, même les faces B. sont meilleures que les faces A. des albums récents). Maladroit et Make Believe sont très différent l'un de l'autre, mais je les place finalement à peu près au même niveau.

      Après, ça devient plus flou, ce serait plus simple pour moi de citer les 3/4 bonnes chansons de chacun. Le Red Album je ne sais pas, je ne l'ai pas écouté depuis au moins dix ans, j'en garde le souvenir d'un truc très inégal. Raditude, comme dit plus tôt, n'est pas si affreux que ça (mais quand même moyen, dans l'ensemble). Après, ça devient tendu. Tu as la trilogie du faux retour aux sources (Hurley/Everything/White), qui oscille entre le pathétique et le ce-serait-pas-mal-si-c'était-un-nouveau-groupe-se-réclamant-de-weezer. Pacific Daydream et le Teal Album sont nuls à chier, et vient ensuite la trilogie du mauvais goûts et des prods dégueulasses qui gâchent les bonnes chansons (Black/OK Human/Van Weezer) Sur les EPs de 2022, Spring est insignifiant, Summer correct, et Autumn fait fortement penser au Black (mais en plus court, donc mieux). Voilà. Tu organises ça comme tu veux.

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    6. Le Red est très bien pour moi c'est peut-être leur dernier grand disque (mais j'étais loin de dire ça à l'époque).

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    7. Oui, je l'ai réécouté hier soir du coup, et c'est vrai qu'il est pas mal. En fait c'est un peu l'inverse de quasiment tous les suivants, où tu ne gardes que quelques chansons sans avoir vraiment envie de te fader l'album entier. Le Rouge fonctionne très bien en tant qu'album, par contre il y a assez peu de chansons qui se dégagent. D'ailleurs c'est l'album qui inaugure la tradition voulant que les meilleures chansons soient sur l'édition limitée japonaise (tradition qui va perdurer au moins jusqu'au White Album... pour ce que j'en sais, je n'ai pas écouté les éditions japonaises des autres...)

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  6. Plutôt en phase avec ce texte. Ce qui fait vraiment chier c'est que Weezer a fini par devenir ce que ses détracteurs lui reprochaient. Et je pense aussi que c'était en toute connaissance de cause, que Cuomo a fini par se dire "ok vous voulez que je sois un chanteur de pop mièvre pour les stades? bah ok ça marche c'est facile je le fais regardez." Sur un album ok sur une dizaine c'est difficile à défendre le mec a l'air de s'être pris à son propre piège je trouve ça un peu triste.

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    1. Ah ça, on en aura passé du temps à essayer d'expliquer que weezer n'était pas un groupe pop-punk comme les autres...

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    2. Même qu'on utilisait l'image du ver dans le fruit :D
      (bien aimé le clin d’œil du titre)

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  7. A la lecture de l'article je ne sais pas si mon "Eveil" est passé depuis longtemps ou s'il doit encore arriver.
    Tout à la fois je n'espère plus vraiment grand chose, mais bizarrement, je n'arrive pas non plus à m'en empécher: le fameux: " je n'attendais rien et je suis quand même déçu".

    Et pourtant, comme beaucoup d'autres commentaires, je te trouve un peu violent. A croire que Rivers a ce degré de sympathie absolu au sein de son public qu'on refuse d'admettre cette vérité.

    Personnellement j'avais vraiment aimé EWBAITE et le Blanc. Mais à l'opposé, j'ai eu des rejets complets du Black et celui à la balançoire, là. Le Teal réussissait quant à lui l'exploit d'être Un album insignifiant de reprises ellesmêmes insignifiantes (celle de PAranoid , ben oui, elle est pas horrible, mais c'est parce que c'est Paranoid joué à la note près. Le jour ou je tombe sur ça à une fête de la musique, je bouderai pas mon plaisir non pluis, mais ce sera du même accabit, alors que l'attente est pas vraiment la même -alors que weezer c'est pas censé être le groupe de baloche du coin)

    Sur les derniers albums, j'ai ce sentiment bizarre que les concepts forment les chansons plutôt que l'inverse. Et ça me dérange, parce que ça ne peut pas (ou juste Rivers n'y parvient pas) sonner sincère. "River Cuomo chante son amour de shakespeare sur l’air du printemps de vivaldi" c'est fun à écrire, mais ça fait pas une bonne chanson, et se demander "Si c'était pas parce qu'il doit écrire une chanson sur cet air, parlerait-il de ça?"
    Et j'ai le même problème avec nombre de titres de OK Human et Van Weezer.

    Bon, en fait, si, je sais quand quelque chose s'est brisé dans me relation à Weezer. Peut-être qu'en fait je l'ai fait, mon éveil C'est quand j'ai vu ce que "Can't stop partying", une de mes démos préférées d'Alone II, a été "remixée" dans sa forme finale pour Raditude. (dont la version avec Chamillionaire est moins pire que la version album, ce qui veut tout dire) (aussi je crois qu'on a tous vécus ce trauma et que c'est ce qui donne a cet album sa mauvaise réputation - death to false métal est pire)
    Alors ton article a cependant un côté positif: me faire découvrir que des Alone 4 à 11 existent.

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    1. Non, toi aussi tu es contre moi ? Ok c'est bon, c'est trop, je repars en retraite spirituelle.

      Blague à part, c'est amusant toutes ces réactions de gens qui pour la plupart sont des fidèles parmi les fidèles ce site. Cela me contredit au moins sur un point : visiblement, il reste beaucoup de vieux fans qui ont encore de la tendresse et de l'empathie pour Cuomo.

