[Article précédemment paru sur le génialissime Interlignage] Celui-là on n’aurait pas dû vous en parler. Les tributes on s’en fout pas mal, comme tout le monde. Mais tout le monde n’a pas toujours raison. La preuve : tout le monde se fout du Gun Club, alors que c’est un des plus grands groupes de tous les temps.
Alors va pour le tribute, qui ne sera qu’une manière comme une autre de se souvenir d’un combo si extraordinaire que plus de quinze ans après son dernier album, son influence reste prégnante dans le rock contemporain aussi bien que dans le punk, le hardcore ou le blues. La faute à Jeffrey Lee Pierce, son leader déchiré et torturé, icône underground tant pour son destin tragique que pour une voix unique que Bertrand Cantat ne cessa que tout récemment d’essayer d’imiter. Un de ces héros comme seul le rock américain a jamais su en produire, qui montent des groupes pour se faire payer des coups par les journalistes (véridique), voguent d’histoire d’amours désespérées en réunions des alcooliques anonymes pour finir malades et diminués, abîmés par des dieux du rock’n'roll qui réclament toujours, à un moment ou un autre, un retour sur investissement. Mais que vous dire ? Lorsqu’on commence sa carrière par une reprise mythique de Robert Johnson, l’homme dont la légende veut qu’il ait vendu son âme au Diable pour être le plus grand guitariste de son époque… il ne faut pas s’attendre à vivre jusqu’à 80 ans et à connaître ses petits enfants.
Décédée en 1996 dans une indifférence presque générale, la figure de Pierce a été redécouverte et vénérée par la génération suivante, élevée au blues marécageux de Nick Cave, au rock furieux de Noir Désir ou à la folk explosive de 16 Horsepower. Un juste retour des choses qui vit les albums réédités, les démos exhumées et même une ressortie de Wildweed – unique (et sublime) opus solo malheureux comme les pierres et longtemps introuvable. Le tribute de cette année s’inscrit dans cette suite logique, et si Noir Désir n’est pas de la partie (pas plus que les White Stripes, pourtant eux aussi largement débiteurs) tout le reste de la famille s’est donné rendez-vous pour rendre hommage à Jeffrey Lee Pierce. Résultant des efforts et de la patience de Cypress Grove, qui enregistra un album (assez moyen) avec la légende alors encore vivante en 1992, le banquet ne compte que des grands noms, des références, héritiers ou amis. Pas un en tout cas qui soit venu pour cachetonner, comme c’est si souvent le cas sur ce genre d’album. Tout n’y est pas bon, mais la moindre note est sincère, empreinte d’une admiration et d’un respect assurément pas feints.
Car la spécificité de ces Jeffrey Lee Pierce Sessions Project, c’est de ne proposer quasiment que des titres inconnus et exhumés il y a trois ans par Cypress Grove. En fait pas tout à fait : il y a bien "Lucky Jim" (pas le meilleur titre de Pierce), classieusement repris par Debbie Harry. Mais tout est le reste est composé de nouveau matériel, plus folk/blues que rock comme on pouvait s’y attendre. Et d’ailleurs, comme on pouvait s’y attendre, ce sont Nick Cave et David Eugene Edwards (16 Horsepower, Woven Hands) qui s’en sortent le mieux. Le second étant sans doute de tous les contributeurs celui se rapprochant le plus de Jeffrey Lee Pierce, il est absolument MAGISTRAL sur "Just Like a Mexican Love". Quant au Caveman, s’il est en peu en dessous de ce que l’on attendait sur "Ramblin’ Mind" (mais le morceau n’est pas génial, pour preuve lorsque qu’Edwards s’y colle à son tour un peu plus tard ce n’est pas beaucoup mieux), il signe en fin d’album la meilleure prestation de toutes au cours d’un duo sexy et habité avec une Debbie Harry qu’on n’avait plus vue aussi bonne depuis des lustres. C’est "Free to Walk", qui revient également deux fois puisque livrée, en début de disque, par une paire Campbell & Lanegan qu’on a connu plus inspirée (ça sent la fatigue de fin de tournée, tout ça).
