jeudi 24 novembre 2022

J'ai oublié de te dire #7

J'ai réalisé que j'avais perdu contact avec mon époque après avoir entendu "Iris" à la radio pour la cinquième fois en seulement quelques mois. Non que j'aie quoi que ce soit contre "Iris" – tout au contraire. C'est une fort jolie chanson, encore que ce ne soit pas la meilleure du genre ni même du ses auteurs. Mais j'ai semble-t-il manqué le moment où elle a acquis une dimension suffisamment classique pour passer aussi souvent sur une bande FM française qui l'ignorait royalement en 1998 – et pour cause : "Iris" n'est tout simplement pas sortie chez nous. Le film auquel elle servait d'OST a totalement disparu des mémoires ; l'album dont elle est extraite n'est paru que tardivement en France, avec une promo minimale et un autre morceau (l'excellent "Slide") en guise de single. Ses interprètes eux-mêmes, aimables seconds couteaux indés, n'ont presque jamais foulé le sol français autrement qu'en touristes. Ils avaient du succès, attention. À peu près partout. En 1998, tout juste convertis à la bubble-pop pour teenageuses craquant sur la mèche de Dawson, ils n'étaient pas loin de devenir énormes. À peu près partout. Sauf dans un petit pays d'irréductibles Gaulois à qui, une fois n'est pas coutume, on n'ira guère reprocher un manque de rock'n'roll attitude : celle des Goo Goo Dolls s'était déjà envolée depuis un bail et il ne leur faudrait guère que quatre ans de plus pour signer la chanson-phare d'un Disney (laquelle ne rencontrerait jamais, non plus, le pays des irréductibles Gaulois... enfin... pas dans cette version...). Bref : personne ne devrait connaître "Iris", en France, 2022. Personne. Ce n'est pas que c'est anomalie me dérange. C'est juste que si quelqu'un, quelque part, a officialisé "Iris" en tant que standard du rock des années 90 sans m'en demander l'autorisation, cette personne a probablement ouvert une dangereuse brèche dans l'espace-temps à partir de laquelle le plus improbable devient envisageable (si ça tombe, Better Than Ezra s'est reformé pour une tournée des stades en co-heading avec Addict). Je soupçonne qu'il s'agit du même individu ayant organisé il y a quelques temps un sondage sur Reddit (je ne retrouve plus lien) dans lequel des kids de 2022 devaient s'exprimer sur différents tubes des nineties, au terme duquel il apparaissait qu'une majorité de votants indiquaient n'avoir jamais entendu "Celebrity Skin". Je ne plaisante pas. Nous vivons dans un monde où des gens considèrent "Iris" comme un classique du rock et où d'autres gens, qui ne nous leurrons pas sont probablement les mêmes, n'ont jamais entendu l'une des pop-songs les plus puissantes, acides et multiplatinées parues cette année-là (très exactement quinze jours plus tôt). Il y a certainement une explication rationnelle à cela (et la réponse a probablement à voir avec Internet, le streamig et la globalisation). Mais je ne peux pas m'empêcher de repenser au visage décomposé de mon oncle le jour où, jeune homme encore tout émoustillé par ma découverte du rock'n'roll, je lui avais dit que Roxy Music, ce groupe pour gosses de riches bien éduqués, c'était tout de même d'un tout autre niveau que les prolos mal fagotés de The Sweet – j'avais probablement ajouté que d'ailleurs, plus personne n'écoutait Sweet de nos jours. En ce temps-là, qui ne me semble pourtant pas si lointain, il n'y avait pas l'excuse d'Internet et tous ces affreux réseaux sociaux qui nous ont salopé la jeunesse. Il n'y avait que des chansons qui restaient, ou pas. Des artistes qui marquaient, ou non. Le fait que j'aie fini par apprécier The Sweet et préférer le Play It Loud de Slade à la quasi totalité de la discographie de Bryan Ferry passé Siren ne change rien à l'affaire. Une génération chasse l'autre, inexorablement. Si je ne pouvais pas dire que je n'étais pas prévenu – je pensais même naïvement m'y être préparé – je n'aurais  pas été jusqu'à miser sur la power-pop gentillette des Goo Goo Dolls pour me le faire réaliser. Je comprends trop tard que c'eût pu être n'importe qui (peut-être même Better Than Ezra, dont je découvre avec stupéfaction qu'ils ne se sont jamais reformés... car ils n'ont jamais splitté). Qu'être vieux, c'est précisément cela : accepter que des gens plus jeunes réécrivent à votre place l'histoire que vous auriez pourtant juré avoir vécue. Ce que je n'ai toujours pas compris en revanche, c'est si avoir racheté Dizzy up the Girl juste pour accoucher de ces quelques lignes fait de moi quelqu'un dans le coup. Vu que c'était un CD, j'aurais tout de même tendance à dire que non.

