Jeune qui nous lit, apprends une chose : le plus grand groupe grunge de tous les temps n'était pas Nirvana. Ni Pearl Jam (c'te blague). Le plus grand groupe de grunge de tous les temps c'était bien sûr, bien entendu... évidemment Alice In Chains. Le groupe hanté de Jerry Cantrell et Layne Staley, auteur d'une poignée d'albums arrachés aux ténèbres de l'addiction. Alice et son metal racé, Alice et son amour immodéré pour Black Sab' autant que pour Joy Division, Alice et son psychédélisme blafard. Alice et Dirt, bien sûr, peut-être l'album le plus fondamental du grunge - quoique paru longtemps après la bataille de Seattle. Alice qui trois albums et deux EPs durant n'eut de cesse de repousser les limites du style auquel on cherchait à le cantonner, louchant vers le glam, la folk et même l'indus... avant d'exploser en plein vol avec son chanteur incontrôlable, héros romantique et paumé qui fit bien pire que mourir : durant les dernières années de sa vie Staley, complètement sec et incapable de pondre une ligne, se replia sur lui-même jusqu'à disparaître de la circulation. En somme : Syd Barret et Kurt Cobain dans le même bonhomme - le rock'n'roll dans tous ce qu'il a de plus tragique et pitoyable à la fois.
Layne Staley est mort au printemps 2002, mais Alice avait déjà disparu de la circulation depuis pas mal d'années alors. Les dernières sessions d'enregistrement du groupe remontaient à 1998 et s'étaient achevées au bout de deux titres. Même pas besoin d'annoncer officiellement le split ; il suffit à Jerry Cantrell de laisser comprendre implicitement que son premier album solo (le méconnu Boggy Depot) devait être à l'origine le quatrième Alice In Chains (*) pour que tout le monde déduise à juste titre que même les membres du groupe avaient fini par renoncer, qui devinrent rapidement has-been avant de complètement disparaître de la circulation. Au début des années 2000 et alors qu'il venait de publier un second opus étonnamment bon, le plus grand guitariste de sa génération en était même réduit à ouvrir pour Nickelback. On a rarement vu chute de popularité si violente, d'autant qu'Alice n'a jamais été la seule propriété de son torturé chanteur - c'est au contraire l'adéquation parfaite entre Staley et Cantrell (véritable Jagger & Richards du grunge) qui faisait tout son talent.
On n'est donc pas vraiment étonné de voir le quatuor devenu trio refaire surface aujourd'hui. Il y avait sans doute trop de factures à payer, et Cantrell n'avait d'ailleurs jamais caché qu'il voulait continuer Alice In Chains quoiqu'il advienne (cette fidélité inconditionnelle au groupe explique notamment le fait qu'il n'ait jamais officiellement splitté, alors même que dès 1996 il était évident pour tout le monde qu'AIC n'existait plus). A défaut d'être réjouissante, l'idée pouvait être acceptable. Tout au plus étions-nous légitimement en droit de nous interroger quant à ce que le groupe pourrait bien avoir à raconter.
Mais ça, c'était avant. Avant que le trio ne commette l'irréparable. L'erreur qui fait qu'après avoir passé tant d'années à les respecter malgré leur silence radio, on est soudain saisi aujourd'hui d'une envie de leur cracher à la gueule. Recruter un nouveau chanteur. Comment ont-ils osé ? Si encore ils avaient embauché l'un des nombreux vocalistes ayant participé avec eux aux concerts hommages à Staley, Phil Anselmo ou Mark Lanegan... on aurait pu le comprendre, ils étaient des amis de longues dates et des artistes suffisamment accomplis pour apporter quelque chose au débat. Mais le second couteau William DuVall ? De qui se moque-t-on ? Dès la première écoute de ce navrant nouvel album il est évident que DuVall n'a ni le talent ni les épaules. Onze morceaux durant, le nouveau venu ne fait que se ridiculiser en essayant de singer purement et simplement Staley. C'est d'autant plus stupide que sa présence n'était en rien une nécessité - Cantrell était tout aussi légitime pour prendre le micro (il chantait déjà sur beaucoup de standards du groupe). Paradoxalement, si Alice In Chains s'était contenté de continuer sous forme de trio... on aurait sans doute pu l'accepter. Mais le but, sans doute, n'était pas de continuer. Preuve en est qu'alors que les trois premiers albums traçaient un sillon évident, presque logique... Black Gives Way to Blue se contente d'essayer de refaire Dirt avec quinze ans de plus - et une grande voix en moins.
Fort logiquement, le résultat est bêtement médiocre. Malgré tous les efforts de DuVall Alice In Chains n'est même pas parvenu à publier un album atrocement mauvais, juste un truc inutile, accessoire, superficiel et à peine plus intéressant que le come-back des Guns'N'Roses. Si douleur il y a, c'est surtout celle du fan qui se fait dépiauter ses souvenirs à coup de power-chords ringards et de riff éculés. Plus metal que jamais, la musique d'Alice In Chains n'a surtout jamais parue aussi pauvre et désincarnée. Les plus âgés, ceux qui se souviennent de la présence terrifiante du groupe lorsqu'il entonnait "Angry Chair", de cette sensation que le Diable en personne était la pièce... ceux-là ne pourront que s'étouffer d'horreur (ou de rire) en entendant "Private Hell" - qui loin de rendre hommage à Staley (comme il le veut sans doute) se contente de le parodier. Tout est du même tonneau : du post-grunge parfois couillu ("Check My Brain"), le plus souvent vain et démonstratif ("A Looking in the View"). Et quand résonne "Last of My Kind"... c'est carrément l'hilarité qui parcourt l'auditeur.
