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En commençant à regarder Hero Corp un jour de l'an passé où j'étais cloué au lit par une gastro je me disais, un peu confus (la fièvre sans doute), que ce ne devait pas être simple d'être Simon Astier. Autrement dit le frère d'Alexandre, grand manitou de Kaamelott - soit donc de la série française la plus populaire de ces dernières années (vous m'autoriserez à ne pas compter Joséphine, Ange gardien). Comment échapper à la comparaison dès lors que soi-même, on se lance dans le grand bain de la série ? En plus comique. En plus parodique. En plus en format court.
Bonne nouvelle pour Simon Astier, je n'avais (quasiment) jamais vu Kaamelott à ce moment-là, ce qui permit d'évaluer Hero Corp à sa juste valeur et non en partant sur une comparaison biaisée (*). Mauvaise nouvelle : je suis mega-fan de superhéros (bien plus que de légendes arthuriennes - et crac ! double pas de bol), peu enclin à ménager les hommages au genre (avec bien sûr une dérogation pour Joss Whedon... quoique que je n'ai pas épargné Angel dans mes différents articles passés)... encore moins à éprouver une quelconque tendresse pour les nombreux individus s'échinant depuis quelques années à exploiter le filon en laissant sur le bord de la route une grande partie de ce qui en faisait le charme (notamment la transgression intimement liée au genre, la dimension allégorique... toutes choses que Hollywood a fini par quasiment éradiquer des films de superhéros - autant vous dire que le rachat de Marvel par Disney ne m'a pas spécialement excité...).
Plutôt prometteuse avec son idée amusante d'un village de superhéros à la retraite devant reprendre du service à cause du retour inopiné du plus grand supervilain de tous les temps, Hero Corp se présente rapidement comme une des ces séries ambitieuses tentant de jouer sur tous les tableaux, de proposer et un divertissement à vocation volontiers parodique et une intrigue construite et prenante. Pourquoi pas ? En dépit d'un manque de moyens évident (et qui risque peu de changer si l'on considère que les histoires de superhéros n'ont jamais vraiment marché en France, contrairement à plein d'autres pays), il y a là une bonne volonté appréciable. Le problème, c'est que durant toute la première saison, ça ne le fait que par intermittence. Certes la construction narrative est plutôt habile, progressant par petites touches plutôt que de tout balancer d'un coup (avouons cependant que les trois premiers épisodes, qui tournent gentiment autour du pot, n'étaient peut-être pas nécessaires dans la mesure où le spectateur, contrairement au héros, sait d'emblée de quoi il retourne et quel secret habite le village). Mais le reste ne suit pas toujours, notamment tout l'aspect purement comédie. Le comique de situation est relativement bon, le comique visuel parfois efficace, l'univers plutôt inventif... mais dès qu'on passe aux dialogues, c'est une autre affaire. Pour être honnête on a d'ailleurs du mal à savoir si le problème vient des dialogues eux-mêmes ou des comédiens, dont certains évoquent les belles heures d'AB production. Ce qui est sûr que tout cela manque de fluidité et fini par déteindre sur la crédibilité de la série.
C'est d'autant plus flagrant que des les premières minutes de la seconde saison, on constate que la reprise en main a été totale. Pour le coup, impossible de ne pas penser à Kaamelott - dont le premier livre semble bien gentil une fois qu'on a vu les prodigieux tomes suivants. A la réflexion, la mue de Hero Corp est peut-être encore plus violente. C'est simple : rien n'y est plus pareil. Le rythme se fait tout à coup extrêmement soutenu, les personnages gagnent en épaisseur (et les comédiens en confiance), l'intrigue, sans être exceptionnelle, devient soudain bien plus prenante. Surtout, la parodie de comics s'assortit désormais d'un hommage digne de ce nom - ce qui était loin d'être évident durant un grosse moitié de la première saison. On revient aux fondamentaux du genre, on accepte d'en passer par certaines figures imposées (desquelles, bien évidemment, on s'amuse avec délectation). On s'autorise, aussi, à piocher des références ailleurs (Lost par ici, Rec par là, et même Buffy le temps d'un final mémorable) et à voir un peu plus loin qu'une version comique de Heroes (série dont tout le monde sait qu'elle arrive souvent à être très drôle toute seule... et malgré elle). Si l'on osait - on va ! - on dirait que dans sa seconde saison, Hero Corp devient un véritable feuilleton, et non plus une espèce de compilation de sketches uniquement drôles une fois sur trois.