On ne citera pas tous les titres, d’autant que réalisé comme un véritable album sous un véritable nom (We Are Only Riders), le résultat est particulièrement cohérent. Mais Lydia Lunch est également de la partie (et elle est la seule de ceux proposant plusieurs contributions à réussir chacune d’entre elles), Lanegan fait son Lanegan sur "Constant Waiting" (à savoir qu’on jurerait que c’est une chanson à lui) et Mick Harvey rappelle le temps d’un très bon "Snow Country" qu’en plus d’un excellent musicien, il est également un interprète de grand talent.
Évidemment, si vous ne connaissez pas le Gun Club, on vous recommandera plutôt un album culte comme The Death Party ou Miami.
En revanche si vous aimez le Gun Club… vous savez quoi faire (il est même probable que vous l’ayez déjà fait).
Alors va pour le tribute, qui ne sera qu’une manière comme une autre de se souvenir d’un combo si extraordinaire que plus de quinze ans après son dernier album, son influence reste prégnante dans le rock contemporain aussi bien que dans le punk, le hardcore ou le blues. La faute à Jeffrey Lee Pierce, son leader déchiré et torturé, icône underground tant pour son destin tragique que pour une voix unique que Bertrand Cantat ne cessa que tout récemment d’essayer d’imiter. Un de ces héros comme seul le rock américain a jamais su en produire, qui montent des groupes pour se faire payer des coups par les journalistes (véridique), voguent d’histoire d’amours désespérées en réunions des alcooliques anonymes pour finir malades et diminués, abîmés par des dieux du rock’n'roll qui réclament toujours, à un moment ou un autre, un retour sur investissement. Mais que vous dire ? Lorsqu’on commence sa carrière par une reprise mythique de Robert Johnson, l’homme dont la légende veut qu’il ait vendu son âme au Diable pour être le plus grand guitariste de son époque… il ne faut pas s’attendre à vivre jusqu’à 80 ans et à connaître ses petits enfants.
Décédée en 1996 dans une indifférence presque générale, la figure de Pierce a été redécouverte et vénérée par la génération suivante, élevée au blues marécageux de Nick Cave, au rock furieux de Noir Désir ou à la folk explosive de 16 Horsepower. Un juste retour des choses qui vit les albums réédités, les démos exhumées et même une ressortie de Wildweed – unique (et sublime) opus solo malheureux comme les pierres et longtemps introuvable. Le tribute de cette année s’inscrit dans cette suite logique, et si Noir Désir n’est pas de la partie (pas plus que les White Stripes, pourtant eux aussi largement débiteurs) tout le reste de la famille s’est donné rendez-vous pour rendre hommage à Jeffrey Lee Pierce. Résultant des efforts et de la patience de Cypress Grove, qui enregistra un album (assez moyen) avec la légende alors encore vivante en 1992, le banquet ne compte que des grands noms, des références, héritiers ou amis. Pas un en tout cas qui soit venu pour cachetonner, comme c’est si souvent le cas sur ce genre d’album. Tout n’y est pas bon, mais la moindre note est sincère, empreinte d’une admiration et d’un respect assurément pas feints.
Car la spécificité de ces Jeffrey Lee Pierce Sessions Project, c’est de ne proposer quasiment que des titres inconnus et exhumés il y a trois ans par Cypress Grove. En fait pas tout à fait : il y a bien "Lucky Jim" (pas le meilleur titre de Pierce), classieusement repris par Debbie Harry. Mais tout est le reste est composé de nouveau matériel, plus folk/blues que rock comme on pouvait s’y attendre. Et d’ailleurs, comme on pouvait s’y attendre, ce sont Nick Cave et David Eugene Edwards (16 Horsepower, Woven Hands) qui s’en sortent le mieux. Le second étant sans doute de tous les contributeurs celui se rapprochant le plus de Jeffrey Lee Pierce, il est absolument MAGISTRAL sur "Just Like a Mexican Love". Quant au Caveman, s’il est en peu en dessous de ce que l’on attendait sur "Ramblin’ Mind" (mais le morceau n’est pas génial, pour preuve lorsque qu’Edwards s’y colle à son tour un peu plus tard ce n’est pas beaucoup mieux), il signe en fin d’album la meilleure prestation de toutes au cours d’un duo sexy et habité avec une Debbie Harry qu’on n’avait plus vue aussi bonne depuis des lustres. C’est "Free to Walk", qui revient également deux fois puisque livrée, en début de disque, par une paire Campbell & Lanegan qu’on a connu plus inspirée (ça sent la fatigue de fin de tournée, tout ça).