"Last of My Kind"... fallait oser, quand même. Ce sont les deux Mark (Arm et Lanegan) qui ont dû rire en entendant ça...
Layne Staley est mort au printemps 2002, mais Alice avait déjà disparu de la circulation depuis pas mal d'années alors. Les dernières sessions d'enregistrement du groupe remontaient à 1998 et s'étaient achevées au bout de deux titres. Même pas besoin d'annoncer officiellement le split ; il suffit à Jerry Cantrell de laisser comprendre implicitement que son premier album solo (le méconnu Boggy Depot) devait être à l'origine le quatrième Alice In Chains (*) pour que tout le monde déduise à juste titre que même les membres du groupe avaient fini par renoncer, qui devinrent rapidement has-been avant de complètement disparaître de la circulation. Au début des années 2000 et alors qu'il venait de publier un second opus étonnamment bon, le plus grand guitariste de sa génération en était même réduit à ouvrir pour Nickelback. On a rarement vu chute de popularité si violente, d'autant qu'Alice n'a jamais été la seule propriété de son torturé chanteur - c'est au contraire l'adéquation parfaite entre Staley et Cantrell (véritable Jagger & Richards du grunge) qui faisait tout son talent.
On n'est donc pas vraiment étonné de voir le quatuor devenu trio refaire surface aujourd'hui. Il y avait sans doute trop de factures à payer, et Cantrell n'avait d'ailleurs jamais caché qu'il voulait continuer Alice In Chains quoiqu'il advienne (cette fidélité inconditionnelle au groupe explique notamment le fait qu'il n'ait jamais officiellement splitté, alors même que dès 1996 il était évident pour tout le monde qu'AIC n'existait plus). A défaut d'être réjouissante, l'idée pouvait être acceptable. Tout au plus étions-nous légitimement en droit de nous interroger quant à ce que le groupe pourrait bien avoir à raconter.
Mais ça, c'était avant. Avant que le trio ne commette l'irréparable. L'erreur qui fait qu'après avoir passé tant d'années à les respecter malgré leur silence radio, on est soudain saisi aujourd'hui d'une envie de leur cracher à la gueule. Recruter un nouveau chanteur. Comment ont-ils osé ? Si encore ils avaient embauché l'un des nombreux vocalistes ayant participé avec eux aux concerts hommages à Staley, Phil Anselmo ou Mark Lanegan... on aurait pu le comprendre, ils étaient des amis de longues dates et des artistes suffisamment accomplis pour apporter quelque chose au débat. Mais le second couteau William DuVall ? De qui se moque-t-on ? Dès la première écoute de ce navrant nouvel album il est évident que DuVall n'a ni le talent ni les épaules. Onze morceaux durant, le nouveau venu ne fait que se ridiculiser en essayant de singer purement et simplement Staley. C'est d'autant plus stupide que sa présence n'était en rien une nécessité - Cantrell était tout aussi légitime pour prendre le micro (il chantait déjà sur beaucoup de standards du groupe). Paradoxalement, si Alice In Chains s'était contenté de continuer sous forme de trio... on aurait sans doute pu l'accepter. Mais le but, sans doute, n'était pas de continuer. Preuve en est qu'alors que les trois premiers albums traçaient un sillon évident, presque logique... Black Gives Way to Blue se contente d'essayer de refaire Dirt avec quinze ans de plus - et une grande voix en moins.
Fort logiquement, le résultat est bêtement médiocre. Malgré tous les efforts de DuVall Alice In Chains n'est même pas parvenu à publier un album atrocement mauvais, juste un truc inutile, accessoire, superficiel et à peine plus intéressant que le come-back des Guns'N'Roses. Si douleur il y a, c'est surtout celle du fan qui se fait dépiauter ses souvenirs à coup de power-chords ringards et de riff éculés. Plus metal que jamais, la musique d'Alice In Chains n'a surtout jamais parue aussi pauvre et désincarnée. Les plus âgés, ceux qui se souviennent de la présence terrifiante du groupe lorsqu'il entonnait "Angry Chair", de cette sensation que le Diable en personne était la pièce... ceux-là ne pourront que s'étouffer d'horreur (ou de rire) en entendant "Private Hell" - qui loin de rendre hommage à Staley (comme il le veut sans doute) se contente de le parodier. Tout est du même tonneau : du post-grunge parfois couillu ("Check My Brain"), le plus souvent vain et démonstratif ("A Looking in the View"). Et quand résonne "Last of My Kind"... c'est carrément l'hilarité qui parcourt l'auditeur.
"Last of My Kind"... fallait oser, quand même. Ce sont les deux Mark (Arm et Lanegan) qui ont dû rire en entendant ça...
👎 Black Gives Way to Blue
Alice In Chains | Virgin, 2009
(*) Tous les membres du groupe à l'exception de Staley jouent d'ailleurs dessus... ...
Jamais été très Alice in Chains (trop metal pour moi sûrement). Alors bon.
RépondreSupprimerAh Alice in Chains... Leur immense unplugged, écrasant sans contestes celui de Nirvana... et c'est vrai que Boggy Depot était très bon aussi.
