Certaines séries ménagent des twist-endings terrifiants dans l'espoir, parfois un peu vain, de faire monter la sauce entre deux saisons. C'est le bon vieux procédé du Qui a tiré sur JR ? : on termine sur un suspens insupportable, le buzz enfle durant les vacances, et au retour de la série on explose les records d'audience. L'an dernier par exemple, le final de la saison cinq de Lost a fait neuf millions et demi en utilisant ce procédé. Sans surprise, le premier épisode de la saison suivante en faisait cinq de plus (des millions).
La série la plus populaire du monde, elle, ne s'encombre pas de ce genre d'effets de manches : cette année comme toutes les autres, la seule grande question qu'on se posait avant d'entamer la suite des aventures du médecin le plus charismatique de l'univers était changera ? changera pas ? Certes, on se la posait un peu plus qu'à l'accoutumée au vu du final de l'an passé. Mais d'un autre côté, il faut reconnaître qu'on se la posait sans grande conviction. On l'a dit et répété dans différents articles : en terme de plan de carrière, un scénariste ou un producteur de série n'ont absolument aucun intérêt à ce que leur personnage principal change. Cela vaut pour House comme pour de nombreuses autres. Les séries télévisées dites mainstream obéissent à un schéma narratif de répétition, d'habitude sinon carrément d'habitus. Ce n'est même pas réellement un jugement de valeur que de dire cela : comme tout spectateur normalement constitué, je ne vais pas jeter un œil à House en espérant que le gars va se mettre à être gentil avec tout le monde, chaleureux et humain avec ses patients, se trouver une copine et la demander en mariage. Non, c'est tout simplement un constat.
Il faut reconnaître aux scénaristes ce mérite d'avoir d'avoir su prendre leurs responsabilités (comme on dit au foot...) en posant la question du changement de House en ces termes précis, dès la fin de la saison cinq. Cela force le respect, car cela ne pouvait rien leur apporter de bon. Il n'y avait pour eux aucune véritable échappatoire : si House changeait réellement, en profondeur, ils prenaient risque de tuer la poule aux œufs d'or. S'il ne changeait pas, la poule continuerait à pondre, mais elle mourrait à petit feu - les audiences ayant déjà commencé à décroître considérablement. Avec tout le respect dû au rang d'une série ayant beaucoup plus apporté au genre qu'on a tendance à le dire, on voyait mal quelle solution intermédiaire ses auteurs auraient pu nous dégotter. D'autant que le coup du super ! ça va mieux ! ah mais non en fait, c'est pas vrai, ils l'ont fait trop souvent par le passé pour que cela fonctionne encore.
Aussi après un superbe épisode inaugural (là aussi, une habitude annuelle), d'une beauté formelle ahurissante et inédite dans la série, nos courageux scénaristes se voient-ils contraints de trancher... en décidant presqu'immédiatement de ne pas le faire. Absurde ? Plutôt habile, en fait : ils ont coché la case du changement progressif, par petites touches successives, plutôt que celle du grand chambardement. Ce qui présente deux avantages évidents : d'une part, House peut rester le génie caustique que l'on connaît ; et d'autre part, on utilise le spectateur pour mettre en abyme le trouble de ses proches, qui doutent qu'il ait réellement changé... et nous aussi, du coup. Vous comprendrez que cet article ne fournisse pas de réponse : cette interrogation, que l'on prenait de prime abord pour une formalité, est en fait l'arc principal caché de toute la saison. La réinsertion de House, rien moins. On ne sait si l'on doit tirer un coup de chapeau aux scénaristes ou moquer leur manque de courage (s'ils ont tellement envie de faire une série ultra-sombre et à la limite de l'expérimentale... pourquoi ne le font-ils pas carrément, ces poules mouillées ?), mais en tout cas, ça tient pas mal en haleine.
Une saison qui, bien sûr, reste campée par ailleurs sur ses fondamentaux. Des énigmes médicales, des jeux pervers avec Wilson (qui n'a pas un nom de chien pour rien), une belle valse dans l'équipe de ce satané docteur. La différence, et il faut le souligner, c'est que pour la première fois depuis la troisième saison, le sous-texte est redevenu intéressant. Quant à Hugh Laurie, il n'a jamais été aussi bon que dans cette vingtaine d'épisodes lui permettant, enfin, de s'écarter occasionnellement du registre caricatural dans lequel les scripts parfois médiocres des deux dernières occurrences l'avaient parfois enfermé.
