jeudi 29 avril 2010

David Bowie - Live at Least

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[Article paru en janvier sur Interlignage] Six ans et demi, tout de même. Six ans et demi que l'on n'en peut plus d'attendre un nouvel album de David Bowie, un album qui ne serait pas une réédition, une exhumation de trésors cachés ou une simple compilation. Nous voilà mal barrés : en plus d'être un live, soit donc pas vraiment un nouvel opus, A Reality Tour existe en version bootleg depuis des années. Certes, ce n'est pas exactement le même concert (le pirate proposait le concert de Bercy - auquel votre serviteur assista d'ailleurs avec la ferveur des jeunes gens voyant leurs idoles pour la première fois en vrai ; celui-ci compile le concert de Dublin, meilleur quasiment en tout points). C'est cependant quasiment la même set-list et l'on demeure encore loin, en 2010, de l'album live ultime que l'on attend de Bowie depuis des siècles. Faut-il pour autant bouder notre plaisir ?

Sans doute pas si l'on a aimé le Bowie des années 2000, et si l'on n'a rien contre le principe d'une set-list très orientée best-of. Ce qui a ses bons et ses mauvais côtés : soit, pas de prise de risques excessive (le Reality Tour s'est avant tout exporté dans des grandes salles sold-out) et l'on n'échappera pas à l'affreux "Under Pressure" ; d'un autre côté c'est aussi l'assurance pour l'auditeur d'avoir son lot de classiques de la pop-music - on peut difficilement reprocher à cette somme (deux CDs rempis à craquer de standards) de proposer un répertoire indigne de son auteur. De "The Man Who Sold the World" (1970) à "New Killer Star" (2003) en passant par "Life on Mars?", "Heroes", "Ashes to Ashes"... ils y sont tous, les incontournables - aux exceptions notables de "Space Oddity" et "Let's Dance". On n'est certes pas surpris 2, mais on n'est pas déçu non plus.

Il faut d'ailleurs reconnaître à ce A Reality Tour deux incontestables qualités : d'une part, il extrêmement bien joué. C'est bête à dire, mais quand on entend certaines vieilles gloires de la pop accompagnées de vulgaires requins de studio sans envergure, ce n'est pas évident pour tout le monde. Avec un groupe composé de pointures comme Earl Slick, Gerry Leonard, Gail Ann Dorsey ou Mike Garson, Bowie est naturellement immunisé contre ce syndrome que les scientifiques les plus pointus baptisent complexe du c'est-moi-la-star. Ça joue très bien, la prise de son est remarquable, le Thin White Duke chante comme le Dieu qu'il est (sa performance sur "Life on Mars?", où il transcende les limites vocales imposées par l'âge et les excès, est à tomber par terre). L'objectivité nous poussera même à reconnaître que ce double live est nettement supérieur à ce que l'on supposait a priori.

L'autre qualité, c'est de parvenir à tout remettre à niveau. Enregistré dans une période où Bowie semble s'être retrouvé, se livre comme jamais depuis trois albums, assume son âge sans fards ni expérimentations à outrance... A Reality Tour souligne de manière évidente qu'il n'y a ni un écart de niveau ni un écart de style délirants entre son âge d'or et sa période contemporaine. Les morceaux antinomiques s'enchaînent dans le plus joyeux désordre, les époques discographiques s'annulent et finalement, ceux qui en douteraient se rendront compte qu'il n'y a pas tant de mondes pour séparer le somptueux Heathen (2002) de Scary Monsters... (1980). L'ensemble revêt ici une tonalité pop classieuse, le coq et l'âne se côtoient avec plaisir et des ponts entre les décennies s'érigent l'air de rien, reliant "The Motel" à "Bring Me the Disco King", la reprise du "Cactus" des Pixies en 2002 à une époque - celle de Ziggy Stardust - de trente ans son aînée (c'est d'autant plus explicite que le groupe embraie sur une simili reprise du "Get It On!" de T-Rex en milieu de morceau), "Afraid" à l'ère Hunky Dory...