23 commentaires:

  1. Ah c'est moche de vieillir mais comme je suis plus vieux que toi et que tu m'as déjà plusieurs fois ringardisé je vais pas aller te plaindre lol

    Tu es sûr et certain qu'Iris n'est jamais sortie chez nous? J'aurais bien dit que oui. Les Goo Goo ont eu un petit buzz à l'époque, pas longtemps parce que ce genre de musique a jamais marché en France (comme tu le racontais bien dans ta thèse de 50p sur Jesse Malin) mais j'aurais quand même dit qu'ils avaient eu leur moment.

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    1. J'en suis sûr à 99,9 %, faut dire que j'ai un très bon moyen de m'en rappeler : à l'époque, je faisais partie des 17 français (dont 5 journalistes) qui connaissaient déjà les Goo Goo Dolls et j'avais été contraint d'acheter l'album en import... pour être dégoûté une dizaine mois plus tard de le voir sortir en France à un prix abordable. Ce genre de saloperie typique de l'industrie du disque des 90's, tu n'oublies jamais :-/

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  2. Iris a été un plus gros tube que Celebrity Skin donc ce que tu écris n'a rien de surprenant. Ce qui l'est c'est qu'il y a pas eu de bascule (l'album Celebrity Skin est devenu un classique alors que les Goo Goo bon...) mais faut évidemment prendre en compte que Courtney Love n'a plus rien fait dans la musique depuis douze ans ça n'aide pas à sauter les générations.

    Bon je voulais dire autre chose mais j'ai oublié :(

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    1. Love a sorti un single (plutôt bon) il y a à tout casser deux ans pour la BO d'un film. Mais ça n'infirme pas ta remarque, évidemment. Après, j'ai personnellement un certain respect pour les (rares) artistes qui se retirent de la scène plutôt que de nous infliger des dizaines d'albums de merde. Je ne doute pas que Courtney Love reviendra un de ces quatre, et je ne serai même pas surpris que ce soit pour nous coller une belle baffe.

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  3. Ah si j'ai retrouvé: quand tu dis " Il y a certainement une explication rationnelle à cela (et la réponse a probablement à voir avec Internet, le streamig et la globalisation)" tu donnes la réponse sans poser la question, aujourd'hui à moins de faire une recherche spécifique type "chanson française" les playlists des plateformes sont globalisées donc quand tu lances le set "hit rock années 90" bah tu entends des chansons qui ont été des hit partout dans le monde et c'est comme ça que les français finissent par considérer comme classiques des morceaux qu'en vrai ils ont jamais entendu sur le coup. Enfin c'est comme ça je le vois et en fait je trouve ça plutôt positif, je serais pas surpris que même parmi ta génération il y ait plus de français qui connaissent Celebrity Skin aujourd'hui qu'à l'époque :D

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    1. Je sais bien que je donne la réponse sans poser la question... c'est bien pourquoi je ne m’appesantis sur ce point ;-)

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  4. Rassure moi, on ne pense pas au même Addict... (non ce n'est pas tout ce que j'ai retenu de l'article...)

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    1. Je pense qu'on parle du même. Le groupe qui n'a fait (il me semble) qu'un seul album en 1998 et qui réussissait la prouesse de pomper tellement de gens à la minute que le disque pouvait faire office de blind-test à lui tout seul.