On ne citera pas tous les titres, d’autant que réalisé comme un véritable album sous un véritable nom (We Are Only Riders), le résultat est particulièrement cohérent. Mais Lydia Lunch est également de la partie (et elle est la seule de ceux proposant plusieurs contributions à réussir chacune d’entre elles), Lanegan fait son Lanegan sur "Constant Waiting" (à savoir qu’on jurerait que c’est une chanson à lui) et Mick Harvey rappelle le temps d’un très bon "Snow Country" qu’en plus d’un excellent musicien, il est également un interprète de grand talent.
Évidemment, si vous ne connaissez pas le Gun Club, on vous recommandera plutôt un album culte comme The Death Party ou Miami.
En revanche si vous aimez le Gun Club… vous savez quoi faire (il est même probable que vous l’ayez déjà fait).
👍👍 The Jeffrey Lee Pierce Sessions Project
We Are Only Riders | Glitterhouse Records/Differ-Ant, 2010
Une des belles surprises du début d'année, c'est vrai.
RépondreSupprimerBBB.
Je veux !
RépondreSupprimerMais où sont passées les notes de bas de page de l'article original ?! Du coup, les RAVEONETTES ne sont même pas cités ! (alors que leur version de "Free To Walk" est un des meilleurs titres de l'album... Ok, je précise : SELON MOI !)
RépondreSupprimerContrairement à toi, j'aime beaucoup "Ramblin Mind" (les trois versions, surtout celle de Cypress Groove) Mais en effet, c'est David Eugene EDWARDS avec "Just Like A Mexican Love" qui est le plus impressionnant dans cet exercice-hommage.
Apparemment, le projet est assez atypique car les musiciens de ce projet jouent avec (et sur) les enregistrements retrouvés, avec donc un peu de JLP.
RépondreSupprimerTrès classe, en effet.
Déjà fait mais encore ambivalent sur cet assemblage.
RépondreSupprimerIl n'a pas réussi à me dire : reviens-y ! si ce n'est me lancer le uiquène dernier dans une tournée vinyles Gun Club - GoGos - Revolting Cocks (je ne sais pas comment vous expliquer le lien intime qu'il y a entre eux tous, mais c'est très cohérent pour moi).
Brefle : pas encore gagné mais prometteur.
JP >>> toutes mes excuses ! j'ai tendance à ne pas transférer les notes de bas de pages, sauf si je les trouve indispensables... une question de paresse en fait.
RépondreSupprimerLes excuses formulées je suis contente que ce disque te plaise plutôt, vu que tu y allais à reculons. Et le Edwards est vraiment fabuleux... et si je le dis c'est que c'est vrai, car dans le fond je ne suis pas très fan de ses albums (oh la confession honteuse !)
Yosemite >>> euh... oui, je crois que je l'ai bien écrit :-/
Christophe >>> c'est marrant parce que moi j'ai accroché tout de suite, et j'étais je t'assure le premier étonné... je me souviens de l'avoir écouté un soir où j'étais de mauvais poil et ne savais pas quoi faire... et comme souvent dans ces cas-là, c'est d'abord Lydia qui est venue me cueillir...
c'est parce que ce la ne me paraissait pas clair et que j'y voyais uniquement les mots reprises et tribute... :)
RépondreSupprimerEuh... le mot reprise évoque la reprise de Robert Johnson par le Gun Club...
