Journal de Drob (3)

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25 mars Ainsi donc hier, à l'heure où nous publiions le dernier édito, avait lieu une allocution Présidentielle. Juste pour savoir : quelqu'un l'a vue ? Non, bien sûr. Personne ne l'a vue, pour la simple et bonne raison qu'elle a été organisée dans l'urgence et diffusée à une heure où personne ne regarde la télé. Même pas au journal de 13 heures - non : à 11h45 précises. C'est peut-être un détail pour vous ; pour moi, ça veut dire beaucoup. Cela dit tout, même, du mépris et de l'indifférence qui trônent désormais au sommet de l'État. On n'a plus besoin d'eux, ces gens... ce peuple (eurk) d'ingrats qui zont même pas voté pour nous. La rupture, vous la vouliez ? Vous l'avez. J'avoue que face à cela, je me sens bizarre.

26 mars Voilà bien longtemps qu'un homme politique ne m'avait pas fait autant rire. Non non : je ne parle du mouvement populiste de Patrick Sébastien, même si ça aussi c'est drôle (dans la catégorie calembours pourris je demande le DARD, comme Frédéric, mais avec une guêpe en guise de logo). Je parle de Dominique de Villepin, qui lançait hier son courant-parti-mouvement-on-ne-sait-pas-trop (sans nom à l'heure actuelle, tu m'étonnes). Discours ultra programmatique et supra lyrique, avec accrochez-vous bien : rien que des propositions de gauche. Villepin veut même augmenter les impôts des plus riches - et pas qu'un peu. Avouez qu'il y a de quoi rigoler, ce qui suffit c'est vrai à en faire un anti-Sarkozy. Le Président en effet ne fait plus rire personne, d'ailleurs la nouvelle (troisième) Chronique de Nicolas 1er, de l'excellent Patrick Rambaud, est sombre au possible. Alors si Villepin a envie de nous faire marrer, qu'il ne se gène pas. Qui sait ? S'il continue à être aussi marrant, il pourrait bien finir avec un job au P.S.


27 mars Six jours après on en cause encore. De Besson. De Guillon. Surtout de Besson, vue la belle unanimité s'étant rassemblée autour de l'humoriste (ce qui fait plaisir à voir en ces temps où crier haro sur le baudet est devenu un sport national). Et puis Guillon, finalement, n'a pas fait grand-chose. C'est du point de vue Bessonien que cette affaire est intéressante. Révélatrice de la psyché du personnage et, d'une certaine manière, de son aveuglement. Quel crime à commis Guillon ? Celui que j'ai déjà commis moi-même, celui que beaucoup d'autres ont commis : s'être fait le réceptacle du sentiment général, projeter une reproduction fidèle de la haine qu'Eric Besson, son ministère indigne et son débat nauséabond inspirent à une majorité de français. Réécoutez cette chronique : cette haine profonde, viscérale et déraisonnable est palpable. On aimerait regretter que certains y cèdent, mais lequel d'entre nous ne s'est jamais laissé aller à ce sentiment au moins une fois, depuis l'inauguration du pseudo débat sur la putain d'identité nationale ? Besson est l'homme le plus haït de France et franchement, il ne l'a pas volé. Qu'il ne veuille pas l'entendre est une chose. Qu'il mobilise la noble idée de Service Public pour justifier son incapacité à se regarder dans une glace en est une autre. Vous me direz : il a déjà sali l'identité et la Nation. Souiller le Service Public ne doit pas lui faire peur.


31 mars Identité nationale, saison 2. Après une première occurrence au succès mitigé malgré un recours (désespéré ?) aux guests (certes, fallait voir lesquelles... mais qui est donc ce François Fillon ?), la saison deux se propose cette fois-ci de faire table rase et de téléporter l'intrigue au sein d'un immense séminaire sur les rapports entre l'école et la nation. Manière comme une autre de mobiliser des intellectuels jusqu'alors tragiquement absent du programme ? Allons. Aucun scénariste n'opterait pour un truc aussi gros. Quand même pas.

