Nip/Tuck, l'éternel impossible souhaitable retour ?
En janvier la série de Ryan Murphy était tombée si bas qu'on s'inquiétait vraiment pour elle, beaucoup de ses fans les plus fervents s'étant secrètement félicités que la sixième saison ait officiellement été annoncée comme la dernière. Il s'agissait manifestement d'un piège grossier visant à nous faire regretter nos mauvaises pensées : de retour pour une fausse sixième saison (la cinq ayant été coupée en deux, c'est en fait presqu'une septième) les McNamara & Troy viennent - vous me passerez la métaphore sportive - de hausser nettement leur niveau de jeu. Mea culpa ?
Pas trop quand même. Depuis la saison deux, ultime arc vraiment irréprochable de la série, Christian, Sean, et par extension leur créateur Ryan Murphy, ont largement fait montre de leur inconséquence, et il ne leur restera jamais assez d'épisodes pour racheter le ridicule final de la saison trois, les errances de la quatre ou la platitude du chapitre diffusé sur FX en début d'année (liste non exhaustive, on aurait pu évoquer la tentative de meurtre sur Julia, visiblement effacée de la mémoire collective). Même si elle était parfaite - ce qu'elle n'est pas - cette première partie du grand final ne suffirait pas à compenser l'impression de gâchis qui préside à une vue d'ensemble de Nip/Tuck. L'enjeu, désormais (façon de parler puisque le tournage des derniers épisodes est achevé depuis des lustres), est surtout de donner à la série un dénouement digne de l'impact qu'elle aura eu sur la dernière décennie télévisuelle. Honorable à défaut d'être honnête - terme que Murphy et ses ouailles ont rayé de leur vocabulaire depuis des lustres.
Or à la surprise générale... c'est bien parti pour. Sans évidemment préjuger du second chapitre de la saison qui sera diffusé sur FX de janvier à mars (*), Nip/Tuck réussit d'entrée de jeu... dès les premières secondes du pilote... à retrouver un niveau qu'on n'osait plus attendre d'elle. Reprenant où l'on en était resté en début d'année - soit donc dans une ambiance poisseuse voguant de décrépitude physique en angoisse de la mort, remettant Sean au centre du jeu, retrouvant (un peu) le sourire... Nip/Tuck, sans renoncer au n'importe quoi qui a fait sa marque de fabrique, propose bien mieux qu'un best of de ses heures de gloire : une véritable évolution, avec un ton moins corrosif et plus grave (on le sentait venir dans la seconde moitié de la saison cinq), une tension dramatique resserrée et des héros enfin confrontés aux conséquences de leurs actes et de leur interminable crise de la quarantaine. On n'osait plus y croire. On avait surtout oublié à quel point Nip/Tuck pouvait être une grande série. Pour la première fois depuis longtemps on s'en enfile quatre, cinq... six épisodes d'un coup sans que le niveau baisse, sans qu'on se dise que cette fois fois pas déconner, sans que l'on soupire dans un mélange de rire et de consternation. Signe qui ne trompe pas : ça baise beaucoup moins que dans les deux saisons d'avant, ce qui dit déjà tout d'ambitions revues à la hausse tant le sexe trash était devenu à la longue le cache-misère de scénaristes trop souvent en manque d'inspiration.
Oui, on avait oublié comme Nip/Tuck, ce pouvait être bien. Tout simplement. Comme les seconds rôles pouvaient s'y tailler la part du lion (Mario Lopez, autrefois simple guest, est si impeccable qu'on en oublierait presque qu'il n'est qu'un gros ringard ; Rose McGowan et Vanessa Redgrave sont égales à elles-mêmes - donc excellentes). Comme les patients chtarbés pouvaient être mémorables (Candis Cayne, vue dans Dirty Sexy Money, est parfaite...). Comme Matt, le fils dysfonctionnel, pouvait être émouvant au-delà de ses conneries plus invraisemblables les unes que les autres. Comme Kimber pouvait être touchante, pathétique personnage vide rêvant d'être plein auquel les auteurs donnent l'impression d'accorder quelques scènes par pitié. Fondamentalement rien n'a changé et Sean, Christian, Liz... sont toujours perdus dans leur lente et interminable danse macabre, spirale d'échec dont on ne peut que supposer qu'il ne sortiront que les pieds devant. Et pourtant, tout est différent lorsque les scénaristes font l'effort de mettre la main à la patte. Dans un sursaut d'orgueil dont plus personne n'osait rêver, Ryan Murphy vient de signer la meilleure saison de sa série depuis la seconde.
En espérant de tout cœur que le dernier arc ne viendra pas tout gâcher.
