Certains paris semblent plus facilement jouables que d'autres, et le moins qu'on puisse dire est que celui proposé par Friday Night Lights n'était pas des plus aisés. Il y a dans l'évolution de cette série, dans son écriture et dans son histoire même quelque chose d'un modèle, qui forcerait l'admiration qu'on l'aime ou non. Qui aurait cru en effet, lorsque Brian Grazer, David Nevins et Peter Berg décidaient d'apater au format série le film (sympathique mais confidentiel) de ce dernier, que le résultat serait aussi probant et s'installerait à ce point dans la durée ? Qui aurait cru que série saurait prendre de tels airs de fresque, fédérer malgré une diffusion chaotique et des audiences faméliques... et surtout : tenir bon, contre vents et marées, au point qu'elle entamera en septembre sa cinquième (et paraît-il dernière) saison ? Il y a là-dedans quelque chose de miraculeux. A la limite, on serait moins étonné s'il s'était s'agit d'un programme estampillée HBO, Showtime ou AMC. Mais pas du tout : allant contre sa propre nature, la série a bel et bien débuté sur un grand network (NBC) et a survécu à quasiment tout, grève des scénaristes, chutes d'audiences, critiques assassines (et injustes) durant la saison deux, menaces d'annulation, campagnes de fans et finalement changement de chaîne (*).
Sans glamour, sans racolage, sans stars, sans pathos, sans épisodes chocs, sans vagues et sans fioritures... la voici, tel un sportif ayant besoin de compétiton pour progresser, parvenue à son meilleur niveau. Cette saison trois, diffusée fin 2008 aux USA, est une exceptionnelle réussite. Sans le moindre doute à classer dans le top ten des meilleures saisons de séries qu'on ait eu l'occasion de voir ces dernières années. C'est d'autant plus remarquable que ses auteurs y négocient un virage pariticulièrement délicat, et même plusieurs simultanément : comme le troisième album, la troisième saison est souvent la plus difficile à aborder ; en plus, là, la série commençait sa seconde vie sur Direct TV, devenant officiellement ce qu'elle était de toute façon déjà depuis le début - une série du câble temporairement égarée sur NBC. Rupture dans la continuité, certes. Mais rupture tout de même, ne fût-ce que parce que le nombre d'épisodes a chuté à treize.
Faut-il y voir un symbole ? Une mise en abyme ? La rupture est justement au coeur de toutes les intrigues. Désormais parvenus en terminale, les jeunes héros sont à la croisée des chemins - à l'heure des choix les plus difficiles de leurs brèves existences. Certains vont partir à l'université, d'autres entrer dans le monde du travail. Dans tous les cas un cycle s'achève. Aucun d'eux ne jouera encore pour les Dillon Panthers la saison prochaine. Et cette perspective, c'est le moins que l'on puisse, les plonge tous de différentes manières dans le même immense vertige.
On prend le temps de se poser, de les regarder, et l'on se dit que c'est fou comme ils ont mûri, en quelques épisodes. Jason Street et Brian "Smash" Williams, surtout. Ils sont à présent des adultes. Réfléchis, engagés dans l'existence. Plus vraiment innocents et plus du tout insouciants. La mue a été lente, presqu'insidieuse. Arrivé à la fin de cette saison, elle impressionne. Rupture, disait-on ? Effectivement, tous ces personnages sont en rupture avec eux-mêmes. A commencer par Coach Taylor, placé au pied du mur, et qui voit ses certitudes s'effriter au fil des épisodes. C'est avec une sincère empathie pour ce personnage pas toujours sympathique mais éminemment respectable que l'on regarde l'étau se ressérer autour de lui. Intéressant depuis les tout débuts, il gagne définitivement ici ses galons de grand personnage de série - à ranger au côté des figures les plus fascinantes du genre. Et de ce point de vue, il fait jeu égal avec son épouse, Tami, dont l'émancipation professionnelle fait écho au changement de dimension de son personnage dans la storyline de la série.
