Celui-là a traîné un bon moment sous la pile. Le dernier Pigalle et moi, on s'est longuement toisé avant de décider de se saluer. Y a des disques, comme ça... on se jette dessus, dans un mouvement presque spontané, et c'est seulement après que l'on y réfléchit. On ne regrette pas vraiment, mais on n'ose pas trop s'y frotter. La peur d'être déçu, sans doute. Comme je l'ai raconté ailleurs, Pigalle fut longtemps l'un de mes groupes favoris. Un de ceux qui ont le plus compté sinon dans ma vie, du moins dans ma "formation musicale". Alors Pigalle qui se reforme... eh bien déjà, je n'ai pas eu envie de voir ça sur scène. Vous pensez bien que je n'étais pas prêt à écouter un album. On pourrait trouver mille et une bonnes raisons à cela. Le fait que je n'aie pas spécialement aimé (ni détesté, certes) les albums de FHL ces dix dernières années. Le fait que le contexte soit différent aujourd'hui. Et bien sûr le fantôme de la reformation pitoyable des Bérus, autre groupe mythique de la scène alterno française, qui fit trois petits tours de piste bien ridicules avant de se re-séparer dans l'indifférence générale.
En fait pour être exact, j'avais bien écouté l'album à sa sortie, mais de manière assez distraite. Il a fallu plusieurs mois pour que j'y revienne, assez étonné de le trouver plutôt bon, puis un peu meilleur, puis carrément bien. L'expérience n'était pas inintéressante car elle m'a fait m'apercevoir que contrairement à ce que d'aucuns ont tendance à dire (et cela a dû m'arriver aussi), les albums de FHL et de Pigalle, non, ce n'est pas pareil. Bien sûr, c'est le même style. Mais il y a réellement une Pigalle's touch dont je ne m'étais jamais aperçu jusque là d'à quel point elle avait pu me manquer depuis le dernier opus du groupe (donc treize ans, tout de même). C'est frappant notamment sur deux titres, dans la mélodie de voix d' "Il te tape" et dans l'approche folk-metal d' "Ils se voyaient deux, trois fois par mois". Un peu aussi dans les petits gimmicks d'"Il y a dans la Cité sans nom", mais ce titre-ci est un poil moins bon que les deux autres.
Ce constat posé, on décide de rembobiner, de reprendre les choses à zéro. Des espoirs vaut-il mieux que son titre un peu fastoche ? Sûr que oui. Pour tout dire, le temps des quatre premiers titres, c'est même le meilleur album de Pigalle. Ces chansons-là, notamment l'émouvante "Dernière fois", sont remarquables, d'une fluidité dans les mélodies, d'une finesse dans les arrangements et d'une qualité dans les textes renvoyant dans les cordes - et facilement encore - tout ce que la "chanson rock" (?) nous a donné à entendre ces dernières années. Les morceaux suivants ne sont pas tous aussi bons ; ces deux autres tiers renferment néanmoins quelques perles. Il y a "Frontière", autre titre assez typique ; "Il faut que je m'en aille", complainte poguesienne qu'on se voit très bien reprendre à tue-tête en concert. Il y a surtout "Mme Eulalie", folk-song imparable, tendre et avinée jusque ce qu'il faut.
Ouais, il tient plus que bien la route, ce Des espoirs. A tout prendre et en comptant les gloires locales comme les icônes internationales, Pigalle est probablement, de tous les groupes de la fin 80s/début 90s à avoir effectué leur come-back depuis deux ans, celui qui tire le mieux son épingle du jeu, ne donnant jamais l'impression ni de se renier, ni d'être devenu une parodie de lui-même. Et d'une certaine manière, il tombe à point-nommé dans une époque en dèche de gouaille populaire, où le discours des jeunes groupes est proche du néant intellectuel le plus abyssal.
En fait pour être exact, j'avais bien écouté l'album à sa sortie, mais de manière assez distraite. Il a fallu plusieurs mois pour que j'y revienne, assez étonné de le trouver plutôt bon, puis un peu meilleur, puis carrément bien. L'expérience n'était pas inintéressante car elle m'a fait m'apercevoir que contrairement à ce que d'aucuns ont tendance à dire (et cela a dû m'arriver aussi), les albums de FHL et de Pigalle, non, ce n'est pas pareil. Bien sûr, c'est le même style. Mais il y a réellement une Pigalle's touch dont je ne m'étais jamais aperçu jusque là d'à quel point elle avait pu me manquer depuis le dernier opus du groupe (donc treize ans, tout de même). C'est frappant notamment sur deux titres, dans la mélodie de voix d' "Il te tape" et dans l'approche folk-metal d' "Ils se voyaient deux, trois fois par mois". Un peu aussi dans les petits gimmicks d'"Il y a dans la Cité sans nom", mais ce titre-ci est un poil moins bon que les deux autres.