      Ce qui est marrant ce que j'ai relu au moins quatre fois ce texte, réécouté toute l’œuvre de Cuomo durant le week-end (crois-moi que ça en fait, des mauvaises chansons), et que je n'arrive toujours à voir ce que vous trouvez "violent". J'ai l'impression que vous bloquez sur quelques formules un peu salées alors que dans le fond, vous n'êtes pas si en désaccord que ça. Voire que je vous ai un peu effarouchés sans le vouloir, parce que vous ne me ferez pas croire que vous vous cognez régulièrement les White Album et compagnie en intégralité. "California Kids" et "Do You Wanna Get High?", sans doute. Peut-être un petit "L.A. Girlz". Mais l'album entier ?... mentez-vous à vous-mêmes si vous voulez mais pas respectez un peu Le Golb SVP ;-)


      "J'ai ce sentiment bizarre que les concepts forment les chansons plutôt que l'inverse.", oui, et ça s'inscrit totalement dans la grille de lecture que je développe ci-dessus. Cuomo n'écrit plus par impulsion vitale mais pour faire des albums de weezer. Littéralement : pour faire le taf. Et parfois, il le fait très bien. Mais le cœur et l'âme n'y sont plus, ou alors très ponctuellement. Déjà, j'ai le sentiment qu'il se force à essayer de donner malgré tout une tonalité rock aux albums alors qu'il n'aime plus composer à la guitare et le piano (ça me paraît assez flagrant à partir du Black Album). Pendant mon overdose du week-end, rien qu'à la vibe du morceau et au texte j'arrivais à rattacher chaque face B ou rareté à la bonne période.

      Pour moi aussi "Can't Stop Partying" a été une première cassure. Mais je l'ai pardonnée, après tout je m'en fichais, puisque je connaissais l'autre version. Et je pense - mais là je ne suis plus dans la théorie mais dans le pur procès dans d'intention - que c'est une des raisons pour lesquelles Cuomo a changé de mode de diffusion des Alone à partir du IV. Ces versions "pures" existaient encore trop à ses yeux, étaient encore entendues par trop de gens, il y avait des tas de chroniques dessus (qui en plus en profitaient pour casser du sucre sur les albums officiels). Je suis persuadé qu'il y a vraiment chez lui une volonté de ne s'adresser là qu'aux vrais de vrais, aux happy few qui vont faire l'effort de chercher, de recoller les morceaux... etc.

      (et sinon il y a même, si je ne te dis pas de conneries, treize Alone. Ça s'arrête à l'époque Pacific Daydream et franchement la différence entre les démos et l'album est plus violente que tout ce que je pourrai jamais écrire à ce sujet ;-))

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  8. Mais je pense qu'en fait on est tous d'accord, mais que beaucoup de nous conservent un capital sympathie (mâtiné probablement d'un petit fond de pitié pourtant plus vraiment valable depuis le mitan des années 2000) à l'égard de Cuomo.
    (Sympathie bizarrement confirmée par les démos j'ai l'impression?)
    Mais le fait est que, personnellement, oui, j'écoute encore assez souvent le White album dans sa quasi-intégralité (oui j'aime bien Thank God for Girls, ou Summer Ellen and Drunk Dory, à ceci près que je les aime e tant que chanson, mais pas come on aime un chanson de weezer - je sais pas si je suis clair, j'espère l'être) - C'est vraiment pacific Daydream / Blak album qui constitue le creux de la vague à mes yeux.

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    1. Franchement j'ai du mal avec le White, comme je le disais plus haut j'ai l'impression que sur ce disque (ainsi que les deux d'avant), Cuomo essaie laborieusement de refaire du weezer à l'ancienne sans jamais en retrouver la magie. Je préfère encore le Black (même si la moitié est à jeter) et les suivants, au moins il donne l'impression d'essayer des trucs même si ce n'est pas toujours d'un goût très sûr.

      Tu as raison on est tous d'accord, sauf sur la "violence" de mon texte, quoi ;-)

      Et c'est marrant parce qu'en y réfléchissant, c'est quoi la vraie violence ? Mon texte qui part dans une direction j'en conviens un peu osée et théorique, ou bien la seule autre alternative, à savoir considérer weezer comme un vieux groupe ringard qui n'a plus rien à dire ? Quelque part, c'est déjà montrer un certain respect à Cuomo que de préférer imaginer qu'il a toujours une vie intérieure, une âme, des inspirations et qu'il préfère juste les exprimer différemment. Quand on y pense, est-ce que tout ce que j'écris dans l'article n'était pas déjà contenu dans le refrain d'"In the Garage" ?...

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    2. Bon, ok, j'avoue, j'ai compris ce que tu veux dire, finalement. Il aura fallu que je me tape un deuxième "Can't stop partying" pour cela, et qu'en me bouffant de spiles de démo je tombe sur "Cancer", et que je réalise à quel point cette démo a été petit à petit vidée de tout ce qu'elle pouvait avoir de personnel (jusqu'à sa musique) avant d'avoir le droit d'être publiée.

      Le top commentaire sur la vidéo youtube où je l'écoutais disait "être fan de Weezer de nos jours est une torture". Il avait pas tort. En vrai ton avant dernier paragraphe est 100 % vrai et toute démo que je compare à son pendant "weezerien" ne fait que le confirmer.

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    3. Merci. Je te remets tout de suite sur mon testament.

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