mercredi 29 novembre 2023

Comment la Banque Postale m'a fait perdre une journée, deux chroniques, et tout espoir concernant la prochaine saison de Doctor Who.


Il y a quelques années, je publiai sur Facebook une poignée de posts tragicomiques à propos de mes aventures avec l'administration de mon pays (que j'aime). J'y narrais, entre autres anecdotes oscillant entre le doux pathétique et la poilante fumisterie, comment le Pôle Emploi m'avait fait appeler son propre serveur téléphonique en plein de milieu d'une agence pour obtenir une référence, ou encore comment la CAF m'avait Pacsé de force (heureusement avec quelqu'un que j'aimais – ou peut-être me suis-je juste habitué, ce ne serait pas une première dans l'histoire des unions non-consenties). J'en passe. C'était une autre époque – et pas uniquement parce que l'on y écrivait encore des posts sur Facebook. Depuis, j'ai eu plus d'une occasion de vérifier le bon vieil adage voulant qu'on ne prête qu'aux riches – non que j'en aie jamais douté mais bizarrement, une fois que j'ai eu cessé d'être pauvre, je n'ai plus jamais revécu ce type de situation. Il se murmure que de nombreux français ne réclameraient pas à l’État les aides auxquelles ils ont droit pour des raisons demeurant obscures aux grands esprits qui nous gouvernent. Je pense avoir quelques suggestions à leur faire si jamais ils venaient à sincèrement chercher des éclaircissements. Bref. Ce n'est pas le sujet du jour. Le sujet du jour est que j'ai découvert encore plus beau, encore plus fort, encore plus kafka-rien que les susmentionnées administrations. Car qui y-a-t-il de pire, mes ami(e)s, que les administrations publiques, sinon les anciennes administrations publiques que l'on a fracassées à coup de réformes et de semi-privatisations sauvages ? Asseyez-vous confortablement, éteignez vos lumières et laissez-vous baigner par ma douce voix. Ceci est une chronique du Golb à l'ancienne, comme au bon vieux temps des colonies de blogs plagiaires.

Ma voiture est morte. Kaput. Ce sont des choses qui arrivent, même à des gens biens (et même à de bonnes voitures). C'est un tracas du quotidien, cela peut même être un problème, mais en l'occurrence ce ne devrait être ni l'un ni l'autre puisque j'ai un joker imparable dans ma manche : des économies. Un truc que je n'aurais jamais cru posséder un jour, soit dit en passant – il faut croire que ce n'est pas toujours si moche de vieillir. En ma qualité d'ancien pauvre, cependant, je crains d'avoir eu un réflexe de pauvre en plaçant ces économies sur un Livret A de la Poste. J'admets volontiers (il faut savoir se remettre en question) avoir aussi et surtout eu un réflexe de flemme, puisque ce compte préexistant de long auxdites économies, je n'avais pas vu sur le moment d'intérêt à me lancer dans des démarches visant à obtenir quelque chose que je possédais déjà, peu ou prou depuis le jour ma naissance. Je savais bien que La Banque Postale n'avait pas une excellente réputation (ça fait longtemps que je n'ai pas écrit une chronique mais même rouillé, je reste capable de claquer une petite litote), mais je demeure irréversiblement attaché à ce qu'il nous reste de service public. La Poste, ça reste La Poste, enfin ça le devrait. Enfin ça le prétend.