RépondreSupprimerPassons notre chemin, alors, dommage la pochette était tentante...
Ah je l'attendais cette chronique! J'ai pas été déçu lol
RépondreSupprimerVoyant qu'il est sur deezer, je sais ce qu'il me reste à faire. Au final, si on met de côté l'incompréhension voire la rancoeur du fan, c'est un album pas mauvais mais qui n'apporte rien donc? Du coup, le 2/6 parait justifié.
J'écoute la chose et après je te dirai mes impressions (déjà le titre que tu proposes n'apporte rien,je confirme... pour "A Looking in view", je dois confesser honteusement que ma nostalgie m'a empêchée d'avoir une oreille critique... désolé lol)
C'est vrai que le morceau en écoute a un sacré air de déjà entendu...
RépondreSupprimerDisons que c'est ce qu'on appelle de la musique zombie...
RépondreSupprimerAprès écoute, mon tarif sera le même: 2/6
RépondreSupprimerpas mauvais en soi, loin de là, mais n'apporte rien, pire par moment on vire l'auto plagiat.
Triste
pour ma part, je vais faire comme si ce disque n'existait pas
RépondreSupprimerJe ne veux même pas écouter, je te fais confiance. Le coda d'Alice in chains est pour moi Above, le premier et dernier album de Mad season, sans Cantrell, avec Lanegan...
RépondreSupprimerMaintenant, qu'ils embauchent le fils de Sammy Hagar, janérinnafout', je ne leur ferai même pas le plaisir de leur pirater. pour la peine, je me remets Sludge factory pour la peine.
Doc >>> oui, voilà, triste. Au moins pour ça ils sont égaux à eux-mêmes, mais ce n'est pas le même genre de tristesse...
RépondreSupprimerKlak >>> c'est sans doute mieux ainsi...
Christophe >>> euh... oui... enfin Above...
Béotien.
RépondreSupprimerJe n'ai rien d'un béotien. J'adore cet album, là n'est pas la question. C'est juste que ce n'est pas un disque d'AIC, encore moins "le coda" du groupe...
RépondreSupprimerEn tout cas, les webzines (et la presse?) sont toujours autant prévisibles. Le dernier AiC est encensé. Aucune réserve même minimum...
RépondreSupprimerC'était un des rares groupes "grunge" que j'aimais. Je ne me suis cependant pas jeté sur cet album, que j'avais, autant le dire, jugé avant même de l'entendre. Le revival grunge, non merci.
RépondreSupprimerBBB.
1- Objectivation : du side project comme élément constitutif d'une œuvre collective
RépondreSupprimerEt en quoi ce coda devrait-il être signé d'AIC pour être ressenti comme le coda pour AIC ?
Si coda te gêne, les points de suspension finaux seront-ils plus appropriés ? Staley a mis dans Above des choses intéressantes, différentes d'AIC, mais qui en constituent un contrepoint très cohérent, en tout cas qui me convenait très bien dès 95 comme une suite logique (ou une parenthèse cohérente à l'époque). "Après Above, tout peu s'arrêter pour AIC" (Richard Sanderson).
C'est comme si tu disais que l'album solo de Mark Hollis en 98 n'est pas partie prenante du travail entrepris avec Spirit of Eden et continué avec Laughing Stock.
Et le dernier bon Supertramp, ça serait-il pas In the eye of the storm commis solo par Hodgson alors que Davies pondait le merdique Canonball ? (oui, je sais, je tape dans la musique élitiste, c'est mon petit côté les oreilles en pointe ça)
2- Subjectivation : et mon cul, c'est du poulet ? (Lao Tseu)
Bon, et puis j'ai bien écrit "Le coda d'Alice in chains est pour moi Above", ce n'est pas une assertion dans l'absolu mais sur mon parcours personnel avec ce groupe très particulier pour moi.
Alors franchement, ton recadrage sentencieux avec force ... et "", hein, tu permets !
Je retire donc béotien. Stalinien t'irait mieux ? ^^
Tes yeux grands ouverts quand je t'ai regardée
RépondreSupprimerNe pouvaient cacher ce qu'ils voulaient dire
Se sentant perdue dans une salle comble
C'est trop tôt pour un nouvel amour
Quand tu souries tes yeux dévoilent ton coeur
Perdu dans une âme déchirée
Se sentant seule avec des gens tout autour
Le vrai amour est difficile à trouver maintenant
Tu penses que ton âme a mal compris
Je l'expliquerais si seulement je pouvais
Quelque chose me dit que cette fois c'est vrai
La façon dont je me sens
Tes yeux comme le bleu d'un ciel d'été
Accrochent mon regard quand je regarde par là
Je me sens perdu dans un labyrinthe magique
C'est trop tôt pour un nouvel amour
Tu ne peux cacher ce regard dans tes yeux
Grand ouverts, tu sembles si surprise
Cherchant autour de toi quelqu'un de nouveau
Le vrai amour est difficile à trouver maintenant
Quand tu souries tes yeux dévoilent ton coeur
Je sens que le mien tombe en morceux
Ne vois-tu pas ce que je ressens?
