Chaque fois c'est la même chose : on se dit que cette fois-ci, on ne se fera pas avoir. On va résister au charme. On va résister à l'irrésistible. Essayer sinon d'être critique - du moins d'être modéré. Et chaque fois, on craque dès la première écoute. Huit ans et six albums que ça dure (*). Huit ans et six albums qu'Adam Green nous bluffle à tous les coups ou presque, même lorsqu'il est paresseux (Jacket Full of Danger), même lorsqu'il en fait trop (Sixes & Sevens).
Qu'on ne s'y trompe pas cependant : Minor Love ne sera pas le disque de l'année. Voilà bien longtemps que les fans ont renoncé à entendre un nouveau chef-d'œuvre de la part d'Adam Green, qui n'est jamais parvenu (a-t-il même essayé ?) à retrouver le niveau de ses deux premiers albums (Garfield et - surtout - Friends of Mine). Depuis Gemstones, glisser son nouvel opus sur la platine c'est se préparer à l'avance à un mélange de frustration et de jubilation, à entendre des chansons pop fulgurantes et des trucs assez difficiles à cerner (quoique pas forcément à aimer), à lister mentalement et parfois au sein du même titre les meilleures et les pires références qui soient. Il est vrai que de la part d'un ex-Moldy Peaches, le bon goût est fatalement une notion relative.
Non : retrouver Adam Green ce n'est décidément pas se jeter sur un album qu'on attend comme le Messie et que l'on imagine truster les premières places des charts de fin d'année. C'est plutôt retrouver un univers tout à la fois poétique et vulgaire, aller boire une bière avec vieux pote cyclothymique ou mieux : qui souffrirait de personnalités multiples. Et ces personnalités, ces Adam numérotés (mais dans le désordre), se rencontrent et se mélangent sur Minor Love - comme si le garçon n'avait pas assez brouillé les pistes jusqu'ici. Il commence déguisé en Sinatra (un de ses costumes préférés), finit en Beck (tous les gosses aiment piquer les fringues de leurs grands frères), se métamorphose l'espace d'une seconde en Lou Reed (une tradition : il le fait au moins une fois sur chaque disque) et pousse même le vice jusqu'à mettre un masque de... lui-même, en simili-reprenant son "Bluebirds" d'antan.
Bien entendu, c'est un album de flemmard. Et aussi, en vrac et dans le désordre un album : de clown, de branleur, d'écorché vif, de crooner, de bricoleur, de génie, de loser, de romantique, de décadent, de faiseur, de poète. D'Adam Green, quoi - mais encore un peu plus que d'habitude. C'est ce qui fait tout son charme. Permet de passer outre les imperfections ou les maladresses - elles font partie du jeu. Si elles n'étaient pas là, il n'est même pas sûr qu'on l'aimerait. En tout cas si elles n'étaient pas là, s'il ne restaient que de belles mélodies sur de belles chansons, ses fans l'aimeraient sans doute beaucoup moins...
Minor Love, d'Adam Green (2010)
(*) Dix ans et neuf albums, en fait, si l'on compte les Moldy Peaches.
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Qu'on ne s'y trompe pas cependant : Minor Love ne sera pas le disque de l'année. Voilà bien longtemps que les fans ont renoncé à entendre un nouveau chef-d'œuvre de la part d'Adam Green, qui n'est jamais parvenu (a-t-il même essayé ?) à retrouver le niveau de ses deux premiers albums (Garfield et - surtout - Friends of Mine). Depuis Gemstones, glisser son nouvel opus sur la platine c'est se préparer à l'avance à un mélange de frustration et de jubilation, à entendre des chansons pop fulgurantes et des trucs assez difficiles à cerner (quoique pas forcément à aimer), à lister mentalement et parfois au sein du même titre les meilleures et les pires références qui soient. Il est vrai que de la part d'un ex-Moldy Peaches, le bon goût est fatalement une notion relative.
Non : retrouver Adam Green ce n'est décidément pas se jeter sur un album qu'on attend comme le Messie et que l'on imagine truster les premières places des charts de fin d'année. C'est plutôt retrouver un univers tout à la fois poétique et vulgaire, aller boire une bière avec vieux pote cyclothymique ou mieux : qui souffrirait de personnalités multiples. Et ces personnalités, ces Adam numérotés (mais dans le désordre), se rencontrent et se mélangent sur Minor Love - comme si le garçon n'avait pas assez brouillé les pistes jusqu'ici. Il commence déguisé en Sinatra (un de ses costumes préférés), finit en Beck (tous les gosses aiment piquer les fringues de leurs grands frères), se métamorphose l'espace d'une seconde en Lou Reed (une tradition : il le fait au moins une fois sur chaque disque) et pousse même le vice jusqu'à mettre un masque de... lui-même, en simili-reprenant son "Bluebirds" d'antan.