Je me suis pourtant rapidement heurté à une difficulté qui, de fil en aiguille, finit par devenir un mur. En effet, ledit Livret A existant depuis ma naissance, il est domicilié depuis plus ou moins toujours à Frocville-sur-Risle. Malgré pas moins de quatre demandes au fil des ans (chiffre qu'il conviendra bien sûr de multiplier par le temps d'attente au guichet, le nombre de formulaires à remplir et le nombre de feuilles A4 utilisées pour imprimer des justificatifs qui doivent forcément être du papier), ma démarche n'a jamais été prise en compte. Anecdote valant son pesant de cacahuètes, à chaque nouveau passage, le ou la guichetière ne trouvait rien de mieux pour expliquer cette anomalie que de... blâmer mon interlocuteur précédent qui n'avait sans doute pas fait ce qui fallait (ça sent la bonne ambiance de boulot dans les postes de Seine-et-Marne). Le problème n'en avait cependant jamais été réellement un jusqu'ici, puisque n'empêchant fondamentalement aucune opération, mais se contentant de les restreindre en nombre et en montants. Après tout, ce compte avait pour principal objectif d'être alimenté, par vidé. Autant s’accommoder de l'Absurde puisqu'il est par essence impossible à affronter. 

Il n'est sans doute pas utile de préciser que le tragique décès de ma voiture en dépit d'une attitude irréprochable durant toute son existence a, comment dire ? Quelque peu rebattu les cartes. Tout être humain normal (donc probablement pas à La Banque Postale) se serait dit : "Ah mais ça tombe bien, j'ai de l'argent de côté !" Me considérant justement, même si depuis peu, comme un être humain normal, c'est donc courageusement que je bravai le froid hier, armé de mes justificatifs, pour demander pour la cinquième fois le changement de domiciliation de mon compte – avec pour finalité, d'ici quelques jours, de récupérer une partie conséquente de mon argent (je ne me faisais aucune illusion quant aux délais, on parle d'un organisme qui, lorsque vous ouvrez un compte, vous envoie par courrier un code pour y accéder, un autre code pour faire fonctionner l'appli, et un troisième code pour valider le code d'avant (attention avec les figures de style, je vous sens tentés de croire que je teste mes réflexes en matière d'hyperbole : ceci n'en est pas une)). Arrivé triomphalement quoique légèrement tremblotant, 2°C obligent, je m'annonce au guichet (en d'autres termes : je fais la queue durant les trente minutes habituelles, qui doivent bien être en fait règlementaires puisque le temps d'attente est toujours le même,  qu'il y ait deux ou dix personnes devant moi). Je formule ma demande auprès d'une guichetière quelque peu austère (Quel métier difficile, me dis-je, sans la moindre ironie), non sans lui préciser que c'est la cinquième fois que je viens pour la même chose, et que d'ailleurs, je vais probablement pouvoir remplir son formulaire sans les mains. Je la sens interdite, ce que je mets, dans l'instant, sur le compte de mon humour douteux. Las : après quelques (vraies) minutes de (vraie ?) réflexion, elle se résout à prononcer la phrase que toute personne ayant déjà été à un guichet de la Banque Postale a déjà entendue au moins une fois : "Je vais me renseigner auprès d'un conseiller".

Si vous faites parties des heureux élu(e)s n'ayant jamais eu recours aux services LBP, précisons que cette phrase est probablement celle que guichetières et guichetiers prononcent le plus dans une journée. C'est à croire qu'ils ne savent strictement rien de leur métier. Toujours peu amène (mais néanmoins concernée, reconnaissons-le lui) la Dame Austère disparaît durant une bonne dizaine de minutes, ce qui ne m'inquiète pas outre-mesure puisque le temps que l'on passe à un guichet de La Banque Postale avoisine systématiquement les vingt minutes, quelle que soit la nature de la demande. Lors de ma précédente visite, deux messieurs devant moi étaient venus pour faire une procuration pour leur mère, sans doute trop âgée pour se déplacer. Le guichetier, très jeune et pour le coup plutôt réactif, leur avait immédiatement rétorqué : "Ce n'est pas possible, messieurs, on ne peut pas faire une procuration si la personne n'est pas présente physiquement." Et nous sommes d'accord : cela tombe sous le sens, ces deux messieurs n'étaient pas très malins (ai-je cru, avant de comprendre que c'était la quatrième fois qu'ils venaient et que personne, les trois fois précédentes, n'avait jugé bon de leur énoncer cette évidence). Dans un monde normal, les deux messieurs seraient partis, penauds ou un peu fâchés. Ils avaient eu leur réponse, négative mais sans ambiguïté. Ils n'avaient plus rien à faire là. Sauf que le guichetier, sans doute effrayé par sa propre audace, de se reprendre immédiatement : "Attendez, je vais me renseigner auprès d'un conseiller". Les deux messieurs restèrent donc plus de vingt minutes à poireauter pour finalement s'entendre répondre que bah non, en fait – il faudrait qu'ils reviennent avec leur mère. Mais pourquoi ? Pourquoi faire ça aux gens ? J'aurais pu leur dire avant même qu'ils commencent à faire la queue ! Pourquoi avoir fait attendre ces gens vingt minutes ?! 