Mon amour est réel
(Instrumental)
Tes yeux grands ouverts quand je t'ai regardée
Ne pouvaient cacher ce qu'ils voulaient dire
Se sentant perdue dans une salle comble
C'est trop tôt pour un nouvel amour
Quand tu souries tes yeux dévoilent ton coeur
Perdu dans une âme déchirée
Se sentant seule avec des gens tout autour
Le vrai amour est difficile à trouver maintenant
Tu penses que tu es si mal comprise
Je l'expliquerais si seulement je pouvais
Quelque chose me dit que cette fois c'est vrai
La façon dont je me sens
Quand tu es perdue tes yeux dévoilent ton coeur
Je devrais aimer savoir que je ne suis pas loin
Quand tes yeux brilleront je saurai que tu seras mienne
Pour toujours
Doc >>> c'est vraiment pitoyable. On a vraiment l'impression des fois que l'esprit critique a totalement disparu... et après avoir été un pôle de résistance j'ai l'impression que le Net est de plus en plus en cours de druckérisation. Ca me donnerait presque envie de ressortir le Journal du Dépressif pour mettre quelques coups de latte :-)
RépondreSupprimerChristophe >>> heureusement que tous les chieurs ne sont pas des staliniens, hein ;-)
Thierry >>> oh là, oh là... reste avec nous, vieux ! Y-a-t-il un médecin dans la salle ? ^^
Et que tous les staliniens ne sont pas des chieurs ^^
RépondreSupprimerRichard Sanderson en français, c'est magnifique, non ? ^^
RépondreSupprimerDéjà qu'en V.O. ...
Ca me donnerait presque envie de ressortir le Journal du Depressif
RépondreSupprimerDis pas des trucs comme ça, des analystes frustrés te lisent!!! ;-)
Je peux pas me prononcer à 100% parce que je ne l'ai pas suffisament écouté, mais je crois qu'on ne va pas être d'accord cette fois ;)
RépondreSupprimerBah encore heureux... à la longue ça devenait un peu chiant ^^
RépondreSupprimer(en même temps on a déjà eu un - léger - désaccord, mais j'ai oublié de te le dire : je trouve que tu as carrément surnoté le Pearl Jam (et pourtant je suis fan mais quand même... cette note... :-)))
RépondreSupprimerPour le Pearl Jam, je m'en excuse, je suis d'une telle subjectivité avec ce groupe. Trop de souvenirs, je ne peux m'y soustraire.
RépondreSupprimerEn lisant ta chronique (effectivement la première qui n'encense pas ce retour) je me suis précipité pour réécouter cet album qui m'avait scié lors des préliminaires. Et... et... je te le confirme, on va vraiment pas être d'accord sur ce coup ;)
Peut être même que je serais capable de lui mettre un 9/10, qui sait ! lol.
Moi aussi je suis emprunt de subjectivité concernant Pearl Jam... mais c'est différent, je serais toujours présent pour me moquer d'Eddie Veder ^^
RépondreSupprimerTrès bien docteur, pour cette remarque désobligeante et totalement "impie", je boycotterai ton blog pendant une semaine entière :p (dommage l'article sur Godflesh avait l'air passionnant)^^
RépondreSupprimerAttends... une note supérieure à 8/10 pour Backspacer ce n'est plus de subjectivité... mais une sinistre histoire de drogue...
RépondreSupprimer(pour Alice In Chains encore plus ^^)
Ai-je dit à un moment qu'avec PJ et AIC qu'il était question d'autre chose que de drogues :p
RépondreSupprimer:-)
RépondreSupprimerJe vois bien ce que tu veux me faire dire... oui, ok, d'accord. Il est possible que le fait que je ne me drogue plus ait un vague rapport avec ce 2/6 donné à AIC...
Si on va par là (je veux dire à donner des notes dans un système sexagésimal), PJ backspacer : 3/6 à tout casser. Cela n'apporte rien du tout, c'est ni mauvais, ni bon : juste inutile.
RépondreSupprimerDonc pas de raison que je m'inflige aussi ça pour AIC.
Le seul intérêt de ces deux sorties est que je passe une deuxième quinzaine de septembre furieusement grunge à tout réécouter en boucle au milieu de Chesnutt et DNOTS
Me dis pas que t'as ressorti ton jean à trous ? :-)
RépondreSupprimerj'avais déjà des costards à l'époque mon pauvre ami... :o/
RépondreSupprimerJe te vois plus jeune que tu n'es ^^
RépondreSupprimer40 ans et 2 jours...
RépondreSupprimeret salarié depuis 21 ans et 30 jours
Je te jure que tu les fais pas ^^
RépondreSupprimerJe pense que tu vas me détester quand tu vas lire mon torchon de demain sur Playlist :p
RépondreSupprimerCe sera de toute façon peu de choses à côté de la haine que tu éprouveras quand j'aurais publié ma version de votre d'ores et déjà culte "comment chroniquer un disque" :-)
RépondreSupprimer(je plaisante... je ne sais d'ailleurs même pas si je publierai un jour cet article)
RépondreSupprimerAh le truc d'Eddie, je n'y ai été qu'un modeste contributeur, où je me suis prêté avec plaisir à jouer le rôle qu'on attendait de moi, soit celui du mec qui chronique des disques comme il remplirait un tableau Excel. J'avoue que ça m'a plutôt amusé et que la démarche était fort sympathique :p Mais je suis sûr que tu réussira sans trop te forcer à tourner cette histoire en ridicule^^
RépondreSupprimerParce qu'elle n'était déjà pas ridicule à la base ? ^^
RépondreSupprimerPlus sérieusement... je n'ai pas vraiment essayé de tourner l'histoire en ridicule (ni de m'arrêter sur l'article lui-même). C'a surtout été l'élément déclencheur d'un de ces trips dans lesquels je m'embrque parfois, où je saute sur le clavier comme un psychopathe et où je ressors avec un texte légèrement barré dont je ne sais pas trop quoi faire et dont je me demande si vraiment, je peux publier un truc pareil. Ne me dis pas que ça ne t'es jamais arrivé, je ne te croirai pas ;-)(je repense ce disant à un mémorable article sur Transformers 2)
Égocentrique, poseur et donnant une fausse importance à nos chroniques, oui je pense qu'on peut dire que c'était un peu ridicule^^ Mais perso je me prête avec plaisir à ce genre d'exercice. Après mes explications étaient volontairement amplifiées et caricaturales, mais au fond c'est un peu ce qu'on attend de toi quand on te pose une telle question ;)
RépondreSupprimerSinon je vois tout à fait de quoi tu veux parler. Ca ne m'arrive jamais dans le cadre de mes chroniques mais assez régulièrement au niveau de mes aspirations plus littéraires. A force j'en ai même tiré un blog secret où je déverse pas mal de choses impubliables. Sinon c'est vrai que Transformes 2 était un cas à part, un cri du cœur du matin (merci de t'en souvenir).