House M.D. (saison 6), créée par David Shore (FOX, 2009-10)
...
La série la plus populaire du monde, elle, ne s'encombre pas de ce genre d'effets de manches : cette année comme toutes les autres, la seule grande question qu'on se posait avant d'entamer la suite des aventures du médecin le plus charismatique de l'univers était changera ? changera pas ? Certes, on se la posait un peu plus qu'à l'accoutumée au vu du final de l'an passé. Mais d'un autre côté, il faut reconnaître qu'on se la posait sans grande conviction. On l'a dit et répété dans différents articles : en terme de plan de carrière, un scénariste ou un producteur de série n'ont absolument aucun intérêt à ce que leur personnage principal change. Cela vaut pour House comme pour de nombreuses autres. Les séries télévisées dites mainstream obéissent à un schéma narratif de répétition, d'habitude sinon carrément d'habitus. Ce n'est même pas réellement un jugement de valeur que de dire cela : comme tout spectateur normalement constitué, je ne vais pas jeter un œil à House en espérant que le gars va se mettre à être gentil avec tout le monde, chaleureux et humain avec ses patients, se trouver une copine et la demander en mariage. Non, c'est tout simplement un constat.
Il faut reconnaître aux scénaristes ce mérite d'avoir d'avoir su prendre leurs responsabilités (comme on dit au foot...) en posant la question du changement de House en ces termes précis, dès la fin de la saison cinq. Cela force le respect, car cela ne pouvait rien leur apporter de bon. Il n'y avait pour eux aucune véritable échappatoire : si House changeait réellement, en profondeur, ils prenaient risque de tuer la poule aux œufs d'or. S'il ne changeait pas, la poule continuerait à pondre, mais elle mourrait à petit feu - les audiences ayant déjà commencé à décroître considérablement. Avec tout le respect dû au rang d'une série ayant beaucoup plus apporté au genre qu'on a tendance à le dire, on voyait mal quelle solution intermédiaire ses auteurs auraient pu nous dégotter. D'autant que le coup du super ! ça va mieux ! ah mais non en fait, c'est pas vrai, ils l'ont fait trop souvent par le passé pour que cela fonctionne encore.
Aussi après un superbe épisode inaugural (là aussi, une habitude annuelle), d'une beauté formelle ahurissante et inédite dans la série, nos courageux scénaristes se voient-ils contraints de trancher... en décidant presqu'immédiatement de ne pas le faire. Absurde ? Plutôt habile, en fait : ils ont coché la case du changement progressif, par petites touches successives, plutôt que celle du grand chambardement. Ce qui présente deux avantages évidents : d'une part, House peut rester le génie caustique que l'on connaît ; et d'autre part, on utilise le spectateur pour mettre en abyme le trouble de ses proches, qui doutent qu'il ait réellement changé... et nous aussi, du coup. Vous comprendrez que cet article ne fournisse pas de réponse : cette interrogation, que l'on prenait de prime abord pour une formalité, est en fait l'arc principal caché de toute la saison. La réinsertion de House, rien moins. On ne sait si l'on doit tirer un coup de chapeau aux scénaristes ou moquer leur manque de courage (s'ils ont tellement envie de faire une série ultra-sombre et à la limite de l'expérimentale... pourquoi ne le font-ils pas carrément, ces poules mouillées ?), mais en tout cas, ça tient pas mal en haleine.
Une saison qui, bien sûr, reste campée par ailleurs sur ses fondamentaux. Des énigmes médicales, des jeux pervers avec Wilson (qui n'a pas un nom de chien pour rien), une belle valse dans l'équipe de ce satané docteur. La différence, et il faut le souligner, c'est que pour la première fois depuis la troisième saison, le sous-texte est redevenu intéressant. Quant à Hugh Laurie, il n'a jamais été aussi bon que dans cette vingtaine d'épisodes lui permettant, enfin, de s'écarter occasionnellement du registre caricatural dans lequel les scripts parfois médiocres des deux dernières occurrences l'avaient parfois enfermé.
House M.D. (saison 6), créée par David Shore (FOX, 2009-10)
...
C'est le bon vieux procédé du Qui a tiré sur JR ?