J'en reviens à ma propre histoire, qui croyez-le n'a pas fini de rebondir. Au bout d'un temps X, revoilà Dame Austère, l'air encore plus grave que son air naturel (c'était donc possible).

"Auriez-vous déjà eu un compte-courant à La Poste, Monsieur ?
— Euh... je ne sais plus, en fait. J'aurais tendance à dire non mais peut-être que si, quand j'étais jeune.
— Parce que l'opération est visiblement bloquée à cause d'une dette.
— D'une dette ?
— Oui. Ou quelque chose comme ça.
— Euh... c'est quoi quelque chose comme une dette ?
— Je ne sais, Monsieur. Votre compte est dans un autre département, donc je n'ai pas accès à ces informations.
— Vos infos ne sont pas nationales ?
— Non.
— Et donc vous ne pouvez rien faire pour moi ?
— Non. Il y a blocage quand nous faisons la demande de transfert. Ce n'est pas à notre niveau.
— Excusez-moi mais au bout de combien de demandes de transfert bloquées vous envisagiez de m'informer qu'il y avait un blocage ? C'est la cinquième fois que je viens, quand même...
— Mes collègues n'ont pas dû gérer le dossier correctement.
— Ok... et donc la suite c'est quoi ? Je dois faire quoi pour... vous aider à surmonter votre blocage ?
— Il faut que vous vous rapprochiez de votre établissement de référence, Monsieur.
— Euh... vous savez à combien d'heures de route il se trouve ? Vous ne pouvez pas les appeler ?...
— Impossible, ce n'est pas le même département, donc ils ne pourront pas nous communiquer les informations. Nous ne pouvons rien faire, il n'y a qu'eux qui peuvent résoudre ce blocage."

