jeudi 18 mars 2010

Speed Trials (M5)

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Au programme ce mois-ci : Morrissey, Scott Kelly, Fear Factory... et quelques découvertes pas piquées des vers !...



Swords, de Morrissey (2009)

Le geste en serait presque beau tant il est suranné : nous sommes en 2009, le single en tant qu'objet est en passe de disparaître, le téléchargement a rendu depuis des années caduque le principe de chutes de studios et de faces B... et Morrissey continue de perpétuer une tradition entamée à l'époque des Smiths - à savoir publier à intervalles réguliers des albums de raretés presque systématiquement très bons. Normal : le Moz est l'artiste à singles ultime... avec ou sans singles, serait-on presque tenté d'ajouter. Centré sur sa période des années deux-mille, pas forcément la plus réussie mais certainement pas déshonorante, Swords contient donc, c'était prévisible, son lot de pépites et son lot de daubes. Façon de parler bien sûr : dans le pire des cas les titres les plus faibles de cette compile le sont parce qu'ils ont un air de déjà-entendu ('If You Don't Like Me, Don't Look at Me', 'My Dearest Love'). Le reste est inégal parce que très copieux (dix-huit inédits et un EP live en second cd... on ne peut pas dire que le Moz se foute de la gueule du monde), parfois surprenant ('Christian Dior', les très post-grunge 'Don't Make Fun of Daddy's Voice' et 'I Knew Is Was Next') d'autrefois excellent ('Munich Air Disaster 1958', dont on connaissait déjà la version du Live at Earl's Court), d'autres fois encore assez mauvais ('It's Hard to Walk Tall When You're Small')... à l'image, en fait, de la discographie du bonhomme depuis une dizaine d'années. A noter la présence d'une remarquable reprise du 'Drive-in Saturday' de Bowie... sauf que David Johansen a remplacé Jagger, ce dont personne ne pourra se plaindre.



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Winter Tour 2010, de Scott Kelly (2010)

Acheté sur un coup de tête au terme d'un concert où je me suis retrouvé sur un coup de bol, ce live de Scott Kelly donne une idée assez fidèle de ce que propose le co-leader de Neurosis lorsqu'il se retrouve seul en scène : du blues apocalyptique, de la folk pachydermique et dehors, l'orage qui menace d'exploser. Pas de temps de mort et pas de quartier, la prise de son est étonnamment bonne et les morceaux sont pour la plupart excellent ("We Let the Hell Come", "Ladder in my Blood"). Bien sûr, c'est un peu monotone à écouter chez soi - il manque l'ingrédient essentiel qui fit de son récent concert parisien une réussite : sa présence, son magnétisme animal. Mais l'objet, vendu à un prix dérisoire, vaut mieux que le statut de simple souvenir que je lui accordais au moment de passer à la caisse. Parce que Kelly est un artiste brillant, parce que ses compositions sont très personnelles, ce petit live de fabrication maison prend une dimension particulière. Alors certes, je vous parle là d'un disque n'existant pas dans le commerce. Au contraire de The Wake, l'excellent dernier album de Scott Kelly - à découvrir absolument.




Meaningless Friendly, de So Cow (2010)

C'est la beauté de l'Inutile. Le charme fou du Superficiel. La pop garage de So Cow est simple, incisive et directe. Pas de fioritures, pas d'audaces de production démesurées, et une exigence minime : faire bondir l'auditeur aux quatre coins de la pièces. Faut-il le préciser ? Ça marche, et plutôt deux fois qu'une. On l'oubliera vite, oui oui, sans doute. Les morceaux ne sont pas tous très bons, d'accord, bien sûr. C'est du garage, quoi. Cela éclate sur l'instant. Le but n'est pas de durer, de marquer son temps mais de le traverser à la vitesse d'une vache au galop. Et quand la date de péremption sera passée, pas grave : on fera un autre album. Vive So Cow, et vive Thierry, qui me l'a fait découvrir.