Bien entendu, c'est un album de flemmard. Et aussi, en vrac et dans le désordre un album : de clown, de branleur, d'écorché vif, de crooner, de bricoleur, de génie, de loser, de romantique, de décadent, de faiseur, de poète. D'Adam Green, quoi - mais encore un peu plus que d'habitude. C'est ce qui fait tout son charme. Permet de passer outre les imperfections ou les maladresses - elles font partie du jeu. Si elles n'étaient pas là, il n'est même pas sûr qu'on l'aimerait. En tout cas si elles n'étaient pas là, s'il ne restaient que de belles mélodies sur de belles chansons, ses fans l'aimeraient sans doute beaucoup moins...
Minor Love, d'Adam Green (2010)
(*) Dix ans et neuf albums, en fait, si l'on compte les Moldy Peaches.
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C'est l'article le plus pertinent et malin que j'ai lu sur Adam Green depuis des années. Seul regret : en faire un artiste mineur alors que la plupart de ses disques sont géniaux. Mais je passe, je sais que tu l'adores en secret.
RépondreSupprimerNon mais... j'adore Adam Green, je crois que ça se voit. Je n'essaie pas du tout d'en faire un "artiste mineur", au contraire : je trouve que c'est l'un des meilleurs pop-singers en activité !
RépondreSupprimerJ'avais mal compris... t'énerve pas!
RépondreSupprimerDans le genre branleur inspiré, je préfère encore Doherty...
RépondreSupprimeril est vrai que tout ceci n'est pas vraiment ma came....
Ah... Ca fait un bout de temps que je vois ce nom trainer dans ces pages... En plus c'est un pote de Doherty si je ne m'abuse...
RépondreSupprimerPar quoi je dois commencer?
Pour ne pas me faire avoir encore une fois, je n'écouterai même pas l'extrait et je ne lirai pas tout ce billet.
RépondreSupprimer...
..
De toutes façons, Lulu va me le copier et je suis sûr que je vais encore écouter ça en boucle.
Par rapport à son merdique album précédent celui-ci est génial, c'est clair.
RépondreSupprimerC'est marrant, ton intro correspond exactement à ce que j'ai ressenti. J'ai vu passer un certain nombre de titres sur le net et je me suis interdit de les écouter, sous peine de retomber dedans.
RépondreSupprimerJ'avais vaguement trempé une oreille dans l'album précédent, regrettant le temps de "friends of mine" (comme à chaque fois).
Je suis donc encore mitigé. J'hésite à tenter encore ma chance, avec le risque de soupirer en le trouvant décevant… Mais, en même temps, convaincu qu'il y a des trucs brillants planqués au milieu.
Lil' >>> mais qu'est-ce que vous avez tous à dire que je m'énerve ? Ca fait longtemps que je ne me suis pas énervé sur Le Golb... à mon avis vous avez oublié comment c'était :-)
RépondreSupprimerXavier >>> j'ai du mal à comprendre en quoi la pop-rock-folk-indie d'Adam Green ne serait "pas ta came"... s'il y a bien un mec dont j'ai toujours cru qu'il pouvait potentiellement plaire à tous, c'est bien celui-ci...
Guic' >>> effectivement Green et les Libs étaient copains comme cochons (Green a d'ailleurs fait une date - totalement torché - avec Carl Barât il y a peu), ils se sont même repris mutuellement (Green pour "What a Waster" et les Libs pour "Who's Got the Crack?").
Christophe >>> c'est beau, le courage ^^
mika >>> il n'était pas pourri du tout son précédent album... je comprends qu'il ait pu déstabiliser certains par son côté très produit et fanfare... mais il y avait malgré tout d'excellentes chansons dessus ("Rich Kids", "Be My Man"...).
Fabrice >>> cet album est quand même plus proche de Friends of Mine, dans l'esprit et le son, que des albums de sa "période Las Vegas"...
c'est ce que j'appelle l'aspect foutraque des morceaux (http://blinkinglights.musicblog.fr/869240/GEMSTONES-TREES-OUTSIDE-THE-ACADEMY-MASTER-AND-EVERYONE-BUBBLEGUM/)
RépondreSupprimeril est vrai que je ne connais qu'un seul album, mais je n'ai pas été tenté d'en découvrir d'autre...
Thom, merci de me confirmer, mais malheureusement, tu ne réponds pas à ma question... :-/
RépondreSupprimerA ton avis, par quel album vaut-il mieux commencer pour découvrir le jeune Green??
euh si Guic, c'est marqué: Friends of Mine...
RépondreSupprimerc'est celui que mon pote amateur m'avait conseillé aussi...
Je trouve étonnant que tout le monde vomisse sa "période las vegas" (comme vous dites). Je trouve que c'est en crooner foufou, que Green est le plus brillant. Durant sa période "Bacharach punk" il a écrit, selon moi, ses meilleures chansons (Rich Kids, Festival Song, Cast a shadow, Nat King Cole), alors que sa période "antifolk" ne m'intéresse pas du tout (surtout le premier album, on croirait une vieille K7, cela confère un certain cachet snob, mais c'est laid).
RépondreSupprimerBBB.
Oui BBB., mais c'est un peu trop cheesy pour plaire au landerneau indé ;)
RépondreSupprimerLil',
RépondreSupprimerExcusez mon inculture, mais que veut dire "cheesy" ? "Fromagère" ??