On imaginera sans peine le mélange de détresse et de perplexité dans lequel je baignais en rentrant chez moi. Non qu'il m'ait paru totalement impossible d'avoir une vieille dette traînant ici ou là. Une qualité d'ancien pauvre, ça peut vous jouer des tours pendant un moment. Le hic, c'est que je sais aussi qu'en vertu de la Loi Hamon (merci encore Benoît), les créances de particuliers non réclamées durant plus de deux ans sont de facto prescrites. C'est mon travail, de le savoir. Et contrairement aux employés de La Poste, je connais mon travail. Étant entendu que je ne vais pas faire six heures de route aller-retour jusqu'à Frocville-sur-Risle pour m'entendre vraisemblablement répondre que le problème vient de l'agence qui se retrouve à cinq minutes de chez moi (surtout que rappelons-le, ma voiture est morte), je décide donc d'appeler, tout en sachant pertinemment que ce sera plus facile à dire qu'à faire puisque l'on ne peut plus appeler les directement les bureaux de Poste depuis des années. Je parviens néanmoins, en jouant de mon charme fou-ouh-ouh, à obtenir au 36 39 une information capitale : mon Livret A n'est pas domicilié à Frocville-sur-Risle, mais à TrouNormand-sur-Seine. Endroit dont je ne saurais pas vous situer le bureau de poste, puisque je n'y ai jamais fichu le moindre orteil. Qu'importe : j'avais déjà pu le constater par le passé, au 36 39, ils sont nettement plus sympas que dans les bureaux. C'est sans difficulté que j'obtiens le numéro de ma conseillère, dont j'apprends par la même occasion l'existence, le nom, et qu'elle est en vacances. Aucun souci : je peux appeler sa collègue Mme JAIUNNOMTROPNORMANDPOURÊTREHONNÊTE, qui me répond à la première sonnerie. En dépit de son imbitable patronyme, elle s'avère charmante, quoique fort perplexe elle aussi quant à ma situation. En effet m'explique-t-elle, j'ai bien eu brièvement un compte courant à La Poste, mais elle n'a aucune trace d'une quelconque créance me concernant, tout au plus un vague découvert à deux balles remontant à 2006 (!), ce qui ne serait de toute façon aucunement bloquant pour transférer un Livret A, soit une simple manip informatique pouvant être... forcée en cas de blocage. Bref, Mme JESUISTROPSYMPA, sans accabler ses collègues, me fait bien comprendre qu'on est en train de me balader. D'autant que, précise-t-elle, seuls les conseillers (ces gens qui renseignent tout le monde dans l'ombre mais qu'on ne voit jamais) sont habilités à valider la demande – conséquence de quoi, on aurait dû dès le départ m'adresser à un ou une conseillère plutôt que de me faire poireauter à chaque fois pendant deux plombes. Elle me confirme au passage que je n'aurais jamais dû avoir besoin de l'appeler puisque leurs infos sont nationales, mais ça, je m'en doutais déjà un peu.

Regonflé par cet échange, je repars donc plus de belle au bureau le plus proche. Il fait toujours 2°C, mais cette fois-ci, je suis bien décidé à ne pas me laisser faire et compte bien sur les trente minutes d'attente règlementaire pour laisser la pression atteindre son maximum. Ma Voix qui fait peur est prête. Ma Voix du travail. Ma Voix que même ma femme a peur d'entendre. Pas de bol : quand j'arrive, il n'y a pas un chat et le guichetier qui m'accueille, littéralement, c'est Ncuti Gatwa. J'ai bien conscience que vue de certains milieux cette remarque est probablement et raciste et homophobe, mais c'est la première chose à laquelle j'ai pensée : Je ne vais pas pouvoir faire Ma Voix sur Ncuti Gatwa. Par contre, j'ai bien décidé de le faire chier. Futur Doctor ou pas.


Je lui réexplique ma problématique, qu'il accueille avec sourire, bienveillance et une petite pointe d'humour pas désagréable, mais je sens néanmoins que tout cela ne va pas nous emmener très loin. Quatre minutes plus tard, l'inévitable se produit : "Attendez : je vais me renseigner auprès d'un conseiller". Mon problème doit être pris au sérieux car Ncuti s'absente vraiment un long moment. Tellement long que j'ai le temps d'appeler deux fois ma mère dans l'intervalle. Je sais cependant à sa mine, lorsqu'il revient, qu'enfin, mon problème va être réglé.

Je sais, je suis vraiment con, des fois.

"Ok, Monsieur. On ne peut rien faire.
— Euh...
— Le problème vient de l'agence de TrouNormand-sur-Seine. On vient de réessayer avec le conseiller et quand on le fait, ça bloque.
— Mais je viens de les appeler et ils viennent de me dire qu'il n'y avait aucun problème pour eux. Ils ne bloquent rien du tout.
— Ah mais c'est normal ça, c'est parce qu'il ne peuvent pas le voir.
— Comment ça ils ne peuvent pas le voir ? Vous m'avez dit que ça venait de chez eux.
— Oui mais c'est nous qui voyons le blocage quand nous faisons l'opération, pas eux.
— Mais pourquoi vous m'avez dit de les contacter, alors ?
— Attendez, je vais me renseigner auprès d'un conseiller."

