Il y a dix ans presque jour pour jour paraissait Antipop, phénoménal album de funk-metal-core accueilli - si mes souvenirs sont bons - pour le moins fraîchement par la critique n'y voyant qu'une redite efficace des incontournables Frizzle Frie (1990) ou Pork Soda (1993). On ignorait alors que cet album gorgé de guests (Tom Morello, James Hetfield, Jim Martin, Matt Stone...) deviendrait un classique, beaucoup parlaient tout au plus d'album de transition... transition vers quoi, on n'a jamais trop su : Antipop était également destiné à être l'ultime album d'un des groupes les plus barges (et donc les plus marquants) des années quatre-vingt-dix.
Depuis lors, force est de reconnaître que le psychopathe Les Claypool avait été relégué par beaucoup au rang de souvenir d'une époque révolue où les grands barjos du rock étaient encore de gros vendeurs. Prisonnier de l'underground, prisonnier de sa légende, Claypool a surtout essayé ces dix dernières années de devenir Mike Patton, suivant la même voie tortueuse en multipliant les projets (avec Oÿsterhead, The Frog Brigade ou en solo) et en collaborant avec la terre entière - à commencer par bien sûr par son vieux copain Tom Waits (dont il fut le bassiste "officiel" de 1991 à 2000, et qu'il retrouvait en 2004 sur l'excellent Real Gone).
Or Tom Waits... c'est bien la première référence qui vient lorsque retentit l'étrange "Mushroom Men", ouverture pour le moins percutante d'un quatrième album solo que plus personne n'attendait tant les précédents avaient déçus, Of Whales & Woe le montrant il y a trois ans coincé dans un schéma jazz-metal dont les relents prog, sans toutefois sombrer dans le pompier, n'avaient rien de très excitants. Qu'on se rassure : si cette nouvelle livraison porte quasiment le même titre (Of Fungi & Foe), elle nous plonge dans un univers totalement différent... et surtout tout à fait singulier - ce qui constitue sans doute la meilleure nouvelle de l'année : Les Claypool est redevenu cet artiste unique auquel une génération entière (la mienne) voua un véritable culte. Mieux : il l'est redevenu qui plus est en prenant des risques, ce qui ne lui était plus arrivé depuis des lustres (c'est d'ailleurs ce qui jusqu'ici l'avait toujours empêché d'être Mike Patton à la place de Mike Patton). Et quels risques ! Aussi dingue que ça puisse paraître... le plus grand bassiste vivant a tout simplement décidé de délaisser sa basse.
Non qu'elle soit désormais absente (elle fait notamment des merveilles sur "Bonneville Stomp") ; simplement Claypool a cessé sur ce disque de composer à partir d'elle, a renoncé à en faire l'instrument prédominant de sa musique... idée on ne peut plus inspirée tant celle-là semblait en grande partie responsable de cul-de-sac funky dans lequel le songwriter s'était enfermé depuis Antipop. Le plus drôle étant que pour autant, Of Fungi & Foe n'en est pas moins funky - c'est peut-être même l'album le plus funky que Claypool ait enregistré à ce jour. Simplement le funk et le groove sont ici présents non en tant qu'eux-mêmes, mais en tant qu'illustrations d'un univers baroque et dionysiaque égaré quelque part entre les titres les plus barrés de Tom Waits et L'Etrange Noël de Mr Jack... qui d'ailleurs sont déjà, à la base, assez proches l'un des autres.
Et ainsi au fil des écoutes Of Fungi & Foe se révèle-t-il peu à peu - dans le bon sens du terme. Bizarrement, alors que le côté percus & western possède sur le papier tout pour lasser, c'est tout à fait le contraire qui se produit : on y rentre un peu plus à chaque écoute, se demandant progressivement si l'on ne tient pas là l'un des meilleurs albums de l'année. Puissant, inventif... et bien sûr complètement foufou furieux. Merde alors... Claypool de retour au top ! Manquait plus que ça...
Depuis lors, force est de reconnaître que le psychopathe Les Claypool avait été relégué par beaucoup au rang de souvenir d'une époque révolue où les grands barjos du rock étaient encore de gros vendeurs. Prisonnier de l'underground, prisonnier de sa légende, Claypool a surtout essayé ces dix dernières années de devenir Mike Patton, suivant la même voie tortueuse en multipliant les projets (avec Oÿsterhead, The Frog Brigade ou en solo) et en collaborant avec la terre entière - à commencer par bien sûr par son vieux copain Tom Waits (dont il fut le bassiste "officiel" de 1991 à 2000, et qu'il retrouvait en 2004 sur l'excellent Real Gone).
