[Mes disques à moi (et rien qu'à moi) - N°92]
Turn on the Bright Lights - Interpol (2002)
Au commencement était Joy Division. Bien entendu. C'est amusant que les gens d'Interpol détestent qu'on les rapproche du mythique groupe de Ian Curtis. Amusant parce que d'une part c'est tout de même assez flatteur... et amusant surtout parce que pour ma part, sans Joy Division, sans cette filiation, je n'aurais sans doute jamais posé une oreille sur ce disque.
Au commencement était Joy Division mais au commencement du commencement était, pour être tout à fait exact, une rupture douloureuse, comme toutes les ruptures donc, quoiqu'un peu plus encore. Ce jour-là, bouffi de larmes et désoeuvré au possible (c'était l'été et moi j'ai horreur de l'été, de la chaleur, du soleil... je suis un gothique à l'intérieur, en fait), je pénètre dans un magasin Virgin, bien décidé à compenser mon manque affectif par quelques achats bien sentis. Je me rappelle très bien être reparti avec une dizaine d'albums sous le bras, parmi lesquels By the Way (des Red Hot) et Songs for the Deaf (des Queens Of The Stone Age), qui tous deux venaient de sortir. Direction : mon appart. Rideaux tirés, logique : il faisait plein soleil. Je glisse le disque dans le lecteur. Je ne sais pas du tout à quoi m'attendre (je n'ai rien lu sur ce groupe, j'ignore qu'Interpol fait le buzz depuis plusieurs semaines, j'étais trop occupé à essayer de rapiécer mon couple pour lire la presse et Lenoir est évidemment en vacances). Mais je découvre rapidement de quoi il retourne. "Untitled", inaguration à la My Bloody Valentine, me cloue sur place. La voix peine un peu derrière, difficile de dire si c'est volontaire ou non... c'est en tout cas tout à fait prodigieux, il me semble.
Je m'allonge.
Un riff cristalin : "Obstacle 1". On remue un peu plus. Bizarrement je ne vois pas tout de suite le lien avec Joy Division, je pense plus aux Banshees. A Jesus & The Mary Chain. A quelque chose de plus rageur qu'Unknow Pleasures, quoique tout aussi crépusculaire. Voilà c'est ça : crépusculaire. J'ai d'ailleurs longtemps été convaincu que l'album s'appelait Turn off the Bright Lights. Titre lui allant évidemment beaucoup mieux. Sauf à considérer (hypothèse probable, sinon certaine) que ce "on" doit donner l'impression d'une supplique. Show mercy, turn on the bright lights ! Un cri de désespoir plutôt qu'une complaisance dans la noirceur comme l'aurait induit un "off".
Peu importe.
Il m'a fallu plusieurs mois pour me relever de Turn on the Bright Lights... bien plus que pour me relever de la rupture. De ces éclairs d'électricité ("PDA", "Roland") comme de ses ballades désemparées ("Hands Away", "Obstacle 2", "Leif Erikson"). Pour me relever comme pour prendre conscience de ses faiblesses - car il n'est pas parfait (prétendre le contraire n'aurait aucun sens). Interpol a probablement fait mieux depuis, du moins il me semble. Le revival post-punk des dernières années a offert des choses tout à fait intéressantes aussi, incontestablement. Pourtant pour moi, Turn on the Bright Lights garde une place à part. Pas seulement à cause de la rupture (pas du tout même), mais à cause de ce qu'il dégage. On parle souvent de bonne humeur communicative... avec ce disque, c'est la déprime qui vous contamine. Affreusement touchante mais digne. A l'image de la pochette : les ténèbres sont parcourus de quelques rais de lumière, de deux ou trois spots blafards qui vous gardent la tête hors de l'eau.
Les autres disques d'Interpol, très froids, ne font pas vraiment cet effet-là.
Trois autre disques pour découvrir Interpol :
The Black EP (live / 2003)
Antics (2004)
Our Love to Admire (2007)
...
Je n'aime pas trop ce disque, mais quel plaisir de retrouver cette rubrique !
RépondreSupprimerBBB.
Youpi! ,un MDAM!!!!!!!