Just Just, de Justin Ripley (2010)

Justin Ripley a une immense qualité : sa voix, remarquable. Justin Ripley n'a qu'un seul défaut : sa voix, remarquable... ment proche de celle de Thom Yorke. Si ce dernier avait sorti un album solo lo/fi, il aurait certainement ressemblé à Just Just. On peut voir cela comme un compliment ou comme une injure. C'est en tout cas impossible de ne pas y penser dès la première note, et ça ne s'arrange vraiment pas sur les morceaux suivants (surtout dans les graves). Ce qui ne suffit pas à dédaigner un album par ailleurs vraiment réussi. Les mélodies sont bien troussées, le son a à peine l'air homemade et Ripley ne manque pas de talent. Il faut certes fermer les yeux sur quelques passages un peu faibles et quelques envolées vocales dressant les poils dans le mauvais sens du terme (les gars qui ont une voix comme ça ont beaucoup de mal à résister à cette tentation, c'est d'ailleurs bien pourquoi Thom Yorke n'aura jamais d'égal - lui qui parvient toujours à rester sur le fil). Ceci fait, difficile de ne pas être charmé par un second album touchant et - cela ne gâte rien - téléchargeable gratuitement ICI (tout comme le premier d'ailleurs).




The Unwinding Hours, des Undwinding Hours (2010)

Prenez Aereogramme. Enlevez les influences un peu abrasives. Voilà, vous y êtes : vous tenez The Undwinding Hours, nouveau projet de Craig B. et Iain CooK. Un groupe pop, épique, un peu noisy, souvent planant. Tout en apesanteur et rappelant parfois le meilleur d'Unbelievable Truth. Si à la première écoute on a un peu tendance à se dire Ouais bon. Et alors ?, l'album s'installe tranquillement. Pas un de ces disques immédiats, qui vous rentrent dans le lard direct. Mais pas plus un de ces disques sinueux demandant des heures d'écoutes pour les appréhender. Ces gens-là évoluent dans un entre-deux difficile à tenir mais séduisant. On y revient tranquillement, une fois de temps en temps. On découvre de nouvelles choses. La qualité de la production. La douce mélancolie des compositions. Ce pourrait être rébarbatif, c'est finalement très bon. Une forme d'éloge de la lenteur qui sied bien à un album tout doux, tout langoureux. Tout rêveur.




Mechanize, de Fear Factory (2010)

C'était il y a un siècle. Du moins dirait-on. Nous étions jeunes, nous regardions X-Files, nous tripions sur des histoires de SF et nous écoutions Fear Factory parce qu'il y avait factory dans le titre, que l'album s'appelait Demanufacture et qu'il évoquait la lutte entre l'homme et la machine prête à le supplanter. Aujourd'hui évidemment, ça fait un peu rire : nous sommes devenus des gros geeks avec des réseaux sociaux, des blogs et un ordinateur faisant office d'outil essentiel sans lequel nous serions totalement déphasés. Fear Factory aussi, fait un peu rire. Du moins lorsque son nom résonne. Parce qu'à la surprise générale, Mechanize est un bon disque, puissant et efficace. Loi de la musique oblige, son indus death-metal, comble de la modernité il y a encore une décennie, sonne presqu'old school aujourd'hui. Une forme de légitimité à défaut de maturité. En tout cas l'agression de Mechanize fonctionne plutôt pas mal. On en rigole un peu au début, et puis finalement on y revient, et on y reste. Pas l'album de metal de l'année, certes ; juste un bon album de Fear Factory - ce qui il y a encore un an aurait relevé de l'antiphrase (ou de la blague). Après Sepultura l'an passé, il semble bien que les vieux faucons du metal 90's continuent de reprendre du poil de la beast. Chouette alors : on va pouvoir laisser entrouverte la porte de l'armoire aux souvenirs !

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Extra Cheese, de Ryan Adams (2009)

Quelques semaines après avoir annoncé qu'il prenait sa retraite (et quelques semaines avant de changer d'avis), Ryan Adams publiait cet EP 100 % romantique histoire de fêter comme se doit son mariage. Une simple compile, en fait, piochant surtout dans son répertoire "chansons d'amour heureuses"... ce qui signifie en décodé : aucun titre de Love Is Hell (oh !) ni de 29 (double oh !) ni de Heartbreaker (triple oh !). Pour autant le résultat n'est pas honteux, Adams étant un composieur hors-pair se sortant pas mal de cet exercice délicat (parce que facilement cucul). Plus prosaïquement : on a beau les connaître par cœur, "Desire" ou "Answering Bell" sont de formidables chansons (rappelant hélas en creux que sa production récente est moins convaincante...). Moins ceci dit que la pépite du lot, "Hey There, Mrs Lovely", vieillerie régulièrement interprétée sur scène mais jamais immortalisée sur disque. C'est désormais chose faite, et si cet extra bien nommé est évidemment totalement dispensable, il n'en est pas moins charmant. De quoi patienter en attendant la sortie du nouvel album de Werewolph, projet hard/stoner/death dont on espère qu'il ne finira pas comme The Fucker Virgins (son groupe punk avec Jesse Malin et James Iha)... c'est-à-dire aux oubliettes.




