La Vie en rock... la Mort en rock... pfff ! Je vous jure. Qu'est-ce qu'on nous ferait pas avaler comme connerie. Bien commencer et mal finir - voilà ce qu'il faudrait paraît-il pour entrer dans la légende. On rigole. Parce que dans le fond, on sait tous que c'est faux. Que la seule question qui vaille passé le cinquième album c'est celle dont on ne parle jamais : Vieillir en rock. Un exercice pour lequel il n'existe aucune véritable formule, que chacun gère un peu comme il peut, le plus souvent mal. Il y a ceux qui se désagrègent à la vitesse de la lumière (les Stones, sur le déclin dès 1973 ; les Who, fossilisés dès le quatrième album). Ceux qui choisissent d'avancer vers une forme de sage sérénité, façon Mccartney, à condition toutefois d'en avoir les moyens. Ceux qui passent dans le clan des ringards sans même s'en apercevoir (Roger Waters et David Gilmour, ensemble ou séparément).
Comme de juste, parce que leur style s'y prête mieux, les folkeux s'en sortent plus souvent avec les honneurs. La folk-music étant déjà à la base un truc de vieux, on y accepte plus facilement les rides et différentes écoles sont prêtes à accueillir tout jeune songwriter espérant vivre au-delà de quarante ans. L'école Neil Young : dignité et rigueur forçant le respect, même si le résultat n'est pas toujours génial. L'université Cash, dont la sélection est terrible, le président Dylan y rejetant plus de 90 % des candidats au génie intemporel. Moins connu parce que privé et plutôt onéreux, le lycée Nelson propose à tous les aspirants vieux sur le retour une formation leur permettant de s'entrainer à garder toute la fougue et le panache de leur jeunesse.
Cet établissement très prisé et réservé à la crême des countrymen a été fondé il y a quinze ans par Loudon Snowden Wainwright III, LW3 pour les intimes, qui avait précédemment sponsorisé Tim Buckley lors de son intronisation au HMMSIMFTMHF (Help Me, My Son Is Most Famous Than Me Hall of Fame). Pas n'importe qui, donc : un gars qui a tout compris à la folk. Notamment ce vieil adage : si tu n'as pas soit des supers chansons soit un putain de charisme, va faire du rock et laisse la folk aux grandes personnes. Autant vous dire qu'il est regrettable que sa voix ne porte pas plus que ça en ces temps de revival gnangnan (pardon : lyrique ! Désolé, je confonds toujours). Car lui a toujours eu les deux, autant dire qu'il était plutôt bien placé pour servir d'exemple aux génération suivantes. Las ! LW3 n'a jamais eu le dixième de la popularité d'un Parsons (lequel a d'ailleurs choisi, cela ne vous aura pas échappé, de ne pas choisir - et donc de mourir à vingt-sept ans) ni même d'un Richard Thompson. Quarante ans cette année qu'il publie régulièrement des albums exceptionnels, et tout le monde s'en branle. Pauvre Loudon. Quand on pense qu'il a même fallu qu'il subisse une désastreuse reprise par son fils ("One Man Guy", pour ne pas la nommer) afin d'être vaguement redécouvert par une dizaine de personnes ! Au moins Tim Buckley, lui, avait-il eu la chance de mourir longtemps avant d'être éclipsé par son rejeton.
Clin d'oeil appuyé et sardonique à un viel album de Bette Midler, 10 Songs for the New Depression n'inversera probablement pas la tendance. Il ne s'en situe pas moins dans le haut du panier de sa discographie - sans doute pas à la hauteur des monuments que sont Album II et Album III mais en tout cas largement du niveau de ses très bons disques des années 2000 (citons entre autres le superbe et endeuillé Last Man on Earth). Surtout, comme dit plus haut, il épate par son énergie et sa fraîcheur. Il a beau n'avoir que cinq ans de moins que Bob Dylan, Loudon Wainwright n'est pas du genre à devenir un vieux monsieur hanté par la mort. Plutôt un jeune homme d'âge avancé, qui préfère s'amuser avec son ukulélé ou tresser des folk-songs fluides aux textes parfois poilants. Lorsqu'il se fait plus grave, comme sur "Time Is Hard" ou "On to Victory, Mr Roosevelt", c'est pour regarder ailleurs que vers son nombril, du côté de l'angoisse de ses contemporains ou du fantôme de l'autre Dépression, la Grande, que l'on appellera sans doute bientôt tout simplement la Première. Rien d'étonnant de la part d'un artiste dont le précédent album studio, Here Comes the Chopper!, était un coup de boule sarcastique aux aventuriers des armes de destruction massive perdues. Comme toujours avec L3W, la protest-song est ici goguenarde, habile et incisive. Classe, tout simplement.
Que demander de plus ?
10 Songs for the New Depression, de Loudon Wainwright III (2010)
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Comme de juste, parce que leur style s'y prête mieux, les folkeux s'en sortent plus souvent avec les honneurs. La folk-music étant déjà à la base un truc de vieux, on y accepte plus facilement les rides et différentes écoles sont prêtes à accueillir tout jeune songwriter espérant vivre au-delà de quarante ans. L'école Neil Young : dignité et rigueur forçant le respect, même si le résultat n'est pas toujours génial. L'université Cash, dont la sélection est terrible, le président Dylan y rejetant plus de 90 % des candidats au génie intemporel. Moins connu parce que privé et plutôt onéreux, le lycée Nelson propose à tous les aspirants vieux sur le retour une formation leur permettant de s'entrainer à garder toute la fougue et le panache de leur jeunesse.