Nip/Tuck (saison 6), créée par Ryan Murphy (FX, 2009)
(*) Quoiqu'étant initialement prévu pour septembre 2010 et ayant été composé comme un chapitre à part entière... EDIT du 02 janvier 2010 : et initialement prévu pour être une saison 6, part II - ce sera finalement une saison 7 pure et simple.
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En janvier la série de Ryan Murphy était tombée si bas qu'on s'inquiétait vraiment pour elle, beaucoup de ses fans les plus fervents s'étant secrètement félicités que la sixième saison ait officiellement été annoncée comme la dernière. Il s'agissait manifestement d'un piège grossier visant à nous faire regretter nos mauvaises pensées : de retour pour une fausse sixième saison (la cinq ayant été coupée en deux, c'est en fait presqu'une septième) les McNamara & Troy viennent - vous me passerez la métaphore sportive - de hausser nettement leur niveau de jeu. Mea culpa ?
Pas trop quand même. Depuis la saison deux, ultime arc vraiment irréprochable de la série, Christian, Sean, et par extension leur créateur Ryan Murphy, ont largement fait montre de leur inconséquence, et il ne leur restera jamais assez d'épisodes pour racheter le ridicule final de la saison trois, les errances de la quatre ou la platitude du chapitre diffusé sur FX en début d'année (liste non exhaustive, on aurait pu évoquer la tentative de meurtre sur Julia, visiblement effacée de la mémoire collective). Même si elle était parfaite - ce qu'elle n'est pas - cette première partie du grand final ne suffirait pas à compenser l'impression de gâchis qui préside à une vue d'ensemble de Nip/Tuck. L'enjeu, désormais (façon de parler puisque le tournage des derniers épisodes est achevé depuis des lustres), est surtout de donner à la série un dénouement digne de l'impact qu'elle aura eu sur la dernière décennie télévisuelle. Honorable à défaut d'être honnête - terme que Murphy et ses ouailles ont rayé de leur vocabulaire depuis des lustres.
Or à la surprise générale... c'est bien parti pour. Sans évidemment préjuger du second chapitre de la saison qui sera diffusé sur FX de janvier à mars (*), Nip/Tuck réussit d'entrée de jeu... dès les premières secondes du pilote... à retrouver un niveau qu'on n'osait plus attendre d'elle. Reprenant où l'on en était resté en début d'année - soit donc dans une ambiance poisseuse voguant de décrépitude physique en angoisse de la mort, remettant Sean au centre du jeu, retrouvant (un peu) le sourire... Nip/Tuck, sans renoncer au n'importe quoi qui a fait sa marque de fabrique, propose bien mieux qu'un best of de ses heures de gloire : une véritable évolution, avec un ton moins corrosif et plus grave (on le sentait venir dans la seconde moitié de la saison cinq), une tension dramatique resserrée et des héros enfin confrontés aux conséquences de leurs actes et de leur interminable crise de la quarantaine. On n'osait plus y croire. On avait surtout oublié à quel point Nip/Tuck pouvait être une grande série. Pour la première fois depuis longtemps on s'en enfile quatre, cinq... six épisodes d'un coup sans que le niveau baisse, sans qu'on se dise que cette fois fois pas déconner, sans que l'on soupire dans un mélange de rire et de consternation. Signe qui ne trompe pas : ça baise beaucoup moins que dans les deux saisons d'avant, ce qui dit déjà tout d'ambitions revues à la hausse tant le sexe trash était devenu à la longue le cache-misère de scénaristes trop souvent en manque d'inspiration.
Oui, on avait oublié comme Nip/Tuck, ce pouvait être bien. Tout simplement. Comme les seconds rôles pouvaient s'y tailler la part du lion (Mario Lopez, autrefois simple guest, est si impeccable qu'on en oublierait presque qu'il n'est qu'un gros ringard ; Rose McGowan et Vanessa Redgrave sont égales à elles-mêmes - donc excellentes). Comme les patients chtarbés pouvaient être mémorables (Candis Cayne, vue dans Dirty Sexy Money, est parfaite...). Comme Matt, le fils dysfonctionnel, pouvait être émouvant au-delà de ses conneries plus invraisemblables les unes que les autres. Comme Kimber pouvait être touchante, pathétique personnage vide rêvant d'être plein auquel les auteurs donnent l'impression d'accorder quelques scènes par pitié. Fondamentalement rien n'a changé et Sean, Christian, Liz... sont toujours perdus dans leur lente et interminable danse macabre, spirale d'échec dont on ne peut que supposer qu'il ne sortiront que les pieds devant. Et pourtant, tout est différent lorsque les scénaristes font l'effort de mettre la main à la patte. Dans un sursaut d'orgueil dont plus personne n'osait rêver, Ryan Murphy vient de signer la meilleure saison de sa série depuis la seconde.
En espérant de tout cœur que le dernier arc ne viendra pas tout gâcher.