RépondreSupprimerBizarrement, je n'ai jamais trop accroché à cet album. A part quelques titres en vrac, dont, evidement, Obstacle 1. et pourtant je me rappelle parfaitement son achat. Ballade en quais de Rhône, un samedi apres midi apres un resto, Chtif joue sa carte du "Si ca te plait pas, je te le rachete". Je fais la même dans l'autre sens et lui refourgue du Dinosaur Jr.
Et sinon, ravi de voir que je ne suis pas le seul à haïr la chaleur estivale.
Un bon disque, dont j'ai quand même du mal à comprendre pourquoi il finit si haut dans toutes les grands listes d'albums des 00's...
RépondreSupprimerPour ma part, pas de bémol, c'est un de mes disques de la décennie. Sommet de la face sombre du rock actuel (coté clair, c'est le is This It des Strokes).
RépondreSupprimerInterpol a fait preuve d'ambition par la suite en essayant de se renouveller, mais a du coup perdu tout intéret pour moi...
(j'adore ce disque, et pourtant l'été est ma saison favorite... je me vengerai de ceux qui me regardent souffrir du froid et du manque de soleil en ce moment en les voyant se plaindre et transpirer à grosses gouttes dans quelques mois...)
En phase avec toi sur cet album et en plus j'adore les autres également :)
RépondreSupprimerCet album a sur moi un drôle d'effet : je le trouve fascinant, tout en étant vachement conscient de ses défauts (nombreux). C'est surement ce qu'on appelle "coup de coeur !"
RépondreSupprimerEt puis c'est vrai que les autres ne font pas le même effet, sauf ponctuel (genre l'intro de Narc)
RépondreSupprimer"gothique à l'intérieur", excellent !
RépondreSupprimerStella Was a Diver and She Was Always Down, un morceau qui me fait chavirer du côté obscure avec toujours autant de plaisir
RépondreSupprimerUn des rares albums que j'écoute avec toujours autant de plaisir, une des exceptions concernant la vague revival post-punk aussi.
a part les editors qui essaient de faire pareil mais en mois bien, ya d'autres froupes dans le genre ?
RépondreSupprimerBah y a les Killers, déjà... surtout sur le premier...
RépondreSupprimerIl a vieilli très rapidement ce disque. Je l'ai beaucoup aimé et je l'ai écouté récemment (pour les disques de la décennie parce qu'au départ il était dans ma liste) et il était plutôt décevant. Il collait bien aux années où il est sorti. Mais ça s'arrête là. Ça reste un disque agréable et bien fait mais sans plus.
RépondreSupprimerLes albums suivant sont de moins en moins bien (le dernier est une merde).
mais oui les killers, ou avais-je la tête ! faut-dire qu'avec ce qu'on à serv au comptoir pour la ptite fête d'hier je vois plus très clair moi
RépondreSupprimerDans un genre un peu similaire, on peut citer Apartment, les français de Curtain, le premier album de Desert Hearts...
RépondreSupprimerOuais mais là c'est de la triche, tu cites des trucs que personne connaît ^^
RépondreSupprimerque MALHEUREUSEMENT personne ne connait...
RépondreSupprimerhttp://www.myspace.com/curtainfr
Oui ! bien sûr ! c'est ce que je voulais dire ;-)
RépondreSupprimercurtain ben ouais on sait faire des bons trucs en france, dites sil y a un "outil" français je veux hein
RépondreSupprimerUn Tool, tu means ? :-D
RépondreSupprimerhttp://www.myspace.com/weinsistband
touché ! en ja ik bedoelde toestel. pas mal mais pas aussi bon
RépondreSupprimerCette voix, rhâââ... rien que pour la voix...
RépondreSupprimerTu parles de la voix de corbeau à moitié clamsé ? :-)
RépondreSupprimer@ Thom : Nous avons eu la chance de les voir avec J-P à La vapeur à Dijon à l'occasion de la sortie de cet album et c'était tout simplement énorme . L'un des meilleurs concerts auxquels j'ai pu assister .
RépondreSupprimer@KMS : "le dernier est une merde".Quelel vulgarité ... j'ai presque l'impression de me lire ;: ( déolé j'arrive aps à afire des dessins comme vous avec les caractères du clavier ; remarque j'ai un peu cette tête là en vrai ).
Désolé , mais je suis au boulot et je n'ai pas le temps de me relire et là je dois y aller ...
RépondreSupprimerPas de problème, Daniel ^^
RépondreSupprimer