Alors certes, on ne trouvera ici rien qui soit réellement inattendu ou qui eût mérité que l'on parle de ce double album autrement que pour boucher un trou dans l'agenda. Mais une fois encore, on ne peut pas dire que Bowie se moque du monde lorsqu'il s'en prend à notre portefeuille. D'autant qu'il est fort probable qu'A Reality Tour soit l'ultime témoignage live d'un Bowie qu'on imagine mal repartir sur les routes à 63 ans et alors que de son propre aveu la dernière campagne mondiale fut un supplice. Et comme aucun nouvel album ne semble prévu avant encore un moment (les plus pessimistes disent même qu'il n'y en aura plus jamais)... tous les dérivatifs sont bons !


Découvrez la playlist Reality Tour avec David Bowie


A Reality Tour, de David Bowie (2010)


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15 commentaires:

  1. J'ai mis le lien (interlignage) de ce bon article (avec lequel je suis complètement d'accord) sur le dernier article du DBBT09 en date, où j'évoque cette tournée.
    Finalement, je crois que je vais me contenter de mon bootleg pour l'instant, il me va très bien...
    j'ai eu l'impression que ce live est sorti de manière confidentielle, je ne l'ai pas du tout vu mis en avant ni dans le magasin que je fréquente, ni sur un quelconque journal. En fait, si tu n'en avais pas parlé, j'aurai tout ignoré de son existence... Etonnant pour un Bowie...

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  2. ah non, pas entièrement d'accord, car j'aime beaucoup "Under Pressure" ;)

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  3. Un live inutile. Moi je suis plutôt content qu'il n'ait pas été "promu". Ca n'en valait pas la peine.

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  4. Effectivement on reste dans l'anecdotique. Un peu comme avec "Under Pressure" ;-)

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  5. Ce live, il me semble que c'est à moitié une nouveauté puisqu'il est sorti il y a quelques années, peu après la tournée, en DVD. Je l'ai, il faudrait que je compare la setlist.
    Mais, bon, ça ressemble tout simplement à une version audio dudit DVD (même photo, même titre).
    Bref, je passe mon tour...

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  6. "...assume son âge sans fards" : converses aux pieds, foulard rouge, jeans, débardeur imprimé, ceinture négligemment attachée (fake)... Je préférais le Bowie du Heathen tour, plus sobre, plus class et son petit clin d'oeil au Thin White Duke. Pour le reste je suis complètement d'accord. Merci! Pourvu qu'il revienne, Lou Reed nous refait son MMM (L.O.L), Iggy son Raw Power, et notre David alors?
    Pourquoi pas de Space Oddity sur cette tournée au fait?

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  7. D'accord en tout point, également.

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  8. Ouais je trouve aussi le style visuel de Bowie époque Reality assez hideux... Je préférais en effet la classe de Heathen ou le techno-punk de Outside/Earthling... Enfin ce live m'a quand même l'air pas mal du tout, ne connaissant pas le bootleg...

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  9. Ska >>> alors là... c'est pas à moi qu'il faut demander des trucs sur les DVD lives, j'ai horreur des concerts filmés et, de fait, je n'en regarde jamais et ne suis jamais au courant de ce qui sort en la matière.

    Raph & Idlewoodarian >>> je parlais plus des thématiques (je pense évidemment à "New Killer Star" et "Never Get Old") que du look à proprement dire... il n'y pas de "jeunisme" chez Bowie comme il y en a chez - au hasard - Iggy.

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  10. Rien à voir (quoique)... mais je t'ai tagué! C'est ici:

    http://fattorius.over-blog.com/article-tag-du-compte-a-rebours-49508688.html

    Il est question de séries, de livres, de films, de chansons... donc j'ai pensé à toi illico. Bon courage!

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  11. Après vérification, c'est effectivement les mêmes concerts que ceux figurant sur le DVD paru il y a cinq ans (même setlist, mêmes dates, etc)... Une semi-nouveauté donc...

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  12. Oh ! J'avais manqué l'odieux message de Daniel ! Y en a vraiment qui veulent manger du Fuck Ya! Mothafucka!! :-)

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  13. Quoi, un message au Dieu Daniel? ;-)

    J'ai des circonstances atténuantes, vu le type de tag...

    Salutations!

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  14. Je comprends tes saines motivations...

    En même temps lister mes cinq séries préférées et autres... j'ai un peu l'impression de le faire à longueurs d'articles. Après, on va me dire que je fais du matraquage ^^

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