Maintenant, de Gigi (2010)

Maintenant est le genre d'album qui à la première écoute nous fait nous demander ce qu'on est venu faire ici. Très pop, très sucré, très produit, il a un côté tout ce qu'on déteste très prononcé. Mais au fil du temps, il commence à distiller son venin et ses mélodies. Son côté rétro, après avoir un peu agacé, séduit. Son influence spectorienne si appuyée qu'elle ne peut être qu'un hommage s'avère finalement délicieuse. Ses cuivres passent bien, ses guests sont parfaitement intégrées à l'édifice. On ne l'écoute pas tous les jours, mais on le retrouve chaque fois avec plaisir, pour prendre l'apéro ou simplement se mettre de bonne humeur le matin. Il y a vrai talent dans ce disque, comme un art de la futilité, de l'insouciant et de l'éphémère. En fait Maintenant, c'est God Help the Girl sans la mièvrerie. Pas un truc révolutionnaire, mais un petit objet attachant dont on se dit qu'on y reviendra sûrement dans l'année, en cas de coup de blues et ou de bal costumé. A découvrir.




Odd Blood
, d'Yeasayer (2010)


Il est des albums qu'on adorerait adorer... sauf que finalement, non, ça ne le fait pas trop. Le nouveau Yeasayer est de ceux-là. Inspiré, foutraque, il débute tambour battant avec trois titres excellents ("The Children", "Ambling Alp" et "Madder Red"), si bons qu'on commence déjà à se dire qu'il va bien se placer pour les classements de l'année à venir... oui mais voilà : son intérêt s'effrite au fur et à mesure que les plages défilent. Si certains pourront déplorer que le groupe peine à trouver un véritable style (en gros Yeasayer recycle tout ce que l'electronica et la synth-pop ont offert depuis vingt-cinq ans), le véritable problème d'Odd Blood semble plutôt être une incapacité crasse à différencier rien moins que le bien et le mal, le bon et le mauvais goût, le rétro et le ringard. Affreusement racoleur par instants, vulgaire même sur la fin... Yeasayer déçoit un peu plus à chaque écoute. Il y a du bon, pourtant : "Love Me Girl" ou "Rome" sont des morceaux qui tiennent la route. Mais l'album est trop inégal, fait trop de grands écarts entre talent et nullité pour mériter des louanges.



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July Flame, de Laura Veirs (2010)

[...] Dès les premières notes de July Flame, je me suis emmerdé. En fait, pour être honnête, même la pochette me semblait déjà des plus emmerdantes. Alors la musique... eh bien la musique, comme on pouvait s'y attendre, est folk, molle et mélancolique. Ouais. Génial. Alors dans l'absolu, ce n'est pas déplaisant. Pas plus que n'importe quel autre disque de n'importe quelle autre folkeuse mélancolique. Mais à la longue, la progéniture honteuse d'Emmylou Harris commence à sévèrement gaver les portugaises. C'est que pour proposer de la bonne folk, genre qui par définition se joue en 2010 exactement comme il se jouait en 1975 et se jouera probablement en 2048... y a pas dix mille solutions. Il faut soit avoir une personnalité suffisamment forte pour qu'elle imprime durablement la musique (et donc l'auditeur), soit écrire de grandes chansons. C'est d'ailleurs l'une des grandes escroquerie folk que d'avoir pu laisser croire à plein de gens qu'en jouer était s'inscrire dans une tradition autorisant l'artisanat le plus inoffensif. Ce n'est pas forcément faux ; mais c'est oublier que les grands noms de la légende folk [...] étaient certes des artisans s'inscrivant dans une tradition... mais aussi et surtout des génies étouffants de charisme et pourvus d'un sens mélodique renversant. Laura Veirs, même à son meilleur (et il y a du bon sur cet album [...], n'est rien de tout cela. Elle n'est qu'une gentille artisane que son manque de prétention et d'ambition ne suffit pas à racheter pour la grosse demi-heure d'ennui que propose son July Flame (en fait la platine m'indique que le disque dure trois-quarts d'heure... c'est donc que j'ai dû m'assoupir vers le milieu). Un disque comme tant d'autres. Ni bon ni mauvais, ni même vaguement intéressant. Insignifiant dans l'acceptation la plus large de ce terme.