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    2. Celui-ci : https://www.youtube.com/watch?v=a8ALkjPaJp8

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    3. Et grâce à toi j'ai trouvé la chaîne YouTube du chanteur (par contre je ne sais pas si je dois te remercier...)

      https://www.youtube.com/user/markastonmusic

      78 abonnés, ça sent la reformation dans six mois pour les 25 ans de l'album...

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  5. C'est bien eux... On doit être les deux seuls à s'en rappeler ! Cet album s'écoute pas si mal encore aujourd'hui selon moi (et uniquement selon moi)(je les ai vu live, si si...). Mark Aston n'a jamais cessé de faire de la musique sous le nom de Zanderman puis le sien. Je crois même qu'il y a des albums "posthumes" d'Addict qui traîne...

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    1. Hum, non, pas uniquement selon toi, les quelques extraits que j'ai retrouvés (je l'ai vendu depuis longtemps et il semble quasi introuvable aujourd'hui) passent plutôt bien. C'est un peu le truc avec pas mal de groupes de 2e (voire 3e division) de cette époque, sur le moment ça ressemblait à tellement de trucs que ça paraissait très anodin, mais quand on le réécoute hors-contexte 25 ans après on se dit que c'était tout de même pas si mal (faut dire que les standards du rock indé en 2022 sont tellement bas qu'on est sans doute moins bégueules...)

      Je ne connais pas du tout l'histoire du groupe, j'ai jamais vraiment compris leur disparition car ils étaient vraiment hype à l'époque. Que la hype passe, c'était prévisible, de là à ne même pas avoir de page Wikipedia...

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    2. Je l'ai toujours... Dans mon souvenir la presse anglaise les avait tellement défoncés sur le fait que 'monster side' serait une repompe de 'creep' que V2 s'en est débarrassé vite fait et que personne n'a plus voulu y toucher...

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    3. Mais oui les groupes indie mineurs de cette époque avaient quand même de la gueule...

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    4. Sur la pompe de "Creep", je pense qu'on peut s'épargner l'usage du conditionnel, c'est tellement flagrant que c'en est embarrassant pour eux de ne pas s'en être aperçu. Par contre si c'est vraiment ça le motif pour lequel V2 les a saqués, c'est quand même gonflé car c'était aussi certainement le motif pour lequel ils avaient été signés à la base. De mémoire, V2 n'avait aucun problème à les vendre comme le nouveau Radiohead...

      Ce qui est marrant (enfin, marrant...) c'est que ce morceau mis à part, le groupe sonnait dans mon souvenir beaucoup plus souvent post-grunge (ne serait-ce que la voix) que Radiohead.

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  6. Je n'ai aucune idée de l'année, mais je me souviens que quand j'étais ado j'ai eu un énorme coup de cœur pour Iris. Je l'ai enregistrée cinq fois sur la même face de ma cassette - jamais en entier, bien entendu.
    Tout ça pour dire qu'elle a dû être quand même pas mal diffusée sur Ouï FM. Et toujours dans mon souvenir, je n'ai jamais entendu Hole sur cette même radio :)

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    1. C'est très possible et tu me donnes des éléments de réponse (même si je n'en cherchais pas vraiment on l'aura compris ^^). L'album est sorti tardivement en France et "Iris" n'en était pas le single, mais ça ne signifie pas qu'elle ne soit jamais passée du tout à la radio chez nous. Comme je le disais un peu plus haut (avec un peu d'ironie et de mauvaise foi), les Goo Goo Dolls avaient une petite fan-base en France bien que leurs albums précédents n'y soient quasiment jamais parus (la preuve, puisque je les connaissais). Il y avait dedans pas mal de critiques et donc certainement aussi quelques programmateurs radios parisiens (rappelons que Ouï FM dans les années 90, ça ne couvre qu'une petite partie dans les France).

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    2. Ah oui mais bon, si tu considères que Paris ne représente pas la France, aussi... :D

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  7. Très bon/beau texte dont la chute m'a presque ému.