BBB.
Très pop et easy-listenning quoi.
RépondreSupprimerXavier >>> c'est marrant ce que tu dis sur les cassures rythmiques... c'est vraiment une de ses marques de fabriques et ça fait partie de ce que j'adore chez lui.
RépondreSupprimerGuic' >>> effectivement j'ai oublié de répondre... acte manqué sûrement dû au fait que comme le dit Xavier la réponse est dans l'article :-)
Pas mieux que mika-dos !
RépondreSupprimerBon, peut-ête pas "merdique" l'album précédent, mais globalement inintéressant et pas palpitant.
Celui-ci, va comprendre, Thomas, m'a de suite accroché !
c'est aussi pour ca que je ne suis pas un gros fan des White Stripes, et tant d'autres groupes objectivement doués mais vraiment ca me dérange.
RépondreSupprimeril faut vraiment qu'il y ait la subtilité d'un "paranoid android" pour que j'apprécie les cassures de rythme.
Alors que les variations brusque de volume (rock alternatif, post rock), au contraire j'adore....
comme quoi le truc qui peut potentiellement plaire à tous, en fait, c'est utopique...
Thierry >>> à mon avis c'est une alergie au sucre ^^
RépondreSupprimerXavier >>> mouais. Evidemment on pourrait disserter pendant des heures sur qu'est-ce qu'une cassure de rythme subtile (ou non)... mais bon, ce n'est pas très important ^^
c'est vrai, d'autant qu'il y a probablement plein de contre exemples dans ma disco... mais bon, tu m'as compris....
RépondreSupprimerpunaise, moi aussi je trouve qu'après la purge infecte de sixes and sevens on retrouve enfin un bon songwriter :-)
RépondreSupprimeril a bien fait de remettre du rock dans son moteur
Xavier >>> je n'irai pas chercher de contre-exemple, je ne suis pas ce genre de pervers... quoique...
RépondreSupprimerArbobo >>> oui... et en même temps il n'est pas si rock cet album... le côté crooner reste très marqué, c'est surtout la production qui diffère...
Lil',
RépondreSupprimerMerci pour les éclaircissements !
BBB.
Adam <3 (ça sera tout) (il me fait l'effet d'un gosse en quête d'identité) (et puis quand je pense Adam je pense Carl et là... <3 <3 <3 <3)
RépondreSupprimerY a encore des gens qui fantasment sur Carl après l'après l'affreux dernier DPT ? :D
RépondreSupprimerIl était pas si affreux le Romance at Short Notice... juste insipide et indigne d'un ex-Libertines...
RépondreSupprimerBon Ofelia tu me copieras 1000 fois "je ne dirai plus qu'Adam Green est un gosse en quête d'identité tout en le comparant à Carl Barat, certes beaucoup plus beau, mais dont on ne peut pas dire qu'il nous ait bluffé par son identité ces dernières années."
Et bien sûr tu nous feras une ligne sur deux en anglais ;-)
Je suis un peu comme Ofelia en fait, j'ai du mal à piger pourquoi Adam Green est si génial (même si j'aime quelques trucs). Quant aux Dirty Pretty Trucs, ils ont bien fait de rompre, cela ne valait plus tripette (dommage, le premier était très bon). Bon, en fait, je ne suis pas du tout comme Ofelia, non ? :)
RépondreSupprimerAh non Laiezza, pas du tout comme moi :) Je trouve Adam Green génial et Thom, je me suis mal exprimé. Je ne parlais pas d'identité musicale, je parlais d'identité tout court, il me fait l'effet de se chercher (musicalement je le reconnais à chaque fois)
RépondreSupprimerEt puis Laiezza, les Dirty Pretty Trucs, tsssss! Je les adore moi les Dirty Pretty Things (Carl forever) même si oui, ils ont vite tourné en rond (j'ai toujours dit que Carl sans Pete... voilà quoi)
J'y vais, j'ai des lignes à faire.
En effet, je n'avais pas du tout compris :)
RépondreSupprimerMoi, à l'époque de leurs débuts, je préférais largement le premier DPT, au premier Babyshambles. Mais je dois dire que les deuxièmes respectifs ont bien rééquilibré la balance (d'ailleurs, j'avais crié ma déception, ici : http://l115thdream.canalblog.com/archives/2008/08/04/10061539.html)
Non mais attends Ofelia... ne fais pas tes lignes, voyons !!! Je n'avais pas compris ce que tu disais !!!
RépondreSupprimer(sinon il était très bien le premier DPT... à part un ou deux titres un peu moyens qui rétrospectivement annonçaient la suite...)
Je suis d'accord, le premier DPT était très bien.
RépondreSupprimerSi vous n'avez pas encore entendu ce dont sont capables des Clones-musiciens, passez à l'occasion les voir sur http://fr.akamusic.com/lesllbellullsuedoizz
RépondreSupprimerVous verrez que les prouesses bio-technologiques portent leurs fruits et résistent à la gravité avec grandiloquence.