samedi 20 février 2010

Colin Chloé - Ce bon vieux folk-rock

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Ah ! Chouette ! De la folk ! Ça faisait longtemps…

Hein ? Oui, tu as raison cher lecteur : j’ai certainement déjà introduit un article ainsi par le passé. [...] Que veux-tu que je te dise ? De la folk, j’ai l’impression de n’entendre que ça depuis un an et demi/deux ans. Au point que l’autre fois, je me sois amusé à imaginer que les terroristes d’A Place To Bury Strangers débarquaient chez moi et pratiquaient la politique de la folk brûlée (1). Remarquez, ça a plutôt bien marché : Vic Chesnutt et Lhasa n’en sont pas revenus.

Tout humour de mauvais goût mis à part (c’est mal barré…), faisons amende honorable et reconnaissons que l’année débute plutôt pas mal en la matière, avec l’excellent album du quasi inconnu Richard McGraw, le We Are Only Riders (pour un versant folk plus bluesy)… et donc ce premier album de Colin Chloé, qui apporte au récent déluge de guitares acoustiques ce qui commençait à lui manquer cruellement : des guitares électriques. Enfin du folk-rock, du vrai, saturé comme il faut et évoquant – mais c’est une évidence tant ils ont marqué le genre – Neil Young et son cheval fou.


C’est loin d’être sa seule qualité mais cela méritait d’être souligné, tant l’usage fait ici des guitares détonne dans une époque où, sans qu’on sache trop pourquoi, il semble que le summum du génie soit de baragouiner une énième ânerie romantique sur des accords mineurs et des grattes sèches. Nulle trace de ce syndrome chez Chloé. Ses chansons toutes en tensions l’inscrivent résolument dans une famille musicale qui de 16 Horsepower à Tue-Loup n’aura eu de cesse de repeindre ce bon vieux folk-rock de couleurs sombres et fantomatiques.

Les chansons, justement, sont bien entendu au centre de l’édifice (2). Certaines sont un peu plus anecdotiques, mais d’autres sont vraiment exceptionnelles, au nombre desquelles "Le Marin", qui ouvre l’album dans une atmosphère aussi désolée qu’entêtante. La voix est inquiète quoique posée, l’interprétation impeccable – et la séduction d’opérer à plein régime dès la première écoute. On pose Appeaux sur sa platine tout au plus par curiosité, on l’en enlève convaincu d’avoir découvert un songwriter au talent bien rare dans nos contrées… quoiqu’on ne soit évidemment pas obligé de l’en enlever – si on le fait ce sera à regret. Car de par la finesse de ses textes ("Le Vin de l’assassin" (3)), ses qualités mélodiques ("Laissant Quimper") et l’intelligence de ses arrangements (tous les titres ou presque), Colin Chloé vient de signer un album dont il ne fait aucun doute qu’il s’installera sur la durée et nous accompagnera pendant pas mal d’années.

Ce qu’on devrait être en droit d’attendre, dans le fond, de tout disque folk qui se respecte.


👍👍 Appeaux 
Colin Chloé | Y Music, 2010


(1) … brûler toutes celles que j’ai folkées ? Oh là là… je vous jure que je n’ai pas bu…
(2) Rappelons aux étourdis (ou à ceux qui auraient écouté trop de mauvais disques acoustiques ces derniers temps) que c’est le principe de la folk.
(3)
Certes, c’est Baudelaire… encore fallait-il savoir le faire sonner.

13 commentaires:

  1. Un album que j'ai acheté grâce à vous. Sympa comme tout. Cela ne délogera pas Tue-Loup dans mon coeur (même si, comme vous le notez, l'influence est là), mais c'est vraiment intéressant.

    BBB.

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  2. J'ai cherché en vain un endroit où on pourrait écouter un peu. Ca a l'air pas mal.

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  3. (je veux dire un peu plus que les pauvres titres sur myspace, qui ne sont d'ailleurs pas pauvres du tout mais plutôt bons ;)

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  4. BBB. >>> ça fait plaisir à lire !

    Lil' >>> ça me rappelle un article où GT racontait qu'il avait découvert un super groupe mais que malheureusement, on ne pouvait entendre son disque nulle part... c'est vrai que moins les artistes sont connus moins on trouve facilement des morceaux en streaming, ce qui est quasiment l'inverse de ce qu'on pourrait espérer...

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  5. Oui, c'est pas faux ça.

    Sinon je corrige : les deux morceaux sont très bons, surtout "Le Marin".

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  6. Par contre - c'est très con à écrire - son patronyme n'est vraiment pas très engageant et me rappellerait presque les détournements de pochettes initiés par Arbobo (voir aussi la pochette dudit disque qui est presque un geste suicidaire). Non ?

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  7. Sauf erreur de ma part, il a pris les prénoms des deux héros de L'Ecume des jours...

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  8. Oh, alors si c'est ça, je suis rouge de honte de m'être moqué...
    Je me disais bien que ça ne pouvait pas exister en vrai un tel nom...

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  9. En même temps, quand on voit mon pseudo, hein...

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  10. Très bel album que je passe en boucle en ce moment...Oui bien sûr un petit côté Neil Young mais pas que..."le marin" ..."les équilibristes" aussi...merci Thomas pour la belle découverte

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  11. De rien, je suis ravi que ça te plaise !

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