Annoncée en fin de saison trois, la nouvelle en avait fait rire plus d'un : Heroes allait être quasiment rebootée pour sa quatrième année d'audiences sous le niveau de la mer, on pourrait découvrir la série sans rien savoir des saisons précédentes, le grand retour aux sources aurait lieu et on allait voir ce qu'on allait voir.
On a vu. Surtout : on a compris. Que Tim Kring était prêt à faire n'importe quoi, dusse-t-il tuer père et mère, pour redevenir le maître du monde des séries (ce qu'il était quasiment en 2006). Notez que quand on commence à blâmer le téléchargement pour justifier ses audiences pitoyables (alors que les américains téléchargent dix fois moins que les européens), c'est généralement qu'on est mal barré.
En fait de reboot il faut effectivement reconnaître qu'un "effort" a été fait, entre guillemets tout de même puisque le but quasi avoué était stupidement d'essayer de rapatrier les téléspectateurs perdus entre la première et la troisième saison (ce qui, vous ne devinerez jamais... n'a pas marché). Le black out est presque total sur la saison deux et la première moitié de la trois (ont-elles réellement eu lieu ? étaient-ce en fait des réalités parallèles ?) pour focaliser l'intrigue sur un retour aux sources (discutable et lésinant peu sur les incohérences), style compris. C'est-à-dire que pour la première fois en quatre ans, Heroes revient à ce qu'elle faisait (plutôt pas mal) à ses débuts, à savoir raconter le quotidien de gens accablés par leurs pouvoirs, superhéros tragiquement ordinaires et superméchants finalement bien humains. On en serait presque ravi, dommage que la série n'ait pas pu s'empêcher ce faisant de reproduire du même coup les défauts du volume un : intrigue bien trop lente à se mettre en place, longueurs et scènes totalement inutiles fleurant bon le remplissage. Bryan "La Lose" Fuller, rapatrié en urgence l'an passé, est toujours à la tête du pool de scénaristes... et ça se sent, car on retrouve de nouveau beaucoup de lui dans ce programme, son génie, sa fantaisie (le pouvoir - délicieusement poétique - d'Emma ne pouvait être imaginé que par Fuller !)... mais aussi hélas son incapacité à accrocher le spectateur et à composer des intrigues captivantes. Comme si Heroes était condamnée à être éternellement prise au piège de l'auteur talentueux qui fit tant pour son succès initial : sans Fuller, elle est inconsistante. Avec lui, elle est inconséquente.
Non que la saison soit mauvaise. Elle fourmille de bonnes idées, au nombre desquelles l'embauche de Robert "T-Bag" Knepper pour interpréter l'un des badguys (vous ne pensiez quand même pas que Knepper allait jouer un gentil ?) les plus convaincants que la série nous ait offerts à ce jour. Mais elle semble par instants totalement schizophrène, écartelée entre les obsessions de Fuller (qui sont presque anti-commerciales) d'une part, et entre une volonté évidente de la production de racoler le spectateur d'autre part. Ce qui donne dans le même épisodes des scènes touchantes, légères, mystérieuses et très réussies (la démonstration de magie de Hiro, toutes les séquences dans la fête foraine...)... et des trucs absolument atterrants ne visant manifestement qu'à caresser les ados dans le sens du poil (pubien) - je pense bien sûr au trip saphique de Claire Benett (qui a comme on pouvait s'y attendre fait un gros buzz sur le Net), bien loin de l'évolution délicate et touchante de Willow dans Buffy, ou au festival Sylar. Oui : festival. Car entre les deux dernières saisons il s'est passé un évènement considérable : Zachary Quinto est devenu une star grâce au médiocre Star Trek de J.J. Abrams. Et on sent nettement la différence tant la consigne de la production semblait être cette année laissez-le cabotiner autant qu'il veut, c'est notre bouée de sauvetage. On aura droit à tout ou presque : Sylar is the demon in my head, Sylar is Dollhoused, Sylar is Nathan Petrelli, Sylar is a good guy, Sylar is a bad guy, Sylar got some remorse, Sylar's gonna save the world... absurde en soi, mais encore plus absurde si l'on considère que Quinto, sans être mauvais, n'est pas à ce point génial qu'il soit capable de porter sur lui autant de sous-rôles.
