Supernatural - Anges, démons, et ours (bi)polaires...

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[SPOILER : Nos services ont évalué la menace aux alentours de 5,5 %]

"I hate witches ! Spewing their bodly fluids every where, it is insanity ! No down right unsanitary !"

Sacrée série que Supernatural. Quatre saisons, avalées en quelques mois seulement, et voilà que j'ai presqu'oublié de quoi il s'agissait à l'origine. L'évolution s'est faite progressivement, avec une certaine habileté plutôt qu'à coups de grands bouleversements... mais nous y voilà : oubliée... enterrée ! la petite série sympathique des débuts, multipliant épisodes stand-alone plutôt rigolos et attachants puisque fleurant bon le Jack Daniels et le hard vintage. Je ne sais plus où j'ai lu que Supernatural commençait comme du Harry Potter pour finir comme du Romero, mais l'image est des plus justes. Et si cet aspect formel était la seule qualité de la série, ce ne serait rien.

Car ce qui achève dans cette saison quatre de faire entrer Supernatural dans une autre dimension, c'est principalement la noirceur incroyable (surtout quand on repense à la saison un) devenue sa marque de fabrique. Avec l'entrée en piste des anges, pas nécessairement plus fréquentables que les démons, l'histoire gagne non seulement en originalité (on s'attaque à un bestiaire moins rebattu que les fantômes et autres vampires) mais rompt surtout définitivement avec le manichéisme pour se mettre à ne plus conter que des histoires sordides. Trahisons, perte des repères, mensonges et massacre de personnages secondaires (attitude d'ailleurs très saine comparée à la plupart des séries mainstream, dont les héros sont juste... increvables) peuplent désormais un univers qui brillait déjà peu par son optimiste. En fait, au fil des épisodes, Supernatural s'impose de plus en plus comme l'héritière directe de X-Files... rien d'étonnant en soi (Kim Manners, d'ailleurs décédé durant cette saison, a réalisé et co-produit les deux), mais quel plaisir que de retrouver cette esthétique froide et anxiogène, ces paysages dévastés et ces personnages sans cesse sur la brèche, le tout saupoudré du même type d'humour absurde surgissant sans prévenir au milieu de l'aventure la plus glauque qui soit.

Non vraiment, sacrée série. Qui aurait pu prévoir en 2005 que ces deux comédiens un peu lisses allaient prendre une telle ampleur ? Qui aurait pu deviner que la construction relativement schématique déboucherait sur deux saisons aussi remarquables que la trois et la quatre ? Qui aurait pu prédire, tout simplement, que Supernatural, gentil programme produit par la plus médiocre des grandes chaînes US (1) deviendrait une série de premier ordre, passionnante et se hissant au niveau des meilleures séries fantastiques de son époque (2) ? Personne. Ce qui explique sans doute que malgré toutes ses qualités elle soit encore relativement confidentielle - alors même que selon les scénaristes la storyline touche à sa fin. Heureusement, Happy Few et Le Golb étaient là pour réparer cette injustice. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.



Supernatural (saison 4), créée par Eric Kripke (The CW, 2008-09)

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(1) Franchement, à année de diffusion égale... la saison quatre de Supernatural est bien meilleure que la saison cinq de Lost, par exemple.

(2) CW, à laquelle on doit, excusez du peu : le nouveau Beverly Hills, le nouveau Melrose Place, One Tree Hill, The Vampire Diaries, Smallville... je m'arrête là de peur que ces cochonneries n'éclaboussent Supernatural.
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