    Je ne devrais pas l'écrire à voix haute mais je me reconnais dans ce que tu décris en latence sur ce passage de génération (le nombre de fois où, ces derniers mois, je me fais la réflexion sur le potentiel danger de devenir "un vieux con" ^^) et sur Hole à proprement parler puisque, peut-être à égalité avec "Malibu", "Celebrity Skin" fut un tube/disque important; tube d'ailleurs en ouverture de l'un des gros cartons cinématographiques de 1999, j'ai nommé "American Pie" qui était ultra en vogue dans nos cours de lycée. Bref et au passage pour l'anecdote.

    Après, j'ai le souvenir qu'à la toute fin des années 90, les groupes qui triomphent en France sont pêle-mêle Tryo, Louise Attaque, Matmatah ou les Red Hot Chili Peppers avec "Californication". Je ne dis pas que c'est une explication potentielle mais cela explique en partie que, oui, les personnes qui connaissaient Goo Goo Dolls en dehors de leur nom inscrit sur une chronique ne devaient pas être nombreuses.

    Mais fichtre, très bon texte encore une fois.

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    1. Merci, vieux... et merci surtout de ne pas essayer d'apporter une réponse rationnelle à ce texte ^^ C'est sans doute ma faute, je n'aurais pas dû ramener "Celebrity Skin" dans la discussion, c'était vraiment un exemple au hasard parce que ce sondage de Reddit m'avait marqué. Il y a quand même une amie (que je ne nommerais pas et que j'adore) qui m'a envoyé un MP très gentil pour me dire qu'il y avait une erreur factuelle car "Celebrity Skin" était en fait sorti pendant l'été, avant l'album éponyme, et que c'était justement "Malibu" le single de Hole entré en concurrence avec "Iris"... je n'ai même pas su quoi répondre - à part que c'était une fétichiste complètement tordue, bien sûr :-)).

      Effectivement les "vrais" artistes pop/rock qui avaient un "vrai" succès en France dans la période 98/99 sont ceux que tu cites (n'oublions pas non plus Alain Bashung, "La Nuit je mens" a sans doute été LE single du genre qui a su fédérer toutes les générations et tous les milieux en France cette année-là) . Quand je cite Hole, il y a une part de boutade, dans un pays comme la France où le rock a toujours été peu et mal diffusé (surtout à cette période qui coïncide avec l'explosion du rap mainstream et le début de la french touch) le concept de "tube" est très relatif pour ce type de musique. Il l'est déjà pour les méga-grosses pointures alors les Goo Goo Dolls, tu parles...

      Je pense que notre génération est en train, lentement, de découvrir une variante du syndrome du vieux con encore plus douloureuse que pour nos parents, oncles, voire grand-parents. Eux au moins, ils pouvaient poser des références pour appuyer leur "c'était mieux avant". On n'était pas forcé d'être d'accord mais quand on te disait que Led Zeppelin, c'était mieux que Nirvana, il y avait une base de discussion. Nous, la plupart des groupes qu'on adulait à l'époque ont été totalement oubliés, c'est assez effrayant. Est-ce qu'ils étaient si mineurs que ça, en définitive ? Peut-être. Est-ce que ce qu'on trouvait mineur était bien, en définitive ? Je ne sais pas. Les Goo Goo Dolls c'était bien, en tout cas cet album-là était bien, oui, sûrement. Mais est-ce que valait vraiment de traverser deux (quasi trois) décennies quand tu vois qu'aucun(e) gamin(e) de 2022 ne connaît Beck (à part "Loser") ni Elliott Smith (à part que c'est le mec qui a une mort vraiment cheloue) ?...

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    2. Je préfère " de seconde" voire "de troisième zone" plus que "mineur" ^^ mais je vois ce que tu veux dire. Il y a, et il y aura, toujours une base de conflit entre chaque génération - ce qui est tout de même assez ironique à formuler par écrit car cette époque joue énormément sur le "c'était mieux avant" en dépit de tout discours de "vieux con" et que, pour en revenir aux sphères musicales, je vois beaucoup de djeunes arborer des fringues avec des groupes de ma génération; chose que, ironiquement, je n'ai jamais fait. Ni avec "mes" groupes ou avec ceux de la génération de mes parents.

