[Article publié cet automne chez feu Culturofil] La légitimité est-elle contagieuse ? Autrement dit : suffit-il d'être proche d'un groupe majeur pour être automatiquement considéré comme légitime ? C'est l'épineuse question que soulevait l'an passé à son corps défendant le premier album d'A Storm Of Light, groupe emmené par Josh Graham, graphiste attitré des géniaux Neurosis et ancien guitariste des excellents Red Sparowes – remarquable all stars band composé de la crème des musiciens de Neurot Recordings... label des susnommés géniaux Neurosis...
Sans être tout à fait un mauvais album (ni un très bon, du reste) and We Kept the Black Ocean Within laissait tout de même beaucoup d'interrogations en suspens, pour ne convaincre au final que d'une seule chose (qu'on savait déjà en plus) : l'impact incroyable et passionnant de Neurosis et d'Isis sur la génération métallique actuelle. Immunisé en théorie par son statut de protégé du groupe d'Oakland, Graham avait tout de même vu quelques balles lui effleurer le cuir chevelu sur le mode « Encore un sous-Neurosis », ce qui n'était sans doute pas rendre justice au travail fourni sur and We Kept the Black Ocean Within mais s'avérait somme toute inévitable. Pour parfaitement conquérir un public qui dans le genre post-metal en a vu des vertes et des pas mûres ces dernières années, il allait falloir prendre autrement plus de risques et se démarquer de manière bien plus nette des influences familiales. Peut-être pas tuer papa Neuro, mais au moins lui mettre une bonne beigne.
C'est donc avec un certain plaisir que l'on constate que c'est désormais chose faite – et bien faite. Pas de panique : A Storm Of Light ne détrônera pas de sitôt Neurosis au rang de meilleur groupe de metal en activité (en alternance avec Tool bien sûr !). En revanche le groupe a manifestement pris des risques au moment de composer ce Forgive Us Our Trespasses et fait le choix délibéré et on ne peut plus pertinent de s'écarter des sentiers battus par le groupe de Steve von Till afin de bâtir son propre univers – tout aussi apocalyptique mais bien plus sensuel par moments.
Foncièrement cela se traduit par un rapprochement manifeste avec les Red Sparowes des débuts, notamment dans la construction des morceaux (c'est flagrant sur "The Light in Their Eyes" ou dans la progression harmonique du pourtant très heavy "Midnight"). Le soin apporté aux mélodies est également saisissant, qui montre un collectif susceptible de tresser de lignes de chants parfaitement mémorisables sans jamais sacrifier son parti-pris doom, traînant et menaçant ("Amber Waves of Gray", "Through Is Near"). Et c'est sans parler de l'utilisation parfaite (et donc : très rare) des chœurs ("Across the Wilderness") ou des invités (l'acteur Aaron Lazar ou Lydia Lunch, fascinante même lorsqu'elle se contente de lire un texte et dont la présence n'a rien de si surprenant pour qui connaît les sympathies de Josh Graham (*)
Certains argueront sans doute que l'on reste tout de même assez loin d'une révolution culturelle, et qu'A Storm Of Light a peu de chances de changer la face du metal. C'est une évidence. Ce qui signifie donc qu'il faut s'en méfier. Rien n'est plus émouvant, artistiquement parlant, que d'assister à la naissance d'un groupe de premier ordre. Forgive Us Our Trespasses n'est pas un chef-d'œuvre incontournable, mais il dégage un sentiment d'accomplissement qui le rend attachant. À plus forte raison si l'on prend en compte la marge de progression délirante franchie par le groupe en à peine plus d'une année - à côté and We Kept the Black Ocean Within a l'air d'un vague brouillon. Alors sans préjuger de l'avenir... on est en droit de supposer que la suite pourrait bien être captivante.
Forgive Us Our Trespasses, d'A Storm Of Light (2009)
(*) L'on se souviendra que Graham avait déjà collaboré avec une légende post-punk (Tony Maimone, de Pere Ubu) au sein de Battle of Mice.
...
Sans être tout à fait un mauvais album (ni un très bon, du reste) and We Kept the Black Ocean Within laissait tout de même beaucoup d'interrogations en suspens, pour ne convaincre au final que d'une seule chose (qu'on savait déjà en plus) : l'impact incroyable et passionnant de Neurosis et d'Isis sur la génération métallique actuelle. Immunisé en théorie par son statut de protégé du groupe d'Oakland, Graham avait tout de même vu quelques balles lui effleurer le cuir chevelu sur le mode « Encore un sous-Neurosis », ce qui n'était sans doute pas rendre justice au travail fourni sur and We Kept the Black Ocean Within mais s'avérait somme toute inévitable. Pour parfaitement conquérir un public qui dans le genre post-metal en a vu des vertes et des pas mûres ces dernières années, il allait falloir prendre autrement plus de risques et se démarquer de manière bien plus nette des influences familiales. Peut-être pas tuer papa Neuro, mais au moins lui mettre une bonne beigne.
