Filez-moi un vieux pot, que je puisse vous faire ma meilleure soupe ! Oh là... il est vraiment crade celui-là... qu'est-ce que vous en avez fait ? David Duchovny ? Il a fait de la soupe dans ce pot ? Oui bah je m'en doute qu'elle était dégueulasse... laissez-moi faire je vais arranger ça...
On imagine très bien l'anti-Californication qu'est Bored to Death naître comme ça, au cours d'une scène burlesque que l'on jurerait évadée d'un de ses épisodes. La réalité est plus prosaïque (Bored to Death est né d'un projet bien antérieur à Californication et rejeté à l'époque par Showtime lui-même), mais le résultat est là : après trois ans à voir se dérouler sous nos yeux la pire histoire d'écrivain du monde, l'excellent Jonathan Ames (lui-même écrivain et auteur du remarquable I Pass Like Night) vient de nous déballer la plus attachante et à ce jour la plus drôle : ça s'appelle Bored to Death, c'est avec le brillant Jason Schwartzman et l'hilarant Ted Danson... et c'est sur HBO, bien sûr (qui prouve une fois encore que malgré l'arrêt de la plupart de ses séries phares elle reste largement au-dessus de la concurrence en la matière). C'est ce qu'on appelle un programme alléchant.
Ou l'histoire d'un écrivain juif new-yorkais bien évidemment loser qui, largué par sa copine parce qu'il fume trop d'herbe et boit trop vin de blanc, cherche un nouveau sens à sa vie en s'improvisant détective privé recrutable par annonce sur Craiglist. Ce pourrait être un brin déjà-vu - c'est au contraire épatant d'humour et de tendresse. Chétif, lunaire, Jonathan Ames (c'est aussi le nom du personnage) n'est évidemment capable de résoudre ses enquêtes que par accident et développe rapidement une prodigieuse capacité à se laisser déconcentrer (par la beuh, les filles, le vin ou ses amis), finalement très raccord avec sa manière d'appréhender son travail : Ames se rêve surtout en détective de fiction évadé des hardboiled ; s'il se passionne toujours au début pour ses affaires, c'est qu'elles lui rappellent tous les clichés de ses livres favoris et son esprit décroche fort logiquement dès lors que la réalité de sa loseritude le rattrape.
Impossible de ne pas penser à Woody Allen (pour le sens inné du burlesque et le goût de la référence), à Seinfeld (goût pour l'absurde et multiplication des Seinfeld moments (*)), voire à Philip Roth et Paul Auster (qui eux aussi ont revisité les codes du roman noir avec jubilation). Les influences sont aussi nombreuses que les hommages sont subtils, mais Bored to Death parvient contre toute attente à développer un ton bien à elle - ce qu'elle doit en grande partie à ses comédiens tous exceptionnels. Les huits épisodes (oui, seulement... mais étant donné le côté un brin répétitif des intrigues c'est une véritable marque d'intelligence que de doser l'effort) sont réjouissants, les séquences remarquables et autres futures phrases cultes y prolifèrent et HBO ne s'y pas trompée, qui malgré des critiques globalement négatives (aux États-Unis) a prolongé pour une saison 2 cet attendrissant ovni.
Bored to Death (saison 1), créée par Jonathan Ames (HBO, 2009)
(*) Ces séquences au cours desquelles le détail le plus anodin de la vie quotidienne revêt une dimension quasi-métaphysique.
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On imagine très bien l'anti-Californication qu'est Bored to Death naître comme ça, au cours d'une scène burlesque que l'on jurerait évadée d'un de ses épisodes. La réalité est plus prosaïque (Bored to Death est né d'un projet bien antérieur à Californication et rejeté à l'époque par Showtime lui-même), mais le résultat est là : après trois ans à voir se dérouler sous nos yeux la pire histoire d'écrivain du monde, l'excellent Jonathan Ames (lui-même écrivain et auteur du remarquable I Pass Like Night) vient de nous déballer la plus attachante et à ce jour la plus drôle : ça s'appelle Bored to Death, c'est avec le brillant Jason Schwartzman et l'hilarant Ted Danson... et c'est sur HBO, bien sûr (qui prouve une fois encore que malgré l'arrêt de la plupart de ses séries phares elle reste largement au-dessus de la concurrence en la matière). C'est ce qu'on appelle un programme alléchant.