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Yukon Blonde, d'Yukon Blonde (2010)

Fallait vraiment que je sois en manque de Pavement pour me jeter comme la fin sur le pauvre monde sur cet album d'un groupe inconnu et dont on peut supposer, voire espérer, qu'il le restera. Effectivement influencé par le combo du grand Stephen Malkmus, Yukon Blonde s'avère hélas rapidement ajouter à ce glorieux héritage une filiation bien moins enviable, pop et vilaine comme une armada de poux génétiquement modifiés. Bon, ok, je suis un peu méchant. Disons que ce sont des poux d'origine naturelle. N'empêche que quand on me vend le fils de Pavement moi, connement, je m'attends à ce qu'il me le rappelle un peu plus. A retrouver des fêlures, du bricolage... plutôt que de la pop gentillette, bien sous tous rapports assurément mais que même ma grand-mère trouverait trop propre pour être honnête. Forget it.

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15 commentaires:

  1. AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH

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  2. - désolé, Fear Factory ça me fait toujours ça -

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  3. Je ne pense pas l'oublier si vite que ça, le So Cow :-) A l'inverse du Gigi et du Morrissey ...

    Pareil que Lune Sérieuse pour Fear Factory.

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  4. Content que quelqu'un casse les pattes au Yeasayer ^^

    Quant à Fear Factory... rho la bonne blague, Thom ou la mère Térésa du metal 90's :-D

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  5. 3 pour Yeasayer, c'est bien généreux.

    La même note pour Gigi, c'est bien sévère :-)

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  6. Je viens d'avoir une belle surprise avec le Justin Ripley. Merci pour le tuyau !

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  7. Je connais pas The Unwinding Hours mais si ça correspond à ta description, je vais kiffer (Aererogramme!!!)

    Le Morrissey j'en cause dans la chronique croisée sur DLMDS

    Pour le Fear Facto, ne les écoute pas, on dirait des cinéphiles qui nous voudraient nous faire croire qu'ils ne matent jamais de porno :)

    "Très pop, très sucré, très produit" tu aurais pu en rester là pour le Gigi.

    Vu que j'adore le dernier Fear Factory, je suppose que je peux bien aussi aimer sans retenue le Yeasayer.

    Oui le July Flames est très ennuyeux !!! Impossible de revenir dessus.

    J'écoute Justin Ripley là sinon et ça ne m'interpelle pas plus que ça...

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  8. Tiens, tu me rappelles que je n'ai toujours pas trouvé le Unwinding Hours chez mon disquaire (et j'adorais Aereogramme !)

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  9. (j'ai fermé les yeux et je n'ai donc vu aucune blague sur Fear Factory)(ce qui m'étonne, d'ailleurs)

    Emily >>> oui... et c'est toute la limite d'un système de notation quel qu'il soit.

    Lyle >>> je l'ai acheté en ligne pour dix malheureux euros...

    les autres >>> vous m'excuserez de n'avoir rien à répondre, je suis crevé ^^

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  10. pas écouté les autres, mais sur Gigi, Laura Veirs, Yesayer,
    j'aurais mis les mêmes notes, voire en plus sévère,
    je trouve ça ni très inspiré ni si bien fait que ça (il ne reste plus grand chose à se mettre la dent, du coup ^^)

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  11. J'ai trouvé l'album de Gigi vachement chouette, moi...

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  12. Rien écouté de tout ça à part Yeasayer (hideux) et Morrissey (correct).

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  13. Gigi, ça déchire sa mère. Des albums aux inspirations seventies assumées, j'ai rien vu de mieux encore. C'est super sucré, très pop confettis. Le kiff quoi :p

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  14. Seventies ? J'aurais plutôt sixties voire fifties par instants...

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