Certes, tout n'est pas encore parfait. Hero Corp conserve une marge de progression relativement importante. Mais alors que l'on refermait le premier chapitre avec l'impression désagréable de s'être un peu fait flouer, on achève chaque épisode du second avec une folle envie de voir la suite le plus vite possible. Espérons donc que la saison trois, en plus de venir confirmer cette bonne impression, ne tardera pas trop à pointer le bout de son nez... d'autant que le twist final est presque aussi insoutenable qu'une fin de saison de Lost (j'exagère un peu, mais c'est pour la bonne cause).
Hero Corp, créée par Simon Astier (Comédie!)
Saison 1 (2008) :
Saison 2 (2010) :
(*) Donc sans me dire ce qui me saute aux yeux aujourd'hui, à savoir qu'on est très loin du génie auquel la famille Astier nous a habitués... d'ailleurs, même quand Alexandre himself vient faire une guest dans la saison 2, il est moins bon... et sinon oui, j'ai refait mon retard depuis... et oui, un article sur Kaamelott est prévu pour bientôt...
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Bonne nouvelle pour Simon Astier, je n'avais (quasiment) jamais vu Kaamelott à ce moment-là, ce qui permit d'évaluer Hero Corp à sa juste valeur et non en partant sur une comparaison biaisée (*). Mauvaise nouvelle : je suis mega-fan de superhéros (bien plus que de légendes arthuriennes - et crac ! double pas de bol), peu enclin à ménager les hommages au genre (avec bien sûr une dérogation pour Joss Whedon... quoique que je n'ai pas épargné Angel dans mes différents articles passés)... encore moins à éprouver une quelconque tendresse pour les nombreux individus s'échinant depuis quelques années à exploiter le filon en laissant sur le bord de la route une grande partie de ce qui en faisait le charme (notamment la transgression intimement liée au genre, la dimension allégorique... toutes choses que Hollywood a fini par quasiment éradiquer des films de superhéros - autant vous dire que le rachat de Marvel par Disney ne m'a pas spécialement excité...).
Plutôt prometteuse avec son idée amusante d'un village de superhéros à la retraite devant reprendre du service à cause du retour inopiné du plus grand supervilain de tous les temps, Hero Corp se présente rapidement comme une des ces séries ambitieuses tentant de jouer sur tous les tableaux, de proposer et un divertissement à vocation volontiers parodique et une intrigue construite et prenante. Pourquoi pas ? En dépit d'un manque de moyens évident (et qui risque peu de changer si l'on considère que les histoires de superhéros n'ont jamais vraiment marché en France, contrairement à plein d'autres pays), il y a là une bonne volonté appréciable. Le problème, c'est que durant toute la première saison, ça ne le fait que par intermittence. Certes la construction narrative est plutôt habile, progressant par petites touches plutôt que de tout balancer d'un coup (avouons cependant que les trois premiers épisodes, qui tournent gentiment autour du pot, n'étaient peut-être pas nécessaires dans la mesure où le spectateur, contrairement au héros, sait d'emblée de quoi il retourne et quel secret habite le village). Mais le reste ne suit pas toujours, notamment tout l'aspect purement comédie. Le comique de situation est relativement bon, le comique visuel parfois efficace, l'univers plutôt inventif... mais dès qu'on passe aux dialogues, c'est une autre affaire. Pour être honnête on a d'ailleurs du mal à savoir si le problème vient des dialogues eux-mêmes ou des comédiens, dont certains évoquent les belles heures d'AB production. Ce qui est sûr que tout cela manque de fluidité et fini par déteindre sur la crédibilité de la série.
C'est d'autant plus flagrant que des les premières minutes de la seconde saison, on constate que la reprise en main a été totale. Pour le coup, impossible de ne pas penser à Kaamelott - dont le premier livre semble bien gentil une fois qu'on a vu les prodigieux tomes suivants. A la réflexion, la mue de Hero Corp est peut-être encore plus violente. C'est simple : rien n'y est plus pareil. Le rythme se fait tout à coup extrêmement soutenu, les personnages gagnent en épaisseur (et les comédiens en confiance), l'intrigue, sans être exceptionnelle, devient soudain bien plus prenante. Surtout, la parodie de comics s'assortit désormais d'un hommage digne de ce nom - ce qui était loin d'être évident durant un grosse moitié de la première saison. On revient aux fondamentaux du genre, on accepte d'en passer par certaines figures imposées (desquelles, bien évidemment, on s'amuse avec délectation). On s'autorise, aussi, à piocher des références ailleurs (Lost par ici, Rec par là, et même Buffy le temps d'un final mémorable) et à voir un peu plus loin qu'une version comique de Heroes (série dont tout le monde sait qu'elle arrive souvent à être très drôle toute seule... et malgré elle). Si l'on osait - on va ! - on dirait que dans sa seconde saison, Hero Corp devient un véritable feuilleton, et non plus une espèce de compilation de sketches uniquement drôles une fois sur trois.