RépondreSupprimerSinon j'ai écrit : "Car la spécificité de ces Jeffrey Lee Pierce Sessions Project, c’est de ne proposer quasiment que des titres inconnus et exhumés il y a trois ans par Cypress Grove. En fait pas tout à fait : il y a bien "Lucky Jim" (pas le meilleur titre de Pierce), classieusement repris par Debbie Harry. Mais tout est le reste est composé de nouveau matériel", je ne vois pas trop en quoi ce n'est pas clair.
M'enfin c'est pas grave.
@ Thomas : tu confonds les deux acolytes de Next. C'est Daniel en fait (fan absolu de JLP !) qui n'était pas très emballé par ce projet. Il m'a promis cependant d'y jeter une oreille sur nos conseils.
RépondreSupprimerPour Edwards, il faut insister : ses albums avec WOVEN HAND (à part le 1er qui est un chef-d'oeuvre) ne sont pas très accessibles, mais révèlent leurs qualités après plusieurs écoutes. Sur scène par contre, il fait l'unanimité : c'est un TUEUR ! :)
Oups ! Désolé !
RépondreSupprimerPour Edwards j'ai insisté plusieurs fois... à intervalle régulier je recommence, et je réabandonne... en fait ses morceaux m'ennuient un peu (et ça ne date pas de Woven Hands, c'est comme ça depuis toujours). Je ne trouve pas ça déplaisant ni mauvais (au contraire), mais je n'ai jamais envie de l'écouter... va comprendre. Il y a des trucs comme ça qui, sur le papier, devraient nous enthousiasmer, ont tout pour nous plaire... et puis ça ne le fait pas...
Les albums tribute (comme les compils de face B ou de raretés), je n'y accorde en général pas le moindre intérêt... même lorsque c'est un de mes groupes favoris et même lorsque les groupes participant au projet me plaisent... donc je suis bien d'accord avec ce que tu dis en intro. Mais bon, là, tu as vraiment su me donner envie, pour une fois, je vais déroger à cette règle... Faut dire aussi que Gun club + Nick Cave + David Eugene Edwards + Mark Lanegan (très bon, ce constant waiting, d'ailleurs), c'est impossible pour moi de résister... même si on les retrouvait dans un "album tribute to Claude François" (je sais, c'est n'importe quoi... mais imaginer Cave / Lanegan / Edward reprendre en choeur "Alewandrie Alewandra" - avec la chorégraphie, surtout - ça me met en joie... mais je me soigne, rassure-toi...)
RépondreSupprimerAh là là... toi tu sais vraiment comment me faire rêver ! J'ajouterais bien "Les Magnolias" par Tindersticks. Et je m'étonne que Johnny Cash n'ait jamais repris "Comme d'habitude", lui qui a repris tout et n'importe quoi...
RépondreSupprimerMarrant ce que tu dis au sujet d'Edwards (que je ne connais pas plus que ça, mais bon), parce que c'est exactement le problème que j'ai avec le Gun Club. J'ai beau savoir que nombre d'artistes que j'apprécie ont pu être influencés par JL Pierce et/ou le Gun Club, pourtant, rine à faire, ça a toujours autant de mal à passer...
RépondreSupprimerJ'ai connu ça avec Patti Smith...
RépondreSupprimerAh ouais, les Tindersticks sings les Magnolias, ça doit pas être triste (enfin si, mais non...) et je m'étonne de ne pas voir Christophe trouver de quoi en faire un sujet de flood...
RépondreSupprimer"le lundi au soleil" par Vic Chesnutt
"Je vais à rio" par Sepultura
"Cette année-là" par Smog
"Belles, belles, belles" par Anthony & the Johnsons
"il fait beau il fait bon" par Slint
"Chanson populaire" par Godspeed You Black emperor...
"Belinda" par Robert Smith
Y a de quoi faire !^^
Il paraît que pour d'obscures raisons de droits ils ont exclu "Si j'avais un marteau" par Mötörhead...
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