Slash - Réunion de famille... dysfonctionnelle

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Tous les deux ou trois ans environs, le Ghota du rock se réunit dans un grand manoir pour vider quelques pintes, faire quelques blagues scatos (c'est Ozzy qui préside) et accessoirement s'investir dans un projet lui donnant l'illusion qu'il n'est pas composé à 90 % de gros ringards. Une entame un brin méchante pour Slash, dont les derniers albums avec Velvet Revolver ont été auréolé d'un franc succès, d'ailleurs pas totalement immérité tant l'attelage que les exs-vrais-Guns (ils s'appelaient d'ailleurs à l'origine Rejects, ça ne s'invente pas) avaient monté avec Scott "STP" Weiland était sympathique, gras du bide et gentiment fuzz. N'empêche qu'il faut bien dire ce qui est : le Gotha du rock, lorsqu'il se réunit, ressemble plus au Bal des vampires qu'à celui des débutantes. Slash en tête, pour le coup, qui en prétendant sortir son premier album solo (oh oh oh) tente péniblement de faire oublier les deux affreux albums de son Slashe's Snakepit, énormes flops dans une époque - les nineties - où il était bien plus connu - ce qui ne présage rien de bon aujourd'hui.

Heureusement dans ce genre de situation, on peut toujours compter sur les copains, évidemment pas du tout intéressés par l'aura qu'il vous reste (c'est-à-dire que comme quasiment personne n'a entendu vos mauvais disques, vous n'êtes pas encore totalement discrédité). Et quand comme Slash on a été l'Élie Semoun du rock'n'roll, plus souvent invité que sur les planches, on a vous l'imaginez bien beaucoup de copains - soit donc autant de cautions pour autant de situation désavantageuses.

Il y a bien sûr Ozzy, qui est la caution Godfather of Metal. N'y revenons pas, on a déjà dit tout le mal qu'on en pensait ailleurs. Il y a fatalement Lemmy pour la caution roots. Et Dave "je suis tellement sympa" Grohl pour la caution cool. Mais il y a aussi d'autres cautions, plus subtiles , que nous nous proposons en exclusivité mondiale de décrypter (bien entendu uniquement dans l'intérêt de la science, n'allez pas croire que c'est pour se foutre de leurs gueules).

Par exemple, il y a la caution grunge, incarnée par Chris Cornell, grand habitué de cette rubrique. Lorsque l'on se souvient de comment les grungers traitaient le hard 80's (qu'ils ont largement contribué à ringardiser, Grâce leur soit rendue), cette présence n'est pas inintéressante. Notez que Chris Cornell étant aux fraises depuis des années, c'est peut-être plutôt lui qui aurait besoin d'une caution. L'hypothèse n'est pas à exclure, ne fût-ce cette évidence : le rôle de la caution qui en fait utilise Slash comme caution est déjà pris (et bien tenu) par l'innommable Ian Astbury, qui n'en finit plus d'essayer de se racheter une conduite depuis qu'il a osé remplacer Jim Morrison dans les Doors. Pas sûr qu'en faisait des featurings chez Slash la Rédemption soit pour bientôt.

On trouve également, mais c'était une évidence, la caution jeune. Enfin pas trop non plus : Myles Kennedy a tout de même quarante balais. Mais disons qu'en terme de carrière et de notoriété, à côté d'Ozzy ou de Lemmy, c'est un gamin (voire un nain). D'ailleurs ses deux morceaux ne sont pas mauvais, on croirait du Chris Cornell (le vrai, pas celui qui publie des albums R&B pourris en n'ayant même pas l'excuse d'avoir grandi dans un ghetto californien). Il sont en tout cas plus digestes que celui d'Adam Levine... oui alors, j'imagine que vous n'avez pas la moindre de qui c'est - eh bien figurez-vous que c'est le leader de Maroon 5 ! Qui apparemment existe toujours. Tiens donc. Il est vrai que comme Adam ne sort plus ni avec Natalie Portman ni avec Kirsten Dunst, plus grand monde ne se soucie de son existence.

Arrivé à ce stade, théoriquement, votre visage a commencé à se décomposer. Et d'un autre côté vous vous dites "bon, au moins là, on ne peut pas tomber plus bas." C'était compter sans la caution casquette, assurée par M. Shadows, ex leader d'un groupe skatepunk reconverti de l'emo-metal-core, un gars tellement doué que même les mauvais groupes de la Bay Area se foutent de sa gueule. En plus pas de bol, son titre passe juste après celui de Kid Rock, ce qui fait que le plus naze est déjà derrière nous. Notez qu'en matière de nazes, ça faisait un moment qu'on était servi puisqu'on avait eu droit dès le troisième titre à la caution featuring censément inattendu incarnée par, accrochez-vous bien, Fergie, métamorphosée pour l'occasion en sous-Courtney Love. Comme quoi : rock, hip hop ou reuneubeu, peu importe - nous sommes tous égaux devant la pouffiasserie. Et si vous remplacez par niaiserie, vous aurez la définition de la guest assurée par Rocco DeLuca, qui s'occupe pour sa part de la caution acoustique - obligatoire en ces temps de folk revival. Pour vous dire : on aurait mille fois préféré James Blunt.

Allez, finissons avec une devinette : j'en ai sciemment oublié trois. Lesquels ?

Oui là-bas dans le fond ?

Bien vu ! Duff McKagan, pour la caution Guns'N'Roses - et comme de juste l'un des rares à ne se pas se couvrir de honte. Sacré Duff. Il faudra le réhabiliter un jour et rappeler à qui l'ignore que le vrai héros des Guns, c'était lui. Bon, et les deux autres ? Vous ne trouvez pas ?

Pardon ?

Oui ! Exact ! Andrew Stockdale (Wolfmother), pour la caution hype. Vu tout ce que son groupe a pompé aux Guns, c'était le moins qu'il puisse faire. Et le dernier ?

Bon allez, je vous le dis : le dernier est évidemment Iggy Pop. Pas tellement que Slash voulait l'inviter, mais paraît-il qu'il était déjà dans le studio quand les autres sont arrivés. Sans doute qu'il venait d'enregistrer son vingt-huitième featuring de l'année. Au moins ne joue-t-il pas les crooners cette fois-ci, ce qui est un net progrès.

Et sinon, l'album ? Bof. Le casting parle de lui-même. Enfin si ça vous intéresse, sachez tout de même que Slash est toujours un immense guitariste. Et qu'il est toujours, hélas, totalement infoutu d'écrire une chanson potable.

👎👎 Slash 

Slash | Roadrunner, 2010