[Article précédemment publié sur l'indispensable Interlignage] On n'ira pas jusqu'à dire qu'on n'en pouvait plus d'attendre, mais tout de même : quatre ans avant de pouvoir se mettre sous la dent un nouvel album des excellents Red Sparowes, c'est long. Suffisamment pour que l'auditeur occasionnel ait eu le temps de ne plus les attendre, voire de les oublier. Et pourtant il suffit d'une simple intro, Truths Arise, pour qu'on se replonge aussitôt dans le grand bain contemplatif de ce groupe hors du commun.
Comme elle semble loin l'époque où les Red Sparowes n'étaient qu'un side-project, un collectif fantomatique constitué d'une improbable dream team des groupes de Neurot Recording (l'excellent label des non moins excellents Neurosis). Le bon vieux temps du Tortoise métallique, du post-rock ésotérique... tout cela est désormais remisé dans l'armoire à souvenirs. Ce n'est ni un mal ni un bien ; juste un fait que le départ de Josh Graham pour A Storm Of Light a enclenché et que le changement de label a, bon an mal an, entériné. Quand ce serait un détail chez n'importe quel autre groupe, l'histoire de celui-ci était si intrinsèquement liée à celle de sa maison de disques qu'on ne peut y voir qu'un symbole fort, une manière implicite de rompre avec le passé.
L'impression est confirmée dès la première écoute de The Fear Is Excruciating, but Therein Lies the Answer. Premier gros morceau de l'affaire s'achevant sur une envolée impressionnante, "In Illusions of Order" louche au moins autant sur le prog que sur le post-rock. Mais là où d'autres se seraient courageusement viandés, les Red Sparowes impressionnent. Toujours sur le fil, ils résistent tout au long de l'album à la tentation de la virtuosité gratuite, privilégient les climats sur la démonstration et convainquent rapidement que malgré la défection du talentueux Graham, ils n'ont jamais été aussi bons et incisifs.
C'est d'autant plus remarquable que s'il est déjà délicat de flirter avec le prog sans sombrer, ça l'est encore plus en matière de musique instrumentale. On savait depuis leur premier opus (brillant At the Soundless Dawn) que les moineaux rouges étaient une de ces espèces rares, volatiles élégants susceptibles de produire des albums de rock instrumental où l'on ne s'ennuie jamais, ce qui n'est pas courant. The Fear Is Excruciating, but Therein Lies the Answer et ses quarante-trois minutes psychédéliques et transcendantales prouvent qu'ils sont capables d'étendre le champ de leurs explorations quasiment à l'infini (en tout cas loin vers l'horizon, comme le suggère l'artwork). Il faut écouter le somptueux "A Swarm", mélancolique et rêveur, pour s'en convaincre : les Red Sparowes millésime 2010 ont clairement changé de dimension. On serait même tenté d'ajouter qu'ils viennent de publier le meilleur album instrumental de l'année... mais comme c'est le premier qu'on entend et qu'on sait déjà que les autres seront chiants, prétentieux et médiocres... on se contentera d'affirmer que The Fear Is Excruciating, but Therein Lies the Answer est un des meilleurs disques du moment. Tout court.
The Fear Is Excruciating, but Therein Lies the Answer, des Red Sparowes
(2010)
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Comme elle semble loin l'époque où les Red Sparowes n'étaient qu'un side-project, un collectif fantomatique constitué d'une improbable dream team des groupes de Neurot Recording (l'excellent label des non moins excellents Neurosis). Le bon vieux temps du Tortoise métallique, du post-rock ésotérique... tout cela est désormais remisé dans l'armoire à souvenirs. Ce n'est ni un mal ni un bien ; juste un fait que le départ de Josh Graham pour A Storm Of Light a enclenché et que le changement de label a, bon an mal an, entériné. Quand ce serait un détail chez n'importe quel autre groupe, l'histoire de celui-ci était si intrinsèquement liée à celle de sa maison de disques qu'on ne peut y voir qu'un symbole fort, une manière implicite de rompre avec le passé.
L'impression est confirmée dès la première écoute de The Fear Is Excruciating, but Therein Lies the Answer. Premier gros morceau de l'affaire s'achevant sur une envolée impressionnante, "In Illusions of Order" louche au moins autant sur le prog que sur le post-rock. Mais là où d'autres se seraient courageusement viandés, les Red Sparowes impressionnent. Toujours sur le fil, ils résistent tout au long de l'album à la tentation de la virtuosité gratuite, privilégient les climats sur la démonstration et convainquent rapidement que malgré la défection du talentueux Graham, ils n'ont jamais été aussi bons et incisifs.