Je déconne, il n'est pas allé voir le conseiller une deuxième fois. En revanche, moi, j'ai tout de même demandé à le voir.

"C'est uniquement sur rendez-vous mais, Monsieur, cela ne sert à rien. Comme je vous le disais, nous ne pouvons rien faire. Nous n'avons pas la main là-dessus.
— Mais qui a la main là-dessus, alors ?
— Il faut que vous contactiez le Service Trucs Relous.
— Ok : appelons-les tout de suite.
— On ne peut pas les contacter par téléphone, désolé. Il faut leur envoyer un mail. Ils répondent généralement sous 48 heures, sachant tout de même qu'ils ne sont ouverts que le matin (petite moue désolée).
— Mais je leur envoie un mail pour leur dire quoi ? C'est quoi leur fonction ? A part d'être l'adresse mail que vous donnez aux clients quand vous ne savez vraiment plus quoi répondre ?
— (il rit) Ils peuvent résoudre les problèmes relatifs aux créances. Sous réserve, bien sûr, que vous puissiez leur communiquer le numéro du compte concerné.
Doctor Monsieur... est-il vraiment nécessaire que je vous précise que je n'ai pas le numéro du compte concerné ? Je viens de vous expliquer que jusqu'à il y a deux heures, je ne me rappelais même pas de son existence.
— Le bureau de TrouNormand-sur-Seine devrait pouvoir vous le communiquer.
— Vous êtes sérieux, là ?
— Oui, très sérieux, Monsieur. Je suis désolé. Je ne peux rien faire de plus. Je n'ai pas accès à ces informations. Vous avez une dette qui...
— Non. Je n'ai pas de dette.
— Eh bien...
— Vous et vos collègues m'avez tellement mis en attente aujourd'hui que j'ai eu le temps de faire une demande auprès de la Banque de France et d'obtenir la réponse. Ils n'ont jamais entendu parler de moi.
— Vous n'êtes pas fiché, mais cela ne signifie pas que n'avez pas de dette.
— Qui traînerait depuis quinze ans et ne m'aurait jamais été réclamée ? Alors même que dans l'intervalle j'ai fait transiter des milliers d'euros sur un Livret A dans la même banque ? Vous vous moquez de moi ?
— Je ne me permettrais pas, Monsieur. Mais je sais d'expérience que ce n'est pas impossible.
— Excusez-moi, ce n'est pas contre-vous, mais est-ce que vous avez déjà entendu parler de la Loi de Consommation ? De la prescription des créances, factures, etc. ?
— Je ne suis pas vraiment au courant, Monsieur, ce n'est pas mon travail. Je suppose cependant, si j'ai bien compris ce dont il s'agit, que la prescription de la créance n'empêche pas que vous restiez fiché quelque part chez nous.
— Enfin chez eux, à TrouNormand-sur-Seine.
— Oui, pardon : chez eux.
— Qui m'ont donc confirmé que je n'avais aucune dette dans leur fichier.
— Voilà.
— Vous savez que ce que vous dites n'a aucun sens ?
— Vous savez, tous les établissements bancaires ont leurs propres procédures (il semble à la limite de l'excitation en disant cela. Et d'accord : là, c'est une hyperbole).
— Ok. Soit. Excusez-moi la phrase un peu cliché, je sais bien que vous êtes Ncuti Gatwa et que vous êtes en passe de devenir la personne la plus cool du monde, mais on est quand même d'accord que l'argent sur le compte, là, il est à moi ?
— Bien sûr, Monsieur ! Personne n'oserait dire le contraire !
— Donc si je comprends bien, j'envoie un mail à ce Service Trucs Relous, après avoir récupéré le numéro du compte "problématique".
— Exactement.
— Que vous ne pouvez pas me donner, bien sûr ?
— Hélas, non. C'est dans un autre départe...
— Et ce service va résoudre mon problème.
— Normalement.
— Comment ça normalement ?
— Si c'est bien le problème, ils vont le résoudre à coup sûr.
— Attendez, M. Gatwa... vous êtes en train de me dire que vous n'êtes pas sûr que ce soit ça le problème ?
— Comme je vous l'expliquais, le problème n'est pas chez nous, nous n'avons donc pas de visibilité sur sa véritable nature.
— M. Gatwa, je n'ai pas envie de hausser le ton mais c'est déjà la sixième fois que je viens pour la domiciliation de mon compte et cette histoire a occupé l'essentiel de ma journée. Vos collègues et vous-mêmes m'avez tellement inquiété que j'ai fait la démarche de consulter La Banque de France, chose que je n'aurais jamais cru faire un jour. Et là vous me dites le plus sérieusement du monde qu'en fait vous n'êtes pas sûr du problème ?
— ...
— Je n'aime pas du tout devoir faire ce type de précision, mais sachez tout de même que mon métier est de gérer un service de réclamations de clients et de téléspectateurs de Doctor Who consommateurs. Donc je vais vous demander une chose et vous allez me répondre, clairement, par oui ou par non : est-ce que vous êtes en mesure de me donner une preuve concrète, factuelle, écrite que le blocage dont on m'a parlé toute la journée provient d'une dette ?
— Non.
— Mais vous me renvoyez néanmoins vers un service qui s'occupe de gérer les problèmes de dettes.
— Oui.
— Rassurez-moi, je ne suis pas le seul à voir le problème ?
— Je comprends, Monsieur.
— Non, je ne crois pas que vous compreniez. Vous compatissez, ça je le crois volontiers – c'est bien le minimum quand on prétend devenir le Doctor. Mais me comprendre, je n'en suis pas certain.
— Je peux, si vous le souhaiter, aller me renseigner auprès d'un conseiller.
— Je vous remercie, ça ira. Au point où nous en sommes, je pense que j'aurai aussi vite fait de clore ce compte.
— Si je peux me permettre, Monsieur, rien n'est moins sûr. En effet, pour cloturer un Livret A, il faut personnellement vous déplacer dans le bureau où il est domicilié.
— Non.
— Je vous demande pardon ?
— Non, c'est faux. On peut le faire par recommandé. Ça fait des années qu'il n'est plus nécessaire de se déplacer physiquement.
— (moue dubitative) Vous êtes sûr, Monsieur ?
— Oui. Mais dans le doute, il serait sans doute préférable que de vous renseigner auprès d'un conseiller.