Mais bon fais-toi plaisir. La spontanéité en écriture, ça a toujours du bon.
"Égocentrique, poseur et donnant une fausse importance"
RépondreSupprimerEn même temps c'est la définition du blogueur... Sinon du rock lui-même ^^
Le concept génial du jour :
RépondreSupprimer"le mec qui chronique des disques comme il remplirait un tableau Excel"
j'adoooore les tableaux excel.
Sachant que je rajouterai être plutôt un mec qui remplit ses tableaux excel comme s'il chroniquait des disques.
Ouch, je te trouve sévère, sur le coup. Certes, AIC ne réinvente pas le fil à couper le metal, mais parvient à nous proposer de bons riffs, des mélodies touchantes, de belles harmonies vocales et une ambiance générale prenante. Check my Brain est un signle très accrocheur, les chansons les plus lentes (Your Decision, When the Sun Rose Again, Private Hell, Black Gives Way to Blue...) m'ont touché par leur simplicité et leurs mélodies, et même le pavé A Looking in View est assez prenant avec son beau refrain aérien. Je ne trouve pas que l'album soit pauvre ou désincarné, c'est sûr qu'il ne propose pas grand chose de neuf, que certains titres sont assez moyens voire poussifs (Last of My Kind malgré son riff sympa, Lesson Learned) et que Lane Stanley manque, mais les (bonnes) mélodies sont là, le feeling itou. L'ensemble me paraît davantage lumineux qu'à l'époque de Dirt. En tout cas, pour moi, l'émotion passe.
RépondreSupprimerPetite précision concernant le chant sur cet album. La voix de William DuVall est mixée en retrait sur l'ensemble de l'album, et en pratique c'est généralement Jerry Cantrell qui assure le chant lead. L'objectf était de recréer les harmonies à deux voix qui avaient fait la force du groupe a l'époque. Si Cantrell avait assuré seul le chant, il y aurait eu un manque à ce niveau là, je pense. Alors, certes DuVall n'a pas une voix esceptionnelle, mais je trouve que son duo avec Cantrell fonctionne bien, et que les harmonies vocales restent un point fort de cet album (comme du AIC de la grande époque).
Voilà, c'était juste histoire de défendre un album qui, sans être exceptionnel, m'a touché et fait, à mon humble avis, honneur au passé du groupe. En tous les cas, j'ai été très agréablement surpris de retrouver le groupe à ce niveau.
En avant, en arrière... ça ne change pas grand-chose, on est dans le pastiche pur et simple. Un manque au niveau des harmonies vocales si Cantrell avait chanté seul ? Et alors ? On peut évoluer aussi, changer, aller vers d'autres choses. Ne plus avoir deux voix étant la meilleure excuse du monde pour ça. Il faut vraiment prendre la musique par le plus petit bout de la lorgnette pour croire qu'un disque AIC (que ce soit en 2009 ou 1995) aurait été moins bien sans harmonies vocales. De toute façon Cantrell ne peut pas croire un truc pareil, ce serait faire bien peu de cas de son art...