Or Tom Waits... c'est bien la première référence qui vient lorsque retentit l'étrange "Mushroom Men", ouverture pour le moins percutante d'un quatrième album solo que plus personne n'attendait tant les précédents avaient déçus, Of Whales & Woe le montrant il y a trois ans coincé dans un schéma jazz-metal dont les relents prog, sans toutefois sombrer dans le pompier, n'avaient rien de très excitants. Qu'on se rassure : si cette nouvelle livraison porte quasiment le même titre (Of Fungi & Foe), elle nous plonge dans un univers totalement différent... et surtout tout à fait singulier - ce qui constitue sans doute la meilleure nouvelle de l'année : Les Claypool est redevenu cet artiste unique auquel une génération entière (la mienne) voua un véritable culte. Mieux : il l'est redevenu qui plus est en prenant des risques, ce qui ne lui était plus arrivé depuis des lustres (c'est d'ailleurs ce qui jusqu'ici l'avait toujours empêché d'être Mike Patton à la place de Mike Patton). Et quels risques ! Aussi dingue que ça puisse paraître... le plus grand bassiste vivant a tout simplement décidé de délaisser sa basse.
Non qu'elle soit désormais absente (elle fait notamment des merveilles sur "Bonneville Stomp") ; simplement Claypool a cessé sur ce disque de composer à partir d'elle, a renoncé à en faire l'instrument prédominant de sa musique... idée on ne peut plus inspirée tant celle-là semblait en grande partie responsable de cul-de-sac funky dans lequel le songwriter s'était enfermé depuis Antipop. Le plus drôle étant que pour autant, Of Fungi & Foe n'en est pas moins funky - c'est peut-être même l'album le plus funky que Claypool ait enregistré à ce jour. Simplement le funk et le groove sont ici présents non en tant qu'eux-mêmes, mais en tant qu'illustrations d'un univers baroque et dionysiaque égaré quelque part entre les titres les plus barrés de Tom Waits et L'Etrange Noël de Mr Jack... qui d'ailleurs sont déjà, à la base, assez proches l'un des autres.
Et ainsi au fil des écoutes Of Fungi & Foe se révèle-t-il peu à peu - dans le bon sens du terme. Bizarrement, alors que le côté percus & western possède sur le papier tout pour lasser, c'est tout à fait le contraire qui se produit : on y rentre un peu plus à chaque écoute, se demandant progressivement si l'on ne tient pas là l'un des meilleurs albums de l'année. Puissant, inventif... et bien sûr complètement foufou furieux. Merde alors... Claypool de retour au top ! Manquait plus que ça...
👍👍 Of Fungi & Foe
Les Claypool | Prawn Song, 2009
C'est clair que depuis "Antipop", le père Les était pas perdu pour la cause, m'enfin peinait à proposait qqch d'excitant.
RépondreSupprimerPar contre, écrire qu'"Antipop" (que j'aime beaucoup au demeurant) soit devenu un classique au fil du temps... mouais, je ne sais pas là.
En dépit de ses qualités, je me demande si finalement "Antipop" ne vaut-il pas simplement son titre de classique du fait qu'il s'agisse simplement du dernier LP de Primus et aussi le dernier enregistrement marquant de Les. Je me pose la question.
Par contre (hé hé hé), c'est voulu le fait que tu es omis parmi les guests d'"Antipop" le flan Fred Durst? :P
Au passage, je ne peux pas lire le morceau que propose deezer :(
Deezer, je t'aime...
RépondreSupprimerCa devrait aller mieux.
Sinon pour revenir à ton commentaire (parce que pour une fois que tu prends la peine de faire un com' ayant un lien avec l'article je vais quand même répondre), c'est bien entendu tout à fait volontairement que j'ai oublié Fred Durst... enfin : que je l'ai occulté pendant des années, plutôt, car je ne me souvenais même plus qu'il y était (je crois qu'on appelle ça le déni :-)
RépondreSupprimerFaut vraiment que je l'écoute... ;-)
RépondreSupprimerMerci Thom!
merci alors pour la vidéo!
RépondreSupprimerEt pis, vi je me doutais bien que le boulet Durst n'était pas un oubli mais un déni XD
SysT >>> de rien...