C'est donc avec un certain plaisir que l'on constate que c'est désormais chose faite – et bien faite. Pas de panique : A Storm Of Light ne détrônera pas de sitôt Neurosis au rang de meilleur groupe de metal en activité (en alternance avec Tool bien sûr !). En revanche le groupe a manifestement pris des risques au moment de composer ce Forgive Us Our Trespasses et fait le choix délibéré et on ne peut plus pertinent de s'écarter des sentiers battus par le groupe de Steve von Till afin de bâtir son propre univers – tout aussi apocalyptique mais bien plus sensuel par moments.
Foncièrement cela se traduit par un rapprochement manifeste avec les Red Sparowes des débuts, notamment dans la construction des morceaux (c'est flagrant sur "The Light in Their Eyes" ou dans la progression harmonique du pourtant très heavy "Midnight"). Le soin apporté aux mélodies est également saisissant, qui montre un collectif susceptible de tresser de lignes de chants parfaitement mémorisables sans jamais sacrifier son parti-pris doom, traînant et menaçant ("Amber Waves of Gray", "Through Is Near"). Et c'est sans parler de l'utilisation parfaite (et donc : très rare) des chœurs ("Across the Wilderness") ou des invités (l'acteur Aaron Lazar ou Lydia Lunch, fascinante même lorsqu'elle se contente de lire un texte et dont la présence n'a rien de si surprenant pour qui connaît les sympathies de Josh Graham (*)
Certains argueront sans doute que l'on reste tout de même assez loin d'une révolution culturelle, et qu'A Storm Of Light a peu de chances de changer la face du metal. C'est une évidence. Ce qui signifie donc qu'il faut s'en méfier. Rien n'est plus émouvant, artistiquement parlant, que d'assister à la naissance d'un groupe de premier ordre. Forgive Us Our Trespasses n'est pas un chef-d'œuvre incontournable, mais il dégage un sentiment d'accomplissement qui le rend attachant. À plus forte raison si l'on prend en compte la marge de progression délirante franchie par le groupe en à peine plus d'une année - à côté and We Kept the Black Ocean Within a l'air d'un vague brouillon. Alors sans préjuger de l'avenir... on est en droit de supposer que la suite pourrait bien être captivante.
Forgive Us Our Trespasses, d'A Storm Of Light (2009)
(*) L'on se souviendra que Graham avait déjà collaboré avec une légende post-punk (Tony Maimone, de Pere Ubu) au sein de Battle of Mice.
...
Bouh qu'ils sont méchants, bouh que c'est l'apocalypse et on va tous mourir, sauf les cafards, et Keith Richads. Quelle daube, j'aurais dû faire un top of the flops sur ce genre de metal qui, dans sa grande folie, ose se prétendre intellectuel.
RépondreSupprimerJ'avais vu qu'il était dans ton top 2009 mais je me demandais si tu allais faire une chro. Je suis globalement d'accord sur ce disque, par contre je trouvais déjà le premier très bon et je ne comprends pas ce que tu veux dire à son propos.
RépondreSupprimerOn a beau être à juste titre ou non méfiant vis à vis du post-metal, ça reste effectivement à l'écoute de l'extrait une belle surprise :-)
RépondreSupprimerDécidément, après Ninth Moon Black pour 2008, je note désormais A Storm of Light.
Mais les Red Sparowes c'était pas un groupe de post rock ?
RépondreSupprimerForcément au vue des influences, j'aime beaucoup A Storm Of Lightisis (oui c'est important de finir en "isis" comme Cult Of Lunaisis, Callistoisis, Pelicanisis !!!). En revanche comme El-Jam, je trouve que cet album est vraiment une suite logique à and We Kept the Black Ocean Within.
RépondreSupprimerSinon Laiezza, ce genre de groupe est plutôt composé de gentils garçons en général :)
Laiezza >>> tes propos ne sont-ils pas plus clichestiques que le groupe lui-même ?
RépondreSupprimerEL-JAM & Benjamin >>> je ne dis pas qu'il n'y a pas de logique de l'un à l'autre, mais plutôt que je trouvais le premier beaucoup moins personnel, très "sous influence"...
Lil' >>> yes, 100 % post-rock et 0 % metal. Et c'est super.
Doc >>> c'est vrai qu'entre les pochettes et les clones de "NeurosIsis", on a de quoi être méfiant... et puis parfois on tombe sur des très bons (par erreur, souvent).
Clichesques. Désolé, la journée est un peu dure ^^
RépondreSupprimer