Certes, tout n'est pas encore parfait. Hero Corp conserve une marge de progression relativement importante. Mais alors que l'on refermait le premier chapitre avec l'impression désagréable de s'être un peu fait flouer, on achève chaque épisode du second avec une folle envie de voir la suite le plus vite possible. Espérons donc que la saison trois, en plus de venir confirmer cette bonne impression, ne tardera pas trop à pointer le bout de son nez... d'autant que le twist final est presque aussi insoutenable qu'une fin de saison de Lost (j'exagère un peu, mais c'est pour la bonne cause).
Hero Corp, créée par Simon Astier (Comédie!)
Saison 1 (2008) :
Saison 2 (2010) :
(*) Donc sans me dire ce qui me saute aux yeux aujourd'hui, à savoir qu'on est très loin du génie auquel la famille Astier nous a habitués... d'ailleurs, même quand Alexandre himself vient faire une guest dans la saison 2, il est moins bon... et sinon oui, j'ai refait mon retard depuis... et oui, un article sur Kaamelott est prévu pour bientôt...
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Et tranquillement Thomas publia son 100e article de 2010...
RépondreSupprimerSinon Hero Corp j'avais regardé un peu la première saison mais j'avais trouvé ça vraiment trop con et mal joué. Et pour répondre à la question je pense que c'est autant les acteurs que les dialogues (Astier qui ponctue toutes ses phrases de "quoi" comme s'il était candidat du loft ah ah lol mdr, la tante est une cata, le seul vraiment bon c'est bien sûr Christian Bujeau, toujours excellent). Enfin peut-être que ça s'améliore mais ce que j'ai vu m'a pas donné envie de savoir...
Ah ! Le pouvoir de persuasion...
RépondreSupprimerY a vraiment quelques trouvailles excellentes (je ne vais pas faire une liste, laissons à chacun le plaisir de découvrir). Franchement je trouve que cette série gagnerait à être plus connue.
RépondreSupprimerSerious Moon >>> ouais... je suis au moins d'accord avec toi sur les "quoi" ponctuant chaque phrase... même si j'avoue que c'est un tic de langage que j'ai, moi-même (mais pas quand j'écris).
RépondreSupprimerPour le reste je t'assure que ça devient vraiment bien, après.
Lil' & EL-JAM >>> ne disons rien des pouvoirs rigolos, c'est mieux (d'autant que dans la saison 1 c'est un vrai ressort narratif que de faire découvrir qui a quel pouvoir au fur et à mesure). J'ajouterai juste que mon préféré est celui de Jean-Micheng ;-)
Grand fan de KAAMELOTT (enfin, hormis le livre VI très décevant), je ne me suis pas jeté sur HERO CORP pour la simple et bonne raison que je considère le personnage de Simon Astier dans KAAMELOTT comme le plus désagréable... trop gamin, avec toujours le même genre de répliques... bon, pourquoi présupposer de la qualité de HERO CORP en fonction de cette constatation, me direz-vous? ;-)
RépondreSupprimerSysT
PS : Je crois que c'est le DEMI-frère d'Alexandre Astier, d'ailleurs...
Ouais, frère, demi-frère... chez nous c'est pareil :-)
RépondreSupprimerLa comparaison avec Kaamelott est bizarre. En fait c'est à la fois dans la même lignée et totalement différent. Assez difficile à expliquer...
Moi sinon, j'ai bien aimé le livre VI de Kaamelott. Je ne vois vraiment pas ce que tout le monde lui reproche...
ah ben pourquoi je ne la connais pas cette série moi ???? Pour Kaamelott et Alexandre c'est simple je suis fan absolue, point... le personnage de Simon n'était pas si mal dans son genre, je veux dire dans le genre tête à claque il a quelques scènes d'anthologie :-)))
RépondreSupprimerA mon avis la réponse à ta question est : parce que ça passe sur Comédie!, chaîne que personne regarde (je vais même te dire : jusqu'à Hero Corp, je ne savais même pas que je l'avais...)
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