1er avril Non mais alors là c'est pas du jeu ! Si même Les Echos s'y mettent... on ne peut plus compter sur personne ! Tu parles d'un poisson d'avril. Voici qu'ils révèlent ce que tout le monde savait (mais que beaucoup ne voulaient pas entendre), à savoir que : "les 1.000 ménages qui possèdent les plus hauts patrimoines captent, à eux seuls, 63 % du coût du bouclier. Ils ont ainsi récupéré 368 millions d'euros l'an dernier, soit encore plus qu'en 2008. La plupart d'entre eux sont redevables de l'impôt de solidarité sur la fortune dans la dernière tranche (patrimoine supérieur à 15,8 millions d'euros)." Ca commence à craindre un peu du boudin, là. Parce que Les Echos, on peut difficilement les suspecter de communisme.

2 avril Attention on ne rit plus. « Ces accusations ou affirmations péremptoires ne passent pas par le filtre standard des publications scientifiques ». Quand même. Il aura fallu attendre presque deux ans pour que les chercheurs et autres spécialistes du climat, traînés quotidiennement dans la boue par Claude "Le Thierry Meyssan du Climat" Allègre, se décident à rendre les coups. Ce n'est pas trop tôt. N'est-ce pas trop tard ? Ces derniers temps, les idées stupides et mensongères d'Allègre (l'un des pires ministres des trente dernières années, rappelons-le) et de ses thuriféraires ont fait des ravages dans l'opinion. Je me suis même surpris à devoir en discuter très sérieusement (ce qui n'est pas facile, vue la teneur du bouquin de Claude A.) avec des gens tout à fait honnêtes intellectuellement, mais qui avaient fini par se laisser intoxiquer. C'est que le peuple n'aime rien tant que les théories du complot. La vérité officielle ? Très peu pour lui. On ne peut pas vraiment lui en vouloir, vu que la vérité officielle lui a par exemple fait avaler que le nuage de Tchernobyl ne franchirait pas les frontières de la France. Entre autres choses. Dans un monde merveilleux - ou à tout le moins saint d'esprit - on ferait confiance aux professionnels. On se dirait qu'un avocat est le mieux placé pour parler de droit, un enseignant pour parler d'enseignement, un climatologue pour parler de climat. C'est dans le fond toujours et encore le même problème, que l'on pourrait couplé à la toute puissance de la télévision - à savoir la pire manière de s'informer si l'on se limite au journal de TF1 et aux interviews pseudo sérieuses du Grand Journal.


5 avril Le complot, mes amis. Le complot. De qui ? De quoi ? Le complot contre le Président, bien sûr. Je n'ose en parler plus. Je crains la censure. Ne riez pas : voilà des semaines que j'ai un embryon de chronique cinglante sur le sujet, mais tous les billets l'évoquant ont été supprimé à une telle vitesse que j'avoue, j'ai eu un peu peur pour mes miches. Notez avec quelle émouvante pudeur chacun en rend compte, parlant de "la rumeur" de manière implicite, sans trop oser l'évoquer clairement. Enfin. Voilà que les langues, doucement, se délient. Le complot est dévoilé. On a des suspects, des victimes, des enquêteurs. Évidemment en terme de qualité, par rapport au bon vieux de temps de Clearstream, on est brutalement passé de 24 à Plus belle la vie. "La peur va changer de camp". Ah ah ah. Ils n'ont même pas pris la peine de changer les répliques de Jack Bauer (dont on apprenait d'ailleurs la semaine dernière que ses aventures s'arrêteraient en mai).

7 avril En parlant de Jack Bauer, terminons sur une note plus joyeuse et 100 % garantie publicitaire. Le Festival Séries Mania a commencé hier au Forum de Halles de Paris, allez-y si vous pouvez, c'est vachement bien. Et je ne dis pas ça parce que mon camarade Pierre Sérisier est comme souvent dans le (bon) coup, mais tout simplement parce que depuis une décennie les séries télés sont devenues un mode d'expression si populaire et si riche qu'il était plus que temps de leur consacrer un évènement rien qu'à elles. Alors si en plus la prog est de qualité (et elle l'est, ne serait-ce qu'au niveau des projos)...
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