Ou l'histoire d'un écrivain juif new-yorkais bien évidemment loser qui, largué par sa copine parce qu'il fume trop d'herbe et boit trop vin de blanc, cherche un nouveau sens à sa vie en s'improvisant détective privé recrutable par annonce sur Craiglist. Ce pourrait être un brin déjà-vu - c'est au contraire épatant d'humour et de tendresse. Chétif, lunaire, Jonathan Ames (c'est aussi le nom du personnage) n'est évidemment capable de résoudre ses enquêtes que par accident et développe rapidement une prodigieuse capacité à se laisser déconcentrer (par la beuh, les filles, le vin ou ses amis), finalement très raccord avec sa manière d'appréhender son travail : Ames se rêve surtout en détective de fiction évadé des hardboiled ; s'il se passionne toujours au début pour ses affaires, c'est qu'elles lui rappellent tous les clichés de ses livres favoris et son esprit décroche fort logiquement dès lors que la réalité de sa loseritude le rattrape.
Impossible de ne pas penser à Woody Allen (pour le sens inné du burlesque et le goût de la référence), à Seinfeld (goût pour l'absurde et multiplication des Seinfeld moments (*)), voire à Philip Roth et Paul Auster (qui eux aussi ont revisité les codes du roman noir avec jubilation). Les influences sont aussi nombreuses que les hommages sont subtils, mais Bored to Death parvient contre toute attente à développer un ton bien à elle - ce qu'elle doit en grande partie à ses comédiens tous exceptionnels. Les huits épisodes (oui, seulement... mais étant donné le côté un brin répétitif des intrigues c'est une véritable marque d'intelligence que de doser l'effort) sont réjouissants, les séquences remarquables et autres futures phrases cultes y prolifèrent et HBO ne s'y pas trompée, qui malgré des critiques globalement négatives (aux États-Unis) a prolongé pour une saison 2 cet attendrissant ovni.
Bored to Death (saison 1), créée par Jonathan Ames (HBO, 2009)
(*) Ces séquences au cours desquelles le détail le plus anodin de la vie quotidienne revêt une dimension quasi-métaphysique.
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Série effectivement très drôle et bien fichue. Vivement la suite !
RépondreSupprimerJe me suis vraiment tordue de rire durant les premiers épisodes. Mais je dois dire que mon intérêt s'est un peu dissipé par la suite. C'est sûr que plus d'épisodes, c'était du vice...
RépondreSupprimerParfaitement d'accord avec Lil.
RépondreSupprimerC'était très prometteur au début, mais cela a perdu de son intérêt au fil des épisodes. A mon avis, préparer une saison 2 est une erreur.
Bon dimanche.
Je peux comprendre vos réserves mais que dire ? Moi ça m'a plu de bout en bout...
RépondreSupprimerPremier épisode vu hier - stop - deux fous rires - stop - merci m'sieur ;-)
RépondreSupprimerDe rien. Et content de te revoir par ici !
RépondreSupprimerPas grand chose à dire ;-) Tu connais déjà mon avis !
RépondreSupprimerTrès bonne série, donc...
Et ça fait plaisir de revoir Ted Danson dans un rôle vraiment réussi !
Pfff ... va falloir que je regarde les séries TV un jour !! Après Twin Peaks, j'ai complétement débarqué et même 24 heures je ne l'ai pas vu ! Je ne sais pas pourquoi j'ai cette allergie aux séries télé, il faut peut-être que je cure le mal par le mal et ainsi me guérir !
RépondreSupprimerJe vais essayer !
Bah ouais, quand même... à quoi ça sert sinon que je me décarcasse ;-)
RépondreSupprimerBon j'étais entrain de râler parce que je ne trouvais pas les derniers épisodes, je me dis, je vais aller demander conseil à l'ami Thom, et que vois-je, en fait il y en a que 8 et j'ai déjà fini la saison 1. Bon bah c'était très bien, Mme Playlist Society et moi même te remercions :)
RépondreSupprimerFallait m'envoyer un mail, tu sais, j'ai à peu près toutes les réponses sur toutes les séries (même la fin de Lost, si si, je l'ai lue dans les entrailles de poisson). Mes amitiés à Madame.
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