C'est d'autant plus remarquable que s'il est déjà délicat de flirter avec le prog sans sombrer, ça l'est encore plus en matière de musique instrumentale. On savait depuis leur premier opus (brillant At the Soundless Dawn) que les moineaux rouges étaient une de ces espèces rares, volatiles élégants susceptibles de produire des albums de rock instrumental où l'on ne s'ennuie jamais, ce qui n'est pas courant. The Fear Is Excruciating, but Therein Lies the Answer et ses quarante-trois minutes psychédéliques et transcendantales prouvent qu'ils sont capables d'étendre le champ de leurs explorations quasiment à l'infini (en tout cas loin vers l'horizon, comme le suggère l'artwork). Il faut écouter le somptueux "A Swarm", mélancolique et rêveur, pour s'en convaincre : les Red Sparowes millésime 2010 ont clairement changé de dimension. On serait même tenté d'ajouter qu'ils viennent de publier le meilleur album instrumental de l'année... mais comme c'est le premier qu'on entend et qu'on sait déjà que les autres seront chiants, prétentieux et médiocres... on se contentera d'affirmer que The Fear Is Excruciating, but Therein Lies the Answer est un des meilleurs disques du moment. Tout court.
The Fear Is Excruciating, but Therein Lies the Answer, des Red Sparowes
(2010)
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Je préférais franchement les précédents. Mais c'est pas mal cela dit...
RépondreSupprimerC'est semaine spéciale metal, sur Le Golb ? Eurk.
RépondreSupprimer@Laiezza : tu as dû lire de travers car comme dit très bien l'article Red Sparowes ne joue pas du metal (même si ses membres viennent de cette scène, enfin même pas tous)
RépondreSupprimerNon, mais, j'ai écouté un peu avant, quand même. Ce n'est pas du Iron Machin, mais l'influence metal est assez marquée..
RépondreSupprimerJe découvre ce blog depuis quelques jours et je dois dire que je suis ravie de la richesse de tes chroniques. Je vais donc jeter une oreille sur ce disque, car un groupe qui joue du prog et qui est qualifié de pas chiant, ça m'intrigue ;)
RépondreSupprimerSi tu le dis...
RépondreSupprimerEuh précision utile (ou pas) : je parlais bien sûr à LAIEZZA!
RépondreSupprimerJ'ai été plutôt convaincu perso. j'écrirai peut être dessus. Belle chronique.
RépondreSupprimer@El-Jam : ouf, j'ai eu peur ! Non en fait je m'en doutais ;)
RépondreSupprimerBonjour tout le monde,
RépondreSupprimerBon, Laiezza a quand même un peu raison : il y a une bonne louche de metal dans cet album, c'est frappant sur certains arrangements typiques. Mais ça ne sonne pas prog-metal, ce qui est déjà énorme.
Kalys, tu nous diras ce que tu en penses.
Benjamin >>> (oh oui oh oui, jetons-nous des fleurs !)(je t'ai dit que ton papier sur VIOL était excellent ? ;-)
(et je ne dis pas ça parce qu'il y a plusieurs fois mon nom dedans)
RépondreSupprimer(même si c'est une valeur ajoutée incontestable)
RépondreSupprimerOuah la vache ! Thom qui s'auto-floude ! ^^
RépondreSupprimerFaut bien que je pallie à ton absence ;-)
RépondreSupprimerBon, j'ai écouté deux disques, "Oh God [...]" et "Every red heart [...]" De toute évidence, je n'aime pas la musique progressive ;)
RépondreSupprimerJ'ai trouvé les morceaux à l'image de leurs titres : trop longs et un poil ennuyeux. Je ne peux pas leur dénier le talent, mais ça ne me parle des masses. Par ailleurs, bien que je ne pense pas cela pour tous les instrumentaux que j'aie pu entendre, je trouve que le chant manque à leur compo... Je pense que ça les aérerait...
Tu t'es laissé(e) * piéger par le titre de l'article, toi ! Ah ah :-)
RépondreSupprimer* Excuse-moi, j'ai honte, mais je ne suis pas sûr de savoir si tu es un garçon ou une fille, vu que ton profil blogger ne s'affiche pas (d'où cette précaution d'usage qui n'est, somme toute, qu'une marque de politesse un peu décalée ^^)
Hi hi... Je suis une fille :)
RépondreSupprimerLe titre de l'article, tu dis ça parce que ça fait référence aux Pumpkins? Non, j'aime bien essayer d'écouter tous types de musique... J'ai mes préférences, et aussi des trucs que je n'arrive pas du tout à aimer (le jazz par exemple), mais si la chronique donne envie, j'essaie toujours.
Il me semblait bien avoir croisé un accord au féminin dans un commentaire, mais je n'étais pas sûr de mon coup ;-)
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