RépondreSupprimerLe plus probable est - mais quelque part tu le dis toi-même - que Cantrell ait voulu produire un disque d'AIC scrupuleusement comme l'aurait été un disque du groupe avec Staley. Ce qui est complètement vain, surtout quinze ans après. Maintenant si ça répond à un quelconque besoin du public, tant mieux... moi je n'ai jamais regretté le grunge, ça m'a jamais manqué, je l'ai consommé jusqu'à la lie mais depuis 1996 j'ai eu le temps de passer à autre chose. Je me souviens qu'au début des années 90 ce style avait un sens, une raison d'être profondément ancrée dans la société (américaine, principalement, mais pas que), qu'elle parlait à toute une génération (voire à deux)... je ne vois pas trop ce qu'AIC peut dire d'intéressant aujourd'hui, au mieux je leur reconnais le mérite de savoir ouvrir des failles spatio-temporelles, ce qui n'est déjà pas si mal ^^
Quant au fait de faire honneur au passé du groupe... je te laisse la responsabilité de tes propos :-) Pour moi faire honneur, c'est au moins en effleurer le niveau, or tu reconnais toi-même qu'il y a des titres "moyens voire poussifs"... ce qui constitue tu en conviendras une grande nouveauté sur les albums d'AIC ! ;-)
Ce que je disais sur le choix de DuVall au chant, les harmonies vocales etc, c'est pas moi qui le dit, c'est Jerry Cantrell himself qui le revendique en interview. Effectivement, Cantrell aurait pu assumer le chant seul, mais bon, je crois que c'est un faux débat. Cantrell seul au chant, ça aurait été "différent", c'est sûr. Mais bon, est-ce que ça aurait donné à Cantrell un supplément d'inspiration ou d'idées nouvelles, ou rendu les riffs et les mélodies meilleurs? Ceci étant dit, je ne trouve pas que le groupe ait cherché à "faire du Stanley". Le mixage n'est pas le même, l'équilibre entre les deux voix et la place respective de chacunes des voix ne sont pas les mêmes. En l'occurence, le pauvre DuVall fait plus office de choriste qu'autre chose, on peut difficilement lui mettre tous les "maux" de l'album sur le dos. ^^
RépondreSupprimerPour en revenir à la musique, je ne trouve pas que cet album soit une simple photocopie du Dirt. L'ambiance générale n'est pas la même. Dirt était un album très sombre, dense, pesant, étouffant, seule "Down in a Hole" permettait de respirer. Je connais moins l'album éponyme, mais dans mes souvenirs il est encore plus sombre. Sur "Black Gives Way to Blue", AIC propose un certain nombre de compos plus mélodieuses, plus légères, mélancoliques sans être dépressives, qui donnent davantage d'aération et de lumière à l'album (même si ce genre de compos n'est pas nouveau chez AIC, cf Down in a Hole, ou les EP acoustiques). De plus, les compos du nouvel album contiennent régulièrement des mélodies vocales moins tortueuses, plus directes, plus "lumineusues". Le single "Check My Brain" est particulièrement catchy pour du Alice in Chains, par exemple. Autre exemple, le refrain de "A looking in view" a un côté "aérien" assez inhabituel pour le groupe, et offre un contraste intéressant avec les couplets ultra-plombés, apportant une touche de lumière et d'espoir à cette compo pesante. L'espoir, c'est d'ailleurs ce que je ressens à l'écoute de l'album. L'Alice in Chains des années 90 nous racontait la descente aux enfers de Lane Stanley, était sombre, glauque, noir, dépressif, désespéré. L'AIC "actuel" est un groupe qui a perdu un être cher, qui a souffert, mais qui a fini par surmonter sa peine et fait le choix de repartir, d'aller de l'avant. L'ambiance générale est triste sans être sombre, mélancolique sans être dépressive, plus lumineuse et parcourue de lueurs d'espoir. Du moins, c'est comme ça que je ressens l'album.
Tout celà me fait dire que cet album, tout en étant du AIC pur souche avec tous les tics du groupe (en même temps, c'est marqué "Alice in Chains" sur la pochette, fallait s'y attendre ^^), me semble posséder sa propre atmosphère, sa propre personnalité au sein de la discographie du groupe. Et les compos sont bonnes (même s'il y a un peu de déchet). Alors, certes, ce n'est pas un chef d'oeuvre, y a des défauts, quelques compos plus faibles, l'album ne marquera pas sa génération comme l'avait fait Dirt, la voix de DuVall est quand même bien quelqconque par rapport à celle de Stanley. Mais, à mon avis toujours très humble et pour toutes les raisons que je viens d'exposer, ça reste un bon disque. Et concernant les quelques titres moyens qui seraient une "nouveauté" pour le groupe, je vais commettre un crime de lèse-majesté en affirmant ça, mais je trouve que Facelift manque un peu d'inspiration sur sa deuxième moitié, et que quelques titres font un peu tâche. Comme quoi. ^^ Par conséquent, j'assume tout à fait mon "qui fait honneur au passé du groupe". En tous les cas, cet album me semble davantage faire honneur au passé du groupe que, par exemple, "Death Magnetic" (pour rester dans les albums passéistes de vieux groupes sur le retour :))).
RépondreSupprimerPour le reste, je ne suis pas non plus un fanatique du grunge, loin de là. Je n'ai pas connu la période, étant gamin au moment de la mort de Kurt Cobain, et j'ai découvert les preincipaux groupes de cette scène après coup. Au final, seuls AIC et Pearl Jam me plaisent réellement (Soundgarden m'ennuie, et j'ai jamais été fan de Nirvana hormis quelques chansons imparables. La vague post-grunge aseptisée et impersonnelle ne m'a quant à elle jamais intéressé. Su coup, mon point de vue ne peut pas être le même que celui d'un "veixu" fan. Je n'"attendais" pas particulièrement cet album, je me suis contenté de le prendre comme il est venu, sans attentes particulières, et de l'apprécier pour ce qu'il est.
Quand tu dis que refaire du grunge en 2009 n'apporte rien au schmilblick, sur le fond, tu as raison. Après, on pourrait dire la même chose pour le blues, le rockabilly, le heavy metal traditionnel et tout un tas d'autres genres musicaux. Celà dit, j'ai tendance à penser qu'apporter de bonnes chansons dans un style balisé est déjà "apporter quelque chose". En outre, AIC est un groupe à forte personnalité dont le style va bien au-delà d'une étiquette "grunge". A ce propos, j'aurais bien envie de lancer un débat sur la réelle pertinence de l'utilisation de l'"étiquette grunge", vu que les groupes affiliés à cette scène jouaient des musiques et avaient des influences bien différentes les un des autres (AIC et SOundgrden étaient très heavy et Sabbathein, Nirvana très punk et pop, influencé par le rock indé style pixies/hüsker dü/sonic youth, Pearl Jam très rock et influencé par Neil Young...).