8 commentaires:

  1. Ça devrait être une blague et ça fait peur de penser que ce n'en est pas une 🙄

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    1. Signé yueyin btw

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    2. Signé yueyin btw

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    3. Merci pour ces mots de compassion mais apparemment plus personne n'arrive à poster de commentaire sur Le Golb, non plus ? Je précise que celui-ci n'est pas hébergé par La Poste :-()

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  2. Ton article est si drôle et en même temps je compatis tellement ! Sache que nous avons lors de l'achat de notre appart basculé temporairement sur une assurance habitation à la BP et que nous avons actuellement quelques dégâts des eaux mineurs quoique inquiétants (imagine, il y en a un menaçant au dessus de mes vinyles). Et bien nous (enfin surtout ma femme, mais moi aussi par ricochet) sommes dans une situation assez croustillante aussi...
    (sinon j'ai longtemps été à la caisse d'épargne et dans le genre banque où tu peux rien faire sans te présenter au guichet où t'as ouvert le compte même si t'habites desormais à 500 bornes ca se pose la... J'ai du faire des procurations à ma mère jusqu'à un age avancé...)

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    1. Je t'ai déjà répondu en privé mais je te renouvelle mes vœux de bon courage (et n'hésite pas à m'appeler si tu as besoin de conseils).

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