Bien sûr, au final, tout cela n'aura pas été si déplaisant. Heroes n'a jamais été que l'équivalent d'un film pop-corn - ce sont les critiques qui il y a quatre ans voyaient en elle un nouveau Lost qui se sont fourvoyés. De ce point de vue le temps a tranché, et ses conclusions ne sont pas vraiment en faveur de la superproduction NBC, qui donne de plus en plus l'impression de tourner en rond, recyclant sans cesse la même soupe et bombardant son intrigue d'une flopée de nouveaux personnages (= de nouveaux pouvoirs spectaculaires) faute de parvenir à développer correctement ceux qu'elle a sous la main et qui ne semblent plus que des parodies d'eux-mêmes (Hiro dépassé par ses pouvoirs, Claire qui fait la gueule à son père un épisode sur deux, Angela Petrelli qui ment et manipule, Peter qui sauve le monde uniquement quand sa mèche retombe en accroche-cœur... seul Bennett donne vraiment l'impression de continuer à avancer - à s'enfoncer pour être exact). On s'éclate évidemment, c'est bien foutu, c'est parfois rigolo et en plus les filles sont belles. Soit. Mais il devient de plus en plus difficile de défendre une série dont on peine chaque jour un peu plus à comprendre les tenants et aboutissants. C'est d'autant plus dommage qu'elle n'a jamais été aussi mauvaise qu'on a pu le dire, et que la fin de la saison trois laissait supposer le meilleur. Là, on ne sait plus trop. Peut-être va-t-il être temps de remiser tout ce petit monde au placard...
Heroes (saison 4, volume V), créée par Tim Kring (NBC, 2009-10)
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On a vu. Surtout : on a compris. Que Tim Kring était prêt à faire n'importe quoi, dusse-t-il tuer père et mère, pour redevenir le maître du monde des séries (ce qu'il était quasiment en 2006). Notez que quand on commence à blâmer le téléchargement pour justifier ses audiences pitoyables (alors que les américains téléchargent dix fois moins que les européens), c'est généralement qu'on est mal barré.
En fait de reboot il faut effectivement reconnaître qu'un "effort" a été fait, entre guillemets tout de même puisque le but quasi avoué était stupidement d'essayer de rapatrier les téléspectateurs perdus entre la première et la troisième saison (ce qui, vous ne devinerez jamais... n'a pas marché). Le black out est presque total sur la saison deux et la première moitié de la trois (ont-elles réellement eu lieu ? étaient-ce en fait des réalités parallèles ?) pour focaliser l'intrigue sur un retour aux sources (discutable et lésinant peu sur les incohérences), style compris. C'est-à-dire que pour la première fois en quatre ans, Heroes revient à ce qu'elle faisait (plutôt pas mal) à ses débuts, à savoir raconter le quotidien de gens accablés par leurs pouvoirs, superhéros tragiquement ordinaires et superméchants finalement bien humains. On en serait presque ravi, dommage que la série n'ait pas pu s'empêcher ce faisant de reproduire du même coup les défauts du volume un : intrigue bien trop lente à se mettre en place, longueurs et scènes totalement inutiles fleurant bon le remplissage. Bryan "La Lose" Fuller, rapatrié en urgence l'an passé, est toujours à la tête du pool de scénaristes... et ça se sent, car on retrouve de nouveau beaucoup de lui dans ce programme, son génie, sa fantaisie (le pouvoir - délicieusement poétique - d'Emma ne pouvait être imaginé que par Fuller !)... mais aussi hélas son incapacité à accrocher le spectateur et à composer des intrigues captivantes. Comme si Heroes était condamnée à être éternellement prise au piège de l'auteur talentueux qui fit tant pour son succès initial : sans Fuller, elle est inconsistante. Avec lui, elle est inconséquente.
Non que la saison soit mauvaise. Elle fourmille de bonnes idées, au nombre desquelles l'embauche de Robert "T-Bag" Knepper pour interpréter l'un des badguys (vous ne pensiez quand même pas que Knepper allait jouer un gentil ?) les plus convaincants que la série nous ait offerts à ce jour. Mais elle semble par instants totalement schizophrène, écartelée entre les obsessions de Fuller (qui sont presque anti-commerciales) d'une part, et entre une volonté évidente de la production de racoler le spectateur d'autre part. Ce qui donne dans le même épisodes des scènes touchantes, légères, mystérieuses et très réussies (la démonstration de magie de Hiro, toutes les séquences dans la fête foraine...)... et des trucs absolument atterrants ne visant manifestement qu'à caresser les ados dans le sens du poil (pubien) - je pense bien sûr au trip saphique de Claire Benett (qui a comme on pouvait s'y attendre fait un gros buzz sur le Net), bien loin de l'évolution délicate et touchante de Willow dans Buffy, ou au festival Sylar. Oui : festival. Car entre les deux dernières saisons il s'est passé un évènement considérable : Zachary Quinto est devenu une star grâce au médiocre Star Trek de J.J. Abrams. Et on sent nettement la différence tant la consigne de la production semblait être cette année laissez-le cabotiner autant qu'il veut, c'est notre bouée de sauvetage. On aura droit à tout ou presque : Sylar is the demon in my head, Sylar is Dollhoused, Sylar is Nathan Petrelli, Sylar is a good guy, Sylar is a bad guy, Sylar got some remorse, Sylar's gonna save the world... absurde en soi, mais encore plus absurde si l'on considère que Quinto, sans être mauvais, n'est pas à ce point génial qu'il soit capable de porter sur lui autant de sous-rôles.