RépondreSupprimerDoc >>> note qu'en 99, Durst était très hype. Pas sûr qu'il aurait été invité en 2005, quand il a été acquis pour tout le monde que c'était juste un gros beauf au cerveau aussi vide que ses albums d'après 99...
comme le doc, je ne suis pas d'accord pour considérer "antipop" comme un classique. D'aileurs les disques post "tales from the punchbowl" sont quand même un niveau en dessous. Je ne connais d'ailleurs personne qui considère "antipop' comme un classique ou même un grand disque de Primus.
RépondreSupprimerSur sa carrière solo, j'ai quand même pris une grosse claque avec le "live frogs et 1" (malgré le chant vraiment limite par moment)
Et ce dernier est clairement son meilleur disque studio. Déçu tout de m^me par la collaboration avec le gars de Gogol Bordello
Et merci pour la vidéo...
Ah si, j'assure... je connais pas mal de gens pour qui Antipop fait figure de classique. Live Frogs est effectivement très bon... mais en même temps c'est un live, constitué pour moitié de reprises qui plus est (bon ok : il y en a que deux... mais mises bout à bout elles font une bonne demi-heure, sur une heure d'album :-)
RépondreSupprimerDébat sur Antipop...
RépondreSupprimerPour en revenir à cet album, c'est un super album! Mais si j'ai toujours du plaisir à le lancer, je ne l'écoute que rarement jusqu'au bout... Une sorte de répétitivité sur la longueur.
Malgré ce défaut (de mon coté), ca reste un tout bon album de ce début 2009.
PS : il est vrai qu'on pense à Tom Waits dés le début, c'est marquant!
Anonyme!! GGGRRRR!
RépondreSupprimer(ca c'est un test pour mes prochains commentaires)
Ah ah :-)
RépondreSupprimerJe crois que tout le monde s'est fait avoir au moins une fois.
Concernant l'album... moi c'est exactement l'inverse. Je l'écoute rarement, mais par contre toujours en entier. D'ailleurs sortis individuellement au hasard de mon lecteur MP3 j'ai tendance à trouver les morceaux assez lourds. Comme quoi...
On a un rapport différent avec cet album. Mais une chose semble clair, il lui manque quelque chose pour être parfait à nos yeux.
RépondreSupprimerEn ce qui me concerne, je trouve que quelques invités aurait diversifié cet album et lui aurait permis de gagner les quelques derniers lauriers le plus dur à aller chercher.
En comparaison à un groupe que j'écoute beaucoup en ce moment - secret Chiefs 3 - (découvert fort tard mais heureusement grâce à Nyko), groupe qui possède également une technique énorme, un style personnel qui ne répond pas aux stéréotypes classiques, la différence entre les deux, c'est la diversité, les changements, la prise de risque (même si c'est pas toujours réussis) chez SC3, et ca, j'adore. Alors que pour Les Claypool, ca ne me surprend qu'au début. Dommage.
FONZI
FONZI
RépondreSupprimerCa marche pas "Nom/Url" (rire)...
en plus, j'avais écris une tartine et j'ai du recommencer... donc j'ai fait un résumé (au dessus de 10.000 caractères, ca fait comme si c'était un bug mais en fait, c'est de la censure!!! pour abus de liberté d'expression)
C'est marrant pour moi ça marche très bien NOM/URL ;-)
RépondreSupprimerC'est certain qu'Of Fungi & Foe, finalement, décline un même concept sonore du premier au dernier titre. Avec le recul, je le vois plus comme un disque d'ambiance (baroque), c'est d'ailleurs souvent comme ça que je l'écoute. D'ailleurs l'effet de surprise doit beaucoup au fait que ce soit un album de Les Claypool en 2009 - Claypool dont on avait perdu l'habitude qu'il se montre ambitieux et dont on était en droit de supposé qu'il était totalement perdu pour la créativité. Le même disque publié par SC3 (et plus encore par Tom Waits) aurait été extrêmement décevant.
(et c'est bien vrai que SC3 sont capables du meilleurs comme du pire...)
200 % d'accord!
RépondreSupprimerIl serait dommage de ne pas citer l'excellent projet "Colonel Claypool Bucket of Bernie Brains", réunissant de véritables pointures de la musique !
RépondreSupprimerEt une belle bande d'allumés, aussi :-)
RépondreSupprimer