      C'est là tout le paradoxe de ce siècle: grâce à Internet, jamais la culture n'a été aussi accessible et, ce, d'autant plus facilement qu'à notre époque où on se servait dans les médiathèques, les discothèques des darons et/ou des copains, et où tu te forgeais ton bagage culturel sur la seule base de ta curiosité. Et, pourtant, tu trouveras toujours des personnes (souvent jeunes ^^) qui te disent "Ah mais ce n'est pas de ma génération, c'est pour ça".

      Homère, Zola, Hugo ou Balzac ne sont pas de ma génération. Pourtant je les ai lus. Je n'ai pas connu Beethoven, Mozart ou les Beatles de mon vivant; cela ne m'empêche pas de les connaitre, de les écouter, de les apprécier et d'en respecter même l'immense génie. Ce qui est tout de même un comble car tu n'as plus l'excuse de l’indisponibilité, de la rareté ou de la méconnaissance de tel ou tel artiste sur lequel, en un clic et au vu de la pléthore de plateformes qui existent aujourd'hui, tu peux tout de suite avoir accès.

      Ah putain, ça y est j'suis un vieux con.

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    3. (je m'incruste)
      Avoir accès, oui, mais encore faut-il avoir l'idée d'aller chercher... Perso je n'utilise pas les plateformes pour découvrir des trucs très éloignés de ce que je connais, mais j'y réécoute les trucs qui m'avaient marquée sur les samplers Elegy :)
      J'y écoute aussi Mozart, et les gosses qui ont accès à la culture chez eux (et j'entends par là : chez qui on en cause, parce que c'est important), aussi.
      Si c'est pas de ta génération et que tu n'y es pas initié, bah tu connais pas, c'est tout. J'ai découvert Egon Schiele via Mylène Farmer, et les Cure via Indochine... C'est dire :P
      Sincèrement je pense même que la multiplication des supports n'aide en rien la découverte : comment aller chercher ce qu'on ignore, parmi cette offre absolument pléthorique ?
      Allez, petit défi : si vous savez qui sont Hocico, Amduscia et VNV Nation, j'accepte n'importe quel gage ;)

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    4. Oh, je n'avais pas vu que la discussion s'était élargie (et pas qu'un peu).

      Je n'ai malheureusement pas le temps d'entrer dans le détail. J'aurais tendance à être plutôt d'accord avec Kalys, même si vous dites tous les deux des choses assez pertinentes.

      Il y a pour moi deux paramètres à prendre en compte :
      --> de même que la quantité n'a jamais fait la qualité, la profusion n'a jamais fait la curiosité. Devant une offre pléthorique, l'esprit humain est plus déboussolé qu'excité. Il va aller naturellement vers ce qu'il connaît ou identifie. Contrairement à ce qu'on dit souvent, il n'y a pas de "crise du savoir", en revanche il y a une vraie "crise de la curiosité" ; les domaines où c'est le plus flagrant n'étant pas la culture, mais l'information (tout le monde est "au courant" mais personne "ne sait ce qu'il se passe") et le sport (où le résultat est désormais presque décorrélé de la performance sportive elle-même).
      --> même en 2022 avec tous les moyens à notre disposition, on ne peut pas, à mon sens, parler de l'accès à la culture sans parler de conditionnement social. Kalys à totalement raison d'insister sur le fait d'entendre parler de musique "à la maison". Le meilleur moyen d'accéder à la culture en autodidacte, en 2022 comme en 1982 et comme probablement en 2152, ça reste d'avoir une personne qui vous prend par la main, vous donne des conseils, vous oriente (c'est même sans doute encore plus important en 2022, puisque les passeurs ont été remplacés par des influenceurs). Dire que l'accès à la culture est plus "facile" que de notre temps est, à mon humble avis, un énorme raccourci que nous faisons tous sans y réfléchir vraiment. Il est surtout beaucoup plus "rapide". Mais facile ? Je n'en suis pas certain.

      Sur ce, c'est l'heure d'aller bosser !

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