Bien sûr, au final, tout cela n'aura pas été si déplaisant. Heroes n'a jamais été que l'équivalent d'un film pop-corn - ce sont les critiques qui il y a quatre ans voyaient en elle un nouveau Lost qui se sont fourvoyés. De ce point de vue le temps a tranché, et ses conclusions ne sont pas vraiment en faveur de la superproduction NBC, qui donne de plus en plus l'impression de tourner en rond, recyclant sans cesse la même soupe et bombardant son intrigue d'une flopée de nouveaux personnages (= de nouveaux pouvoirs spectaculaires) faute de parvenir à développer correctement ceux qu'elle a sous la main et qui ne semblent plus que des parodies d'eux-mêmes (Hiro dépassé par ses pouvoirs, Claire qui fait la gueule à son père un épisode sur deux, Angela Petrelli qui ment et manipule, Peter qui sauve le monde uniquement quand sa mèche retombe en accroche-cœur... seul Bennett donne vraiment l'impression de continuer à avancer - à s'enfoncer pour être exact). On s'éclate évidemment, c'est bien foutu, c'est parfois rigolo et en plus les filles sont belles. Soit. Mais il devient de plus en plus difficile de défendre une série dont on peine chaque jour un peu plus à comprendre les tenants et aboutissants. C'est d'autant plus dommage qu'elle n'a jamais été aussi mauvaise qu'on a pu le dire, et que la fin de la saison trois laissait supposer le meilleur. Là, on ne sait plus trop. Peut-être va-t-il être temps de remiser tout ce petit monde au placard...
Heroes (saison 4, volume V), créée par Tim Kring (NBC, 2009-10)
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Autant l'an dernier je te trouvais généreux autant cette année je te trouve sévère. La série s'est quand même à mon avis vachement améliorée, même si elle reste dispensable (mais elle l'a toujours été).
RépondreSupprimerT'as oublié de préciser que le trip saphique de Claire c'est avec l'affreuse Mia de Californication, qui a l'air plus moche et conne que jamais ;)
RépondreSupprimerAh tu regardes Heroes, toi ?
RépondreSupprimerJe suis assez surpris...
Serious Moon >>> améliorée... non, je ne suis pas sûr en fait.
RépondreSupprimerLil' >>> c'est vrai (et c'est méchant)(et c'est drôle).
Bloom >>> et c'est un fan de Star Trek qui me dit ça...
L'existence de cette série me laisse totalement perplexe. Au début l'idée était prometteuse, influences des comics, toussa. Et puis en fait, c'est assez mauvais, mal joué, vraiment pas terrible...
RépondreSupprimerMal joué ? Je ne trouve pas. On ne peut pas dire qu'Adrian Pasdar ou Zachary Quinto soient de mauvais acteurs, quand même...
RépondreSupprimerJ'ai dû tout laisser tomber au 11ème épisode de cette saison, lassé du vide qui entourait de plus en plus toutes ces aventures inutiles.
RépondreSupprimer@Thomas,
RépondreSupprimerPasdar est un très bon acteur, mais qui joue très mal dans Heroes ! ^_^
Mouais...
RépondreSupprimerTout à fait dac avec cet article. Même avec du pop-corn et un maxi coke ça devient dur d'avaler Heroes :-)
RépondreSupprimerTant mieux car c'est très mal de boire des maxis coke ;-)
RépondreSupprimerJ'ai abandonné au début de la 3e saison (qui m'a plutôt saoulé), alors...
RépondreSupprimerMoi je continue contre vents et marrés :) La mythologie de Heroes s'effondre à chaque épisode mais certains acteurs ont l'air d'y croire encore. Et puis difficile d'abandonner une série à ce stade. Après ce serait mentir de dire que ça m'aide à patienter chaque semaine dans l'attente d'un nouveau Lost :)
RépondreSupprimerAh oui et c'est bien de rappeler combien Star Trek c'est nul.