Sinon, je suis un peu étonné de ta comparaison avec le come-back des Guns'n Roses. Qu'on aime ou pas Chinese Democracy, faut bien avouer que si il y a un album hard/metal récent qui a apporté du neuf, c'est bien celui-là. Mais bon, c'est un autre débat.
Désolé pour le pavé, je précise quand même que je n'ai absolument contre ton avis qui est tout à fait cohérent et étayé. J'avais simplement envie d'apporter un éclairage différent, d'autant que la plupart des commentaires allaient dans ton sens jusque là.
Pfouh, j'en peux plus, là. Vais me coucher.
Une forte personnalité, sans doute... mais est-ce encore le cas sans Staley ?
RépondreSupprimerCe que je trouve fascinant c'est de voir à quel point AIC bénéficie d'une cote de popularité telle qu'il arrive à faire avaler aux gens qu'il a une bonne raison de faire l'injustifiable. Parce que remplacer Staley, peu importe que ce soient pour les harmonies ou non... ce sont les Beatles qui se reformeraient en 81 sans Lennon et e, remplaçant ce dernier par l'obscur chanteur d'un tribute-band, Nirvana qui remplacerait Kurt Cobain, New Order qui continuerait sous le nom de Joy Division en embauchant le chanteur d'un groupe post-punk de seconde zone... ce n'est pas justifiable autrement que par l'envie de faire du fric et de surfer sur une vague (le retour du grunge) bien amorcée par les Smashing Pumpkins il y a deux ans. Pourquoi devrait-on pardonner à AIC ce qu'on n'a pas pardonné aux Doors, qui sont pourtant un groupe autrement plus essentiel dans l'histoire de la musique ? Parce qu'AIC c'est notre jeunesse ? Parce qu'ils sont sympathiques ? Si le groupe avait publié un disque violemment novateur, révolutionnaire sinon pour la musique, du moins à son niveau... ok, c'eut été pardonnable. Mais franchement sur ce disque absolument rien n'indique une volonté autre que celle de jouer sur la nostalgie des gens. Parce que bon, contrairement à ce que tu dis, je ne trouve pas ce disque plus mélodique que les autres... Alice In Chains a toujours écrit des trucs assez mélodiques, c'était même l'un des grands reproches qu'on leur faisait chez les gardiens du temple de Seattle, d'être un groupe mainstream se cachant derrière un argument grunge. Dirt était sombre, mais "Junkhead", aussi glauque soit-elle, était une chanson pop avec de grosses guitares. Et puis sur Dirt il y a avait aussi "Would?" et "Angry Chair" (aux refrains presque catchy), "Rooster"... et puis après ils ont fait SAP/Jar of Flies, album on ne peut plus accessible. Puis sur le dernier, il y a encore ce côté très pop dans les refrains, notamment sur "Heaven Beside You"... je ne trouve pas AIC plus mélodique en 2009 (en revanche je trouve ses refrains beaucoup plus faciles et limite racoleurs par instants).
Bon, sur la réflexion finale sur les Guns je ne vais pas répondre, disserter sur cet album me fatigue d'avance ^^ Je propose juste l'organisation d'un moratoire visant à un interdire l'utilisation de l'expression "apporter du neuf" :-)
Oh je crie!!! Je grogne!
RépondreSupprimerL'excellent et indispensable EP "SAP" est sorti juste avant "Dirt" pas après!!!! Bouh!!!! ;-)
Oh oui, le EP SAP... et Heaven beside You... et l'unplugged... bon sang, ca y est j'ai envie de réécouter AIC !!
RépondreSupprimerJ'ai fait un tir groupé ^^
RépondreSupprimerArrêter de faire les vieux réacs fétichistes (ce qu'est devenu le milieu du rock) c'est un album excellent, qui à mon avis fait la synthèse de beaucoup de choses, musicalement et spritituellement. Ne momifions pas Lane Staley, Cantrell a écrit des chansons géniales avec Lane maintenant il joue avec d'autres gens, il a bien raison et ça la fait grave.
RépondreSupprimerAprès c'est sur il aurait pu prendre un autre nom mais bon ya 3 membres sur 4 dont 1 qui a écrit 90% des musiques des albums précédents. RIP à Lane et have some good time pour ceux qui restent :-)
Cantrell a écrit 90 % des musiques des albums précédents ?
RépondreSupprimerPremière nouvelle...
Faudrait surtout arrêter de se bercer de douces illusions. Cette reformation n'a pas pour autre but que d'engranger du fric en surfant sur une nostalgie du grunge de plus en plus marquée aux USA. Il faut se rappeler qu'à la fin des années 90 quand le groupe était en stand-by, Cantrell disait dans ses interviews qu'il attendrait Staley aussi longtemps que possible, parce que sans lui Alice In Chains n'était pas Alice In Chains. Il n'est malheureusement pas le premier à avoir changé d'avis quelques pensions alimentaires plus tard...
RépondreSupprimerEn résulte un album auto-parodique où le groupe se contente de faire en 2010 la même chose que vingt ans plus tôt. Et comme le rappelle bien Emily, Cantrell n'a pas écrit 90 % des musiques, non, c'est juste faux.