L'ensemble - dois-je le préciser ?... est d'une finesse et d'une intelligence dans l'écriture peut-être encore supérieures à ce que l'on avait vu dans les deux premières saisons. Il est vrai que le rencentrage autour du thème de l'éducation (à travers les évènements au lycée mais également la cellule familiale des McKoy), trop rare dans les séries américaines, fait beaucoup pour l'intérêt du spectateur. En cela Friday Night Lights se rapproche encore un peu de The Wire (impossible de ne pas y voir un écho à la quatrième saison de la plus grande série de tous les temps, qui évoquait avec maestria les problèmes des établissements publics), certes sans pouvoir prétendre lui disputer sa place au Panthéon, mais en s'inscrivant à tout le moins dans une forme de filiation. On doit à David Simon d'avoir prouvé que les thématiques sociales les plus complexes avaient tout à fait leur place dans un feuilleton télévisé, et tout en étant bien moins revendicatif (quoique bien plus les précédents), ce troisième chapitre de Friday Night Lights montre que d'autres auteurs l'ont entendu.
Inutile de préciser qu'on a hate de voir si Peter Berg parvient à maintenir le même redoutable niveau dans la saison quatre.
Friday Night Lights (saison 3), créée par Brian Grazer, David Nevins et Peter Berg, d'après le film de ce dernier (Direct TV, 2008-09)
Sans glamour, sans racolage, sans stars, sans pathos, sans épisodes chocs, sans vagues et sans fioritures... la voici, tel un sportif ayant besoin de compétiton pour progresser, parvenue à son meilleur niveau. Cette saison trois, diffusée fin 2008 aux USA, est une exceptionnelle réussite. Sans le moindre doute à classer dans le top ten des meilleures saisons de séries qu'on ait eu l'occasion de voir ces dernières années. C'est d'autant plus remarquable que ses auteurs y négocient un virage pariticulièrement délicat, et même plusieurs simultanément : comme le troisième album, la troisième saison est souvent la plus difficile à aborder ; en plus, là, la série commençait sa seconde vie sur Direct TV, devenant officiellement ce qu'elle était de toute façon déjà depuis le début - une série du câble temporairement égarée sur NBC. Rupture dans la continuité, certes. Mais rupture tout de même, ne fût-ce que parce que le nombre d'épisodes a chuté à treize.
Faut-il y voir un symbole ? Une mise en abyme ? La rupture est justement au coeur de toutes les intrigues. Désormais parvenus en terminale, les jeunes héros sont à la croisée des chemins - à l'heure des choix les plus difficiles de leurs brèves existences. Certains vont partir à l'université, d'autres entrer dans le monde du travail. Dans tous les cas un cycle s'achève. Aucun d'eux ne jouera encore pour les Dillon Panthers la saison prochaine. Et cette perspective, c'est le moins que l'on puisse, les plonge tous de différentes manières dans le même immense vertige.
On prend le temps de se poser, de les regarder, et l'on se dit que c'est fou comme ils ont mûri, en quelques épisodes. Jason Street et Brian "Smash" Williams, surtout. Ils sont à présent des adultes. Réfléchis, engagés dans l'existence. Plus vraiment innocents et plus du tout insouciants. La mue a été lente, presqu'insidieuse. Arrivé à la fin de cette saison, elle impressionne. Rupture, disait-on ? Effectivement, tous ces personnages sont en rupture avec eux-mêmes. A commencer par Coach Taylor, placé au pied du mur, et qui voit ses certitudes s'effriter au fil des épisodes. C'est avec une sincère empathie pour ce personnage pas toujours sympathique mais éminemment respectable que l'on regarde l'étau se ressérer autour de lui. Intéressant depuis les tout débuts, il gagne définitivement ici ses galons de grand personnage de série - à ranger au côté des figures les plus fascinantes du genre. Et de ce point de vue, il fait jeu égal avec son épouse, Tami, dont l'émancipation professionnelle fait écho au changement de dimension de son personnage dans la storyline de la série.