Nip/Tuck (saison 6), créée par Ryan Murphy (FX, 2009)
(*) Quoiqu'étant initialement prévu pour septembre 2010 et ayant été composé comme un chapitre à part entière... EDIT du 02 janvier 2010 : et initialement prévu pour être une saison 6, part II - ce sera finalement une saison 7 pure et simple.
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Absolument d'accord! Cette première partie de saison est inespérée, en espérant que la suite (et fin) gardera ce niveau.
RépondreSupprimerMerci bien mais la dernière fois que j'ai regardé une mémère au foyer baisait un nain comme si c'était le truc le plus rocknroll du monde, j'ai trouvé ça minable.
RépondreSupprimerMa série préférée de retour au top, je ne peux que me réjouir. Par contre pourquoi publier cet article maintenant vu que la pause entre les deux partie va être courte ?
RépondreSupprimer@Azazel : je ne vois pas ce que ça a de minable! le personnage de Marlowe est très touchant et intéressant, et justement toute cette saison traite de l'incompréhension de la différence (Sean ne peut tolérer l'idée que sa femme le trompe avec quelqu'un qu'il considère implicitement comme un sous être humain). C'est donc l'inverse de ce que tu croies!
RépondreSupprimerAzazel >>> la réponse est dans le commentaire de Marion .
RépondreSupprimerMarion >>> la réponse est dans l'article.
(je tuerais ma mère pour un bon mot ^^)
Pour être plus précis : en fait au départ il était question que le second chapitre de la saison 6 soit diffusé en septembre 2010. Du coup comme le veut la tradition, j'ai commencé à rédiger un article au bout de quatre épisodes, puis cinq, puis six... lorsque l'annonce a été faite que la suite serait diffusée en janvier, j'avais déjà un gros article inutilisable ailleurs (ça m'était d'ailleurs déjà arrivé l'an passé pour Fringe - passée subitement de 13 à 20 et quelques épisodes). Du coup j'ai hésité... et puis ma femme avait tellement envie de lire un article positif sur Nip/Tuck (sa série préférée également) sur Le Golb que j'ai cédé et fait une petite entorse à la règle (petite parce que c'était de toute façon écrit pour être en deux parties).
Et elle a eu bien raison ! :)
RépondreSupprimerAh, merci, merci, merci de redorer le blason de Nip/Tuck, et surtout d'avoir eu la patience d'espérer un sursaut de consistence dans cette série qui peut effectivement être très brillante, touchante et drôle de temps à autres.
RépondreSupprimerDe moins en moins drôle et de plus en plus touchante, dirais-je...
RépondreSupprimerBon, il me reste deux épisodes, mais je suis 100 % d'accord avec toi !
RépondreSupprimerCette demi-saison est tout bonnement époustouflante.
C'est pas encore Bordeaux, mais c'est le LOSC des derniers matchs ^^
Chouette ! On va voir si tu es 100 % d'accord avec moi jusqu'au bout : quand tu auras vu les deux derniers, tu me diras si comme moi tu as trouvé qu'ils étaient un poil moins bon que ceux qui les précédent. Puis si tu es d'accord avec moi, bien sûr, on sabrera le champagne en trinquant à Bordeaux (donc à Mad Men ^^)
RépondreSupprimerhummmm tu es convaincant mais j'ai arrété cette série il y a trop longtemps :-))))
RépondreSupprimerJe vais m'enfiler le dernier épisode des SOns et, si je peux, cette après-midi, direction Nip / Tuck.
RépondreSupprimerAlors, as-tu trouvé la parodie dondraperienne ?
yueyin >>> c'est sûr qu'arrivé à ce stade cette excellente saison se mérite vu le côté très inégal des précédentes :-)
RépondreSupprimerThierry >>> j'ai pas encore eu le temps d'aller voir...
Merry X Mas à tous les deux ;-)
@Marion : ok ok t'énerve pas !
RépondreSupprimerCa y est, vus tous les deux.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'ils sont un peu moins percutants ! Surtout le 609, agréable, certes, mais qui m'a un peu laissé l'impression de servir de "bouche-trou", un peu comme l'épisode des Desperate Housewives avec l' homme à tout faire de l'an dernier.
Je n'avais pas reconnu le Mario Lopez de "Saved by the bell" ;-)
Pas tout à fait ma génération, même s'il a mon âge !
Pas encore vu mais ce que je lis me fait plaisir, je n'en pouvais plus de voir une aussi grande série décliner au fil du temps.
RépondreSupprimerMerry Christmas !
Thierry >>> parfaitement d'accord. En fait je pense que le dénouement du 09 (ne spoilant pas pour J-C ^^) jouera certainement un rôle important dans la fin de la série... mais ç'aurait sans doute pu être amené autrement. Enfin on n'est bien exigeant, dis donc ;-)
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