Malgré, je suppose, une ouverture de liberté que les autres membres du groupe ont dû lui consentir, c’est l’individualité de sa petite personne qu’on contemple chez Duvall, sa mise en scène, toujours la même pour chaque chanson interprétée toutes ces années. Comme demander au public de chanter la fin de Nutshell, montrer sa guitare au niveau de son visage face au public…
RépondreSupprimerOr l’expérience du Live n’est vraie que comme expérience d’un sujet à chaque fois singulier et incarné dans une situation concrète. Aucune transmission d’émotions n’est possible sinon. Sa nécessité de plaire, et d’imiter Staley, a raison de son désir d’exister. Il se supprime à l’écoute et au ressenti de l’auditoire.
Duvall n’assume pas la vérité des textes, comme si elle lui faisait voir ce qu’il a toujours refusé de regarder en face, justement ce qui lui fait peur sur la vie, sur le vide, sur la solitude, sur l’addiction, sur la mort, ou sur la liberté elle même, même si c’est celle d’un long suicide.
Il a musicalement de grandes qualités vocales, il est expérimenté, consciencieux. Mais ce sont des arguments mis en avant avec l’aide de recettes mécaniques. Rien n’est authentique. Tout est calculé, soumis au contrôle de la volonté. Il ne nous surprend pas, ni nous séduit, ni nous charme, ou nous déprime. Le tort est de croire que là où il y a une belle voix on trouve forcément un bon chanteur, un artiste. La voix ne peut se passer du don vocal. Duvall est ennuyeux car il n’exprime pas d’état d’âme. On ne peut causer de l’émotion sans en ressentir. Je reviens sur l’exemple de Nutshell, qui prouve qu’il n’est pas dans l’émotion. Arrivé au moment le plus intense et émotionnel de la chanson, il parle au public! Et il refuse systématiquement de chanter la dernière phrase « I’d feel better dead » qui est celle où toute l’émotion se porte. C’est juste insupportable pour moi, et insultant pour Layne qui a écrit le texte.
La tâche est difficile de remplacer Layne qui est unique et s’est livré corps et âme avec une présence magnétique et charismatique, sans aucun égo, et avec de constantes prises de risques. Avec une voix d’une épaisseur de sens irréelle, puissante et vulnérable à la fois. Une voix appuyée sur le cœur à l’accent profond, pénétré et pénétrant, un don de très haut niveau, naturel.
La tâche est aussi difficile car les spectateurs ne viennent pas libres d’intention, mais vont toujours comparer Duvall à Staley. Il est épié, observé, jugé, par ceux-là même à qui la performance est destinée. Il le sait au moment de monter sur la scène. Il le voit dans les commentaires des fans, des journalistes etc.
Les chansons de la première période d’AIC auraient pu passer d’une tonalité affective à une autre avec le temps. Le problème est que Duvall ne transmet aucun affect, c’est du divertissement et non une recherche artistique. Le beau est rarement livré « prêt à sentir » directement sorti de l’œuvre; il nécessite de l’artiste qu’il accomplisse un travail herméneutique, c’est à dire qu’il prenne l’objet esthétique sous sa responsabilité et le retravaille selon lui-même, à la lumière de son propre destin. C’est un énorme risque qu’aurait pu prendre Duvall. C’est ce qu’ont fait les différents chanteurs qui ont participé au premier concert après la disparition de Layne donné en 2005 par AIC, ou par Sebastian Bach chantant Man in the box avec AIC au Japon.
« L’art du chant est l’un des plus complexes qui soient. C’est un terrain mouvant dont il faut connaître non seulement la consistance, la profondeur, la surface et la matière, mais sur lequel on doit se diriger et se tenir en une sorte de perpétuel équilibre, mais avec passion. M. Jean de Reské répondait ainsi à un élève :
- Où faut-il appuyer la voix?
- Sur le cœur »
On sort d’une écoute d’Alice in Chains (période Layne) comme on revient d’entre les morts, et comment quand on en est le chanteur ? ….
Je serais bien en peine de parler d'Alice avec Duvall, je n'ai jamais écouté les albums suivants (ni réécouté celui-ci). Le pire est qu'on m'en a offert un - il est encore sous blister. Même les titres ne me donnent pas envie. Il y a tout de même un album intitulé The Devil Put Dinosaurs Here. Comment peut-on avoir aimé Alice In Chains et avoir envie d'écouter un album affublé (accablé !) d'un tel titre ?
SupprimerParadoxalement, je ne doute pas vraiment que les choses se soient améliorées depuis cette première tentative. J'ai apprécié le dernier album solo de Jerry Cantrell, il n'a visiblement rien perdu de ses talents de songwriter, et je suis convaincu que Duvall (qui dans mon souvenir est un chanteur tout à fait compétent) a pu par certains aspects s'émanciper. Certains fans du groupe l'ont visiblement adopté, je ne pense pas qu'ils soient plus idiots ou sourds que la moyenne. Mais la réaction épidermique que je ressentais à l'époque de Black Gives Way to Blue, elle, n'a jamais disparu. Rien ne peut remplacer le frisson qui parcourt la foule durant les premières secondes de l'Unplugged. Staley n'a même pas encore chanté que déjà, on sent qu'il se passe quelque chose d'irrationnel, d'indescriptible.