L'ensemble - dois-je le préciser ?... est d'une finesse et d'une intelligence dans l'écriture peut-être encore supérieures à ce que l'on avait vu dans les deux premières saisons. Il est vrai que le rencentrage autour du thème de l'éducation (à travers les évènements au lycée mais également la cellule familiale des McKoy), trop rare dans les séries américaines, fait beaucoup pour l'intérêt du spectateur. En cela Friday Night Lights se rapproche encore un peu de The Wire (impossible de ne pas y voir un écho à la quatrième saison de la plus grande série de tous les temps, qui évoquait avec maestria les problèmes des établissements publics), certes sans pouvoir prétendre lui disputer sa place au Panthéon, mais en s'inscrivant à tout le moins dans une forme de filiation. On doit à David Simon d'avoir prouvé que les thématiques sociales les plus complexes avaient tout à fait leur place dans un feuilleton télévisé, et tout en étant bien moins revendicatif (quoique bien plus les précédents), ce troisième chapitre de Friday Night Lights montre que d'autres auteurs l'ont entendu.
Inutile de préciser qu'on a hate de voir si Peter Berg parvient à maintenir le même redoutable niveau dans la saison quatre.
Friday Night Lights (saison 3), créée par Brian Grazer, David Nevins et Peter Berg, d'après le film de ce dernier (Direct TV, 2008-09)
(*) Certes partiel, puisque NBC diffuse toujours Friday Night Lights, mais désormais plus en exclusivité....
C'est probablement la meilleure saison de la série. Après la 4, c'est un peu moins bien. Enfin, tu verras, ce n'est plus pareil.
RépondreSupprimerBravo, tout simplement !
RépondreSupprimerJe n'ai pas encore osé entamer la S4 (qui m'attend sagement) en raison, justement, du "choc" provoqué par la S3. Peur d'être déçu par comme j'ai pu l'être par la 5 de The Wire.
Et le commentaire de Leïa ne m'incite pas beaucoup à me précipiter !
C'est vrai que la fin de la saison 3 aurait pu être la fin de la série. Mais je trouve la 4 excellente également (et encore plus axée sur les "probématiques sociales", donc tu devrais être ravis). Après c'est différent, c'est sûr. Il y a beaucoup de nouveaux persos d'un coup, mais moi j'ai quand même beaucoup aimé.
RépondreSupprimerHé hé. C'est marrant parce que bon, j'ai voulu faire un effort après ton dernier article...mais j'ai acheté légalement (;) le film (quel idiot). Et en fait je l'ai trouvé vachement bien. Alors du coup je vais me mettre à la série ;)
RépondreSupprimerPas trop d'avis sur la saison quatre, dont je n'ai vu qu'un seul épisode pour le moment. Mais je suppose qu'on aura l'occasion d'en reparler prochainement...
RépondreSupprimerahhhhhhhhh!!! je m'insurge contre Leïa!!! la saison 4 est excellente : nouveau défi, nouvel enjeu, axe socio-politique... La saison 3, à part la fin (l'éviction programmée de coaaaaaaaaacchhhhhhhh Taylor) c'était un peu délayé (mais même délayé, c'est bon!!!La 4 est intense! Je suis en manque total, je t'envie d'avoir encore une saison devant toi (non, je ne t'envie pas, je te déteste!!!!)
RépondreSupprimerJ'ai dit que c'était : "un peu moins bien". Un peu moins bien que génial, bah c'est excellent ! :-)
RépondreSupprimerJe n'ai pas encore d'avis pour l'instant ^^
RépondreSupprimerj'ai découvert la série la semaine derniere (grace à cette article). N'ayant pas grand chose à faire dans la journée, j'ai téléchargé la premiere saison. Et j'ai adoré :
RépondreSupprimer1- parce que j'adore le foot US
2- parce que je trouve que la chronique de l'Amérique est géniale. En particulier la vision qu'elle donne du sport universitaire : des gosses star d'un bled à 16 ans, et qui finiront pompistes...
du coup, j'ai avalé la saison 1,et suis en train de commencer la saison 2.
Bonne suite de découverte ;-)
RépondreSupprimerje n'ai vu que la saison 1 faute d'avoir pu trouver la suite... mais je ne désespère pas.
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