Ce constat posé, on décide de rembobiner, de reprendre les choses à zéro. Des espoirs vaut-il mieux que son titre un peu fastoche ? Sûr que oui. Pour tout dire, le temps des quatre premiers titres, c'est même le meilleur album de Pigalle. Ces chansons-là, notamment l'émouvante "Dernière fois", sont remarquables, d'une fluidité dans les mélodies, d'une finesse dans les arrangements et d'une qualité dans les textes renvoyant dans les cordes - et facilement encore - tout ce que la "chanson rock" (?) nous a donné à entendre ces dernières années. Les morceaux suivants ne sont pas tous aussi bons ; ces deux autres tiers renferment néanmoins quelques perles. Il y a "Frontière", autre titre assez typique ; "Il faut que je m'en aille", complainte poguesienne qu'on se voit très bien reprendre à tue-tête en concert. Il y a surtout "Mme Eulalie", folk-song imparable, tendre et avinée jusque ce qu'il faut.
Ouais, il tient plus que bien la route, ce Des espoirs. A tout prendre et en comptant les gloires locales comme les icônes internationales, Pigalle est probablement, de tous les groupes de la fin 80s/début 90s à avoir effectué leur come-back depuis deux ans, celui qui tire le mieux son épingle du jeu, ne donnant jamais l'impression ni de se renier, ni d'être devenu une parodie de lui-même. Et d'une certaine manière, il tombe à point-nommé dans une époque en dèche de gouaille populaire, où le discours des jeunes groupes est proche du néant intellectuel le plus abyssal.
👍👍 Des espoirs
Pigalle | Saucissong Records, 2010
En effet on pouvait pas difficilement espérer meilleur come-back.
RépondreSupprimerEn gros comme d'habitude chez Pigalle, un bon album mais inégal par endroit (finalement les seuls albums que je peux écouter d'une traite sans zapper quelques chansons insupportables sont le premier éponyme et le dernier Alors).
RépondreSupprimerEn tout cas, un peu comme toi, même si moi je n'ai pas reçu de promo, en voyant le come-back de Pigalle, me suis un peu pincé le nez, j'avoue, ne lui donnant aucune chance... Content d'avoir eu tort donc, je l'écouterai alors :-)
Bonne fin de semaine ! Merci pour ces beaux textes ! Pascal.
RépondreSupprimerEuh, je n'ai pas reçu de promo non plus, que vas-tu donc imaginer ?
RépondreSupprimerPigalle, ça me rappelle mes jeunes années, celles où je pogotais avec grâce, avant mon ostéoporose. Tout comme les bérus dont j'ignorais qu'ils s'étaient reformé un temps. Que de souvenirs!
RépondreSupprimerJe ne suis pas suffisamment compulsif pour laisser de côté des albums après les avoir écouté une fois... sauf si on me les offre, où la j'ai tendance à trainer la patte, d'où ma supposition.
RépondreSupprimerEt puis, laisse moi imaginer l'omnipotence du Golb, là où la plèbe musicale se presse de lui offrir ses dernières productions en espérant que Thomack Golbama daigne écrire quelques lignes dessus... c'est pas à ce renégat de Tchavez que ça arriverait! (quoi je me suis trahi, j'ai affiché ma préférence?)
Auguri >>> Faudra vraiment que tu m'expliques commet on pogote avec grâce :-)
RépondreSupprimerDoc >>> tu es donc pardonné pour ton amour immodéré de Mike Patton ^^
ha..connais pas
RépondreSupprimerposter pour dire ça .... :s
j'avoue que je m'ennuie un peu ce matin et que j'ai pas envie d'aller faire mes courses sous le ciel couvert de ce mois de mai finalement trop long (d'habitude les mois de mai paraissent plus courts que les autres)
Mouais plutôt sans moi, à part peut-être Mme Eulalie qui est une jolie chanson.
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