Cet établissement très prisé et réservé à la crême des countrymen a été fondé il y a quinze ans par Loudon Snowden Wainwright III, LW3 pour les intimes, qui avait précédemment sponsorisé Tim Buckley lors de son intronisation au HMMSIMFTMHF (Help Me, My Son Is Most Famous Than Me Hall of Fame). Pas n'importe qui, donc : un gars qui a tout compris à la folk. Notamment ce vieil adage : si tu n'as pas soit des supers chansons soit un putain de charisme, va faire du rock et laisse la folk aux grandes personnes. Autant vous dire qu'il est regrettable que sa voix ne porte pas plus que ça en ces temps de revival gnangnan (pardon : lyrique ! Désolé, je confonds toujours). Car lui a toujours eu les deux, autant dire qu'il était plutôt bien placé pour servir d'exemple aux génération suivantes. Las ! LW3 n'a jamais eu le dixième de la popularité d'un Parsons (lequel a d'ailleurs choisi, cela ne vous aura pas échappé, de ne pas choisir - et donc de mourir à vingt-sept ans) ni même d'un Richard Thompson. Quarante ans cette année qu'il publie régulièrement des albums exceptionnels, et tout le monde s'en branle. Pauvre Loudon. Quand on pense qu'il a même fallu qu'il subisse une désastreuse reprise par son fils ("One Man Guy", pour ne pas la nommer) afin d'être vaguement redécouvert par une dizaine de personnes ! Au moins Tim Buckley, lui, avait-il eu la chance de mourir longtemps avant d'être éclipsé par son rejeton.
Clin d'oeil appuyé et sardonique à un viel album de Bette Midler, 10 Songs for the New Depression n'inversera probablement pas la tendance. Il ne s'en situe pas moins dans le haut du panier de sa discographie - sans doute pas à la hauteur des monuments que sont Album II et Album III mais en tout cas largement du niveau de ses très bons disques des années 2000 (citons entre autres le superbe et endeuillé Last Man on Earth). Surtout, comme dit plus haut, il épate par son énergie et sa fraîcheur. Il a beau n'avoir que cinq ans de moins que Bob Dylan, Loudon Wainwright n'est pas du genre à devenir un vieux monsieur hanté par la mort. Plutôt un jeune homme d'âge avancé, qui préfère s'amuser avec son ukulélé ou tresser des folk-songs fluides aux textes parfois poilants. Lorsqu'il se fait plus grave, comme sur "Time Is Hard" ou "On to Victory, Mr Roosevelt", c'est pour regarder ailleurs que vers son nombril, du côté de l'angoisse de ses contemporains ou du fantôme de l'autre Dépression, la Grande, que l'on appellera sans doute bientôt tout simplement la Première. Rien d'étonnant de la part d'un artiste dont le précédent album studio, Here Comes the Chopper!, était un coup de boule sarcastique aux aventuriers des armes de destruction massive perdues. Comme toujours avec L3W, la protest-song est ici goguenarde, habile et incisive. Classe, tout simplement.
Que demander de plus ?
10 Songs for the New Depression, de Loudon Wainwright III (2010)
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Ah ! Enfin !
RépondreSupprimerAprès Slah et le rock progressif instrumental (la double-peine), enfin un disque pour moi, sur Le Golb.
Par contre, la vidéo ne marche pas chez moi : "an error occurred, please try again later" ? Jamais vu cela sur Youtube...
BBB.
"tout le monde s'en branle" et "un jeune homme d'âge avancé", belle description.
RépondreSupprimerComme tu le sais, j'adore LWIII, mais là, je suis resté un peu sur ma faim. Très agréable, mais sans surprise.
Il surclassera en tout cas toujours ses rejetons. Pas trop difficile !
Tenterai-je une 3ème écoute ?
Tu m'y incites fortement.
Et à quand une reprise par Rufus de IWIWAL ? ^^
Artiste aussi qui n'a pas eu peur de consacrer un double album au banjoïste old time Charlie Poole ! (High wide and handsome) Une belle réussite !
RépondreSupprimerBBB. >>> écoutez... chez moi ça marche parfaitement...
RépondreSupprimerThierry >>> de quoi ?
Sunalee >>> oui, il était très bon cet album...
I Wish I Was A Lesbian ... titre "phare" de LWIII dans les années 90.
RépondreSupprimerDésolé.
RépondreSupprimerCela marche, à présent.
BBB.
Si tout l'album est du même tonneau que cette chanson ça promet...
RépondreSupprimerCa peut être lu de différentes manières, ton truc...
RépondreSupprimerIl fallait voir le côté positif bien sûr :)
RépondreSupprimerIl avait tout pour réussir, et soudain, c'est le drame: il sort un ukulele éliminatoire...
RépondreSupprimerAllons allons... il n'y a pas de sots instruments... il n'y a que des sous-Julien Doré ^^
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