Ska >>> pas sûr que tu aies loupé grand-chose...
RépondreSupprimerBenjamin >>> je n'irais pas jusqu'à dire que ce film est nul... mais disons sans grand intérêt, à tel point que je n'ai même pas vu l'intérêt de publier ma critique (pourtant écrite depuis - au moins - six mois !)
Alors pour le Star Trek, j'insiste. Faire "ça" du mythe Star Trek c'est rude :)
RépondreSupprimerhttp://www.playlistsociety.fr/2009/05/star-trek-de-jj-abrams-210.html
Je suis assez d'accord (j'avais déjà lu cet article, en fait). Mis à part qu'en fait, c'est encore pire que ce que tu dis à la fin. Parce qu'Abrams n'a JAMAIS été un réalisateur, même de télé. Lost et Fringe, il a fait les pilotes (médiocre dans le second cas). Alias il a fait quelques épisodes, mais pas grand-chose. En terme de mise en scène, sur Lost et Alias, le mec à qui on devrait proposer des blockbusters est un quasi inconnu du nom de Jeff Pinker (qui a aussi bossé sur Les Soprano et Deadwood... bref un poids lourd de la réal de séries). Et sur Fringe je crois que c'est Alex Graves (là aussi un mec qui a bossé sur dix mille séries). Des noms évidemment peu bankables pour des producteurs, comme souvent les réals de séries (même les meilleurs). En fait Abrams - que j'adore par ailleurs - a la plupart du temps été un prête-nom, une grosse (et géniale) boite à concepts (franchement j'aimerais faire ça comme boulot... t'as une idée tous les deux ans et tu comptes le pognon entre temps...). Le vendre comme "l'auteur d'Alias, Fringe et Lost", comme n'a pas manqué de le faire la presse au moment de la sortie de Star Trek, c'est carrément de l'arnaque (en tout cas c'est risible pour quiconque connaît le fonctionnement de l'industrie des séries US)... c'est tout au plus l'auteur d'Alias (la seule des trois dans laquelle il s'est vraiment investi, quasiment jusqu'au bout), mais les autres en réalité il n'a pas grand-chose à voir avec. Ce qui explique la médiocrité de ses films...
RépondreSupprimerOh là. Je fatigue : Jeff Pinker est scénariste de Lost. Je pensais en fait à l'excellent Jack Bender, le roi du cadrage de séries (Cf. le dernier épisode de Lost en date, la scène sur le ponton est une merveille).
RépondreSupprimerTu veux dire que Abrams ne suit même pas de loin l'écriture du scénar de Lost et Fringe ??? Qu'il n'en a même pas écrit les grandes lignes. En fait tu dis que le mec balance un concept sur trois slides et basta ? J'avoue c'est un job de rêve :) En tout cas c'est définitivement un piètre réalisateur. Bizarre que personne s'en aperçoive.
RépondreSupprimer(Tu parles de la scène avec Sawyer et Kate ?)
Je veux dire ça, oui ^^ De l'aveu de Cuse et Lindelof (qui sont les vrais patrons de Lost, ceux qui ont "écrit les grandes lignes"), Abrams n'a quasiment rien fait dessus depuis la fin de la saison 1 (il n'est d'ailleurs même plus producteur depuis la saison 3). Quand on leur demande quel est son rôle, ils disent que c'est leur fan n°1. Pour Fringe je ne sais pas trop, mais je crois que ce sont Kurtzman et Orci (oui, les scénaristes de Star Trek... et surtout des inénarrables Transformers) qui font le gros du boulot. Le fonctionnement interne d'une série, qui fait quoi, c'est toujours assez compliqué et poreux (surtout pour des séries mainstreams comme ça où tu as dix producteurs exécutifs, dix scénaristes, dix co-producteurs, cinq réalisateurs... Lost étant certainement une des pires de ce point de vue).
RépondreSupprimer(oui, je pensais à celle-là)
Plussoyage. D'ailleurs c'est pour ça que les auteurs de télé finissent malgré tout par bosser pour le cinéma (ou se mettent en scène de manière excessive comme Cuse, Lindelof ou Abrams) : écrire pour la télé fait rarement du bien à l'égo... ;)
RépondreSupprimerPfff. Ces artistes et leurs égos :-)
RépondreSupprimerOuaip presque pire que les blogueurs...
RépondreSupprimerRien n'est pire qu'un égo de blogueur ;-)
RépondreSupprimerah une saison 4... hop on the man's wishlist... et oui les saison 2 et 3 ont bien eu lieu et au moins une personne les a achetées ;-)))))
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