RépondreSupprimerPour ma part, je préfère celui de: "et si Pamela avait rêvé pendant tout ce temps, non, Bobby n'est pas mort! Ni dans nos coeurs, ni dans la série... Patrick, revient vite!!!"
Bon sinon, ils attendent la 10ème saison pour que House devienne addict aux poppers, vire sa cuti et vive enfin sa love story avec Wilson :-D
Non parce que bon, c'est le propre des séries mainstream quand bien même celle-ci va à contre courant, peu de changement au final, alors l'aspect positif c'est de pouvoir regarder un épisode au hasard mais c'est un peu gonflant, lassant cette prise de risque nulle (hormis celle de départ de nous fournir un personnage principal de cette trempe)
Moi j'avoue que je suis fidèlement et sans m'arrêter, malgré des épisodes assez inutiles vers le milieu de chaque saison...
RépondreSupprimerBof...
RépondreSupprimerJe crois qu'à un moment, il faut que ça s'arrête. House, là, ils devraient arrêter. Avant que ça devienne nul, ce qui ne tardera pas...
RépondreSupprimerJe ne suis pas tropo streaming d'habitude, mais quand j'ai fini le dernier épisode de la saison 5... pas moyen d'attendre!
RépondreSupprimerj'ai regardé hier les deux premiers épisodes. Etonnants! Ca m'a fait bizarre de voir House pendant un épisode de la durée d'un film. Par contre, toute cette musique de fond m'a gênée. Ceci dit, la réalisation est en effet excellente. De toute façon il fallait absolument faire évoluer le personnage. Si la 5ème saison avait retrouvé un peu de piquant, la 4ème avait été une véritable catastrophe, tant et si bien que je l'avais lâchée en plein milieu...
Mince... j'étais enfin résignée, décidée à ne plus regarder douloureusement cette série...
RépondreSupprimerIl va falloir que je m'y remette ! D'autant plus que je suis en train de tester "Grey's anatomy", et que ça ne compense pas du tout du tout pour le moment...
Tout à fait d'accord. Il y a eu de vraiment bons épisodes dans cette saison. Surtout les personnages secondaires ont retrouvé un peu d'épaisseur ! Alors évidemment le truc des épisodes centric c'était un peu facile mais en fait, ça passait plutôt bien.
RépondreSupprimerDoc >>> on ne peut pas vraiment dire qu'ils ne prennent pas du tout de risques... mais disons qu'ils n'en prennent pas toute l'année :-)
RépondreSupprimerLil' & CULP >>> comme Serious, Kam ou Mémé, il faut reconnaître que ça se regarde. En tout cas pas moins qu'avant, à mon avis...
Je me suis laissée dire que le personnage de House est sûrement directement inspiré par Sherlok Holmes :
RépondreSupprimer-enquêteur génial
-solitaire
-toxico
-cynique
-emmerdeur
-mélomane
-noctambule
-hautain
-froid
-orgueilleux
-un peu infantile et bourré de charme
Wilson ? vous avez dit Wilson ?
Mais bon, je suis lente, ça avait sauter aux yeux de tout l'monde depuis longtemps ! ! :'(
En plus ça n'a jamais vraiment été un secret :-D
RépondreSupprimer(surtout que House habite au 221...)
ha oui ^o)
RépondreSupprimerEh bien, j'avoue que cette saison ne m'a pas passionnée... Peut-être étais-je trop Fridaynightlihtisée... Pas assez de perversité, pas assez de jeux entre Wilson, Cody et HOUUUUUUSE; bon bien sûr ... le dernier épisode...
RépondreSupprimerEn même temps j'ai largement préféré l'avant-dernier épisode au dernier...
RépondreSupprimerje viens de finir la saison. Wow. J'ai adoré l'épisode où il imite Poirot. Toute cette saison m'a vraiment beaucoup plu. Je retrouve ce qui m'a accroché dans les deux premières saisons et qui avait complètement disparu dans les saisons 3 (un peu) et 4 surtout. Ils ont donné moins de place à l'enquête médicale, et plus aux personnages et à leur évolution, et c'est tant mieux. Et au final, je suis contente que Cameron soit partie;
RépondreSupprimerMoi elle va me manquer un peu... jamais été très sensible à 13 ^^
RépondreSupprimer